Publié le 24 Mars 2010

Fils de mineur, né à Denain, Monsieur Léon Gary, aujourd’hui disparu, avait en lui le mélange de rudesse de caractère et de chaleur humaine des Ch’tis. « Les gens du Nord ont dans leur cœur le soleil qu’ils n’ont pas au dehors ; ils ouvrent leurs portes à ceux qui ont souffert » a écrit le chanteur Enrico Macias.

 

 

 

 

Apprenti tourneur-ajusteur à l’âge de 14 ans, Léon Gary vient à Paris pour y trouver du travail. Il œuvre dans différentes usines. Mais sa vie bascule six années plus tard, en janvier 1944. Après quatre années d’occupation allemande, la capitale, comme l’ensemble du territoire, voit la Résistance s’organiser. Ainsi, le 1er janvier sont créées les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) ; le 5 janvier, les Mouvements Unis de la Résistance se transforment en un Mouvement de Libération Nationale (MLN) grâce à l’intégration des groupements de la Résistance de la Zone Nord (qui fut la Zone Occupée).

 

Le 6 janvier 1944, Philippe Henriot est nommé secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande. C’est un Collaborateur notoire. Il est membre de la Milice et harangue les Français à soutenir les troupes nazies dans des tribunes qu’il publie dans Je suis Partout.

 

Des rafles sont organisées. Léon Gary tombe dans l’une d’elles ce même 6 janvier. Il est emmené en Allemagne, à Berlin, et croupit dans la prison centrale de Tegel. Au cours d’un bombardement allié, Léon Gary est grièvement blessé. Il est alors transféré dans la prison de Moabit, du nom de ce quartier de la capitale du IIIème Reich. Libéré par les Russes le 2 mai 1945, il est par la suite rapatrié en France par les soldats américains. Il est enfin de retour chez lui à la fin du mois de mai 1945.

 

Il reprend ses activités. Employé d’abord chez SKF, Léon Gary entre ensuite à l’arsenal de Rueil en 1951 et y travaille jusqu’à sa fermeture pour rejoindre le service Industriel de l’Armement. Il termine sa carrière au ministère de la Défense nationale, après 32 ans de services, en tant qu’ouvrier hautement qualifié. A l’âge de 60 ans, il prend sa retraite.

 

Entre temps, il a rencontré Jeannette, qui devient son épouse.

 

En février 1986, Léon Gary est appelé à succéder à André Mansat, fondateur du Comité du Souvenir Français de Puteaux. Le nouveau président se met à la tâche sans attendre. Il aide les familles à retrouver les traces et les sépultures des aïeux morts au combat. Il oriente, il informe. Il réorganise et restructure les carrés militaires du cimetière nouveau de Puteaux. Ainsi, aujourd’hui le cimetière compte deux carrés :

 

- le premier concerne les morts pour la France de la guerre de 1914-1918. Il regroupe 85 tombes individuelles, dont certaines sont postérieures à la fin du conflit. Ainsi, Marcel Robert est mort le 16 mars 1926, au cours des combats contre la révolte des syriens pendant le mandat français sur le pays.

 

- le second concerne la guerre de 1939-1945 et rassemble 34 tombes, dont 11 pour des fusillés pendant l’Occupation allemande (Mont Valérien). Des Putéoliens morts pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie sont également enterrés dans ce carré.

 

Pour toutes celles et ceux qui l’ont connu, Léon Gary a laissé l’image d’un homme bon, au grand cœur, et surtout au service de tous.

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Publié le 18 Mars 2010

Départ en mission



Georges Fleury, in La guerre en Algérie (Ed. Payot) :

"J'ai écrit ce livre (...) pour que les enfants d'aujourd'hui, ceux de demain, se rendent compte que leur père ou leurs grands-pères n'ont pas été pires que d'autres, alors même qu'ils étaient confrontés à des situations extrêmes qui dépassèrent souvent ceux qui les avaient envoyés se battre dans ces djebels si beaux dont ils rêvent encore la nuit et ou des petits riens les ramènent parfois. Il suffit d'un copain retrouvé, d'une phrase en arabe cueillie au coin d'une rue, d'une odeur de merguez, d'un petit coup de vent chaud, d'un verre de vin rosé, d'une tasse de thé, du miel d'une pâtisserie, pour qu'ils entendent encore l'étrange et lancinante petite musique de là-bas. Celle de nos vingt ans...".

