temoignages-portraits - 1939-1945

Publié le 11 Août 2009

 

Jacques Vignaud (en haut – 2ème à partir dr.) et ses camarades du 93ème R.I.

 

 

Rue Foucher Lepelletier à Issy-les-Moulineaux. Nous rencontrons Jacques Vignaud, directeur commercial à la retraite (monde de l’édition). Sous le regard apaisant de statues de Bouddha – Madame Vignaud est d’origine thaïlandaise – Jacques Vignaud entreprend le récit de son engagement de 1944.

 
« Je pense souvent à ce mot de Maurice Druon : « Ce sont cent mille jeunes pouilleux qui, en se levant spontanément, ont sauvé l’honneur de la France ». J’avais à peine 18 ans en 1944 et pour moi l’engagement était évident. Mais comment faire ? En fait, tout s’est déroulé le plus naturellement possible. Un après-midi d’août 1944, alors que nous nous baignions dans un petit village de ma Vendée natale – à Pilorge – deux des plus âgés de notre bande d’adolescents nous disent qu’ils ne rentreront pas chez eux le soir. Ils nous demandent de les suivre et de prendre le maquis. C’est l’enthousiasme général. Le temps d’écrire un mot à nos parents, et avec notre sac de plage pour tout bagage, nous quittons le village, laissant le plus jeune garçon chargé de distribuer nos mots d’adieux !

 

Nous partons pour la forêt de Mervent, en Vendée. L’attente est interminable. Tout à coup, nous voyons un camion se rapprocher. Nos aînés nous demandent la plus grande discrétion. Certains ont peur : « Et si c’était un piège ? ». Le camion est proche maintenant. Il s’arrête. Une bâche se soulève. Et apparaissent des parachutistes en uniforme, casqués et solidement armés. Nous apprenons qu’ils font parties des fameux SAS britanniques. Nous sommes conquis ! Pour nous, qui ne connaissions que les uniformes de la Wehrmacht, la SS et les Gardes Mobiles de Réserve – à la solde de Vichy – l’apparition relève du merveilleux. Notre liberté commence.

 

Nous sommes transportés dans un manoir, proche de la commune de la Chapelle aux Lys. Les parachutistes nous habillent, expliquent le retrait des troupes allemandes dans les ports de l’Atlantique, forteresses puissamment armées. Il s’agit de créer des actions de sabotage et d’embuscade afin d’harceler les regroupements des unités ennemies.

 

Mes premières missions sont assez simples. A vélo, je dois reconnaître les environs et rechercher des lieux d’approvisionnement en carburant. Les repérages faits, les réquisitions peuvent commencer.

 

Quelques jours plus tard, une section régionale des Gardes Mobiles de Réserve obtient son ralliement à notre unité de Français Libres. La situation est cocasse : ceux pour qui nous étions encore des « terroristes » peu de temps avant, viennent nous congratuler et nous féliciter de notre engagement. Les effectifs sont tels que plusieurs groupes sont formés. En récompense de m’être vanté d’avoir déjà conduit un camion, j’obtiens le volant d’un Citroën 11 CV ! Sur la route, avec les conseils d’anciens, j’achève mon « école de conduite ».

 

Notre groupe se dirige vers Marans (Charente-Maritime). Là, nous intégrons le 93ème régiment d’Infanterie – le régiment des Vendéens – et prenons position. L’une des caractéristiques de l’armée est bien la discipline. Mais pour nous, qui débordons de vitalité, pas question d’attendre. Avec un de mes camarades, nous quittons notre poste et nous dirigeons dans le no man’s land. A quelques kilomètres, les forces allemandes ont placé des unités chargées de protéger le repli vers ce qui devient la « poche » de La Rochelle. Nous marchons depuis un moment, quand nous tombons sur deux soldats de la Wehrmacht. Nous les mettons en joue. Ils n’opposent aucune résistance, lèvent les bras et hurlent qu’ils sont autrichiens, qu’ils n’ont rien à voir, avec « cet Hitler ». Nous qui pensions recevoir des félicitations à notre retour, prenons une engueulade sévère de notre commandant de poste, pour avoir pris des initiatives sans ordres précis.

 

Nous sommes mutés dans l’unité du lieutenant Gayard, qui dirige la 2ème compagnie du 93ème R.I. Le chef de poste, l’adjudant Denis, nous donne l’ordre aussitôt d’attaquer des éléments avancés, proches de notre campement de la ferme dite La Prée. Nous sommes quatre, et, en nous dissimulant d’arbre en arbre, nous progressons jusqu’à ce que nous parvenions en vue des ennemis. A ce moment-là, je mets mon fusil-mitrailleur en position de tir, et le pourvoyeur prépare les chargeurs pour son alimentation. Nous sommes tous les quatre allongés sur le sol, bien dissimulés dans l’herbe, aux pieds de grands arbres. Lors de la visée, j’aperçois distinctement les uniformes de la Wehrmacht autour du poste. L’adjudant donne l’ordre : « Feu » ! Je tire et je vide en rafales plusieurs chargeurs, jusqu’à ce que nous constations que le canon du fusil mitrailleur est devenu rouge ! Dès le début de notre attaque, les Allemands se sont couchés. Mais ils se ressaisissent et nous devons nous replier sous les rafales de leurs mitrailleuses.

 

Fort de ce fait d’armes, le soldat Baugé et moi-même, obtenons une permission d’une journée que nous passons dans la petite ville de Marans. Juste le temps nécessaire pour que les Allemands attaquent notre ferme… Nos camarades ont pu s’enfuir sans pertes. Alors, avec Baugé, nous nous installons dans une nouvelle ferme, assez proche, au lieu-dit Saint-Léonard. Là, grâce aux animaux d’élevage et la gentillesse des paysans, nous pouvons voir venir.

 

Le 15 janvier 1945, par un froid sibérien, les Allemands attaquent tous nos postes. Il s’agit pour eux de se procurer du ravitaillement. Nos forces se battent avec courage. Les pertes sont nombreuses. Toutes les fermes sont prises d’assaut. Avec Baugé, nous devons, une fois de plus, reculer face à un ennemi bien plus puissant que nos mitraillettes légères. Dans notre retraite, nous croisons des compagnons d’infortune. C’est à cinq, que, pour échapper aux balles ennemies, nous décidons de traverser le canal de Marans à la Rochelle, en empruntant la passerelle d’une petite retenue d’eau. Sous les tirs intenses, nous devons descendre dans le marais. Les tirs continuent. Alors, nous brisons la glace et nous nous enfonçons dans l’eau profonde. Persuadés que le froid nous emportera, les Allemands se replient. Leur approvisionnement est bien plus important que cinq pauvres jeunes gars.

 

Nous devons nous sauver. Et vite, car en plus l’un de mes camarades a reçu une balle dans le pied. Pour cela, nous faisons deux groupes : deux vont partir avec le blessé et se rendre aux ennemis ; avec Baugé, nous décidons de poursuivre notre retraite. Nous devons traverser à nouveau un canal. La glace, qui semblait épaisse, cède en plusieurs endroits. Nous voilà trempés jusqu’aux os. Il est très clair que nous ne pouvons, sans risque grave, rester des heures dans cette situation. Nous nous dirigeons vers une maison isolée. Après avoir brisé un volet, nous accédons aux chambres du premier étage et nous empruntons des serviettes et quelques vêtements. Enfin, nous allons pouvoir dormir…

 

Mais dès notre réveil, nous entendons distinctement des voix qui semblent être toutes proches. En examinant plus attentivement, nous découvrons avec horreur qu’un poste de garde composé de plusieurs soldats allemands s’est installé dans la nuit. L’un d’eux s’approche. C’est certain : il va découvrir les vêtements boueux que nous avons laissé dans la cuisine. Nous allons être pris. De fait : les soldats pénètrent dans la maison. Nous entendons leur progression. Se battre ne servirait à rien, nos armes ont été perdues pendant la traversée du canal. Alors, levant les bras bien haut, il ne nous reste plus d’à nous rendre.

 

Les Allemands nous emmènent jusqu’à Marans ; de là, nous montons dans un train blindé en direction de La Rochelle. Comme des centaines de nos compatriotes, nous voilà prisonniers dans la caserne Renaudin. Dès l’instant où je rentre dans la cellule, ma conviction est faite : me sortir d’ici au plus vite. Certains des nôtres préfèrent ne pas bouger, la victoire finale étant proche. Ils n’ont pas torts. Pour autant, pas question de se laisser faire.

 

La caserne Renaudin est presque entièrement désaffectée ; seul notre étage – le premier – est occupé. Nous nous apercevons qu’un véritable dédale de couloirs compose le bâtiment. L’un d’eux donne sur le mur de notre cellule. Il suffirait de percer ce mur – qui semble bien avoir été ajouté – pour sortir. Nous utilisons les toilettes pour évacuer les gravats. Tout le monde s’y met : les soixante-trois prisonniers de notre grande cellule vont tour à tour nous aider – nous sommes une dizaine bien décidés à nous faire la belle – à faire disparaître les preuves de nos travaux. Du côté allemand, l’encadrement officier et sous-officier, conscient de l’infériorité du moral de ses troupes, tente de compenser cette faiblesse par des manifestations d’autoritarisme excessives et spectaculaires, pour impressionner. Nous recevons à n’importe quel moment du jour et de la nuit des visites. Parfois, ils sont imbibés de cognac et de pineau… « J’ai donné l’ordre de tirer sur les prisonniers qui tenteront de s’évader et vous serez fusillés ! ». Mais l’espoir a changé de camp.

