Publié le 19 Septembre 2020

Quand les cavaliers mirent pied à terre…

Le chef d’escadron Spitzer.

 

Saint-Cyrien de la promotion « Bourbaki » (1897-1899), le chef d’escadron Georges Spitzer sort de l’école en tant qu’officier de cavalerie. Il est affecté au 5e régiment de cuirassiers, en garnison à Tours (le 5e « cuir »). Dès l’été 1914, l’unité participe aux opérations des 3e et 4e armées, que ce soit en Belgique, dans les Ardennes ou en Champagne. En 1915, on la retrouve dans la Somme, puis en Champagne. En 1918, elle est au Chemin des Dames puis dans la forêt de Villers-Cotterêts.

 

Le 12 juin 1918, alors qu’il a 40 ans, le chef d’escadron Spitzer est tué à l’ennemi, non loin de Dommiers, dans l’Aisne. Military Cross, croix de guerre avec 5 citations, dont une à l’Ordre de l’Armée : « Officier supérieur de première élite qui s’est distingué par son courage et son intelligente activité, chaque fois que le régiment a été employé depuis le 28 mai 1918. Mortellement blessé le 12 juin pendant qu’il s’assurait avec son habituel mépris du danger et sous un bombardement de la plus extrême violence, des dispositions prises pour arrêter une très forte attaque. Légion d’honneur ».

 

D’abord enterré au cimetière militaire du château de Valsery, Georges Spitzer est ensuite transféré en nécropole militaire. Dans un livre d’histoire locale, Albert de Bertier de Sauvigny parle de la mort du chef d’escadron Spitzer : « Il est ruisselant de sang. Un éclat d’obus l’a atteint près de la carotide, alors qu’il était dans un abri de la ligne G.M.P., un peu à droite en avant des Trois Peupliers de Saint-Pierre-Aigle ».

 

Quelques mois plus tard, il est déclaré Mort pour la France et le jugement est transféré en mairie de Rueil-Malmaison.

 

Mais un autre fait doit retenir notre attention : le 5e cuirassiers a été transformé depuis le 20 mai 1916 en régiment à pied !

 

Les régiments de cavalerie sont démontés.

 

La guerre franco-prussienne de 1870-1871 a été marquée par des échecs retentissants de la cavalerie, comme la charge de Reishoffen. Il est dès lors décidé d’utiliser la cavalerie pour des actions défensives ou de repérages, comme les patrouilles ou la reconnaissance. Parfois, des attaques fulgurantes sont néanmoins confiées à la cavalerie. Il s’agit alors d’obtenir une décision rapide.

Les premiers mois de 1914 voient l’utilisation de la cavalerie dans ces circonstances. Mais au moment où il faudrait poursuivre l’ennemi – quoi de mieux que des régiments avec des chevaux – les cavaliers se voient « trahis » par leur monture. Jean de Soultrait, brigadier au 17e dragons : « Nous sommes fatigués par le manque de sommeil et la chaleur. Les chevaux aussi sont sellés des vingt-quatre heures de suite avec de lourds paquetages. Ils ne sont guère fougueux ! Les pauvres bêtes, la tête basse et les pattes écartées, restent où on les a laissées dans une absolue torpeur ! ».

De plus, face à la puissance de feu de l’infanterie et de l’artillerie, la cavalerie se révèle très vulnérable. En 1915, la guerre des tranchées immobilisent les soldats et rend impossible toute tentative de charge sabre au clair ! Aussi, est-il décidé de « démonter » les régiments de cavalerie et de transformer les cavaliers en fantassins en les équipant de fusils adéquats. On parle alors de « cuirassier à pied », de « dragons à pied »…

Peu à peu, reprenant leur doctrine d’emploi de mouvement, les unités de cavalerie sont envoyées pour colmater les brèches du front. Elles sont utilisées comme infanterie montée. Commençant à être équipées d’automobiles – bientôt blindées et armées – pour accélérer leur transport, ces unités perpétuent leur capacité de déplacement rapide et elles augmentent considérablement leur puissance de feu. Elles retrouvent leur mission initiale !

En 1918, le maréchal Foch est totalement convaincu de la renaissance de la cavalerie grâce aux « chevaux vapeurs » : « Lorsque les voitures AMAC actuellement en service seront disponibles, par suite de la constitution des nouveaux groupes du type Lorfeuvre : créer, au moyen de ces voitures, des sections d’AMAC pour les corps d’armée, à raison d’une section par corps d’armée, affectée à l’EM du régiment de cavalerie de ce corps d’armée et servie par des cavaliers prélevés sur les effectifs des escadrons. » Le président du Conseil Clemenceau donne son accord définitif dans une lettre du 5 octobre 1918.

En juillet 1935, la 4e division de cavalerie est totalement mécanisée, changeant à ce moment de nom pour devenir la 1ère division légère mécanique du général Flavigny, un des promoteurs de la cavalerie blindée. Quelques mois plus tard, en octobre 1935, la 3e division de cavalerie de l’armée de terre allemande est elle aussi mécanisée pour devenir la « 1. Panzer Division ». En France, il faudra attendre janvier 1940 pour la création de la 1ère division cuirassée.

