temoignages-portraits - 1914-1918

Publié le 9 Décembre 2022

Au lieutenant Parmentier de Meudon.

Monsieur le notaire est au 67e régiment d’infanterie.

Louis Jules Eugène Parmentier nait à Laon, dans le département de l’Aisne, le 31 août 1878. Il est le fils de Jules Parmentier, magistrat, et de Jeanne Marie-Louise Combier.

Le jeune Louis suit une scolarité exemplaire au lycée Saint-Vincent de Senlis jusqu’en 1895 puis entre à la faculté de droit pour y étudier le droit notarial. Docteur en droit en décembre 1904, il devient notaire dans le quartier de la Chapelle. Quatre ans plus tard, le 27 octobre 1908, à l’âge de 30 ans, Louis épouse Germaine Pluche, qui lui donnera deux enfants.

En août 1914, lieutenant de réserve, il rejoint le 67e régiment d’infanterie. Cette unité est mobilisée à Soissons et fait partie de la 23e brigade d’infanterie, de la 12e division et du 6e corps d’armée. Composé primitivement de Bretons, de Parisiens et de Picards, il recevra, au cours de la campagne, de nombreux renforts, et, tout en conservant une partie de ses anciens éléments, puis comptera bientôt une grande proportion de Manceaux, de Gascons et de Lyonnais.

Parti en couverture dans la nuit du 31 juillet 1914, le 67e RI est débarqué le même jour dans la région d'Hattonchâtel, où les éléments de la division sont concentrés sur les Hauts-de-Meuse et préparent des lignes de défense. Le régiment prend part aux travaux. C'est dans cette contrée qu'il va commencer la campagne ; il y restera jusqu'en août 1915. Coupé de collines souvent abruptes ou de grandes forêts, le terrain y est propre à la défense, mais aussi à l'infiltration.

En 1914, le lieutenant Parmentier participe à la bataille de la Marne puis il est à Soupir, dans l’Aisne, où il blessé, à Fleury-devant-Douaumont et sur la Woëvre. C’est là qu’il reste jusqu’en août 1915, combattant dans le secteur à Saint-Rémy ou aux Eparges.

 

Tombé en héros.

C’est non loin de ce village, si bien décrit par Maurice Genevoix dans Ceux de 14, que Louis Jules Eugène Parmentier est tué à l’ennemi. Il avait 36 ans.

Titulaire de la Légion d'honneur, de la Croix de guerre avec deux palmes, le jeune lieutenant reçoit une citation à l'ordre du jour de l'armée le 24/03/1915 : « Déjà blessé deux fois et décoré pour sa belle conduite au feu a entraîné sa compagnie à l'assaut des tranchées ennemies est tombé en héros en avant de ses hommes au-delà des positions attaquées ».

Son nom est inscrit sur la plaque commémorative du lycée Saint Vincent et sur le Livre d'Or de l'Institution Saint-Vincent de Senlis. En plus des deux vitraux commémoratifs (Églises des Eparges et de Rupt en Woëvre), une croix à sa mémoire a été érigée sur la commune de Combres-sous-les-Côtes (55) , de même qu’une inscription in memoriam figure sur la tombe familiale Pluche au cimetière Montparnasse de Paris.

 

 

Sources :

  • Archives de la Délégation du 92 du Souvenir Français.
  • Site Memorial GenWeb.
  • Historique du 67e régiment d’infanterie.
  • Site Chtimiste.

 

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Publié le 19 Juillet 2022

A Raoul Lufbery, de Marnes-la-Coquette et d’ailleurs…

Une terre de pilotes.

Marnes-la-Coquette est une terre de pilotes morts pour la France. André Balcou n’est pas seul !

La commune abrite un monument superbe qui donne lieu chaque année à l’une des plus belles cérémonies qui soit dans notre département : le Memorial Day américain (jour de la mémoire) qui se déroule au monument de l’Escadrille Lafayette, du nom de cette unité, formée d’aviateurs américains, d’abord membres de la Légion étrangère (en 1916, les États-Unis ne sont pas en guerre), fidèles aux services rendus par le général Lafayette à leur pays en 1780.

Le monument de l’Escadrille Lafayette abrite les dépouilles de 49 pilotes de l’unité plus leur commandant, le capitaine Georges Thenault et le général Brocard, tous deux Français. Parmi ces pilotes se trouve Raoul Lufbéry, qui a la particularité d’être né français et être devenu américain. Il était « l’As des As » de l’Escadrille Lafayette.

Raoul Lufbery.

Raoul Gervais Lufbery nait le 14 mars 1885, d'un père américain et d'une mère française. Dans sa petite enfance, son père travaillant aux États-Unis, il est élevé par sa grand-mère maternelle. Multipliant les métiers dès 12 ans, il quitte la France en 1905 pour voyager en Afrique du Nord, en Égypte, dans l'Empire ottoman, Grèce, Europe orientale et Allemagne. Il renonce alors à sa nationalité française pour ne pas être contraint au Service militaire (il est même déclaré « insoumis » le 4 février 1907). Il embarque pour les États-Unis la même année. A San Francisco, il s'engage au 20e régiment d’infanterie qui l’expédie aux Iles Hawaï en 1908 puis aux Philippines en 1910. Libéré en , il voyage entre Hong-Kong, Ceylan, Madras, Calcutta, Singapour, Bombay et l’Indochine.