 

La date de l’évasion est fixée au 12 février 1945. En fin d’après-midi, alors que la nuit commence à tomber, nous passons par le trou que nous avons creusé ; nous descendons en bas de l’escalier et parvenons, sans trop de soucis, jusque dans la cour. Il nous faut maintenant la franchir et parvenir de l’autre côté, vers les fameuses toilettes. Ça ne sent pas bon, mais jamais cette odeur ne nous a paru si opportune. Le mur d’enceinte s’offre à nous. Nous devons, pour l’escalader et descendre de l’autre côté, attendre que le faisceau du projecteur et que le gardien avec son chien soient loin. Au moment opportun, nous sautons à l’extérieur. Pour autant, rien n’est encore joué. Il faut maintenant traverser la ville et nous rendre à notre point de rencontre : une maison dont un gardien nous a donné la clé, cachée dans une boule de pain. Dans une rue de La Rochelle, nous croisons une patrouille allemande. La chance est avec nous. Il ne s’agit que de « pépés » débonnaires, qui n’ont certainement pas envie de se créer des problèmes. Nous nous rendons dans la maison afin d’y passer la nuit. Au petit jour, des Résistants viennent nous chercher ; nous montons sur un bateau pour être exfiltrés vers l’île d’Aix. Puis ce sera Fouras et Rochefort.

 

C’en est terminé de notre guerre. Bientôt les Allemands se rendent en masse. Notre joie est indescriptible. Pourtant. Ombres funestes. Je pense à tous nos camarades qui n’ont pas eu notre chance, qui se sont battus et ont été tués, qui se sont fait prendre, alors que la liberté s’offrait à eux. Ainsi, je pense particulièrement Paul Couzinet, Joseph Martin et Paul Rolland, qui ont été arrêtés alors qu’ils étaient au rez-de-chaussée de la caserne et que les premières évasions venaient d’être découvertes. Ils ont été lâchement abattus par la soldatesque ennemie et c’est un crime impardonnable. Nos combats sont demeurés au second plan, inconnus. Mais cela n’est ni tout à juste ni tout à fait bon. Le Devoir de Mémoire est indispensable si l’on veut que nos jeunes disposent encore aujourd’hui du patrimoine national que nous avons contribué à reconquérir. »

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Publié le 12 Juin 2009

 

 

L’un des carrés militaires du cimetière de Clichy Sud contient plusieurs tombes de martyrs de la Résistance. L’une des plaques interpelle le passant : « guillotiné ». Qui a bien pu être guillotiné sur ordre de Pétain ?

 

 

 

Une rue du 17ème arrondissement de Paris dans le quartier des Epinettes et une école dans ce même arrondissement, portent le nom d’André Brechet. Né en 1900, André Brechet est l’un des responsables communistes de Paris. Le remarquable site internet www.plaques-commémoratives.org donne des explications : « L’attentat qui, le 21 août 1941, coûte à Paris la vie à l’aspirant Moser déchaîne la fureur répressive de l’occupant et de l’Etat français. Menaçant de fusiller cinquante otages, le premier exige du second la condamnation à mort de six communistes. Vichy obtempère en créant le 23 août des les Sections spéciales. Le 27 août 1941, cinq magistrats français composent la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris. André Bréchet, condamné neuf jours plus tôt à quinze mois de prison figure parmi les neufs prévenus qui comparaissent ce jour-là ».

 

Ainsi sans d’autres charges que celle de militant politique (le Parti communiste était alors interdit), André Brechet est guillotiné le 28 août 1941, dans la cour de la prison de Santé à Paris, la même journée que Jean Bastard et Abraham Trzebucki,

 

Jean Bastard, né le 18 août 1896, monteur, est arrêté par la Section spéciale du Gouvernement de Vichy pour avoir été en possession d’une machine à écrire de marque Ronéo. Il est soupçonné de résistance communiste active, tout comme Abraham Trzebucki.

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Publié le 21 Mars 2009

La Libération de la Corse, par le général Roland Glavany.

Le 1er Bataillon de Choc et la libération de la Corse

 « Nos amis les anciens combattants corses ayant pris justement ombrage de voir partout oublier que leur île avait été le premier département français libéré, décidèrent que le 65ème anniversaire de cette libération prendrait un éclat particulier.

 Et c’est ainsi qu’ancien sous-lieutenant du 1er Bataillon de Choc, qui fut aux premières loges dans ces affaires, je fus associé aux cérémonies de Ghisonaccia et de Patrimonio où je reçus un accueil inoubliable les 23 et 24 septembre 2008.

