Les campagnes d'un marsouin.

Publié le 12 Mars 2016

Les campagnes d'un marsouin.

Au 3e zouaves.

Fils de menuisier, Jean Baptiste Curet, nait à la Seyne (Var) le 10 août 1863. Ajusteur de profession, il préfère s’engager pour cinq ans, à la mairie de Toulon, en octobre 1881.

Agé de 18 ans, il est incorporé au 3e régiment de zouaves de Constantine en Algérie. Cette unité d’élite, dotée d’un uniforme à l’oriental, est alors uniquement composée de Français de métropole. A l’époque, ces soldats jouissent d’une immense réputation en France et dans le monde. Ils se sont illustrés sur de nombreuses batailles comme celle de l’Alma en Crimée en 1854. Possédant une bonne instruction, Curet est promu caporal en 1882 puis sergent en 1884. La même année, il est affecté au 3e bataillon d’infanterie légère d’Afrique en garnison à Philippeville en Algérie. Les « Bat’d’Af » sont des unités particulières, composées de militaires condamnés dans le civil. La discipline y est plus rigoureuse qu’ailleurs. Ces soldats, surnommés « Joyeux » ou « Zéphir », sont redoutés dans l’armée et craints par leurs adversaires.

« Bat’d’Af ».

En septembre 1884, alors que la Chine s’oppose à l’expansion française en Extrême-Orient – guerre franco-chinoise de 1884-1885 – le bataillon de Curet participe à l’expédition de Formose (île de Taiwan aujourd’hui). Curet appartient à un renfort qui s’illustre en particulier à Keelung dans le nord-est de l’île (NDLR : un cimetière militaire français a été constitué sur place – il est toujours entretenu). Ce port est le théâtre de violents combats entre l’armée française et les troupes chinoises. Lors d’un assaut contre les retranchements chinois, Curet est atteint par un coup de feu au poignet droit le 7 mars 1885. Il semble rester à Keelung jusqu’au départ des Français en juillet 1885 après la signature d’un traité de paix en juin.

La Chine reconnait la souveraineté française sur l’Annam et le Tonkin. La France contrôle alors l’est de la péninsule indochinoise. Ces actions valent au bataillon plusieurs citations. Depuis, en souvenir de ces combats, les inscriptions « EXTREME-ORIENT 1884-1885 » figurent sur le drapeau des chasseurs, du 1er régiment de tirailleurs ou encore du 1er régiment étranger et du 2e régiment étranger d’infanterie.

Détaché brièvement au corps expéditionnaire du Tonkin, Curet quitte l’Extrême-Orient en août 1885 pour l’Afrique du Nord. En 1886, il s’engage de nouveau et passe au 4e régiment d’infanterie de marine. Puis, d’avril 1888 à juin 1890, il participe à plusieurs expéditions au Sénégal. Ses brillants états de services sont récompensés par l’attribution de la Médaille militaire en 1890. Rengagé l’année suivante, il retourne au Tonkin en guerre et sert au 3e régiment de tirailleurs tonkinois de 1892 à 1894. Il regagne la Métropole après deux mois de voyage à bord de La Nive. Il est promu adjudant au 8e régiment d’infanterie de marine en 1895 avant d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite en 1897, après 16 ans de service.

Réserve.

Jean Baptiste Curet poursuit une carrière dans la réserve en qualité de lieutenant dans la réserve de l’infanterie de marine. En 1907, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, une reconnaissance couronnant la carrière de ce vieux soldat de la coloniale. A 52 ans, il est mobilisé malgré son âge le 1er août 1914.

Il part en campagne avec le 8e régiment d’infanterie coloniale et participe aux sanglants combats dans le sud de la Belgique. Dans le même temps, son fils, sergent au 112e régiment d’infanterie, est tué à Moncourt en Lorraine le 14 août 1914. Epuisé et gravement malade, Curet est évacué à la fin août. Au terme d’une longue convalescence, il commande une compagnie au camp d’instruction de Chibron à Signes dans le Var.

En octobre 1916, il est placé à la tête du dépôt serbe à Toulon et occupe ces fonctions pendant 18 mois. Ayant la limite d’âge, il est chargé de commander des travailleurs coloniaux – Kabyles et Marocains – et des prisonniers bulgares jusqu’à la fin de la guerre. Finalement, Curet est rayé des cadres le 19 octobre 1920, après avoir consacré sa vie au service de la France.

Texte du commandant Michaël Bourlet.

Crédit Photo : photographie prise sur le site Web : www.lewebpedagogique.com

Terre Info Magazine n°265 de Juin 2015.

Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

Publié dans #La Coloniale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :