temoignages-portraits - 1914-1918

Publié le 13 Août 2024

A Jean du Bos, de Neuilly-sur-Seine.

Jean du Bos nait le 3 août 1890 à Neuilly-sur-Seine. Il est le jumeau de Madeleine et cadet de Charles du Bos qui, plus tard, connaitra une longue et belle carrière d’écrivain et de critique littéraire.

La famille est cosmopolite et issue de la grande bourgeoisie parisienne : le père de famille, Auguste Alexandre, a pour mère une Polonaise – Mademoiselle Laska – est diplomate et ami du roi Edouard VII. La mère, née Marie Mathilde Eustis Johnston vient d’une grande famille britannique (banque d’Angleterre). Elle est elle-même fille d’une ressortissante américaine et est née à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane.

Entre 1911 et 1913, Jean du Bos effectue son service militaire au 94e régiment d’infanterie de Bar-le-Duc. L’année suivante, quand la Première Guerre mondiale éclate, le jeune homme rejoint son régiment. Caporal en janvier 1915, sergent deux mois plus tard, sergent-major dans la foulée, il est nommé au grade d’aspirant fin mai 1915, sous-lieutenant le mois suivant puis lieutenant en octobre 1915.

Un mois après le début du conflit, des éclats d’obus blessent Jean du Bos au bras et à la cuisse. En mai 1915, pris dans une intense fusillade, il permet le ravitaillement en cartouches et en explosifs de son régiment, qui se bat dans l’Argonne. On écrit de lui qu’il combat avec son revolver à l’avant-garde de ses hommes. Ses supérieurs louent son sang-froid, son coup d’œil et, c’est plus rare, sa bonne humeur.

A l’hiver 1915, il remarque en avant du front des traces de travaux allemands. Parti en observateur, sans se soucier des balles tirées autour de lui, il étudie le terrain avec ses jumelles jusqu’à ce qu’un projectile le touche en pleine face. La balle traverse le nez : Jean du Bos rejoint l’arrière. Revenu au front au printemps 1916, dans la Somme, il est tué devant Rancourt le 25 septembre 1916.

Ce village avait une importance stratégique. Occupé par l’armée allemande dès août 1914, il est au cœur de la bataille de la Somme qui commence en juillet 1916. La ligne de front est proche du village, traversé par une route qui constituait, pour les Allemands, un axe de communication indispensable à leur ravitaillement. C’est pour reprendre cette route qu’au cours d’affrontements particulièrement violents, un millier d’hommes meurent aux côtés du lieutenant Jean Du Bos.

Voici un extrait de l’historique du 94e régiment d’infanterie : « Du 2I au 24, le régiment reste sur ses positions, qu'il renforce malgré un violent bombardement. Dans la nuit du 24 au 25, les dispositions sont prises pour l'attaque : le 1er bataillon (capitaine Rémy) a pour objectif les lisières nord de Rancourt, le 3e bataillon (commandant Wauthier) la lisière du bois de Saint-Pierre-Waast, le 2e (commandant Chivot) est en soutien. Mais dans la nuit, les Allemands ont renforcé l'occupation de la tranchée Jostow, intacte, encore protégée par un réseau de fils de fer ; cinq blockhaus de mitrailleuses sont encore existants. Le 25, sans hésitation, malgré un feu meurtrier de mitrailleuses faisant de la plaine un champ de mort, à 12h34 le régiment se précipite en avant. Mais l'attaque vient se briser sur le parapet même de la tranchée allemande. Le 2e bataillon tente en vain de se porter en avant : ses pertes sont aussi importantes. Le régiment venait de perdre 25 officiers et près de 1.000 hommes, tués ou hors de combat. Des compagnies, comme la 2e et la 11e, avaient tous leurs officiers tués. Avec son élan coutumier, le 94e était parti à l'attaque, mais n'avait pu enlever la position, tandis qu'à gauche la 84e brigade débordait Rancourt par le Nord ».

Le lieutenant du Bos était chevalier de la Légion d’honneur (16 décembre 1915) et croix de Guerre. Citation posthume : « Officier d'élite, entraîneur d'hommes, animé du bel esprit de sacrifice. Déjà citation trois fois à l'ordre et fait Chevalier de la Légion d'Honneur pour de brillants faits antérieurs. Mort glorieusement pour la France, le 25 septembre 1916, devant Rancourt, en entraînant ses hommes à l'attaque. »

 

La chapelle.