 En deux allocutions, j’essayai de rappeler le contexte historique des printemps – été 1943. En mai 1943, la campagne de Tunisie était terminée : il n’y avait plus un Allemand en Afrique, et l’Armée d’Afrique réarmée par nos alliés américains reprenait sa place au combat. Le général de Gaulle, chef incontesté de la France Libre, quittait Londres pour s’établir à Alger où il laissa un temps au général Giraud la conduite des affaires militaires. Les Alliés, en juillet 1943, Patton à l’ouest et Montgomery à l’est, débarquèrent en Sicile, qui fut conquise en un mois. Lorsque Montgomery fit franchir à ses troupes le détroit de Messine pour prendre pied en Calabre, nos ennemis italiens commencèrent à se poser quelques questions et demandèrent l’armistice. Or, ils occupaient la Corse. Une résistance ardente et armée s’était organisée dans l’île. Ses chefs proclamèrent alors l’insurrection générale. L’affaire n’était pas simple car si les Italiens s’étaient auto-neutralisés, il y avait dans le sud-est de l’île des unités allemandes dont la menace n’était pas vaine.

 Un des chefs militaires de la Résistance, le commandant Colonna d’Istria, put faire appel au général Giraud pour demander son appui. Celui-ci se tourna forcément vers le commandement allié en Méditerranée, lequel, en pleine organisation de la libération de l’Italie, lui fit comprendre qu’il fallait qu’il se débrouillât seul. Ce qu’il fit.

 Le général Giraud avait immédiatement « sous la main » le déjà célèbre sous-marin Casabianca du glorieux commandant l’Herminier, les contre-torpilleurs Fantasque et Terrible, en fait des croiseurs, légers, très rapides, et pour l’Armée de Terre, le Bataillon de Choc, unité spéciale de volontaires, formée à Staoueli, près d’’Alger, en mai 1943 aux ordres du commandant Gambiez. Et c’est ainsi que, dans la nuit du 12 au 13 septembre 1943, pour le Casabianca, du 13 au 14 pour le Fantasque et le Terrible, débarquèrent à Ajaccio les trois compagnies à quatre sections du Choc, en but à l’enthousiasme de la population.

 Dans les dix jours suivants, arrivèrent les éléments du 1er R.T.M. (tirailleurs marocains), du 2ème G.T.M. (tabors marocains), du 4ème R.S.M. (spahis). Deux groupes de chasse français équipés de Spitfire opérèrent à partir de Campo del Oro près d’Ajaccio».

 Situation de la Corse en septembre 1943

 « Quelle était la situation de l’île en ce début de septembre 1943 ? La neutralité italienne était acquise. Les Allemands avaient été contenus dans le sud-est par les patriotes corses. En fait, la préoccupation réelle du commandement allemand était de faire passer en Italie via Bastia une division retirée de Sardaigne. Avec notre armement léger (mitraillettes, FM24-29, grenades), nous étions forcément destinés aux combats-commandos de nuit, aux attaques surprises et aux embuscades le long de la route Bonifacio – Bastia tandis que les troupes marocaines avec leur armement réglementaire pouvaient mener la dernière bataille pour Bastia. Ainsi donc, les douze sections du Choc se déployèrent en éventail du nord au sud avec l’appui inestimable des guides corses et le renfort d’une 4ème compagnie corse de volontaires, immédiatement constituée, ce qu’aucun autre département français libéré ne réussit à faire. Les quatre compagnies du Choc furent dispersées : la mienne, la 3ème, celle du capitaine Manjot, envoya ses 1ère et 2ème sections au nord dans le secteur Ile Rousse – Saint-Florent ; la 3ème section, celle que je dirigeais, dans le secteur de Vescovato, en « chasse libre » ; la 4ème, celle de l’aspirant J.P. Michelin, au sud-est, vers Conca. Nos actions furent nombreuses et il faudrait des pages et des pages pour raconter les actions conduites en 15 jours par tout notre Bataillon ».

  A Ghisonaccia

 « A Ghisonaccia, le 23 septembre, au cours de la magnifique cérémonie organisée par le maire, Monsieur Guidici, et parlant devant vingt drapeaux, les enfants des écoles, et mes camarades anciens de la 4ème compagnie, j’ai pu évoquer deux faits d’armes qui me tenaient à cœur :

  • Les deux attaques couronnées de succès conduites par le lieutenant Lamy dans le secteur de Prunelli, parce que, nommé capitaine, Léon Lamy fut « mon capitaine » et qu’il tomba au champ d’Honneur exactement un an plus tard à la chapelle de Ronchamp, à côté de mon ami Yves de Bernon.
  • Ce qu’on a appelé la Bataille de Conca, le 22 septembre, parce que Jean-Pierre Michelin, jeune aspirant évadé de France pour prendre sa place au combat, y trouva la mort à la tête de sa section. Il était le premier aspirant tombé sur la terre de France pour la Libération.

 Dévoilant la belle plaque commémorative qui porte les noms de sept de nos camarades tombés dans la région de Ghisonaccia, j’y trouvai les patronymes de Lorenzi de la compagnie Corse et de Le Coz de la 3ème compagnie. Un Corse à côté d’un Breton. Au cours de la réception qui suivit, j’ai pu, au nom de tous les anciens, adresser mes remerciements les plus chaleureux à Monsieur Guidicci ».