En Indochine français, en 1913, il rencontre l'aviateur Marc Pourpe qui vit de démonstrations aériennes. Devenu son mécanicien, il le suit dans ses exhibitions et ses liaisons aériennes au travers de l'Indochine. En 1914, il accompagne encore Marc Pourpe dans sa remontée de Nil jusqu'à Khartoum ; événement qui donne à Pourpe une renommée internationale.

Fin août 1914, Lufbery s'engage dans la Légion étrangère, seule possibilité de rejoindre l'armée française en raison de sa nationalité américaine. Versé dans l'aviation, Pourpe le fait transférer auprès de lui à l'escadrille MS 23. À la mort de Marc Pourpe le 2 décembre 1914, Lufbery obtient de suivre une formation de pilotes à Chartres.

Ayant appris à voler sur Farman et obtenu son brevet de pilote militaire, il est affecté dans une formation de bombardiers sur Voisin et complète sa formation sur Nieuport pour entrer dans l'aviation de chasse. À partir de mai 1916, il rejoint l'Escadrille Lafayette, tout juste créée et essentiellement composée de pilotes américains volontaires et de quelques Français. C'est au sein de cette escadrille, dont l'emblème est une tête de Sioux, qu'il va combattre sur tous les fronts de la Somme à Verdun, participant à toutes les grandes batailles de l'armée française et abattant son premier avion le 31 juillet 1916 dans le ciel d’Étain, premier succès d'une longue liste qui fera de lui un as (minimum cinq victoires) et le pilote le plus remarquable de cette formation (17victoires homologuées et 15 probables).

Promu sous-lieutenant en , il obtient, cette année-là, la Military Cross du gouvernement britannique, étant le premier pilote américain à recevoir cet honneur. Les Français pour leur part lui avaient déjà décerné la Médaille militaire, la Croix de Guerre 1914-1918 et la Légion d’honneur.

Après l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, l'Escadrille Lafayette peut tout naturellement passer sous commandement américain. C’est chose faite le 18 février 1918 où elle devient le 103e escadron de poursuite aérienne.

Raoul Lufbery, promu commandant (major en anglais), devient directeur technique d'un escadron chargé de l'instruction des jeunes pilotes, mais il ne peut s'empêcher de voler. Le 19 mai 1918, il trouve la mort sur la commune de Maron en Meurthe-et-Moselle sautant en plein ciel de son avion en flammes sans parachute.

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site « Memorial GenWeb ».
  • Site « Mémoire des Hommes », du Ministère des Armées.
  • Archives de la Délégation du Souvenir Français des Hauts-de-Seine.

 

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Publié le 16 Juin 2022

A Georges d’Hostingue de Garches.

Georges d’Hostingue nait à Paris le 6 mars 1896. Il est le fils d’Emma Bourlier, professeur de piano et Georges-Louis, libraire. Les métiers de l’écriture et de la lecture sont une tradition séculaire chez les Hostingue : originaire de Normandie (ce nom provient-il d’Hastings ?), la famille est connue comme étant l’une des spécialistes de l’imprimerie dans cette région. Il en sera ainsi pendant des générations. Sous Henri IV, la famille est anoblie.

Le jeune Georges n’a pas suivi cette voie : il est contre-maître en usine et, en 1916, il habite la ville de Garches. Incorporé en 1915 au 6e régiment de dragons, il passe au 27e l’année suivante, et c’est avec cette unité qu’il part aux armées.

 

Au 27e dragons.

Unité de la 11e brigade de dragons (27e et 32e RD avec le général Corvisart pour chef)), ayant pour casernement Versailles, le 27e est placé au sein de la 1ère division de cavalerie d’août 1914 à novembre 1918.

Georges d’Hostingue reçoit les galons de brigadier le 9 décembre 1916 puis ceux de maréchal des logis le 19 juin 1917. Intégré à une section de mitrailleuses, il est placé sous le commandement d’un officier mitrailleur, directement rattaché à l’Etat-major du régiment.