En 1917, la famille du soldat décide d’ériger une chapelle à l’endroit de sa mort en hommage à tous ses camarades tombés au champ d’honneur. Confié à l’architecte Pierre Paquet, la première pierre est posée le 25 septembre 1920 par l’évêque d’Amiens. La chapelle est inaugurée deux ans plus tard par le général Desticker, chef d’état-major du maréchal Foch, en présence de 10 000 personnes. Construite en pierre de taille, la chapelle est située devant la nécropole française, où reposent 8 566 soldats de la bataille de la Somme. Dans la mort comme au combat, Du Bos est à l’avant-garde de ses camarades. Non loin de là ont également été aménagés un petit cimetière militaire britannique, ainsi qu’un cimetière allemand qui abrite plus de 11 000 tombes. La chapelle de Rancourt est donc au cœur de toutes les nationalités qui ont pris part à la bataille de la Somme.

Pour financer le monument, une souscription publique est lancée ; les donateurs peuvent acheter un ex-voto ou un vitrail de la nef. L’opération est étendue aux Etats-Unis, d’où était originaire la mère du lieutenant. Malade, elle meurt avant l’inauguration de la chapelle.

Le tympan du portail d’entrée fait mention de la dédicace à tous les soldats français morts dans les batailles de Picardie pendant la Grande Guerre. Le porche en plein cintre évoque les voûtes des fermes de la région. Dans la nef, de nombreuses plaques de marbre portent les noms des soldats morts au champ d’honneur. Depuis 1937, Le Souvenir Français est propriétaire par donation de cette chapelle qui accueille 12 000 visiteurs par an.

 

Sources :

  • Archives de la Délégation du 92 du Souvenir Français.
  • Site national du Souvenir Français.
  • Site Chtimiste sur les unités militaires de la Première Guerre mondiale.
  • Memorial GenWeb : contributions d’Elisabeth de Montmarin, de Bernard Butet, de Bernard Legendre, de Guy Chaillaud, de Nathalie Cornet, de Daniel Fouquerel, de Patrick Penot, de Françoise Huguet, de Bernard Viallon et de Marcelle Witkowski.
  • Historique du 94e RI, Imprimerie Collot, Bar-le-Duc, numérisé par Jean-Pierre Rocca.
A Jean du Bos, de Neuilly-sur-Seine.

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Publié le 30 Mars 2024

Au sous-lieutenant Baillon, de Chaville.

Fils d’Henri Baillon et de Marie Marguerite Turnet, Tristan Baillon nait à Paris le 3 juillet 1894, alors que la République est en émoi : le président Sadi Carnot a été assassiné le 24 juin par un anarchiste italien du nom de Caserio. Ce meurtre entraîne des mesures de répression dont les fameuses Lois scélérates qui interdisent, entre autres, la promotion de l’anarchie.

Tristan Baillon habite Chaville. Son carnet militaire indique qu’il porte le matricule 3608 au bureau de recrutement de Versailles. A la déclaration de guerre, en 1914, il est incorporé au 39e RAC (régiment d’artillerie de campagne).

Le 39e est alors en casernement à Toul, en Meurthe-et-Moselle. Il fait partie de la 20e brigade d’artillerie au sein de la 39e division d’infanterie. Le régiment est composé de trois groupes et de neuf batteries de canons de 75, soit un total de 36 canons.

Le carnet militaire du lieutenant Baillon comporte les éléments suivants : canonnier conducteur au 39e RAC le 15 septembre 1914, il passe au 60e RAC le 11 novembre de la même année. Le 14 décembre, il est promu brigadier puis maréchal-des-logis en février 1915. Le mois suivant, il est nommé aspirant à titre temporaire et intègre le 32e RAC. Sous-lieutenant à titre temporaire le 9 février 1916, il est envoyé au 59e RAC et devient sous-lieutenant à titre définitif le 8 novembre 1916. Le 10 septembre 1917, il est cité à l’ordre de la 2e armée, et reçoit la croix de guerre avec palme.

Il est tué à l’ennemi le 29 avril 1918 au lieu-dit Piebrouk sur la commune de Berthen. Il avait 24 ans. Il est enterré à la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, carré 4, rang 1 et tombe 604.

 

Sources :

  • Archives de la Délégation du 92 du Souvenir Français.
  • Memorial GenWeb : https://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/index.php
  • Memorial GenWeb : contributions de Daniel Gaillard, Georges Prache, Thadée Szalamacha et Bernard Roucoulet.
  • Site chtimiste sur les unités françaises de la Première Guerre mondiale.

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Publié le 11 Février 2024

Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.

Découverte de la crypte.

A Bourg-la-Reine, en 1995, l’association des anciens combattants demande à la mairie le déplacement du monument aux morts, pour l’ériger place Condorcet. Mais celle-ci est l’endroit où se déroulent de nombreuses fêtes et accueille souvent un manège. Le maire, Jean-Noël Chevreau, est réticent. Il a surtout l’intuition que le monument n’a pas été placé par hasard et qu’il conviendrait de faire des sondages pour savoir s’il recouvrait quelque chose. Les premiers coups de pioche révèlent une cavité emplie d’eau. Jean-Noël Chevreau : « On m’appelle dans mon bureau. Je confirme mon arrivée. On me prépare loupiote, échelle. Je descends sans autre protection. J'avais de l’eau jusqu’à mi-mollet. Mes souliers de cuir ont été endommagés mais j'étais aux anges de constater que ma prémonition se vérifiait ».