  A Patrimonio

 « Le lendemain, à Patrimonio, près de Saint-Florent, j’étais reçu par Monsieur Maestracci, maire de la localité, qui avait tenu à honorer la mémoire de l’adjudant-chef Richard de Préaudet, de notre Bataillon, qui était tombé en ces lieux le 24 septembre 1943.

 Reprenant les termes de ma précédente allocution, j’ajoutai quelques mots sur la formation de notre Bataillon de Choc. La plupart des officiers, de réserve ou d’active, étaient des évadés de France, avec quelques personnalités exceptionnelles. Les soldats (ou chasseurs) venaient des appelés d’Afrique du Nord, des chantiers de jeunesse. Mais l’épine dorsale ne pouvait être formée que de sous-officiers anciens de l’Armée d’Afrique. Les noms de nos adjudants-chefs me sont encore en mémoire : Saunier, Blanchard, Huet, Préaudet, et Crespin. L’adjudant-chef Marceau Crespin qu’on avait jugé opportun d’adjoindre au sous-lieutenant de 21 ans que j’étais alors, et qui est resté un de mes meilleurs amis. Quant à Richard de Préaudet, il venait du 1er Régiment Etranger de cavalerie et était devenu l’appui indispensable du chef de la 2ème section de la 3ème compagnie du Choc, celle-là même qu’on avait envoyée vers le nord et qui arrivait vers l’est et Saint-Florent, venant de Casta.

 Dans la nuit du 23 au 24 septembre 1943, le capitaine Manjot décida l’attaque par trois équipes d’un poste allemand situé au carrefour de Patrimonio. Préaudet commandait une des trois équipes en pointe de l’attaque mais se trouva en face d’un ennemi alerté et sous le feu de deux mitrailleuses. Il ne pouvait que faire décrocher sa troupe et restant le dernier, fut mortellement blessé. Les Allemands enfouirent son corps.

 Ainsi tombèrent, presqu’en même temps, au sud et au nord de l’île, l’aspirant Michelin et l’adjudant-chef de Préaudet, premiers morts du Bataillon, premiers tombés pour la libération de la France. La cérémonie même de Patrimonio, le 24 septembre 2008, fut particulièrement émouvante sur cette plateforme en demi-cercle qui dominait le bourg, parce que le dévoilement de la plaque commémorative s’accompagna de chants religieux, d’une chorale de haute qualité, parce qu’un détachement du 2ème Régiment Etranger de parachutistes rendait les honneurs, parce que les trois enfants de Richard de Préaudet qui n’avaient pas ou si peu connu leur père étaient là, qui ne cachaient pas leur émotion en serrant les mains de tous les légionnaires. Là aussi, j’ai pu dire à Monsieur Maestracci combien nous lui étions reconnaissants de garder dans la pierre un tel souvenir.

 Le 4 octobre 1943, les combats cessèrent. Nous défilâmes à Ajaccio devant le général Giraud. Je serrai à Sartène la main du général de Gaulle. Tout ceci se passait il y a 65 ans. Mais c’était le début d’une longue route qui allait mener le Bataillon de Choc à l’Ile d’Elbe, sous les ordres de Gambiez ; au débarquement de Provence à Toulon sous les ordres d’Heriard-Debreuil ; à Belfort, Colmar, l’Allemagne, l’Autriche, sous les ordres de Lefort ; au début de l’Indochine sous les ordres de Clauzon.

 Sur cette route-là, 300 des nôtres sont tombés. POUR LA FRANCE ».

 

Général Roland Glavany. Grand Croix de la Légion d’honneur.

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Publié le 24 Février 2009


Claude Correia, pilier du Souvenir Français du Plessis-Robinson, est membre actif de nombreuses associations et s'occupe, entre autres, de la section locale des anciens de la 2ème D.B. du général Leclerc.
 

Ch’timi portugais

 

« Je suis un Ch’timi portugais ! Né à Denain, dans le Nord, en 1926, mes parents s’étaient installés quelques années auparavant dans la région. Je suis entré dans la Résistance à l’âge de 17 ans, et pour moi cela était parfaitement naturel. Comme une tradition familiale. En effet, et cela se sait peu, mais pendant la Première Guerre mondiale, le Portugal avait envoyé un contingent pour aider les Alliés, sur le front de l’Ouest. Une des principales raisons de cet engagement consistait à combattre partout où cela était possible, l’ennemi allemand, qui avait des visées sur les possessions africaines du Portugal. Et d’obtenir un appui des Anglais.

 

Mon père était de ce contingent. Il participa, entre autres, à la bataille de la Lys, en avril 1918. En ces lieux, la seconde Division portugaise, sous le commandement du général Gomes da Costa, forte d’environ 20.000 hommes, résista avec acharnement à quatre divisions allemandes (50.000 hommes), laissant sur le terrain près de 300 officiers et 7.000 soldats, tués, blessés ou prisonniers. Le courage des Portugais força l’admiration de l’ensemble des Alliés. Mon père s’en sortit, comme par miracle. Sinon, je ne serais pas là !

