Publié le 26 Décembre 2013

 

Vokaer-Le Quinio

 

 

La Délégation des Hauts-de-Seine du Souvenir Français vous présente tous ses meilleurs vœux pour la nouvelle année 2014.

Mais auparavant, notre dernière pensée  pour 2013 sera pour les deux soldats du 8e RPIMA de Castres, tués en Centrafrique, Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio. Que leur sacrifice ne soit pas oublié et qu’il ne soit pas vain.

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Publié le 23 Décembre 2013

 

Pierre Guillaume

 

De la Bretagne à l’Indochine.

 

Né le 11 août 1925 dans une famille de militaires – son père est général de division – Pierre Guillaume est le troisième enfant d’une fratrie de quatre: les filles Monique et Claude succèdent aux garçons Pierre et Jean-Marie.

 

Après des années d’études chez les Jésuites à Paris, il intègre le collège de Saint-Malo. Grand, mince, blond – presque roux – avec des yeux bleus, Pierre Guillaume semble destiné à un métier au grand large. Après la Seconde Guerre mondiale, il intègre l’Ecole navale dont il sortira diplômé en 1948. Dès 1945, alors qu’il est encore matelot de 3e classe sans spécialité, il embarque sur le navire le Duquesne pour la Cochinchine et sa capitale, Saigon pour un premier séjour. En décembre 1947, de retour à Brest, le jeune marin passe ses examens, qu’il réussit, et est nommé au grade d’enseigne de vaisseau. Retour en Indochine l’année suivante où il sert à bord de l’aviso Commandant de Pimodan. Il reçoit le baptême du feu au Cambodge où son navire est chargé de faire la chasse aux contrebandiers. A plusieurs reprises il n’hésite pas à mettre pied à terre pour aller débusquer ceux qu’il doit arrêter sur mer…

 

Quelques mois plus tard, il est envoyé en Chine à Shanghai pour récupérer les quelques Français restés en dépit de l’avancée des communistes de Mao Zedong. Pierre Guillaume revient très marqué de son séjour où il a vu des massacres de Chinois nationalistes. Il poursuit sa mission contre les contrebandiers et les rebelles du Vietminh au Tonkin jusqu’en 1950.

 

Par la suite, il fait encore un séjour en Indochine entre 1953 et 1955. Après les accords de Genève (mai – juillet 1954), Pierre Guillaume, désobéissant aux ordres qui lui ont été donné, organise la sortie de milliers de catholiques du Tonkin. Il ne veut pas revivre les horribles massacres de Chine. Son bateau, la Pertuisane, devient terre d’accueil. Dans son livre On l’appelait le Crabe-Tambour, Georges Fleury indique : « Tout autour de la Pertuisane, la mer heureusement très calme est couverte de radeaux et de sampans. Des cris d’enfants se mêlant à des cantiques, un curé étreint Pierre qui, soudain saisi par une puissante vague d’émotion, se laisse embrasser. Le prête le lâche, s’agenouille, se signe, balbutie une prière et baise le pont comme s’il s’agissait de la Terre promise ». En quelques semaines, près de quinze mille catholiques seront recueillis par Pierre Guillaume et son équipage.

 

Bien des années plus tard, à l’occasion d’une interview, Pierre Guillaume indiqua : « Qui se souvient de ces curés vietnamiens qui pleuraient en embrassant le pavillon français à l'arrière de nos bateaux ? Qui se souvient de ces jonques, de ces sampans, de ces radeaux de bambou portant des familles entières qui chantaient des cantiques ? Ils voguaient à demi immergé, vers la terre promise symbolisée par le pavillon français … J'ai vu des réfugiés chanter les matines sur des bateaux, en actions de grâce. J'ai vu des femmes mettre un enfant au monde sur un radeau de bambou. Chaque paroisse avait sa bannière. C'était cela la chrétienté ! Chaque transport était un miracle ».

 

Terriblement affecté par ce qu’il considère comme un abandon de territoires et de populations, Pierre Guillaume rentre seul en France, à bord d’une jonque. Le voyage n’est pas simple. Il finit par s’échouer sur les côtes de Somalie où un temps il est retenu prisonnier.