L’unité est de la Seconde bataille de la Marne (mai à août 1918). Elle est placée dans le nord de la Marne, à la frontière du département de l’Aisne : « La poussée allemande continuant de s'exercer, le bataillon reçoit l'ordre de se replier et de tenir sur la crête au nord d'Anthenay (31 Mai). Cette fois encore, le bataillon Collet venait d'être jeté inopinément en pleine action, à l'heure où notre ligne refluait presque en désordre, sous le choc offensif ennemi. Tâche angoissante et difficile que celle de ces replis successifs devant un ennemi dix fois supérieur en nombre et en moyens d'action ! Et cela, avec la terrible préoccupation de se sentir constamment isolé, dépassé, enveloppé par des éléments ennemis, filtrant sans difficulté à travers les brèches d'un mince cordon à demi disloqué de défenseurs, reculant depuis trois jours, exténués et mal nourris ! Le 31, le bataillon Collet est relevé et rejoint les chevaux haut-le-pied, au sud de la Marne, à la ferme de la Cense-Carrée. II avait perdu 35 hommes. A peine a-t-il rejoint, que l'ordre arrive de former le bataillon Gascuel. Le 27e fournit une compagnie, commandée par le capitaine Favre, un Peloton d'Éclaireurs montés (Janet), une Section de Mitrailleuses (Paccaud). A Vandières (Marne), la compagnie Favre reçoit l'ordre de refouler les éléments ennemis qui tenteraient de déboucher de Verneuil et de se glisser le long de la Marne. Elle prend position devant Verneuil, une fois sa mission accomplie, dans une position très dangereuse, avec la Marne à sa droite et les Allemands à sa gauche. Elle réussit pendant deux jours à arrêter toutes les infiltrations ennemies, le long de la Marne. Elle est relevée le 2 Juin. Mais elle est immédiatement reformée et va relever, dans le bois de Trottes, une compagnie du 32e qui a été très éprouvée ».

Sous-officier du 3e groupe d’automitrailleuses du 27e RD, Georges d’Hostingue est tué à l’ennemi le 2 juin 1918, sur la route de Chézy à la Ferté-Million, à environ 2 km au nord de Saint-Quentin. Il était titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille militaire. Et il avait 22 ans.

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site ch’timiste sur les unités de la Grande guerre.
  • Site www.geneawiki.com
  • Site Memorial GenWeb – Fiche individuelle de Georges d’Hostingue – Fiche individuelle avec les informations et contributions de Michel Salvetti, Philippe Frilley, Thierry Lefebvre, Dominique Dumont et Jean-Claude Jorand.
  • Site Mémoire des Hommes du Ministère de Armées avec le Journal de marche et des Opérations du 27e régiment de dragons.
  • Historique du 27e RD

 

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Publié le 10 Novembre 2021

Messaoud El Asry, d'Oran au cimetière Pierre Grenier de Boulogne.

Les zouaves.

La dénomination de zouave vient du berbère zwava, qui est le nom d’une tribu kabyle. Fortement composés de métropolitains, les régiments de zouaves se couvrent de gloire partout où ils combattent. Leur réputation commence avec l’arrivée des Français en Algérie en 1830 : les Kabyles fournissaient des soldats aux Turcs sous la régence d’Alger ; avec la domination de la France, ils fourniront le Royaume puis la République. Ces unités sont également remarquables par l’exigence ultime de leur discipline ; d’où l’expression « faire le zouave » : un zouave est capable de tout faire, sur un simple commandement.

Le 3e régiment de zouaves est créé le 23 mars 1852, à partir du 3e bataillon de zouaves et de volontaires de plusieurs régiments de ligne. En 1914, l’unité est répartie de manière suivante : 1er bataillon à Constantine, 2e et 4e bataillons en opérations au Maroc, 3e bataillon à Philippeville et 6e bataillon à Batna.

En 1914, à la mobilisation, la majeure partie des bataillons du 3e zouaves est réunie et intègre la 37e division d’infanterie algérienne. Entrée en action au mois d’août, l’unité combat en Belgique puis sur la Marne et en Champagne (1915). Elle est de la défense de Verdun en 1916 puis au Chemin des Dames l’année suivante. En 1918, le 3e se bat en Lorraine, dans la Somme puis en Picardie.

Le 28 janvier 1916, le généralissime, en attribuant la fourragère au régiment, fait lire la citation suivante, à l'ordre de la IVe armée : « 3e régiment de marche de zouaves sous les ordres du lieutenant-colonel Louis. Le 25 septembre 1915, s'est rué à l'assaut des tranchées allemandes avec un élan et un enthousiasme qui confinent au sublime. Bien que pris de tous les côtés par un feu formidable d'artillerie et d'infanterie s'est enfoncé comme un coin dans les lignes ennemies qu'il a crevées sur une profondeur de 2 kilomètres, s'est emparé de onze pièces d'artillerie et de neuf mitrailleuses, a fait 400 prisonniers et ne s'est arrêté, bien qu'ayant perdu son chef et presque tous ses cadres, que lorsqu'il a été à bout de souffle. Dans toutes les circonstances où il a été engagé depuis le début de la campagne s'est montré à la hauteur des vieux régiments de zouaves ; en Champagne, il les a dépassés. Déjà, le 19 septembre 1914, il avait pris un drapeau à l'ennemi ». Signé : le général Henri Joseph Eugène Gouraud, commandant la IVe armée.

 

Messaoud El Asry.

Messaoud El Asry est né 28 mars 1882 à Oran (quartier dit du « Village Nègre ») en Algérie. Il est le fils Samuel et de Yacot Abecassis, des commerçants installés à Oran, et originaires d’El-Kelaïa au Maroc. Le 14 juin 1913, à Pailkao, dans le district d’Oran, Messaoud épouse Joséphine Benkemoun.