 

Bref, en septembre 1944, le lieutenant Roger nous rassembla à Valenciennes et nous fit embarquer dans trois camions : direction la capitale ! A Saint-Germain-en-Laye, nous descendîmes au Quartier Gramont, lieu d’incorporation. Nous fîmes nos adieux à Roger, qui devenait l’adjoint du commandant Lanusse, en charge des nouvelles recrues. Inspection, instruction – rapide – et piqûres puis nous voilà au front ».

 

A la 2ème D.B.

 

« J’avais intégré le 2ème bataillon de la 8ème Compagnie, aussi appelée Escadron Vaugirard. Nous étions une unité du Régiment de Marche du Tchad (R.M.T.) – unité filleule de la ville d’Issy-les-Moulineaux – lui-même composant du Groupement Tactique du général de Langlade (G.T.L.), élément de la 2ème Division Blindée (D.B.) du général Philippe Leclerc de Hauteclocque. Notre commandant d’unité allait devenir célèbre : il s’agissait de Jacques Massu !

 

Mon baptême du feu, ce fut à Sélestat, en Alsace, au moment de Noël. J’étais posté dans une maison avec quelques camarades. L’un d’eux me cria : « Mickey ! » – car s’était ainsi que l’on m’appelait – « Fais gaffe, ils sont juste dans la ferme en face ! ». Un char arriva. Nous pensions être sauvés. Mais il roula sur une mine. Sous la force de l’explosion, l’engin s’immobilisa. Et les Allemands reprirent leur canarde de plus belle. Je peux dire que ce jour-là, nous primes une sacrée dérouillée. A notre poste, au matin, nous étions onze soldats. Le soir, nous nous retrouvâmes à deux survivants. Le lendemain, nous étions relevés et notre chef de groupe nous proposa de nous replier sur un quartier de la ville, plus en arrière, à l’abri des tirs ennemis.

 

Au milieu d’une foule de soldats, de matériels, de chars, de cris, mon camarade et moi, nous entrâmes dans un estaminet. La patronne nous accueillit avec gentillesse. Nous découvrîmes des gens adorables. Alors que bon nombre d’hommes de la région étaient « Malgré Nous », c’est-à-dire sous l’uniforme allemand et sur le front de l’Est, on nous offrit le couvert et le coucher. Un beau Noël pour deux pauvres jeunes gars loin de leurs parents, sans chéries. Des enfants…

 

Ce fut une joie presque aussi intense que notre entrée dans Strasbourg, un mois plus tôt. Je n’avais pas tenu le « Serment de Koufra » cher au général Leclerc, mais j’en étais de ceux qui avaient délivré la France. Au soir de ces combats dans Sélestat, je reçus la Croix de Guerre et fus cité à l’ordre du régiment. La suite fut tout aussi terrible pour le R.M.T. ».

 

La bataille de Kilstett

 

« Le maréchal allemand Von Rundstet avait déclenché une vaste offensive sur le front des Ardennes. Les Américains et notre 2ème D.B. se précipitèrent pour colmater cette brêche. Mais, dans le même temps, il ne fallait pas dégarnir l’Alsace. Leclerc avait dit : « La division tout entière doit passer en Alsace et se faire tuer sur place, jusqu’au dernier homme, pour sauver l’honneur de la France ».

 

A Kilstett, situé  à 15 km au nord de Strasbourg, le commandant Reyniès, qui avait fait l’Afrique, et qui était encerclé avec son bataillon dans la ville, hurla à la radio : « Faites vite ! Le hallouf (cochon) est dans le douar ». Notre 8ème Compagnie du R.M.T. fut envoyée sur place pour participer au dégagement. Nous avions face à nous deux bataillons du Régiment Marbach, composés d’élèves sous-officiers, de vrais fanatiques. Une seule chose comptait pour eux : assommer la ville sous les bombes et foncer sur Strasbourg pour reprendre ce symbole. Le général de Langlade envoya immédiatement à l’assaut les sous-groupements Gribius et Massu, dont je faisais toujours partie. Les combats furent incroyables de violence. Dès les premières minutes, nos pertes furent sérieuses. Je tirais comme je pouvais, appuyant les copains du mieux possible. Nous nous battîmes maison par maison, nettoyant notamment le quartier de la Sablière.