Les ouvriers trouvent ce jour-là toute une série de cercueils murés avec des briquettes, dont certaines sont gravées aux noms des Morts pour la France, et au fond, un squelette qui les attend, sans doute un mort de la guerre 14-18 inhumé à la hâte dans un cercueil en mauvais pin qui s’est dégradé avec les intempéries. Le cadavre est identifié grâce à son bracelet militaire.

Peu à peu la crypte se dévoile : elle sert de lieu de dernier repos de 28 militaires et civils de la Première Guerre mondiale, quatre de la guerre 1939-1945 et un soldat de la guerre d’Algérie. Des travaux de rénovation, entrepris en 2005, permettent d’aménager les lieux et de l’ouvrir aux visiteurs du cimetière.

 

Georges Castanet.

Georges Castanet est l’un des soldats dont le corps a été placé dans la crypte.

Né le 5 juillet 1886 à Verrières-le-Buisson, dans le département voisin de l’Essonne (à l’époque département de la Seine), Georges Castanet est serrurier de profession et célibataire. Il est soldat à la 8e compagnie du 131e régiment d’infanterie. Régiment de la 18e brigade du général Brissé, avec le 113e régiment d’infanterie, il fait partie de la 9e division d’infanterie du général Martin, du 5e corps d’armée du général Micheler et de la IIIe armée du général Sarrail. Il est caserné à Orléans.

Extrait de l’historique du 131e RI : « peu après, le 2 juin, à la suite d’un tir violent de minen, les Allemands exécutent un coup de main. Les vagues arrivent, déferlent avec une violence sauvage : grenadiers, tireurs, terrassiers..., par lignes successives. Un jeune Sous-Lieutenant, Miron de l’Espinay, se porte au secours du poste menacé. Une mêlée terrible s’engage ; les hommes luttent corps à corps avec un acharnement indescriptible. Les grenades éclatent en pluie meurtrière autour du jeune Chef qui se bat furieusement au premier rang. Soudain on le voit porter sa main à son visage et pâlir sans prononcer une parole. Les assaillants déconcertés par cette réplique audacieuse ont évacué les postes envahis et fuient dans une déroute complète. Mais 11 hommes sont tués, 48 sont blessés et le chef est mourant. Cet officier de 18 ans, que tout le monde aimait pour sa bravoure enthousiaste, son cœur ardent et sa nature droite, est décoré sur son lit de mort, le plus jeune Légionnaire de France ».

Le 30 juin 1916, à l’âge de 30 ans, Georges Castanet est tué par balles dans ces mêmes tranchées, secteur de la Fille Morte, au bois de la Chalande dans la Meuse. D’abord inhumé au cimetière militaire du Vallon des Chênes il est réinhumé dans la crypte de Bourg-la-Reine le 10 mai 1922.

 

Sources :

Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.
Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.
Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.
Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.
Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.
Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.
Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.
Georges Castanet et la crypte de Bourg-la-Reine.

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Publié le 9 Novembre 2023

Soldats du 101e RI.

Soldats du 101e RI.

Le 101e RI.

Le 101e régiment d’infanterie est créé sous la Révolution à partir du régiment Royal-Légeois. Ce nom provient du fait que l’unité ait été la propriété perpétuelle des évêques de Liège. Au cours du Premier empire, le 101e va s’illustrer à Marengo puis à Bautzen en 1813 ; sous le Second empire, il combat notamment à Palikao, aux côtés des forces anglaises, contre les Chinois et cette victoire permet à la France d’avoir un accès à Pékin.

En 1914, à la mobilisation, le régiment est caserné dans le département de la Seine, à Saint-Cloud, et à Dreux. Il fait partie de la 13e brigade, 7 division d’infanterie et 4e corps d’armée. Son chef de corps est le colonel Ferret. Le régiment est composé d’un état-major, de trois bataillons de quatre compagnies chacun, soit 62 officiers, 3.200 hommes et, ajoute, l’historique du 101e publié par A. Félix à Sartrouville en 1920, 202 chevaux !

L’unité est engagée dès les débuts de la guerre et combat dans les Ardennes puis participe à la bataille de l’Ourcq. En 1915, il est d’abord positionné dans le secteur de l’Aisne, avant d’être intégré à la seconde bataille de Champagne. De là, il se dirige sur Verdun en 1916 puis est déplacé sur la Somme en 1917. Il est également des combats de la Woëvre et de la Marne cette année-là. En 1918, il est placé dans les secteurs de la Champagne avant d’être positionné de nouveau dans l’Aisne.