En fait, au cours de la Première Guerre mondiale, les chevaux seront surtout employés là ou ils ne pourront pas être facilement remplacés par l’automobile : travaux sur le front occidental, unités militaires sur les fronts d’Afrique du Nord, du Sahara, du Proche-Orient et les montagnes de Serbie et de Macédoine où le général français Jouinot-Gambetta réalisera une des dernières charges de cavalerie de l’armée française avec la prise d’Uskub ( Skopje) en 1918.

 

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site internet Chtimiste sur l’historique des régiments et des batailles.
  • Site du Ministère des Armées : Mémoire des hommes – Fiche individuelle du chef d’escadron Georges Spitzee.
  • Site du Ministère des Armées : Chemins de Mémoire.
  • Damien Baldin : « Les tranchées ont-elles enterré la cavalerie ? », dans le numéro 225 de la revue « Guerres mondiales et conflits contemporains ».
Cavaliers en mission de reconnaissance.

Cavaliers en mission de reconnaissance.

Un cuirassier à pied.

Un cuirassier à pied.

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Publié le 5 Septembre 2020

Un espoir porté à Paris mais né dans les Hauts-de-Seine.

Le 2 septembre 2020, en présence de Madame Sarah El Hairy, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale et des sports, chargé de la Jeunesse et de l'Engagement, le comité de Sciences-Po Paris prenait son envol.

Comme vous le savez déjà, notamment à Issy-les-Moulineaux, mais aussi dans les comités qui l'avait reçu pour un entretien sur réseau social, c'est Adrien Ramassamy qui en a la présidence.

Nous pouvons être fiers que le premier comité du Souvenir Français des grandes écoles ait ses racines dans notre délégation.

Dans les discours du Président-Général, de Madame la secrétaire d'Etat et du jeune président, il y avait de l'énergie, de l'enthousiasme, de la volonté et une certaine hauteur de vue qui augurent bien de l'avenir.

La jeunesse sait donc parfois se mobiliser pour donner un sens à des valeurs sans parti pris, si ce n'est celui de porter haut l'hommage que l'on doit à celles et ceux reconnus Morts pour la France.

Dès le 9 septembre, de nouveau en présence de Madame la secrétaire d'Etat, le comité de Sciences-Po Paris procédera à son premier ravivage de la Flamme sous l'Arc de Triomphe.

J'y serai pour dire à ces jeunes étudiants (une centaine a déjà rejoint les rangs du comité) quel espoir nous mettons en eux.

Au-delà, je pense évidemment à nos comités qui ont un besoin urgent de cette jeunesse pour pérenniser notre association mémorielle.

 

Claude Guy

Délégué général du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine.

 

Un espoir porté à Paris mais né dans les Hauts-de-Seine.
Un espoir porté à Paris mais né dans les Hauts-de-Seine.
Un espoir porté à Paris mais né dans les Hauts-de-Seine.
Un espoir porté à Paris mais né dans les Hauts-de-Seine.

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Publié le 3 Septembre 2020

Patrice Fichet a quitté ce monde.

Nombreux sont ceux qui l’avaient croisé, côtoyé ou bien connu mais il n’est plus car Patrice Fichet est récemment décédé.

Pendant une vingtaine d’années, jusqu’en 2015, il a présidé le comité du Souvenir Français de Colombes.

Depuis, il revenait comme simple adhérent lors de la réunion annuelle des membres du comité dans cette salle d’honneur de la maison du combattant qu’il affectionnait particulièrement. En effet, il avait créé ce petit musée d’uniformes, d’insignes et de calots où demeurent côte à côte plusieurs drapeaux d’associations d’anciens combattants.

Très impliqué dans la vie associative liée aux officiers de réserve, il était notamment vice-président de l’association des officiers de réserve des Hauts de Seine (AOR 92), président honoraire de l’union nationale des officiers de réserve (UNOR), président honoraire de l’association nationale des officiers de réserve de l’infanterie (ANORI), ancien secrétaire général de la confédération interalliée des officiers de réserve (CIOR) et président régional honoraire Ile de France de l’UNOR.

Sa vie professionnelle fut quant à elle marquée par les responsabilités qu’il avait exercées au sein du bâtiment.

Patrice Fichet, lieutenant-colonel de réserve honoraire, avait reçu en 2010 la cravate de commandeur dans l’ordre national du Mérite.

En ce matin du 3 septembre 2020, celles et ceux venus en l’église Saint Pierre - Saint Paul de Colombes furent accueillis par deux rangées de drapeaux attristés. Tous purent ensuite faire assemblée dans le recueillement. Puis, sous les rais d’une lumière d’automne transfigurée par les couleurs des vitraux qui donnent de la chaleur au béton froid et gris du lieu, le temps du souvenir prit place.

 

Claude GUY

Délégué général du Souvenir-Français pour les Hauts de Seine

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