Publié le 27 Mars 2011

 

Ordre de la Libération

 

 

Médaille de l’Ordre de la Libération

 

 

Formation.

 

Le 16 novembre 1940, à Brazzaville alors en Afrique Equatoriale Française, le général de Gaulle créé un nouvel ordre : l’Ordre de la Libération. Il s’agit de récompenser des personnes et des collectivités qui œuvrent de façon exceptionnelle pour la libération de la France. Les titulaires reçoivent le titre de « Compagnon de la Libération ».

 

En 1946, l’ordre cesse d’être décerné, la libération du territoire national étant achevée depuis plus d’une année. A cette date, mille-trente-six personnes physiques, dix-huit unités militaires et cinq communes (l’île de Sein, Paris, Nantes, Grenoble, Vassieux-en-Vercors) le portent.

 

L’ordre sera à nouveau ouvert en 1958 puis en 1960, à titre exceptionnel, pour le remettre à Winston Churchill puis au roi d’Angleterre George VI.

 

Le dernier compagnon sera inhumé au Mont Valérien, dans le 9ème cercueil de la crypte, laissé vide à cet effet.

 

A Saint-Cloud.

 

A Saint-Cloud, sont enterrés deux compagnons : Jean des Moutis et Gilbert Grandval.

 

  • Jean des Moutis : officier de marine, il rallie l’Angleterre le 17 juin 1940, emmenant avec lui tout le commissariat de la marine de Cherbourg. De tous les combats pendant la Seconde Guerre mondiale puis en Indochine, effectuant une carrière exemplaire au sein de son arme, il décède à Fontainebleau en 1965.

 

  • Gilbert Grandval : Alsacien (son nom de naissance est Hirsch-Ollendorff), haut responsable chez les FFI (Région C – Alsace / Lorraine), il prend une part importante dans la libération de cette zone en 1944. Il fait par la suite une carrière de haut fonctionnaire et est nommé Ambassadeur de France de 1952 à 1955. Après cette date, il quitte la fonction publique pour entamer une reconversion dans la Marine marchande, et devient président de la Compagnie des Messageries maritimes. Il meurt à Paris en 1981.

 

Dans les Hauts-de-Seine.

 

D’autres Compagnons de la Libération sont enterrés dans les Hauts-de-Seine, comme Yves Mahé à Issy-les-Moulineaux ; Pierre Julitte, Henri Dewavrin-Passy, André Bergeret ou encore Henri Gorce-Franklin à Neuilly ; André Schock à Meudon ; bien sûr Berty Albrecht et Alfred Touny, inhumés dans la crypte du Mont Valérien ; ou encore Pierre Louis-Dreyfus, décédé le 15 janvier 2011 et enterré à Ville d’Avray. Mais le département des Hauts-de-Seine en a vu naître aussi beaucoup d’autres :

 

  • Emile Bellet est né le 20 juin 1911 à Boulogne ; soldat au 1er bataillon d’infanterie de marine, il participe aux premières campagnes de la France Libre. Il meurt au cours d’un accrochage à Bir-Hakeim le 13 avril 1942 et est inhumé dans le cimetière militaire de Tobrouk.

 

  • Maurice Duclos est le 23 août 1906 à Neuilly-sur-Seine ; militaire de carrière, il participe à plusieurs engagements dont celui de Narvik au sein de la prestigieuse 13ème DBLE. Membre du BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’Actions), il effectue de nombreuses missions en France occupée et en Afrique du Nord. Après 1945, il travaille pour des sociétés privées puis se fixe en Argentine. Il meurt le 23 février 1981 à Buenos Aires, où il est enterré.

 

  • Pierre Dureau est lui-aussi né à Neuilly-sur-Seine, mais le 23 août 1915. Présent sur presque tous les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale, il quitte l’armée en 1945 avec le grade de capitaine et commence une nouvelle vie dans l’industrie du bois et de la construction. Il est mort le 22 avril 2006 à La Cadière d’Azur, dans le Var, où il vivait et où il est enterré.

 

  • Yves Ezanno nait le 14 juillet 1912 à Clamart. Militaire de carrière, il est un as de l’aviation, vainqueur de nombreux duels en vol. Présent aussi bien en Afrique du Nord et au Levant en 1942 qu’en Normandie deux ans plus tard, il gravit par la suite tous les échelons de l’Armée de l’air pour devenir général de corps aérien. Il décède le 20 octobre 1996 à Nice et est inhumé à Aix-en-Provence.