 

Novembre 1918.

Il est indiqué dans l’historique du régiment : « Le lendemain, le 101e se rend dans la zone des camps autour de la Neuville-en-Tourne-à-Füy, puis à Aussonce où il s'installe le 7 novembre. C'est là que viendra nous trouver la nouvelle de l'armistice ! Les hostilités cesseront à 11 heures, le 11 novembre. Les poilus du régiment fêtent discrètement l'armistice ; aucune manifestation bruyante. Le soir, feu d'artifice dont les Allemands font les frais. En effet, les hommes puisent dans les dépôts de fusées abandonnés, et tard dans la nuit, le ciel est sillonné de feux multicolores, rappelant les plus beaux soirs d'attaques et de coups de main. Les jours suivants apportent des nouvelles sensationnelles, dont l'abdication du Kaiser. Le 14 novembre, le régiment se met en route vers Rethel, étape pénible de 32 kilomètres que tous les hommes font néanmoins de bonne grâce, et va cantonner à Corny. Le colonel s'installe à la mairie où l'attend, d'ailleurs, un cycliste, porteur de la deuxième citation à l'ordre du régiment, et de la décision du maréchal commandant en chef, accordant au 101e le droit au port de la fourragère aux couleurs de la croix de guerre.

Ordre général n° 1476, 4e armée, 29 novembre 1918. — 101e régiment d'infanterie : « Jeté brusquement dans la bataille, sous les ordres du lieutenant-colonel de Benoist, a justifié « à nouveau sa réputation d'unité d'élite. Fier de son glorieux passé et pénétré de l’importance « de la lutte engagée, du 4 au 14 octobre 1918, s'est magnifiquement porté par deux fois à « l'attaque de la position d'Orfeuil, formidablement organisée et âprement défendue ; puis, « oubliant ses fatigues, s'est élancé à la poursuite de l'ennemi, au cours de son repli sur l'Aisne, « repoussant ses violentes contre-attaques et précipitant sa retraite désordonnée ; a contribué, « par son énergie et sa ténacité farouches, et en dépit des pertes sévères qu'il avait subies, à « libérer une notable partie du territoire, des civils retenus par l'ennemi, et à capturer une « certaine quantité de matériel. »

 

1919.

Le 101e rentre à Saint-Cloud et dans la région de Versailles au début de l’année 1919. Les départs s'échelonnent sur les 15 et 16 avril. Les voyages s'effectuent sans incidents, parfois avec une sage lenteur. L'installation dans la caserne Sully des 1re et 2e compagnies, de l'état-major et la C. H. R. rencontre des difficultés, car le casernement de Saint-Cloud est occupé par le 62e régiment d'artillerie de campagne. Le 101e ne revient qu'en locataire et est considéré comme troupe de passage. Le vendredi 18 avril, le colonel et la musique se portent avec le drapeau, au-devant des 2e et 3e bataillons qui se dirigent respectivement vers Suresnes et le fort du Mont-Valérien.

Le général Lebocq, commandant la 7e D. I. (Division d’Infanterie), assiste au défilé sur la place d'armes de St-Cloud. Dès les premiers jours, le service de place absorbe le régiment ; l'installation s'effectue tant bien que mal. A la caserne Sully, la situation est devenue normale, après entente avec le 62e R.AC. Au Mont-Valérien, le 3e bataillon est fort bien logé, tandis que le 2e est encore réparti en cantonnement dans des maisons de Suresnes, plus ou moins bien installé. Les habitants de Saint-Cloud sont heureux de revoir le 101e et font excellent accueil aux éléments qui arrivent.

Le 28 juin, le jour de la signature de la paix, le régiment participe au service d'ordre dans la cour d'honneur du château de Versailles.

 

Au cours de la Première guerre mondiale, le 101e a perdu 81 officiers et plus de 2.100 soldats et sous-officiers.

 

Sources :

  • Archives de la Délégation du 92 du Souvenir Français.
  • Site Memorial GenWeb.
  • Historique du 101e régiment d’infanterie : http://tableaudhonneur.free.fr/101eRI.pdf
  • Site Chtimiste.
  • Recueil d'Historiques de l'Infanterie Française, par le général Andolenko, Eurimprim 1969.
Caserne Sully de Saint-Cloud.

Caserne Sully de Saint-Cloud.

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Publié le 9 Décembre 2022

Au lieutenant Parmentier de Meudon.

Monsieur le notaire est au 67e régiment d’infanterie.

Louis Jules Eugène Parmentier nait à Laon, dans le département de l’Aisne, le 31 août 1878. Il est le fils de Jules Parmentier, magistrat, et de Jeanne Marie-Louise Combier.