Retrouvez des clichés de l'Algérie et de la guerre d'Algérie dans l'album éponyme.

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Publié le 14 Mars 2010


Presentation de l'Escadrille Normandie-Niemen

 


Grâce à l'action conjugée de Françoise-Marie Belin, présidente du Comité de Chatenay-Malabry, du docteur Alain Farges, du Mémorial Normandie-Niémen, de Josette et Michel Leclercq, de Chatillon, voici un premier résultat de nos travaux sur l'Escadrille Normandie-Niémen : il s'agit d'un album de photographies. L'histoire de cette unité, prestigieuse, ainsi que le détail des missions feront l'objet de prochains articles sur ce site Internet.

A bientôt, et en attendant, retrouvez les photographies dans l'album intitulé : "006 - Normandie - Niemen".

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Publié le 5 Mars 2010

Dien Bien Phu - 1954
Parachutistes à Diên Biên Phù. 

 

 

Les parachutistes coloniaux.

 


Les bataillons de parachutistes coloniaux ont une histoire complexe et mouvementée. Le point de départ généralement admis est la rencontre entre le général de Gaulle et le capitaine Georges Bergé.

 

Georges Bergé nait en janvier 1909 dans le Gers, à Belmont. Formé à l’Ecole de l’Infanterie et des Chars de Saint-Maixent, il est par la suite détaché de l’Armée de terre dans l’Armée de l’air, au groupe d’infanterie de l’Air n°601. Mais des problèmes de santé l’obligent à renoncer à sauter en parachute et il revient à son arme d’origine en 1938.

 

Blessé lors des premières batailles de la Campagne de France en mai 1940, il est évacué vers l’arrière puis dans sa Gascogne natale. Là, écoutant le discours du général de Gaulle, il s’embarque et rejoint les Forces Françaises Libres en juin 1940. Le capitaine Bergé propose au général de compléter l’armée en formation en créant une unité de parachutistes.

 

Ainsi nait la 1ère compagnie d’infanterie de l’air. L’une de ses premières missions parachutée – nommée « Savannah » – consiste à créer un embryon de la Résistance à Bayonne. Par la suite, la compagnie se couvre de gloire à l’occasion d’opérations au Levant (1941) ; en Crète, en Lybie et en Tunisie (1942) ; en Belgique (1944). Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, l’unité est envoyée en Bretagne. Grâce à l’appui des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), ce sont près de 85.000 Allemands qui sont retenus dans la région. De fait, ils ne peuvent venir en aide à leurs camarades de Normandie. La compagnie aéroportée signe là une de ses victoires majeures. Quelques mois plus tard, la compagnie participe à la bataille des Ardennes, puis est parachutée sur la Hollande.

 

Devenue brigade de parachutistes SAS (sur le modèle des Special Air Service anglais), elle s’illustre lors de son premier séjour en Indochine. Mais la guerre allant crescendo dans cette colonie française, le grand commandement français décide de créer en 1947, à partir de la 25ème Division Aéroportée, un groupement colonial. Il prend le nom de Demi-brigade Coloniale de Commandos Parachutistes. Son premier chef de corps est le colonel Massu.

 

 

 

Les BPC.

 

Pour faire face aux besoins en hommes, et aux relèves nécessaires, des bataillons de parachutistes coloniaux viennent compléter la Demi-brigade : le 1er, le 2, le 3, le 5, le 6, le 7 et le 8.

 

L’histoire du 1er commence en 1947 : le 1er bataillon colonial de commandos parachutistes est créé à partir de deux bataillons parachutistes SAS. Il est dissous l’année suivante, pour être recréé le 7 décembre 1949. Au mois de mars 1951, il devient le 1er BPC qui est lui-même dissous en janvier 1952 pour être à nouveau recréé un an plus tard (dissous définitivement en septembre 1955).

 

L’Opération Castor.