 

  • Philippe Fauquet est originaire de Neuilly-sur-Seine ; il y nait le 7 novembre 1921. Sous-lieutenant au 2ème RCP, il trouve la mort en octobre 1944 dans un accident de jeep.

 

 

  • Ernest Gimpel est natif de Vaucresson (le 5 août 1913) ; spécialiste du renseignement, membre du BCRA, il quitte l’armée après la Seconde Guerre mondiale et s’installe en Angleterre où il dirige une galerie d’art dont la renommée sera internationale. Il meurt le 26 janvier 1973 dans à Crettingham Woodbridge, dans le Suffolk, où il est enterré.

 

  • Jacques Joubert des Ouches est originaire de Meudon où il voit le jour le 2 mai 1920. Pilote, il réalise plus de cent-soixante missions offensives. Il disparait le 6 juin 1944, au-dessus d’Utah Beach, alors qu’il procède, à bord de son Spitfire, à sa seconde attaque. Son corps ne sera jamais retrouvé.

 

  • Roger Lavenir nait le 8 octobre 1919 à Bois-Colombes. Refusant l’armistice de 1940, il s’engage dans les Forces Françaises Libres et œuvre dans le cadre de la Campagne du Levant en 1941-42. Après 1945, il se fixe à Marseille. Il meurt à Saint-Maximin, dans le Var, le 31 juillet 2005, où il est enterré.

 

  • Jean Mantelet est de Nanterre. Il y nait le 5 mars 1891. Marin pendant la Première Guerre mondiale, il entre en 1925 à la Compagnie du canal de Suez en tant que pilote. En 1939, de nouveau mobilisé, il rejoint le général de Gaulle et devient commandant du paquebot Paul Doumer, mis au service des Forces Françaises Libres. Le navire est coulé par un sous-marin allemand le 30 octobre 1942.

 

  • Robert Marchand est né à Fontenay-aux-Roses le 6 février 1915. Résistant de la première heure, il soutient de nombreuses actions contre l’ennemi nazi. Arrêté en 1942, torturé, il est exécuté d’une balle dans la nuque le 22 août 1942, à Issy-les-Moulineaux.

 

  • Roger Motte est de Neuilly-sur-Seine où il nait le 15 août 1912. Pilote, il totalise, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, près de cent-soixante-dix missions et deux-cent-cinquante heures de vol de guerre. Il continue par la suite sa carrière au sein de l’Armée de l’air, et meurt en service commandé le 26 octobre 1962. Il est inhumé au cimetière de Pantin.

 

  • Jean Nanterre est né le 30 août 1907 à… Nanterre ! Sous-lieutenant chez les dragons, il combat avec bravoure en 1940. Démobilisé, il rejoint le général de Gaulle et intègre la 2ème Division Blindée du général Leclerc, avec laquelle il participe à la libération de la France. Cité à de nombreuses reprises, il quitte la vie militaire en 1945 et entame une carrière dans le privé, où il devient, entre autres, directeur des Etablissements métallurgiques Worms. Il meurt le 13 novembre 1996 à Paris où il est inhumé.

 

  • Jacques Piette nait le 13 mai 1916 à Issy-les-Moulineaux. Après l’armistice de 1940, il rejoint les réseaux de renseignement où il œuvre entre la fin de 1940 et 1944. Nommé commissaire de la République à Lille par le général de Gaulle à la Libération, il commence une brillante carrière politique, au Parti socialiste, qui le voit élu député, conseiller général et conseiller régional. Conseiller d’Etat en 1981, il meurt le 2 avril 1990 à Boulogne-Billancourt et est incinéré au cimetière du Père Lachaise.

 

  • Edgar Tupët-Thomé nait à Bourg-la-Reine le 19 avril 1920. Après la défaite de 1940, il rejoint la Résistance et permet l’évasion de nombreux camarades. En 1944, il rejoint le 3ème bataillon d’infanterie de l’air (futur 3ème RCP) et libère Daoulas (Finistère) puis Landerneau. De même, dans le Jura, il se distingue à Clerval puis intègre la 7ème armée américaine où il se couvre à nouveau de gloire. Après la guerre, il entre à l’Ecole Nationale d’Administration et est nommé en Tunisie. Par la suite, il exerce au sein de plusieurs secteurs de l’économie : viticulture, agriculture, élevage, mais aussi laboratoire pharmaceutique, construction automobile et tourisme.