Engagé en 1914 au 3e zouaves, Messaoud est de tous les combats. Il est grièvement blessé en septembre 1918 et décède à l’hôpital de Neuilly-sur-Seine le 24 du même mois. Il est enterré au cimetière Pierre Grenier, à Boulogne, dans la 10e division.

Là-même où les représentants des Comités du Souvenir Français des Hauts-de-Seine se rendront le samedi 20 novembre en fin de matinée.

 

 

 

Sources :

  • Site Memorial GenWeb – Fiche individuelle de Messaoud El Asry – Annotations de Berbnard Butet et Laetitia Filippi.
  • Site Chtimiste sur les régiments de la Grande Guerre.
  • Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
  •  André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
  • Les troupes coloniales dans la Grande Guerre – L’Armée d’Afrique, par Léon Rodier.
  • L’Armée d’Afrique, Historama, n° 10, 1970.
  • Histoire de l’Armée française en Afrique, par Anthony Clayton, Ed. Albin Michel, 1994.
  • L’Armée d’Afrique, 1830-1962, par Robert Huré, 1830-1962, ED. Lavauzelle, 1977.

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Publié le 19 Juin 2021

A Clamart, le vitrail à la mémoire de Paul Gogue.

Paul Gogue est né à Clamart le 21 février 1898. Après avoir passé un baccalauréat en sciences, il est engagé pendant la Première Guerre mondiale. Versé au 18e régiment d’infanterie (casernement à Pau et Saint-Jean Pied de Port au déclenchement de la guerre) après avoir fait un temps au 62e (casernement : Lorient), Paul Gogue est tué à l’ennemi le 17 septembre 1918, à Allemant dans l’Aisne. Mais son corps est porté disparu.

A Clamart, en l’église Saint Pierre Saint Paul, un vitrail rappelle la mémoire de Paul Gogue : « Son corps n’a pu être retrouvé dans le chaos ». La famille – on peut supposer qu’il s’agit de la famille – a fait ajouter « En souvenir de tous ceux dont les corps n’ont pu être retrouvés – Prions pour eux ».

 

 

Sources :

A Clamart, le vitrail à la mémoire de Paul Gogue.
Sépulture à la mémoire de Paul Gogue - Clamart.

Sépulture à la mémoire de Paul Gogue - Clamart.

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Publié le 11 Novembre 2020

11 novembre 1920 – Le cercueil du soldat inconnu est transporté sous l’Arc de Triomphe (© Gallica – BNF).

11 novembre 1920 – Le cercueil du soldat inconnu est transporté sous l’Arc de Triomphe (© Gallica – BNF).

 

Maurice Genevoix – Ceux de 14 : « Notre guerre… Vous et moi, quelques hommes, une centaine que j’ai connus. En est-il donc pour dire : « La guerre est ceci et cela » ? Ils disent qu’ils comprennent et qu’ils savent ; ils expliquent la guerre et la jaugent à la mesure de leurs débiles cerveaux.

On vous a tué, et c’est le plus grand des crimes. Vous avez donné votre vie, et vous êtes les plus malheureux. Je ne sais que cela, les gestes que nous avons faits, notre souffrance et notre gaîté, les mots que nous disions, les visages que nous avions parmi les autres visages, et votre mort.

Vous n’êtes guère plus d’une centaine, et votre foule m’apparaît effrayante, trop lourde, trop serrée pour moi seul. Combien de vos gestes passés aurai-je perdus, chaque demain, et de vos paroles vivantes, et de tout ce qui était vous ? Il ne me reste plus que moi, et l’image de vous que vous m’avez donnée.

Presque rien : trois sourires sur une toute petite photo, un vivant entre deux morts, la main posée sur leur épaule. Ils clignent des yeux, tous les trois, à cause du soleil printanier. Mais du soleil, sur la petite photo grise, que reste-t-il ? »

 

11 novembre 2020, Maurice Genevoix (1890-1980) – lieutenant au 106e RI, blessé gravement aux Eparges en 1915, écrivain, prix Goncourt, académicien, secrétaire perpétuel de l’Académie française de 1958 à 1973 – entre au Panthéon. « Au moment où les voix des Poilus se sont éteintes pour toujours il est incompréhensible que « Ceux de 14 » ne figurent pas au Panthéon. Ils en franchiront tous le seuil avec leur porte-voix que fut Maurice Genevoix » a écrit Emmanuel Macron, président de la République.

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Publié le 8 Novembre 2020

Une voiture remorque colombophile de l’Armée d’Orient en juin 1917. Sortie pour l'entraînement quotidien. Droits : Vardar Izvor (ECPAD).

Une voiture remorque colombophile de l’Armée d’Orient en juin 1917. Sortie pour l'entraînement quotidien. Droits : Vardar Izvor (ECPAD).

De l’efficacité des pigeons.