 

En 1956, enfin il rentre en France et retrouve son épouse et ses enfants. Mais le malheur ne le quitte pas. Il apprend le décès de son frère, alors jeune lieutenant en Algérie au sein d’un commando parachutiste.

 

 

En Algérie.

 

Pierre Guillaume demande son transfert dans l’armée de terre et intègre le commando que commandait son jeune frère. Comme Jean-Marie a été le premier tué de l’unité, elle prend son nom. Pendant près d’une année, le Commando Guillaume monte des embuscades et des raids dans la région de l’Ouarsenis, réduisant fortement les forces des fellaghas. Puis, il est nommé à l’état-major et devient l’adjoint marine du général Challe. Il suit les idées de son supérieur pendant le putsch d’Alger et est arrêté. Il est condamné à quatre années de prison avec sursis. Poursuivant ses idées jusqu’au bout, Pierre Guillaume rejoint l’Algérie en 1962 et s’enrôle dans l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète). Il verse dans la clandestinité. De nouveau arrêté en mai 1962, il va effectuer quatre années de prison en métropole, à Tulle, où il côtoie ses camarades putschistes comme les généraux Salan et Jouhaud, les colonels de Sèze, La Chapelle ou encore les commandants Camelin, Robin et Hélie Denoix de Saint-Marc.

 

Après ses années de captivité, il travaille pour des sociétés d’affrètement maritime et devient conseiller à la sécurité maritime du Royaume d’Arabie Saoudite. En 1978, il affrète le bateau qui emmène le mercenaire Bob Denard aux Comores, où un coup d’Etat est déclenché peu après…

 

Défenseur du peuple karen en Birmanie, tenant des chroniques sur l’antenne de Radio Courtoisie pendant des années, emblème de la France pour les nationalistes, la vie de Pierre Guillaume devient une saga grâce à l’ouvrage de Pierre Schoendoerffer – lui-même ancien d’Indochine et ami du lieutenant de vaisseau – le Crabe-Tambour, qui sort en 1976.

 

 

La légende.

 

A la suite du livre, l’auteur réalise un film deux années plus tard, qui connait un grand succès avec plusieurs Césars à la clé. La légende est en marche…

 

Pierre Schoendeorffer : « C’était un de ces capitaines légendaires ! Donc on a fait connaissance, et l’on s’est pris de sympathie. Quand j’ai commencé à écrire mon livre, Le Crabe-tambour, je me suis dit qu’il y avait dans son histoire quelque chose qui m’intéressait. Ce n’est pas sa biographie, c’est mon histoire telle que je l’ai rêvée... J’ai dédié mon roman à mon fils cadet, Ludovic, parce qu’enfant, il avait un petit ventre rond sur lequel il tambourinait, et comme il marchait à quatre pattes et de travers, je l’appelais le crabe. D’où le Crabe-tambour ! Vous voyez, c’est quelque chose de tout à fait personnel. Ce n’est pas sa vie, ce n’est pas la mienne. C’est autre chose ».

 

Pierre Guillaume, qui vivait depuis des années sur un bateau dans le port de Saint-Malo, meurt le 3 décembre 2002. Alors, il rejoint son jeune frère Jean-Marie dans le caveau familial placé au cimetière de Rueil-Malmaison.

 

 

Sources :

 

www.wikipedia.org/fr

www.larousse.fr

Site des anciens du Commando Guillaume : www.commandoguillaume.com

Pierre Guillaume, Mon âme à Dieu, mon corps à la Patrie, mon honneur à moi, Ed. Plon, 2006

Georges Fleury, On l’appelait le Crabe-Tambour, Ed. Perrin, 2006.

Article sur Pierre Guillaume dans la Revue historique des armées.

 

 

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Publié le 20 Décembre 2013

 

Asnieres collegiens Rancourt

 

Soucieux d’œuvrer auprès de la jeunesse, à la conservation de la mémoire de ceux tombés pour la France, le comité d’Asnières du Souvenir Français a financé deux déplacements sur un lieu de mémoire.