 

  • Robert Weil est né le 25 avril 1916 à Suresnes. Sous-lieutenant dans l’Armée de l’air en 1939, pilote, il décide avec plusieurs de ses camarades de rejoindre le général de Gaulle en 1940. Mais au moment d’atterrir à Gibraltar, leur avion est abattu par la DCA espagnole. L’un des premiers compagnons de la Libération.

 

 

 

 

 

 

Sources :

 

o    Encyclopédies Larousse, Wikipédia.

o    Pierre Miquel, les Compagnons de la Libération, Denoël, 1995.

o    Olivier Matthey-Doret, les Compagnons de la Libération de la Région Franche-Comté et Bourgogne, 1996.

o    Henri Weill, les Compagnons de la Libération, Privat, 2006.

o    www.ordredelaliberation.fr.

o    www.cheminsdememoire.gouv.fr.

o    www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr.

 

 

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Publié le 23 Mars 2011

 

soldat-inconnu

 

(Copyright www.photo-galeries.com)

 

 

Le jeudi 27 janvier 2011, jour anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, une cérémonie organisée par I'UDA (Union des Déportés d’Auschwitz) rassemblait de nombreux jeunes dont des élèves du collège Balzac de Neuilly-sur-Marne, du lycée Jacques Decour (Paris, 9ème) et de celui de Châtenay-Malabry. La cérémonie s'est déroulée en présence du Général Moreaux, de M. le Secrétaire général à la Défense, de Madame Belin, présidente du comité du Souvenir français de Châtenay-Malabry, des représentants du clergé des chrétiens coptes de cette même commune ainsi que des membres de I'UDA. Le tambour a retenti. Des enfants de Châtenay-Malabry ont posé une fleur sur la dalle. Marie-Paule Hervieu et Raymond Heimburger ont déposé avec Raphaël Esrail, la gerbe de I'UDA. Puis Raphaël Esrail aidé de deux petits de Châtenay-Malabry a ravivé la flamme. Les drapeaux se sont baissés et la sonnerie aux morts a retenti, puis la Marseillaise.

 

Le chant des Marais s'est élevé dans le noir et le froid, avec une pensée pour tous ceux qui subissaient les appels pendant des heures. A près les salutations des invités, les officiels ont signé le livre d'or. Les élèves du lycée Jacques Decour, accompagnés par leur professeur Dominique Dufourmantelle ont été impressionnés par la solennité du lieu et le cérémonial, avec les porte-drapeaux, le détachement de militaires, les musiciens. Ils ont même pu parler au général Moreaux.

 

Nicole Mullier

 

Extrait de la Revue trimestrielle de l’Union des Déportés d’Auschwitz.

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Publié le 19 Mars 2011

 

Salonique 1918 salle à manger des majors à l'hôpital

 

 

Salonique 1918 : salle à manger des majors de l’hôpital (copyright : Ministère de la Culture).

 

Pierre Sauce nait le 28 février 1886, à Saint-Denis, dans ce qui était autrefois le département de la Seine. La France est en pleine tourmente revancharde vis-à-vis de l’Allemagne. Sur recommandation de Georges Clemenceau, le Président du conseil Charles de Freycinet vient de nommer le général Georges Boulanger, ministre de la Guerre. Ce dernier, populaire par les réformes qu’il entreprend, l’est également par ses discours provocateurs vis-à-vis de l’ennemi éternel.

 

En 1914, Pierre Sauce rejoint le 19ème régiment d’artillerie de campagne (RAC) alors stationné à Nîmes. Comme toutes ces unités, le RAC est composé de trois ou quatre groupes d’artillerie, chacun piloté par un capitaine. Le groupe est lui-même formé de trois batteries de quatre canons de 75 mm. Le 19ème RAC est rattaché à la 30ème division d’infanterie où il sert, entre autres, de préparation aux offensives. Les RAC sont tous hippomobiles : les canons et les équipements complémentaires sont tirés par des chevaux. Les camions et autres véhicules automobiles ne feront leur apparition qu’à partir de 1917.

 

Au déclenchement de la Grande guerre, le 19ème RAC est employé à la IIème armée, dirigée par le général Curières de Castelnau. Il participe aux offensives en territoire allemand avant de contenir la poussée ennemie et d’enclencher la victoire de la Marne. L’année suivante, le 19ème est envoyé en Argonne ; en 1916, il contribue à la victoire de Verdun. En 1917, avec la 30ème division d’infanterie, le régiment part en Orient.