Au moment du conflit franco-prussien de 1870-1871, des pigeons permettent des communications entre le gouvernement en exil à Tours (puis Bordeaux) et la capitale. A la suite de cette expérience, l’armée française décide de créer deux centres d’instruction de colombophilie militaire à Coëtquidan et à Montoire.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, les troupes se déplacent sur des grandes distances, notamment grâce au train. Mais il n’est pas rare que des unités soient isolées. Comment envoyer des messages ? Le téléphone existe bien, mais il nécessite une installation de milliers de piquets et coûte de nombreuses vies humaines : les téléphonistes sont des cibles privilégiées pour des tireurs isolés !

Alors, et c’est vrai pour l’ensemble des belligérants, les pigeons voyageurs sont largement utilisés. Ils sont transportés dans des unités mobiles de campagne, des camions spéciaux, comme cela est montré sur la photographie, qui se déplacent au gré des besoins sur les différents fronts. Mais les pigeons peuvent également être lancés depuis des avions ou des navires. Au total, plus de 60.000 pigeons seront mobilisés pendant la Première Guerre mondiale.

Les pigeons ont leur reconnaissance officielle. Ils sauvent des milliers de soldats en prévenant d’une attaque imminente ou en transmettant l’ordre à une unité de changer de direction afin de ne pas tomber dans une embuscade. Certains pigeons deviennent des héros comme Vaillant, dernier pigeon du fort de Vaux en juin 1916, qui transmet un ultime message du commandant Raynal : « Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville, qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon ». Selon les versions, le pauvre animal, intoxiqué par les gaz, mourra juste après avoir délivré son message, ou plus paisiblement en 1929, année de la disparition du commandant Raynal !

 

La réaction ennemie.

Dans les zones occupées, les Allemands interdisent aux civils de lâcher des pigeons. Cela est régulièrement rappelé dans les journaux, et les peines peuvent aller jusqu’à la mort : « les personnes qui trouveraient des pigeons voyageurs sont tenues de les remettre à l’autorité militaire, faute de quoi elles seront suspectées d’espionnage et s’exposeront à des poursuites ; les infractions commises par négligence seront punies d’un emprisonnement pouvant atteindre 3 ans ou d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 10.000 marks ».

 

Des monuments.

Il existe au moins deux monuments à la gloire des pigeons voyageurs et de leur rôle pendant le premier conflit mondial : l’un est situé dans le parc Astrid à Charleroi en Belgique ; le second près du zoo de Lille.

Aujourd’hui, l’armée de terre a conservé une tradition de colombophilie, et possède un musée dédié à l’animal et à ses apports, situé au Mont Valérien, dans l’enceinte de la caserne du 8e régiment de transmissions. On peut y voir différents panneaux retraçant l’histoire de l’armée et de ses pigeons, de même que certains spécimens dont le fameux Vaillant, ainsi que sa distinction.

 

 

 

MUSÉE COLOMBOPHILE MILITAIRE : Mont Valérien - 92150  Suresnes.

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
  • Fonds ECPAD.
  • Jean-Michel Derex, Le pigeon Vaillant, héros de Verdun, Paris, Éditions Pierre de Taillac, 2016, 32 
  • Jacques Ancel : Les travaux et les jours de l’Armée d’Orient, Paris, 1921.

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Publié le 19 Septembre 2020

Quand les cavaliers mirent pied à terre…

Le chef d’escadron Spitzer.

 

Saint-Cyrien de la promotion « Bourbaki » (1897-1899), le chef d’escadron Georges Spitzer sort de l’école en tant qu’officier de cavalerie. Il est affecté au 5e régiment de cuirassiers, en garnison à Tours (le 5e « cuir »). Dès l’été 1914, l’unité participe aux opérations des 3e et 4e armées, que ce soit en Belgique, dans les Ardennes ou en Champagne. En 1915, on la retrouve dans la Somme, puis en Champagne. En 1918, elle est au Chemin des Dames puis dans la forêt de Villers-Cotterêts.

 

Le 12 juin 1918, alors qu’il a 40 ans, le chef d’escadron Spitzer est tué à l’ennemi, non loin de Dommiers, dans l’Aisne. Military Cross, croix de guerre avec 5 citations, dont une à l’Ordre de l’Armée : « Officier supérieur de première élite qui s’est distingué par son courage et son intelligente activité, chaque fois que le régiment a été employé depuis le 28 mai 1918. Mortellement blessé le 12 juin pendant qu’il s’assurait avec son habituel mépris du danger et sous un bombardement de la plus extrême violence, des dispositions prises pour arrêter une très forte attaque. Légion d’honneur ».

 

D’abord enterré au cimetière militaire du château de Valsery, Georges Spitzer est ensuite transféré en nécropole militaire. Dans un livre d’histoire locale, Albert de Bertier de Sauvigny parle de la mort du chef d’escadron Spitzer : « Il est ruisselant de sang. Un éclat d’obus l’a atteint près de la carotide, alors qu’il était dans un abri de la ligne G.M.P., un peu à droite en avant des Trois Peupliers de Saint-Pierre-Aigle ».

 

Quelques mois plus tard, il est déclaré Mort pour la France et le jugement est transféré en mairie de Rueil-Malmaison.

 

Mais un autre fait doit retenir notre attention : le 5e cuirassiers a été transformé depuis le 20 mai 1916 en régiment à pied !