 

Après une école d’Asnières avec la visite du Mont Valérien par 121 écoliers des classes de CM2 (se reporter à l’article du 9 novembre 2013 sur ce site), c’est une classe de 3ème du collège Jean Macé de Clichy, ville dans laquelle il n’existe pas de comité locale du Souvenir Français, qui a pu se déplacer dans la Somme, vendredi 8 novembre dernier.

 

Ce déplacement est d’autant plus important que cette année débute les commémorations pour le centenaire de l’armistice de la Grande Guerre.

 

Les élèves de 3ème ont ainsi souhaité avec leur professeur d’Histoire Samuel Poirier, accompagné de Thierry Le Gac professeur de Sciences et secrétaire du Souvenir Français d’Asnières, déposés au nom de leur établissement et du Souvenir Français, une gerbe au mémorial de Rancourt.

 

Ainsi en présence de leur porte-drapeau, les élèves ont ensuite entonné l’hymne national. Le Souvenir Français se félicite de cette initiative qui a marqué ce déplacement dans la somme.

 

 

Thierry LE GAC

Secrétaire – comité d’Asnières du Souvenir Français

 

Retrouvez nous sur notre blog souvenir-francais-asnieres.fr ou sur notre facebook http://facebook.com/souvenir.francais.asnieres

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Publié le 1 Décembre 2013

 

ElianeJughon

Eliane Jughon.

 

 

Eliane Jughon est décédée le 9 février 2013 à l’âge de 87 ans. Dès sa jeunesse, elle avait participé à l’accueil des enfants déportés lors de leur retour en France. Engagée volontaire en Indochine en qualité d’opérateur cinéma, elle avait ensuite participé à la récupération des prisonniers libérés des camps du Vietminh. Puis, elle avait rejoint l’Algérie et servit au sein du Service Social des Armées.

 

Elle quitta l’Armée avec le grade de sergent-chef. Résidant à Colombes, elle y avait créé en septembre 1970, la première “Mini-School’’ chargée d’enseigner l’anglais aux tous petits. Ecole maintenant présente dans de nombreux départements en France et en Outre-mer, grâce à l’action de son président, Olivier Jughon, qui a pris la succession de sa mère depuis une vingtaine d’années.

 

Sylvie Jughon, fille d’Eliane, nous a fait parvenir le livre « Trente Centimes » (éditions Lettres du Monde) qu’Eliane Jughon avait publié en 1994. Voici un extrait relatif à la libération des prisonniers français des camps du Vietminh en 1954.

 

« En 1952, je m’engage dans l’Armée coloniale en tant que Personnel Féminin de l’Armée de Terre (PFAT) comme opératrice de cinéma. Ce choix correspond au fait que je n’ai pas envie de faire du secrétariat dans un bureau, que je ne veux pas plier des parachutes à longueur de temps, que la mécanographie m’est étrangère et que je ne suis ni assistante sociale, ni infirmière.

 

En 1952, je rejoins la caserne où nous jouons au petit soldat : nous faisons nos classes ; on nous apprend à nous mettre au garde à vous, à saluer, à faire nos lits au carré, à exécuter des quarts de tour, des demi-tours, à marcher au pas ; des tas de choses indispensables à la vie d’une femme. Nous avons d’affreux uniformes kakis et des calots sur la tête. Nous défilons en chantant dans les rues de Versailles, les plus petites devant, les grandes derrière. Beaucoup de succès auprès des populations locales (…).

 

Je m’envole pour l’Indochine : c’est mon baptême de l’air ; cinq escales : Nice, Beyrouth, Bagdad, Karachi, Calcutta. A chaque escale, nous changeons de tenue avec la température qui se réchauffe considérablement. Vingt-neuf heures de vol : voyage merveilleux.