Le jeune Louis suit une scolarité exemplaire au lycée Saint-Vincent de Senlis jusqu’en 1895 puis entre à la faculté de droit pour y étudier le droit notarial. Docteur en droit en décembre 1904, il devient notaire dans le quartier de la Chapelle. Quatre ans plus tard, le 27 octobre 1908, à l’âge de 30 ans, Louis épouse Germaine Pluche, qui lui donnera deux enfants.

En août 1914, lieutenant de réserve, il rejoint le 67e régiment d’infanterie. Cette unité est mobilisée à Soissons et fait partie de la 23e brigade d’infanterie, de la 12e division et du 6e corps d’armée. Composé primitivement de Bretons, de Parisiens et de Picards, il recevra, au cours de la campagne, de nombreux renforts, et, tout en conservant une partie de ses anciens éléments, puis comptera bientôt une grande proportion de Manceaux, de Gascons et de Lyonnais.

Parti en couverture dans la nuit du 31 juillet 1914, le 67e RI est débarqué le même jour dans la région d'Hattonchâtel, où les éléments de la division sont concentrés sur les Hauts-de-Meuse et préparent des lignes de défense. Le régiment prend part aux travaux. C'est dans cette contrée qu'il va commencer la campagne ; il y restera jusqu'en août 1915. Coupé de collines souvent abruptes ou de grandes forêts, le terrain y est propre à la défense, mais aussi à l'infiltration.

En 1914, le lieutenant Parmentier participe à la bataille de la Marne puis il est à Soupir, dans l’Aisne, où il blessé, à Fleury-devant-Douaumont et sur la Woëvre. C’est là qu’il reste jusqu’en août 1915, combattant dans le secteur à Saint-Rémy ou aux Eparges.

 

Tombé en héros.

C’est non loin de ce village, si bien décrit par Maurice Genevoix dans Ceux de 14, que Louis Jules Eugène Parmentier est tué à l’ennemi. Il avait 36 ans.

Titulaire de la Légion d'honneur, de la Croix de guerre avec deux palmes, le jeune lieutenant reçoit une citation à l'ordre du jour de l'armée le 24/03/1915 : « Déjà blessé deux fois et décoré pour sa belle conduite au feu a entraîné sa compagnie à l'assaut des tranchées ennemies est tombé en héros en avant de ses hommes au-delà des positions attaquées ».

Son nom est inscrit sur la plaque commémorative du lycée Saint Vincent et sur le Livre d'Or de l'Institution Saint-Vincent de Senlis. En plus des deux vitraux commémoratifs (Églises des Eparges et de Rupt en Woëvre), une croix à sa mémoire a été érigée sur la commune de Combres-sous-les-Côtes (55) , de même qu’une inscription in memoriam figure sur la tombe familiale Pluche au cimetière Montparnasse de Paris.

 

 

Sources :

  • Archives de la Délégation du 92 du Souvenir Français.
  • Site Memorial GenWeb.
  • Historique du 67e régiment d’infanterie.
  • Site Chtimiste.

 

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Publié le 19 Juillet 2022

A Raoul Lufbery, de Marnes-la-Coquette et d’ailleurs…

Une terre de pilotes.

Marnes-la-Coquette est une terre de pilotes morts pour la France. André Balcou n’est pas seul !

La commune abrite un monument superbe qui donne lieu chaque année à l’une des plus belles cérémonies qui soit dans notre département : le Memorial Day américain (jour de la mémoire) qui se déroule au monument de l’Escadrille Lafayette, du nom de cette unité, formée d’aviateurs américains, d’abord membres de la Légion étrangère (en 1916, les États-Unis ne sont pas en guerre), fidèles aux services rendus par le général Lafayette à leur pays en 1780.

Le monument de l’Escadrille Lafayette abrite les dépouilles de 49 pilotes de l’unité plus leur commandant, le capitaine Georges Thenault et le général Brocard, tous deux Français. Parmi ces pilotes se trouve Raoul Lufbéry, qui a la particularité d’être né français et être devenu américain. Il était « l’As des As » de l’Escadrille Lafayette.

Raoul Lufbery.

Raoul Gervais Lufbery nait le 14 mars 1885, d'un père américain et d'une mère française. Dans sa petite enfance, son père travaillant aux États-Unis, il est élevé par sa grand-mère maternelle. Multipliant les métiers dès 12 ans, il quitte la France en 1905 pour voyager en Afrique du Nord, en Égypte, dans l'Empire ottoman, Grèce, Europe orientale et Allemagne. Il renonce alors à sa nationalité française pour ne pas être contraint au Service militaire (il est même déclaré « insoumis » le 4 février 1907). Il embarque pour les États-Unis la même année. A San Francisco, il s'engage au 20e régiment d’infanterie qui l’expédie aux Iles Hawaï en 1908 puis aux Philippines en 1910. Libéré en , il voyage entre Hong-Kong, Ceylan, Madras, Calcutta, Singapour, Bombay et l’Indochine.