 

Les régiments de cavalerie sont démontés.

 

La guerre franco-prussienne de 1870-1871 a été marquée par des échecs retentissants de la cavalerie, comme la charge de Reishoffen. Il est dès lors décidé d’utiliser la cavalerie pour des actions défensives ou de repérages, comme les patrouilles ou la reconnaissance. Parfois, des attaques fulgurantes sont néanmoins confiées à la cavalerie. Il s’agit alors d’obtenir une décision rapide.

Les premiers mois de 1914 voient l’utilisation de la cavalerie dans ces circonstances. Mais au moment où il faudrait poursuivre l’ennemi – quoi de mieux que des régiments avec des chevaux – les cavaliers se voient « trahis » par leur monture. Jean de Soultrait, brigadier au 17e dragons : « Nous sommes fatigués par le manque de sommeil et la chaleur. Les chevaux aussi sont sellés des vingt-quatre heures de suite avec de lourds paquetages. Ils ne sont guère fougueux ! Les pauvres bêtes, la tête basse et les pattes écartées, restent où on les a laissées dans une absolue torpeur ! ».

De plus, face à la puissance de feu de l’infanterie et de l’artillerie, la cavalerie se révèle très vulnérable. En 1915, la guerre des tranchées immobilisent les soldats et rend impossible toute tentative de charge sabre au clair ! Aussi, est-il décidé de « démonter » les régiments de cavalerie et de transformer les cavaliers en fantassins en les équipant de fusils adéquats. On parle alors de « cuirassier à pied », de « dragons à pied »…

Peu à peu, reprenant leur doctrine d’emploi de mouvement, les unités de cavalerie sont envoyées pour colmater les brèches du front. Elles sont utilisées comme infanterie montée. Commençant à être équipées d’automobiles – bientôt blindées et armées – pour accélérer leur transport, ces unités perpétuent leur capacité de déplacement rapide et elles augmentent considérablement leur puissance de feu. Elles retrouvent leur mission initiale !

En 1918, le maréchal Foch est totalement convaincu de la renaissance de la cavalerie grâce aux « chevaux vapeurs » : « Lorsque les voitures AMAC actuellement en service seront disponibles, par suite de la constitution des nouveaux groupes du type Lorfeuvre : créer, au moyen de ces voitures, des sections d’AMAC pour les corps d’armée, à raison d’une section par corps d’armée, affectée à l’EM du régiment de cavalerie de ce corps d’armée et servie par des cavaliers prélevés sur les effectifs des escadrons. » Le président du Conseil Clemenceau donne son accord définitif dans une lettre du 5 octobre 1918.

En juillet 1935, la 4e division de cavalerie est totalement mécanisée, changeant à ce moment de nom pour devenir la 1ère division légère mécanique du général Flavigny, un des promoteurs de la cavalerie blindée. Quelques mois plus tard, en octobre 1935, la 3e division de cavalerie de l’armée de terre allemande est elle aussi mécanisée pour devenir la « 1. Panzer Division ». En France, il faudra attendre janvier 1940 pour la création de la 1ère division cuirassée.

En fait, au cours de la Première Guerre mondiale, les chevaux seront surtout employés là ou ils ne pourront pas être facilement remplacés par l’automobile : travaux sur le front occidental, unités militaires sur les fronts d’Afrique du Nord, du Sahara, du Proche-Orient et les montagnes de Serbie et de Macédoine où le général français Jouinot-Gambetta réalisera une des dernières charges de cavalerie de l’armée française avec la prise d’Uskub ( Skopje) en 1918.

 

 

 

Sources :

 

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site internet Chtimiste sur l’historique des régiments et des batailles.
  • Site du Ministère des Armées : Mémoire des hommes – Fiche individuelle du chef d’escadron Georges Spitzee.
  • Site du Ministère des Armées : Chemins de Mémoire.
  • Damien Baldin : « Les tranchées ont-elles enterré la cavalerie ? », dans le numéro 225 de la revue « Guerres mondiales et conflits contemporains ».
Cavaliers en mission de reconnaissance.

Cavaliers en mission de reconnaissance.

Un cuirassier à pied.

Un cuirassier à pied.

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Publié le 7 Mars 2020

A Puteaux, le 20e RAC d’Henri Erhard.

Henri Alphonse Erhard au 20e RAC.

 

Henri Erhard nait à Puteaux le 19 avril 1894. Appelé à faire la guerre en 1914, il est versé en tant que canonnier servant au 20e RAC (régiment d’artillerie de campagne).

 

Le 20e RAC a son casernement à Poitiers (département de la Vienne). Il est partie de la 9e brigade d’artillerie, qui est l’artillerie de la 17e division d’infanterie, elle-même composée des 68e régiment d’infanterie (casernement à Le Blanc dans l’Indre), 90e (Châteauroux dans l’Indre), 114e (Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres) et 125e (Poitiers et Thouars dans les Deux-Sèvres).