 

Je rejoins le service cinéma : dans la journée, je m’occupe des matériels ; le soir, je fais des séances dans la campagne environnante ; nous rentrons à toute allure pour ne pas nous faire tirer dessus. (…) Au bout de six semaines, je pars pour Hanoi, mon affectation définitive étant le Tonkin. Hanoi, plus sévère, plus froide, mais tellement fascinante. Je loge à la villa du service social ; car le service cinéma fait partie du service social. Une belle villa blanche entourée d’un jardin ; en bas, le mess ; en haut, les chambres. Le service cinéma est à environ quinze cents mètres, près du Petit Lac. Je commence par quelques séances de cinéma dans les environs avec le « Bourgogne », nom donné à la camionnette Dodge. Puis je pars pour Haiphong avec l’équipe « Alsace » ; je fais des séances de cinéma en ville, aux environs, à la base aérienne de Catbi (…). Il pleut ; pays triste. On patauge dans la boue. Secteur de Hung-Yen entièrement vietnamien ; c’est très intéressant de discuter avec les officiers autochtones ; ils parlent bien le français, croient en l’avenir du Vietnam avec la France ; ils sont tristes de voir l’emprise communiste sur leur pays, provoquant cette guerre qui les partage (…).

 

Le 7 mai 1954, à notre grande stupeur, car même si nous savions que ça allait très mal, nous pensions que nous ne pouvions pas perdre, Dien-Bien-Phu tombe. Un de mes équipiers y est ; il y mourra sur la route, en rejoignant les camps. Le service social réquisitionne les opératrices de cinéma pour convoyer les LCM (Landing Craft Medium, bateaux de débarquement) qui doivent procéder à l’échange de prisonniers avec les Viets.

 

A Viétri, après avoir rendu aux Viets leurs prisonniers, nous attendons leur bon vouloir pour récupérer les nôtres, quelquefois plusieurs jours ; en attendant, nous vivons sur les LCM dans un confort plus que précaire. Puis, nos prisonniers arrivent par vagues ; les Viets nous les rendent dans une ambiance de kermesse : violoneux, banderoles, on s’embrasse, on chante : « Ce n’est qu’un au revoir » et nous voyons arriver de pauvres bougres maigres, exténués, dont certains sont prisonniers depuis quatre ans. J’accueille sur « mon » LCM les trois premiers officiers libérés : deux lieutenants très fatigués et un jeune capitaine en assez bon état. Cap sur Hanoi. Sur le bateau, nous ravitaillons, soignons tous ces garçons et prenons leurs messages que nous irons télégraphier à leurs familles en arrivant. Le soir de ce jour, je suis littéralement kidnappée par les autorités militaires du Tonkin : « Comment ai-je trouvé ces trois officiers ? Que m’ont-ils dit ? Ont-ils tenu des propos communistes ? Il faut aller à l’hôpital pour les faire parler… ».

 

Le jeune capitaine, qui dans la suite sera Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants (NDLR : il s’agit de Jean-Jacques Beucler), pendant trois heures expose la situation, au Camp n°1, des officiers faits prisonniers sur la RC4 en 1950. Rapidement, ils ont compris que s’ils n’entraient pas le « système » des Viets, ceux-ci les laisseraient petit à petit mourir de faim et de démoralisation. Aussi, ont-ils accepté d’être politiquement rééduqués et ont-ils laissé croire qu’ils devenaient convaincus des bienfaits du communisme (…).

 

Puis, je repars pour Viétri chercher d’autres prisonniers. Sur le quai, à Hanoi, à chaque retour, le général Cogny, commandant en chef des Forces du Tonkin, accueille les prisonniers, puis route vers l’hôpital Lanessan.

 

Le 3 septembre 1954, nous ramenons pratiquement le reste des officiers prisonniers, tant les anciens de la RC4 que ceux de Dien-Bien-Phu, dont le général de Castries ; amaigri, fatigué, digne, il tombe dans les bras du général Cogny à la descente du bateau. Je ramène aussi sur mon LCM Daniel Camus, reporter à Paris-Match et Pierre Schoendoerffer, correspondant de guerre à Dien-Bien-Phu.

 

Savent-ils tous ces hommes, que j’ai ramenés de Viétri et pour qui j’ai été l’image de la liberté retrouvée, le service qu’ils m’ont rendu en me plongeant dans une époque extraordinaire ? C’est pour cela que, depuis, j’assiste à leurs réunions amicales qui, au début, avaient lieu tous les dix ans, puis tous les cinq ans et maintenant tous les deux ans ».

 

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