Les Compagnons de la Libération des Hauts-de-Seine : Edgard Tupët-Thomé de Bourg-la-Reine.
Publié le 16 Mai 2020
Biographie.
Edgard Tupët nait le 19 avril 1920 à Bourg-la-Reine (Seine).
Après l'obtention de son baccalauréat, il poursuit ses études à l'Ecole supérieure de Théologie de Reims. N'ayant pas la vocation, il choisit en octobre 1938, de s'engager par devancement d'appel au 8e Régiment de Zouaves à Mourmelon. Il participe comme sergent aux attaques en Lorraine dès septembre 1939 puis en Belgique en mai 1940. Il prend part à l'évacuation de Dunkerque, son unité protégeant l'embarquement du corps expéditionnaire britannique. Fait prisonnier le 4 juin à Dunkerque, il s'évade de Rexpoëde le 10 juin au cours de son transfert vers l'Allemagne.
Au lendemain de l'armistice, n'acceptant pas la défaite, Edgard Tupët tente vainement de quitter la France pour rejoindre les Forces françaises libres. Démobilisé en septembre 1940, il trouve un emploi à Clermont-Ferrand et entre par hasard en contact en novembre 1940 avec Roger Warin (réseau Ronald) dont il devient, avec Stanislas Mangin, un des adjoints. Il est particulièrement chargé de repérer des terrains d'atterrissage clandestins.
En mars 1941, Roger Warin établit une liaison directe avec l'Etat-major de la France libre à Londres par l'intermédiaire de Pierre Fourcaud, chargé de mission du général de Gaulle. Le 1er avril 1941, Edgard Tupët devient, avec quatre camarades de résistance (Mangin, Warin, Tavian et Maurice Andlauer), le premier engagé militaire secret dans les Forces françaises libres. Il exécute des missions de liaison pour le compte de Pierre Fourcaud jusqu'à l'arrestation de ce dernier en août 1941. Il participe à la préparation de son évasion, malheureusement sans réussite.
Envoyé par Warin en Grande-Bretagne, il quitte la France en août 1941 avec le sergent Forman et Joël Le Tac, traverse l'Espagne et, via le Portugal et Gibraltar, rejoint l'Angleterre où il fait un rapport sur les activités du groupe. Sous le pseudonyme d'Edgard Thomé, il est affecté à l'état-major particulier du général de Gaulle et suit une instruction parachutiste et l'entraînement du Bureau des Opérations aériennes (BOA). En Angleterre en novembre 1941, il retrouve Roger Warin, alias Wybot, qui est parvenu à s'évader de France et se voit chargé d'une mission en France par le Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA).
Parachuté le 9 décembre 1941 dans la région de Châteauroux sur un terrain qu'il a choisi, il est accompagné du radio Joseph Piet. Blessé à la tête lors de l'atterrissage, il est chargé de mission, responsable des opérations aériennes et de la branche « Action » du réseau « Ali-Tir » dont Stanislas Mangin dirige la branche « Renseignements ».
Adjoint immédiat de Mangin, dont il organise le départ par Lysander en février 1942, Thomé travaille comme agent de 1ère classe. En avril 1942 il fait partir Gaston Tavian dans les mêmes circonstances que Mangin. En raison des blessures reçues six mois plus tôt, il doit quitter la France pour pouvoir se soigner. Le 29 mai 1942, à l'occasion du retour de Tavian par une opération Lysander, Tupët-Thomé, accompagné de Philippe Roques, s'envole pour l'Angleterre.
Promu lieutenant, il bénéficie d'une convalescence puis, à son retour à Londres, demande son affectation dans une unité combattante. En novembre 1942, il quitte l'Angleterre pour le Détachement d'instructeurs commando de Saint-Pierre-et-Miquelon, sous les ordres de Stanislas Mangin.
En février 1943, toujours avec Mangin, il est affecté au Détachement (puis Bataillon) des Antilles dont il crée et commande la 2e compagnie qu'il entraîne jusqu'en juillet 1943. En août 1943, le lieutenant Tupët-Thomé rejoint à sa demande le 4e Bataillon d'infanterie de l'air (4e BIA) à Camberley et est breveté parachutiste le mois suivant.
En janvier 1944, il est muté comme commandant en second de la 2e compagnie du 3e BIA, qui devient en juillet 1944, le 3e Régiment de chasseurs parachutistes (3e RCP). Avec le 3e RCP, il remplit, début août 1944, une première mission parachutée dans la région de Daoulas dans le Finistère. Avec sa seule section (12 hommes) il attaque une Kommandantur forte de 60 hommes, tue 12 Allemands, fait 40 prisonniers, repousse une attaque ennemie et libère Daoulas.
Il attaque ensuite la garnison allemande de Landerneau, lui inflige de lourdes pertes et libère la ville. Il rejoint alors la 6e Division blindée américaine pour laquelle il exécute plusieurs missions de reconnaissance.
Edgard Tupët-Thomé est parachuté une deuxième fois le 27 août 1944 dans le Jura ; il attaque et prend Clerval (Franche-Comté) qu'il défend avec 50 hommes contre 27 chars et voitures blindées ennemis. Il tue une trentaine d'Allemands et détruit un char. Il rejoint ensuite la 7e Armée américaine et, affecté à un groupe de reconnaissance divisionnaire, se distingue notamment à Arches lors du passage de la Moselle. Le 23 septembre 1944, il ramène sous des feux de mortiers un soldat américain blessé dans ses lignes.
Parachuté une troisième fois en Hollande le 7 avril 1945, il effectue avec sa section forte de 15 hommes de nombreuses attaques sur les voies de communication infligeant à l'ennemi de sérieuses pertes en hommes et matériel.
En 1945, il démissionne de l'Armée et, après avoir été admis à l'Ecole coloniale d'administration, il est nommé administrateur des Colonies en janvier 1946 en Tunisie. Il devient ensuite Président Directeur Général de la Coopérative viticole de Takelsa en Tunisie.
En 1950, il quitte la Tunisie pour le Canada où il gère sa propriété (élevage, agriculture). De retour en France en 1955, il reprend des études, devient Ingénieur en Organisation scientifique du Travail et trouve un poste au bureau d'Etudes techniques chez Singer puis dans un laboratoire pharmaceutique à Neuilly.
De 1961 à 1965, Edgard Tupët-Thomé est Ingénieur chez Panhard puis chef des agences dans une société de Tourisme.
Distinctions.
- Grand Croix de la Légion d'Honneur.
- Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945.
- Croix de Guerre 39/45 (6 citations).
- Médaille commémorative des Services volontaires dans la France libre.
- Military Cross (GB).
- King's Medal for Courage in the Cause of Freedom (GB).
- Chevalier de l'Ordre d'Orange Nassau (Pays-Bas).
- Croix de Guerre (Pays-Bas).
Depuis le 7 janvier 2019, date de la mort de Guy Charmot, quatre compagnons demeurent en vie :
- Pierre Simonet.
- Hubert Germain.
- Daniel Cordier.
- Edgard Tupët-Thomé.
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