 

En août 1914, le 20e participe à la bataille de Morhange puis à celle de la Marne. Sur le site Chtimiste, l’auteur indique : « certains historiens considèrent l’épisode de Sainte-Sophie (9 septembre 1914) comme un tournant de la bataille de la Marne. Les Allemands avaient engagé leur meilleure troupe (la Garde prussienne) pour percer à tout prix sur le plateau de la ferme Sainte-Sophie. Le 20e, sans aucune protection d’infanterie, voit arriver la garde jusqu’à 800 mètres devant leurs canons. Ils tirent à tir tendu, les Allemands sont fauchés ».

 

L’année suivante, le 20e est envoyé dans les Flandres, dans la région d’Ypres. Il sert de soutien à ses régiments d’infanterie à Neuville Saint-Vaast. C’est là que le jeune Henri trouve la mort, le 16 juin 1915.

 

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la ville de Puteaux.

 

Composition d’un régiment d’artillerie de campagne.

 

En août 1914, un régiment d’artillerie de campagne (RAC) est formé de 3 Groupes de 3 batteries d’artillerie.

 

Une batterie est armée avec 4 canons de 75. La batterie montée de 75 est la batterie traditionnelle de l'artillerie de campagne. Elle est commandée par un capitaine de l'armée d'active. Sur le pied de guerre, le personnel de la batterie est réparti en 9 pelotons de pièce. Chaque pièce est commandée par un maréchal-des-logis, assisté de un ou de deux brigadiers : les quatre premières pièces attellent chacune un canon de 75 et un caisson, avec deux avant-train, la 5° pièce attelle 2 caissons et 2 avant-train, la 6° pièce attelle 3 caissons et 3 avant-train, la 7° pièce attelle 3 caissons et 3 avant-train, la 8° pièce attelle la forge et le chariot de batterie, la 9° pièce attelle le train régimentaire qui comprend le chariot-fourragère et 3 fourgons à vivres.

 

Les 5 premières pièces constituent la batterie de tir, qui est placée sous les ordres d’un lieutenant de l'armée d'active. Les 6°, 7° et 8° pièces constituent l'échelon de combat, positionné 4 à 500 mètres en arrière de la position de tir, est placé sous les ordres d’un lieutenant de réserve. La 9° pièce constitue une partie du train régimentaire. Lorsque cette 9° pièce est réunie à la batterie, elle est placée sous les ordres d’un lieutenant de réserve.

 

Les moyens d’une batterie sont donc de : 3 officiers, 171 hommes, 168 chevaux, 22 voitures (dont 19 attelées à 6 chevaux et 3 attelées à 2) pour 4 canons. Chaque canon de 75 (dont le poids est de 1140 kg) emporte dans ses coffres un total de 120 coups (72 dans le caisson, 24 dans chaque avant-train). Les 8 caissons et avant-train emportent un total de 768 coups (8*72 + 8*24), soit 192 coups supplémentaires par canon de 75. La dotation initiale de la batterie est donc de 1248 coups de 75, soit 312 par canon.

 

La batterie agit au sein du groupe de batterie, commandé par un chef d'escadron. Chaque division d'infanterie comporte 1 régiment d’artillerie de campagne (RAC) à 3 groupes d'artillerie de campagne, soit 9 batteries. Chaque corps d'armée possède sa propre artillerie composée d’un régiment d’artillerie à 4 groupes, soit 12 batteries. On l’appelle l’artillerie de corps. Un corps d'armée à deux divisions d'infanterie aligne donc 30 batteries, soit 120 canons de 75. Avec la dotation contenue dans les 360 caissons et 480 avant-trains, la capacité de tir est de 37440 coups. Toutefois, même avec cette quantité énorme de munitions immédiatement disponible, la cadence élevée du 75 (20 coups par minute) en vient rapidement à bout (16 minutes en théorie) lors d'une préparation d'artillerie.

 

 

Sources :

 

  • Les Poilus, Pierre Miquel, Ed. Terre Humaine Plon.
  • Pétain, Marc Ferro, Fayard.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Page internet : http://www.alp22400.net/expo2014/rac1914.pdf
  • Site internet Memorial GenWeb – Fiche individuelle d’Henri Erhard.
  • Site Chtimiste sur les régiments de la Première Guerre mondiale.
A Puteaux, le 20e RAC d’Henri Erhard.

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Publié le 9 Janvier 2020

Joseph Colrat à Verdun.

Joseph Colrat nait le 30 mars 1894 à Buzeins dans le département de l’Aveyron, pays de volcans, des monts d’Aubrac, du château de Buzareingues. Pays de paysans, de gens de peu qui s’expatrient pour beaucoup vers la capitale pour y trouver du travail, ou plus loin, du côté de l’Amérique latine. Pays huguenot, meurtris par des siècles d’une histoire mouvementée…

 

C’est le temps où la République française a les yeux fixés sur son expansion coloniale. Elle suit attentivement les exploits de ses héros en Afrique, entre autres à Tombouctou. Bientôt un Ministère des Colonies est créé. Pendant ce temps-là, la ville de Lyon s’apprête, tout comme à Paris, à inaugurer son exposition coloniale. Et le chef du Gouvernement, Jean Casimir-Périer veut renouer le dialogue avec l’église dans un « esprit nouveau ».