En Indochine français, en 1913, il rencontre l'aviateur Marc Pourpe qui vit de démonstrations aériennes. Devenu son mécanicien, il le suit dans ses exhibitions et ses liaisons aériennes au travers de l'Indochine. En 1914, il accompagne encore Marc Pourpe dans sa remontée de Nil jusqu'à Khartoum ; événement qui donne à Pourpe une renommée internationale.

Fin août 1914, Lufbery s'engage dans la Légion étrangère, seule possibilité de rejoindre l'armée française en raison de sa nationalité américaine. Versé dans l'aviation, Pourpe le fait transférer auprès de lui à l'escadrille MS 23. À la mort de Marc Pourpe le 2 décembre 1914, Lufbery obtient de suivre une formation de pilotes à Chartres.

Ayant appris à voler sur Farman et obtenu son brevet de pilote militaire, il est affecté dans une formation de bombardiers sur Voisin et complète sa formation sur Nieuport pour entrer dans l'aviation de chasse. À partir de mai 1916, il rejoint l'Escadrille Lafayette, tout juste créée et essentiellement composée de pilotes américains volontaires et de quelques Français. C'est au sein de cette escadrille, dont l'emblème est une tête de Sioux, qu'il va combattre sur tous les fronts de la Somme à Verdun, participant à toutes les grandes batailles de l'armée française et abattant son premier avion le 31 juillet 1916 dans le ciel d’Étain, premier succès d'une longue liste qui fera de lui un as (minimum cinq victoires) et le pilote le plus remarquable de cette formation (17victoires homologuées et 15 probables).

Promu sous-lieutenant en , il obtient, cette année-là, la Military Cross du gouvernement britannique, étant le premier pilote américain à recevoir cet honneur. Les Français pour leur part lui avaient déjà décerné la Médaille militaire, la Croix de Guerre 1914-1918 et la Légion d’honneur.

Après l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, l'Escadrille Lafayette peut tout naturellement passer sous commandement américain. C’est chose faite le 18 février 1918 où elle devient le 103e escadron de poursuite aérienne.

Raoul Lufbery, promu commandant (major en anglais), devient directeur technique d'un escadron chargé de l'instruction des jeunes pilotes, mais il ne peut s'empêcher de voler. Le 19 mai 1918, il trouve la mort sur la commune de Maron en Meurthe-et-Moselle sautant en plein ciel de son avion en flammes sans parachute.

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site « Memorial GenWeb ».
  • Site « Mémoire des Hommes », du Ministère des Armées.
  • Archives de la Délégation du Souvenir Français des Hauts-de-Seine.

 

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Publié le 16 Juin 2022

A Georges d’Hostingue de Garches.

Georges d’Hostingue nait à Paris le 6 mars 1896. Il est le fils d’Emma Bourlier, professeur de piano et Georges-Louis, libraire. Les métiers de l’écriture et de la lecture sont une tradition séculaire chez les Hostingue : originaire de Normandie (ce nom provient-il d’Hastings ?), la famille est connue comme étant l’une des spécialistes de l’imprimerie dans cette région. Il en sera ainsi pendant des générations. Sous Henri IV, la famille est anoblie.

Le jeune Georges n’a pas suivi cette voie : il est contre-maître en usine et, en 1916, il habite la ville de Garches. Incorporé en 1915 au 6e régiment de dragons, il passe au 27e l’année suivante, et c’est avec cette unité qu’il part aux armées.

 

Au 27e dragons.

Unité de la 11e brigade de dragons (27e et 32e RD avec le général Corvisart pour chef)), ayant pour casernement Versailles, le 27e est placé au sein de la 1ère division de cavalerie d’août 1914 à novembre 1918.

Georges d’Hostingue reçoit les galons de brigadier le 9 décembre 1916 puis ceux de maréchal des logis le 19 juin 1917. Intégré à une section de mitrailleuses, il est placé sous le commandement d’un officier mitrailleur, directement rattaché à l’Etat-major du régiment.

