Député-maire de Neuilly-sur-Seine et mort pour la France.

Publié le 12 Juillet 2018

Député-maire de Neuilly-sur-Seine et mort pour la France.

A Neuilly-sur-Seine.

Edouard Nortier nait le 4 août 1859, à Paris dans le 8e arrondissement. Voilà 70 ans, jour pour jour, que la Révolution française a aboli les privilèges ! Et voilà bien un mot qu’Edouard Nortier se refusera de s’appliquer tout au long de sa vie.

Négociant, maire de Neuilly-sur-Seine, Edouard Nortier est élu, la première fois le 19 novembre 1911, député de la 5e circonscription de Saint-Denis, avec 6.722 voix sur 13.499 votants, en remplacement d’Hector Depasse, radical-socialiste, décédé. Il l’emporte sur général Alexandre Percin, radical-socialiste, et sur un jeune avocat, encore méconnu, socialiste, qui se nomme Pierre Laval, mais qui réussit à réunir 3.000 suffrages… Ce dernier, ne s’étant pas retiré, il fait basculer la circonscription du côté des Républicains progressistes avec Edouard Nortier. Ce mouvement étant l’un des principaux courants de la Fédération républicaine, grand parti de la droite républicaine, libérale et conservatrice sous la IIIe République.

Le 26 avril 1914, Edouard Nortier est réélu avec 8.609 voix contre 7.738 à André Morizet, socialiste (et futur maire de Boulogne-Billancourt). Le vainqueur se présente en champion du petit capital contre les monopoles et contre une fiscalité abusive. Ainsi, il vote contre ce qu’il appelle « l’inquisition fiscale ». Il s’intéresse également à la santé et à la salubrité publique. Partisan de la suppression des privilèges des bouilleurs de cru, il présente une proposition de loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique. Concernant l’école – en ces années qui suivent la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat – Edouard Nortier est partisan de la liberté de l’enseignement. Il indique : « l’école laïque n’a pas besoin d’un monopole pour se défendre ».

 

Le patriote.

Mais ce qui peut encore plus caractériser Edouard Nortier, c’est son patriotisme. Régulièrement à la Chambre des Députés, il insiste sur la nécessité d’un renforcement de l’armée française. C’est dans cet esprit, qu’il vote la loi portant à trois ans la durée du service militaire.

Et cette action va se concrétiser au cours de l’été 1914 ! Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Edouard Nortier s’engage au 73e régiment d’infanterie, dont les casernements sont situés à Béthune, Hesdin et Aire-sur-la-Lys. A ses concitoyens de Neuilly qui lui demandent de rester auprès d’eux, il répond : « Je me dois d’abord à la France, ensuite seulement à Neuilly » !

Il combat en Belgique dans le but d’empêcher les Allemands de franchir la Meuse. Puis ce sont les batailles de Charleroi et de Guises. Les Français doivent reculer… jusqu’à la Marne où le 73e RI s’illustre. Comme une bonne partie de l’armée française, à l’issue de cette victoire, l’unité se rue en direction du nord-ouest, dans ce qui sera appelé la « Course à la mer ». C’est dans les Flandres belges, à Ypres, qu’Edouard Nortier trouve la mort. Le 6 novembre 1914, il reçoit des éclats d’obus alors qu’il se bat dans le village de Boesinghe. Il est alors âgé de 55 ans et ses deux fils sont aussi sous les drapeaux…

 

Aujourd’hui, à Neuilly-sur-Seine, la rue Edouard Nortier part du boulevard du général Leclerc, le long de la Seine, pour s’arrêter à la rue de Chézy.

 

Les élus de la République morts pour la France.