 

En 1953, la guerre fait rage en Indochine depuis près de huit ans. En octobre, le commandement vietminh, mené par le général Giap, décide de suspendre les attaques sur le delta du Tonkin. L’effort en hommes en trop important. Les soldats français, dans le cadre de l’opération « Mouette » ont anéanti plusieurs milliers de Bodois. Giap déplace alors ses divisions vers la Haute-région et le Laos, dans le but de prendre à revers les troupes françaises et de prolonger le soulèvement vietnamien au Laos.

 

Le général Navarre, nouveau commandant en chef du CEFEO (Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient) comprend la manœuvre du stratège vietnamien. Qui plus est, un traité de défense du Laos est signé avec la France. Navarre cherche par tous les moyens a empêché l’ouverture d’un nouveau front. L’idée consiste alors à prendre position dans la plaine de Diên Biên Phu, à l’extrême ouest du pays vietnamien, pour d’une part, attirer les forces de Giap, et d’autre part, leur couper la route menant au Laos. Tenter des combats victorieux dans les montagnes environnantes s’avérant illusoire. Il est donc préférable de choisir le terrain. Des raids étant ensuite lancés depuis le camp de Diên Biên Phu pour détruire des positions ennemies. C’est une tactique qui a déjà réussi (camp de Na San). Ce plan militaire s’appelle l’opération « Castor ».

 

L’Elément Divisionnaire Aéroporté du général Gilles doit sauter sur Diên Biên Phu en deux GAP (Groupement Aéroporté), le premier étant formé de deux vagues :

 

  • - GAP 1 : commandant Fourcade avec le 6ème BPC du chef de bataillon Bigeard, le 2/1er RCP du commandant Bréchignac, la 17ème compagnie parachutiste, des éléments du groupe de marche du 35ème régiment d’artillerie parachutiste du chef d’escadron Millot, pour la première vague ; pour la seconde vague : le 1er BPC du chef de bataillon Souquet, l’antenne chirurgicale parachutiste n°1 et le reliquat du groupe de marche du 35ème régiment d’artillerie d’artillerie parachutiste.
  • - GAP 2 : lieutenant-colonel Langlais avec le 1er bataillon étranger de parachutistes du chef de bataillon Guiraud, le 8ème BPC du capitaine Tourret et le 5ème bataillon de parachutistes vietnamiens du chef de bataillon Bouvery.

 

Le saut n’est pas de tout repos : Bigeard et ses hommes atterrissent au beau milieu de Bodois en pleine instruction : c’est un carnage chez les soldats du Vietminh. Le camp français s’installe. Mais rien ne va se passer comme prévu…

 

 

Janvier 1954.

 


Maurice Bertaud est natif de la commune de Rueil-Malmaison. Il y voit le jour le 29 août 1932. Il s’engage dans l’Armée et est appelé à servir en Indochine. Il intègre le 1er BPC en tant que parachutiste de 2ème classe.

 

Dans son ouvrage très documenté sur la guerre d’Indochine (Ed. Perrin), Georges Fleury rappelle les conditions de l’engagement à la fin de l’année 1953 : « Alors qu’on l’attendait à Diên Biên Phu, Giap frappe au Laos. Sa division 325, étoffée par un régiment de la 304, attaque le 20 décembre 1953 dans la région de Ban Kha Hé. Elle bouscule le 27ème bataillon de tirailleurs algériens qui défendaient la place avec une batterie d’artillerie. Elle lamine une à une des positions tenues par des troupes laotiennes. »

 

Les troupes vietminh progressent rapidement. Plan judicieux que d’attaquer bien au sud pour faire diversion et forcer l’Union française à honorer son traité. Une ville importante de cette région, That Khek est abandonnée sans combattre. Des troupes françaises sont envoyées sur le camp Seno (« Sud Est – Nord Ouest » ; nom donné à ce camp, installé au carrefour des routes coloniales 13 et 9) pour contrecarrer l’offensive. Avec le soutien du 2ème BEP, le 1er BPC réoccupe la ville et repousse les régiments vietminh 66 et 101.

 

C’est au cours de ces combats que Maurice Bertaud trouve la mort à Ban Na kham, au Laos, le 8 janvier 1954. Il avait 22 ans.

 

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