L’unité est de la Seconde bataille de la Marne (mai à août 1918). Elle est placée dans le nord de la Marne, à la frontière du département de l’Aisne : « La poussée allemande continuant de s'exercer, le bataillon reçoit l'ordre de se replier et de tenir sur la crête au nord d'Anthenay (31 Mai). Cette fois encore, le bataillon Collet venait d'être jeté inopinément en pleine action, à l'heure où notre ligne refluait presque en désordre, sous le choc offensif ennemi. Tâche angoissante et difficile que celle de ces replis successifs devant un ennemi dix fois supérieur en nombre et en moyens d'action ! Et cela, avec la terrible préoccupation de se sentir constamment isolé, dépassé, enveloppé par des éléments ennemis, filtrant sans difficulté à travers les brèches d'un mince cordon à demi disloqué de défenseurs, reculant depuis trois jours, exténués et mal nourris ! Le 31, le bataillon Collet est relevé et rejoint les chevaux haut-le-pied, au sud de la Marne, à la ferme de la Cense-Carrée. II avait perdu 35 hommes. A peine a-t-il rejoint, que l'ordre arrive de former le bataillon Gascuel. Le 27e fournit une compagnie, commandée par le capitaine Favre, un Peloton d'Éclaireurs montés (Janet), une Section de Mitrailleuses (Paccaud). A Vandières (Marne), la compagnie Favre reçoit l'ordre de refouler les éléments ennemis qui tenteraient de déboucher de Verneuil et de se glisser le long de la Marne. Elle prend position devant Verneuil, une fois sa mission accomplie, dans une position très dangereuse, avec la Marne à sa droite et les Allemands à sa gauche. Elle réussit pendant deux jours à arrêter toutes les infiltrations ennemies, le long de la Marne. Elle est relevée le 2 Juin. Mais elle est immédiatement reformée et va relever, dans le bois de Trottes, une compagnie du 32e qui a été très éprouvée ».

Sous-officier du 3e groupe d’automitrailleuses du 27e RD, Georges d’Hostingue est tué à l’ennemi le 2 juin 1918, sur la route de Chézy à la Ferté-Million, à environ 2 km au nord de Saint-Quentin. Il était titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille militaire. Et il avait 22 ans.

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site ch’timiste sur les unités de la Grande guerre.
  • Site www.geneawiki.com
  • Site Memorial GenWeb – Fiche individuelle de Georges d’Hostingue – Fiche individuelle avec les informations et contributions de Michel Salvetti, Philippe Frilley, Thierry Lefebvre, Dominique Dumont et Jean-Claude Jorand.
  • Site Mémoire des Hommes du Ministère de Armées avec le Journal de marche et des Opérations du 27e régiment de dragons.
  • Historique du 27e RD

 

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Publié le 10 Novembre 2021

Messaoud El Asry, d'Oran au cimetière Pierre Grenier de Boulogne.

Les zouaves.

La dénomination de zouave vient du berbère zwava, qui est le nom d’une tribu kabyle. Fortement composés de métropolitains, les régiments de zouaves se couvrent de gloire partout où ils combattent. Leur réputation commence avec l’arrivée des Français en Algérie en 1830 : les Kabyles fournissaient des soldats aux Turcs sous la régence d’Alger ; avec la domination de la France, ils fourniront le Royaume puis la République. Ces unités sont également remarquables par l’exigence ultime de leur discipline ; d’où l’expression « faire le zouave » : un zouave est capable de tout faire, sur un simple commandement.

Le 3e régiment de zouaves est créé le 23 mars 1852, à partir du 3e bataillon de zouaves et de volontaires de plusieurs régiments de ligne. En 1914, l’unité est répartie de manière suivante : 1er bataillon à Constantine, 2e et 4e bataillons en opérations au Maroc, 3e bataillon à Philippeville et 6e bataillon à Batna.

En 1914, à la mobilisation, la majeure partie des bataillons du 3e zouaves est réunie et intègre la 37e division d’infanterie algérienne. Entrée en action au mois d’août, l’unité combat en Belgique puis sur la Marne et en Champagne (1915). Elle est de la défense de Verdun en 1916 puis au Chemin des Dames l’année suivante. En 1918, le 3e se bat en Lorraine, dans la Somme puis en Picardie.

Le 28 janvier 1916, le généralissime, en attribuant la fourragère au régiment, fait lire la citation suivante, à l'ordre de la IVe armée : « 3e régiment de marche de zouaves sous les ordres du lieutenant-colonel Louis. Le 25 septembre 1915, s'est rué à l'assaut des tranchées allemandes avec un élan et un enthousiasme qui confinent au sublime. Bien que pris de tous les côtés par un feu formidable d'artillerie et d'infanterie s'est enfoncé comme un coin dans les lignes ennemies qu'il a crevées sur une profondeur de 2 kilomètres, s'est emparé de onze pièces d'artillerie et de neuf mitrailleuses, a fait 400 prisonniers et ne s'est arrêté, bien qu'ayant perdu son chef et presque tous ses cadres, que lorsqu'il a été à bout de souffle. Dans toutes les circonstances où il a été engagé depuis le début de la campagne s'est montré à la hauteur des vieux régiments de zouaves ; en Champagne, il les a dépassés. Déjà, le 19 septembre 1914, il avait pris un drapeau à l'ennemi ». Signé : le général Henri Joseph Eugène Gouraud, commandant la IVe armée.

 

Messaoud El Asry.