 

Mais les temps changent rapidement. En juin 1894, le président de la République, Sadi Carnot, est assassiné par un anarchiste, Caserio, à Lyon. Puis, à l’automne, débute ce qui sera appelé plus tard l’Affaire Dreyfus !

 

Vingt ans plus tard débute la Première Guerre mondiale. Joseph Colrat est incorporé au 58e régiment d’infanterie. Classe 1914, il porte le matricule 1201 au Recrutement de Mende, en Lozère, et le numéro 6131 au Corps. Le 58e RI est alors stationné à Avignon et son dépôt est à Arles. Il fait partie de la 59E brigade d’infanterie, de la 30e division, du 15e corps d’armée. Au déclenchement de la guerre, l’unité est composée de trois bataillons.

 

Dès les premiers jours de la guerre, le 58 est appelé à servir en Lorraine. Il combat à Lagarde, dans la forêt de Bride puis à Koecking, où pas moins de 700 soldats sont mis hors de combat. Dans les jours qui suivent, à Dieuze, ce sont cette fois 1.200 hommes du régiment qui sont tués ou blessés.

 

Quelques semaines plus tard, le 58e RI participe à la Première bataille de la Marne. L’année suivante voit le régiment être à Verdun jusqu’au mois de mai, puis il est porté sur Reims jusqu’au 15 mars 1916. Là, retour sur Verdun alors que les combats font rage…

 

Depuis le 21 février 1916, Verdun est le théâtre de la plus grande, la plus sanglante, la plus démentielle bataille de la Première Guerre mondiale. Au mois de juin 1916, les Allemands sont tout près de Verdun dont ils peuvent apercevoir les spires de la cathédrale. Le général en chef allemand, Falkenhayn, croit la victoire à sa portée. Le 18 juin 1916, il fait bombarder le secteur avec des obus au phosgène. Mais 70.000 soldats allemands doivent attendre, l’arme à la bretelle, que le gaz se dissipe pour attaquer. Ce temps précieux est mis à profit par les armées françaises pour refaire les positions. Le 23 suivant, les Allemands réussissent une percée de 6 kilomètres et occupent la crête de Fleury.

 

Mais sur le front ouest, en Picardie, dans le même temps, les Anglais déclenchent une vaste offensive (la plus importante pour eux durant ce conflit). Qui plus est, de l’autre côté, plein est, les Russes avancent et les Italiens parviennent à faire reculer les Autrichiens. Le haut-commandement allemand décide de prélever du front de Verdun des unités entières, ainsi que des batteries : l’urgence n’est plus l’anéantissement de Verdun, donc de l’armée française, mais de colmater et repousser à l’ouest et à l’est. Le 11 juillet, Falkenhayn lance encore une attaque contre le Fort de Souville : après des heures et des heures de bombardement, des hommes de la Wehrmacht se hissent en haut du fort… pour être aussitôt fait prisonniers par les Français.

 

C’en est fini des attaques allemandes sur Verdun. Les Français reprennent l’initiative.

 

Extrait du Journal de Marche du 58e régiment d’infanterie : 1er août 1916. Des infiltrations ennemies se sont produites à la droite de nos tranchées. Le 58e est alerté et prend ses positions. A A6h, le 58 reçoit ses ordres : « Le 2 août à 13 h, le 61 RI attaquera le tranchée Bismarck dans le Bois Franco-Boche (ouest de la Côte du Poivre). Le 58 sera alerté à partir de 4h du matin. En exécution de cet ordre, la 3e compagnie sera portée dans la nuit à la tranchée de Lille. » Pendant toute la journée tir violent par rafales sur la Ligne intermédiaire.

 

2 août – Le 61e RI a pris la tranchée de Bismarck. Journée calme pour la Ligne intermédiaire mais tir violent sur le Bois de de Mauvé. A 22h, le colonel commandant la brigade donne l’ordre de mettre à la disposition de la 60e brigade à la tranchée de Lille, la 2e compagnie du 58 qui occupait encore la Ligne de soutien de la Ligne intermédiaire.

 

3 août – Quelques obus seulement sur le groupe Est et sur la Ligne intermédiaire.

 

4 août – Quelques obus sur la Carrière. Bombardement du ravin du Bois en T et du ravin des Trois Cornes. »

 

C’est malheureusement là que se trouvait Joseph Colrat. Ce jour-là, il est déclaré « Tué à l’ennemi ».

 

Joseph Colrat était le grand-oncle de Valérie Colrat, pilier du Comité de Châtillon du Souvenir Français. Un grand-oncle que Valérie n’a jamais connu.

 

 

Sources :

 

  • Archives familiales de Valérie Colrat.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site internet Chtimiste sur l’historique des régiments et des batailles.
  • Site du Ministère des Armées : Mémoire des hommes – Fiche individuelle Joseph Colrat et Historique du 58e régiment d’infanterie.
  • Site du Ministère des Armées : Chemins de Mémoire.

 

Joseph Colrat à Verdun.

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