 

Et c’est là que je fus blessé. Tout autour de moi, ce n’étaient que morts et blessés. Mon chef gisait dans une mare de sang, due à une blessure en pleine poitrine. Pour ma part, j‘étais immobilisé, une balle dans le pied. On m’évacua sur l’hôpital de Sarrebourg et je reçus, après l’étoile de Bronze, celle d’Argent sur ma Croix de Guerre. Avec mes compagnons d’armes, je fus cité à l’ordre de la Division. Le général de Lattre de Tassigny cita à l’ordre du Corps d’Armée le G.T.L. de la 2ème D.B. : « Engagé le 22 janvier 1945 aux ordres du général de Langlade, en soutien de la 3ème D.I.A., est intervenu de façon décisive dans pour briser le dernier assaut allemand en direction de Strasbourg. Après une étape de nuit rendue difficile par la haute neige et le gel, un sous-groupement sous les ordres du chef d’escadron Gribius s’est porté « résolument » à l’attaque pour dégager un bataillon de Tirailleurs encerclé depuis la veille à Kilstett, par des forces supérieures. Par la soudaineté et la violence de son intervention, a complètement surpris l’ennemi, l’a mis en déroute, lui infligeant de lourdes pertes et faisant une centaine de prisonniers ».

 

Par la suite…

 

« Par la suite, remis, je poursuivis les combats en Allemagne, puis jusqu’à Berchtesgaden, le fameux « nid d’aigle » d’Adolf Hitler. Démobilisé en 1946, je rejoignis un de mes frères à Lyon qui me fit entrer dans le secteur de la restauration où j’exerçai pendant près de trente ans. Là, je me mariai et un fils naquit. Je terminai ma carrière dans le bâtiment, en tant que spécialiste de la remise en état ».

 

En Alsace, 1944. 

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Publié le 10 Janvier 2009

Le Commander Alexander Tesich est le Président du Post 605 des Hauts-de-Seine de l'association « Veterans of Foreign Wars of the United States ». Celle-ci regroupe les vétérans américains de la Seconde Guerre mondiale, vivants à l'étranger.

 

 

 

 

 L’un des chapitres les plus sombres et les plus complexes de la Seconde Guerre mondiale s’est déroulé dans les Balkans, à partir de 1941.

 

A cette époque, la situation dans cette partie de l’Europe, et plus particulièrement en Yougoslavie, est confuse. Pour tenter d’en comprendre les tenants et les aboutissants, il convient de revenir un quart de siècle en arrière.

 

A la fin de la Première Guerre mondiale, sur les cendres de l’Empire Austro-hongrois, et sous l’impulsion de l’énergique roi des Serbes, Pierre 1er, un Royaume commun des Serbes, Croates et Slovènes est constitué. Cette création correspond aux résultats des conférences préparatrices du Pacte de Saint-Germain-en-Laye de 1919 : récupération par la Serbie des territoires non promis à l’Italie (Pacte de Londres de 1915), et qui rassemblent les populations croates et slovènes. Fondation d’un royaume avec stricte égalité entre tous les peuples le composant.

 

Mais dès cette création, des tensions apparaissent, d’un côté, entre les Croates et les Slovènes, à majorité catholique, défenseurs d’une approche fédéraliste d’inspiration allemande, et d’un autre côté les Serbes, orthodoxes, et favorables à un centralisme jacobin, d’inspiration française.

 

Néanmoins, l’union est réussie. Malade, Pierre 1er passe le flambeau à son fils, le roi Alexandre 1er. Dans un premier temps, le monarque cherche à apaiser les nationalismes et les tendances séparatistes ; puis, au début des années 1930, cette politique, consensuelle, dérive vers un dirigisme de plus en plus accentué. En 1934, le roi Alexandre 1er est assassiné, au cours d’un voyage à Marseille, par un nationaliste macédonien (la majeure partie de la Macédoine est intégrée à la Serbie). Pierre II, fils d’Alexandre 1er, âgé seulement de 11 ans, monte sur le trône, sous la régence du prince Paul, cousin du roi. Les régimes dictatoriaux qui voient le jour au cours de ces années-là, en Europe, favorisent l’émergence de partis nationalistes. Le prince Paul finit par céder aux pressions intérieures de son royaume, à l’influence de l’Allemagne et de l’Italie, et signe, le 25 mars 1941, le Traité Tripartite, pensant soustraire son pays à la guerre. Pourtant cette décision affaiblit en Serbie la popularité du prince. Le général Simovic réalise un coup d’Etat, exile le prince Paul et donne un pouvoir absolu au roi pro-allié Pierre II. C’en est trop pour Adolf Hitler qui, prétextant un refus des Serbes d’accorder un corridor à la Wehrmacht pour envahir la Grèce, attaque Belgrade.

 

Le Commander Tesich : « Il faut bien imaginer des Croates accueillant les soldats allemands avec des fleurs et nous – notre armée n’ayant pas tenu plus de deux semaines – nous étions abasourdis d’une défaite aussi lourde, aussi rapide. Après la première attaque de l’aviation allemande, il y eut un parachutage sur le palais royal à Belgrade. La panique était totale. En fait, il s’agissait de poupées de grande taille dans le but de faire diversion. Ensuite, les Stukas multiplièrent les bombardements».