Messaoud El Asry est né 28 mars 1882 à Oran (quartier dit du « Village Nègre ») en Algérie. Il est le fils Samuel et de Yacot Abecassis, des commerçants installés à Oran, et originaires d’El-Kelaïa au Maroc. Le 14 juin 1913, à Pailkao, dans le district d’Oran, Messaoud épouse Joséphine Benkemoun.

Engagé en 1914 au 3e zouaves, Messaoud est de tous les combats. Il est grièvement blessé en septembre 1918 et décède à l’hôpital de Neuilly-sur-Seine le 24 du même mois. Il est enterré au cimetière Pierre Grenier, à Boulogne, dans la 10e division.

Là-même où les représentants des Comités du Souvenir Français des Hauts-de-Seine se rendront le samedi 20 novembre en fin de matinée.

 

 

 

Sources :

  • Site Memorial GenWeb – Fiche individuelle de Messaoud El Asry – Annotations de Berbnard Butet et Laetitia Filippi.
  • Site Chtimiste sur les régiments de la Grande Guerre.
  • Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
  •  André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
  • Les troupes coloniales dans la Grande Guerre – L’Armée d’Afrique, par Léon Rodier.
  • L’Armée d’Afrique, Historama, n° 10, 1970.
  • Histoire de l’Armée française en Afrique, par Anthony Clayton, Ed. Albin Michel, 1994.
  • L’Armée d’Afrique, 1830-1962, par Robert Huré, 1830-1962, ED. Lavauzelle, 1977.

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Publié le 19 Juin 2021

A Clamart, le vitrail à la mémoire de Paul Gogue.

Paul Gogue est né à Clamart le 21 février 1898. Après avoir passé un baccalauréat en sciences, il est engagé pendant la Première Guerre mondiale. Versé au 18e régiment d’infanterie (casernement à Pau et Saint-Jean Pied de Port au déclenchement de la guerre) après avoir fait un temps au 62e (casernement : Lorient), Paul Gogue est tué à l’ennemi le 17 septembre 1918, à Allemant dans l’Aisne. Mais son corps est porté disparu.

A Clamart, en l’église Saint Pierre Saint Paul, un vitrail rappelle la mémoire de Paul Gogue : « Son corps n’a pu être retrouvé dans le chaos ». La famille – on peut supposer qu’il s’agit de la famille – a fait ajouter « En souvenir de tous ceux dont les corps n’ont pu être retrouvés – Prions pour eux ».

 

 

Sources :

A Clamart, le vitrail à la mémoire de Paul Gogue.
Sépulture à la mémoire de Paul Gogue - Clamart.

Sépulture à la mémoire de Paul Gogue - Clamart.

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Publié le 11 Novembre 2020

11 novembre 1920 – Le cercueil du soldat inconnu est transporté sous l’Arc de Triomphe (© Gallica – BNF).

11 novembre 1920 – Le cercueil du soldat inconnu est transporté sous l’Arc de Triomphe (© Gallica – BNF).

 

Maurice Genevoix – Ceux de 14 : « Notre guerre… Vous et moi, quelques hommes, une centaine que j’ai connus. En est-il donc pour dire : « La guerre est ceci et cela » ? Ils disent qu’ils comprennent et qu’ils savent ; ils expliquent la guerre et la jaugent à la mesure de leurs débiles cerveaux.

On vous a tué, et c’est le plus grand des crimes. Vous avez donné votre vie, et vous êtes les plus malheureux. Je ne sais que cela, les gestes que nous avons faits, notre souffrance et notre gaîté, les mots que nous disions, les visages que nous avions parmi les autres visages, et votre mort.

Vous n’êtes guère plus d’une centaine, et votre foule m’apparaît effrayante, trop lourde, trop serrée pour moi seul. Combien de vos gestes passés aurai-je perdus, chaque demain, et de vos paroles vivantes, et de tout ce qui était vous ? Il ne me reste plus que moi, et l’image de vous que vous m’avez donnée.

Presque rien : trois sourires sur une toute petite photo, un vivant entre deux morts, la main posée sur leur épaule. Ils clignent des yeux, tous les trois, à cause du soleil printanier. Mais du soleil, sur la petite photo grise, que reste-t-il ? »

 

11 novembre 2020, Maurice Genevoix (1890-1980) – lieutenant au 106e RI, blessé gravement aux Eparges en 1915, écrivain, prix Goncourt, académicien, secrétaire perpétuel de l’Académie française de 1958 à 1973 – entre au Panthéon. « Au moment où les voix des Poilus se sont éteintes pour toujours il est incompréhensible que « Ceux de 14 » ne figurent pas au Panthéon. Ils en franchiront tous le seuil avec leur porte-voix que fut Maurice Genevoix » a écrit Emmanuel Macron, président de la République.

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