Edouard Nortier n’est pas le seul député mort pour la France au cours de la Première Guerre mondiale. Certains, dans la liste ci-après, sont particulièrement connus :

 

  • Maurice Bernard : député du Doubs (Besançon), inscrit au Groupe de la Gauche radicale, il meurt dans un accident d’avion en 1916. Il avait 39 ans.
  • Raoul Briquet : âgé de 41 ans, il meurt le 25 mars 1917 à Bapaume, lors de l’effondrement de la mairie, dû à une bombe laissée par les Allemands. Il était député SFIO du Pas-de-Calais. Le député Albert Tailliandier meurt avec lui.
  • Georges Chaigne : journaliste, député de la Gironde (La Réole), membre des Républicains de gauche, il est tué le 5 avril 1915, à l’âge de 27 ans, au Bois de Mortmare, dans la Meuse.
  • Frédéric Chevillon : député de Marseille, membre du Groupe de la Gauche radicale, sous-lieutenant au 132e RI (« Un contre huit »), il meurt aux Eparges le 21 février 1915. Il avait 36 ans.
  • Emile Driant : député de Nancy, membre de l’Action libérale, lieutenant-colonel, il meurt en héros à la tête 56e bataillon de chasseurs à pied, alors que les Allemands lance la bataille de Verdun. Son sacrifice et celui de ses hommes permettent à l’armée française de se reprendre et d’éviter un effondrement alors que « Verdun » vient de commencer. Il avait 55 ans.
  • Gaston Dumesnil : député d’Angers, membre de la Fédération républicaine, capitaine au 106e RI (le régiment de Maurice Genevoix), il meurt en mission le 8 septembre 1918 à Vauxaillon dans l’Aisne. Il avait 39 ans.
  • Henry Durre : député de Valenciennes, membre du Groupe socialiste, il trouve la mort en rejoignant sa circonscription le 28 octobre 1918. Il voulait « à tout prix rejoindre mes compatriotes au premier moment de la délivrance afin de me rendre compte des besoins les plus urgents ».
  • Abel Ferry : député d’Epinal, dans les Vosges, membre du Groupe de la Gauche radicale, neveu « adoré » de Jules Ferry, il trouve la mort à l’âge de 37 ans alors qu’il est en mission de contrôle parlementaire aux armées. La délégation ayant été fauchée par un obus. C’était le 15 septembre 1918 à Jaulzy dans l’Oise.
  • Pierre Goujon : député de l’Ain, inscrit au groupe de la Gauche radicale, sous-lieutenant au 22e RI, il meurt au combat le 25 août 1914 en Lorraine. Il avait 38 ans.
  • Paul Proust : député de Chambéry, en Savoie, non inscrit, sergent au 97e RI, il meurt au combat le 24 octobre 1914, à l’âge de 32 ans, au cours de la « Course à la mer ».
  • René Reille-Soult : député de Castres, non inscrit, lieutenant au 62e régiment d’artillerie de campagne, il meurt au combat, à Grand-Séraucourt, dans le département de la Somme, le 21 juin 1917. Il avait 29 ans.
  • Josselin de Rohan-Chabot : député du Morbihan, membre du Groupe des Droites, capitaine au 4e bataillon de chasseurs à pied, il est tué au combat dans la Somme, le 13 juillet 1916, à l’âge de 37 ans.
  • Uriane Sorriaux : député de Béthune dans le Pas-de-Calais, membre du Groupe socialiste, âgé de 59 ans, il meurt en captivité le 26 juillet 1918, au camp de Vilvorde en Belgique.
  • Albert Tailliandier : député d’Arras dans le Pas-de-Calais, membre du Groupe de la Fédération républicaine, il meurt avec Raoul Briquet le 25 mars 1917. Il avait 41 ans.
  • André Thome : député de Rambouillet, âgé de 36 ans, membre de la Gauche démocratique, sous-lieutenant au 6e régiment de dragons, il meurt pendant la bataille de Verdun (fort de Marre), le 10 mars 1916.

 

Sources :

 

  • Archives de la Délégation générale des Hauts-de-Seine du Souvenir Français.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site de l’Assemblée nationale.
  • Site de la mairie de Neuilly-sur-Seine.
La chapelle de Rancourt dans la Somme et la nécropole nationale. Une plaque à la mémoire du capitaine et député Josselin de Rohan-Chabot se trouve à l'intérieur de la chapelle.

La chapelle de Rancourt dans la Somme et la nécropole nationale. Une plaque à la mémoire du capitaine et député Josselin de Rohan-Chabot se trouve à l'intérieur de la chapelle.

Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

Publié dans #Témoignages-Portraits - 1914-1918

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