 

Dès lors, en Croatie, fidèle à ses inspirations ultranationalistes, un Etat indépendant est créé, dirigé par les Oustachis, avec à sa tête Ante Pavelic. En Serbie, la vie politique est bouleversée : après le départ du roi Pierre II pour Londres, et pour avoir la paix et faire régner l’ordre, les Allemands demandent au général Milan Nedic de former des gardes-frontières, pour que les Croates ne rentrent pas en Serbie (ce qu’ils ont fait en Bosnie, massacrant les ressortissants serbes). Peu à peu, un gouvernement autour de Nedic se forme. Et trois groupes de résistance s’organisent : les divisions de l’Armée serbe qui n’ont pas encore déposé les armes, fidèles au roi Pierre II et regroupés autour du général Draza Mihajlovic. L’armée de Mihajlovic – donc le premier groupe – collabore, plutôt secrètement, avec le gouvernement de Nedic. Deuxième groupe : les soldats de Dimitrije Ljotic, ultranationalistes, alliés des Allemands et qui vont combattre aussi bien la Garde nationale serbe de Nedic que les soutiens de Pierre II. Enfin, troisième groupe, les communistes, ayant parfois appuyé les Allemands au moment du pacte Germano-soviétique, sous la direction de Josip Broz Tito, Croate, et qui vont, ensuite, lutter contre ces mêmes Allemands et les autres groupes serbes. La Yougoslavie  de 1941, c’est à la fois une invasion par les pays de l’Axe et une guerre civile.

 

« J’avais 14 ans, reprend le Commander Tesich. Je n’avais peur de rien. Et j’ai, moi aussi, pris les armes pour défendre mon pays contre les Allemands. Les atrocités commises par les SS et la Wehrmacht ont été fort nombreuses. L’une des plus célèbres – et macabres – demeure sans conteste l’affaire de Kragujevac : après une attaque de Serbes contre eux, 6.000 enfants de cette ville ont été  enfermés dans les écoles puis fusillés. Il y a peu encore, un panneau interdisait l’entrée de la cité à tous les ressortissants allemands. Pratiquement, en ce temps-là, on ne savait plus qui soutenait qui. Tout le monde était soupçonnable. Nous combattions les hommes de Ljotic, les Allemands, les communistes, qui voulaient une Yougoslavie républicaine pour notre pays quand nous préférions le rétablissement du royaume. »

 

Au début de cette guerre civile, les Alliés jouent la carte de Mihajlovic. De Gaulle en particulier, qui a été compagnon du Serbe à Saint-Cyr et l’a décoré, à Londres, de la Croix de Guerre pour des faits de résistance à l’Allemagne nazie. Mais après les conférences de Téhéran en 1943 puis Yalta en 1945, et grâce à l’appui logistique de l’Armée rouge, les Partisans communistes de Tito bénéficient, à leur tour, du soutien des Alliés, au premier titre desquels il convient de citer les Anglais.  


« Dès le début de 1944, notre sort est joué. Grâce aux armes fournies par l’Union soviétique, les Partisans libèrent des villes et des régions de l’emprise nazie. De fait, ils obtiennent le soutien des populations civiles. Mais ces femmes et ces hommes avaient-ils le choix ? Ensuite, les soldats de Ljotic apprennent que nous collaborons avec ceux de Nedic. Nous sommes dénoncés à la Wehrmacht. Les hommes de Nedic, qui jusque-là nous livraient des armes allemandes, nous envoient des armes françaises et hollandaises (à la demande des Allemands). Nos munitions serbes et allemandes ne pouvant fonctionner, nous voilà condamnés. Partout nous reculons. Nous finissons par nous réfugier en Slovénie et en Italie. De là, comme beaucoup des mes camarades, je m’expatrie pour les Etats-Unis (d’autres partent pour l’Australie ou le Canada), où je suis rapidement recruté pour travailler dans une usine du New-Jersey. Puis je m’engage dans l’Armée américaine (US Air Force). Je complète ma formation pendant quelques temps puis suis muté sur la base d’Orly où je resterai aviateur pendant 3 ans et 33 jours ! ».

 

Etabli d’abord dans la clandestinité à Jajce, en novembre 1943, l’Etat communiste de Yougoslavie, avec Tito pour Président, devient officiel en septembre 1944 avec la libération de Belgrade.

 

Nedic se sauve en Italie. Le 1er janvier 1946, il est livré aux Yougoslaves par les Anglais et est immédiatement incarcéré. Le 5 février 1946, les journaux rapportent que Milan Nedic, profitant d’un moment d’inattention de ses gardes, se suicide en se jetant par la fenêtre de la pièce où il est interrogé.

 

Quant à Mihajlovic, il trouve refuge en Bosnie-Herzégovine. Il y est arrêté le 12 mars 1946 et bientôt jugé pour « trahison et crimes de guerre ». Coupable au regard du pouvoir communiste, il est fusillé le 17 juillet 1946. Le général de Gaulle refusera toute sa vie d’avoir des contacts développés avec la Yougoslavie de Josip Broz Tito.
 

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