 

C’est à Topsin, le 17 juillet 1917, que Pierre Sauce trouve la mort. Topsin est situé dans le nord de la Grèce, aux confins des frontières actuelles de la Bulgarie et de la République de Macédoine. Malade depuis des semaines, Pierre Sauce succombe dans l’ambulance des suites d’un « embarras gastrique fébrile avec un accès pernicieux ». Plus tard son corps est rapatrié et inhumé dans le carré militaire de Bois-Colombes.

 

Mais qui se souvient que des soldats français ont fait la Première Guerre mondiale dans les Balkans, et que celle-ci a d’ailleurs duré jusqu’en 1919 ?

 

Ouvrir un second front.

 

A la fin de l’année 1914, la situation semble inextricable. Après les offensives et les longs mouvements de conquête et de retraite de l’automne, les Alliés, comme les armées des Empires centraux, se sont enterrés dans des tranchées. Au cours de cette première année de guerre les pertes sont déjà phénoménales. La France a vu mourir plus de 500.000 de ses soldats.

 

Winston Churchill, alors Premier lord de l’Amirauté (ministre de la Marine britannique), défend l’idée de l’ouverture d’un second front en Europe, et du côté des Balkans. Dans un triple objectif : ravitailler l’Armée russe via la mer Noire ; contourner les Empires centraux ; occuper Constantinople, capitale d’un Empire ottoman, considéré comme le « grand malade » du continent et par ailleurs allié de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie.

 

Gallipoli.

 

Une expédition maritime est proposée et envoyée. Sans grand succès. La présence de mines, de côtes fortifiées (donc difficiles à bombarder) et de nombreux sous-marins allemands ne facilitant pas les manœuvres ! Une nouvelle expédition est menée. Elle est terrestre et consiste en l’envoi d’un premier contingent de 75.000 soldats anglo-français (auxquels il convient d’ajouter des unités australiennes et néo-zélandaises) sur la presqu’île de Gallipoli, à l’entrée du détroit des Dardanelles. C’est une catastrophe : les soldats sont littéralement hachés par l’artillerie ottomane, sous le commandement du général allemand Liman von Sanders. Un second débarquement se déroule quelques semaines plus tard pour renforcer un dispositif déjà à bout de forces. Il ne fait qu’ajouter des morts. Les anglo-français doivent abandonner les lieux. Leur chef, le général Gouraud, vient de quitter le front, amputé du bras droit. Les Alliés réussissent néanmoins à sauver environ 100.000 hommes et les faire débarquer à Salonique, en Grèce, pays alors neutre, quoique soupçonné de docilité vis-à-vis de l’Allemagne.

 

Là, les soldats n’ont pas le temps de se refaire une santé. Le corps expéditionnaire devient l’Armée d’Orient et tente de faire la jonction avec les restes de l’Armée serbe qui vient de traverser la Macédoine, du nord au sud. La Serbie connait au début de la guerre quelques victoires, avec notamment la reprise de la ville de Belgrade, mais les défaites s’accumulent par la suite. De plus, la Bulgarie entre dans le conflit aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. L’expédition française pour porter secours aux troupes serbes s’avère vite être un échec et le retour vers Salonique se déroule à la fois dans des conditions climatiques détestables et sous le feu des armées des Empires centraux, qui multiplient les combats avec les unités de l’arrière-garde alliée.

 

Le camp de Salonique.

 

Salonique se transforme alors en un immense camp militaire retranché, sous la menace permanente des armées allemandes, austro-hongroises et bulgares. L’Armée grecque s’est interposée entre les deux et tente d’éviter le pire. Au sommet de l’Etat grec les dissensions entre le Premier ministre, Vénizelos, partisan de la Triple-Entente (France, Russie, Empire britannique) et le roi Constantin 1er, pro Empires centraux, sont plus vives que jamais. Et les soldats alliés enfermés ne peuvent qu’attendre les ordres. Pour combattre la dysenterie, la malaria, le paludisme, la malnutrition et le scorbut, ils collaborent à l’assèchement des marais et se mettent à cultiver la terre. Une partie du camp se transforme en un immense potager. D’où la réplique, sarcastique, de Georges Clemenceau : « les jardiniers de Salonique ».

 

De leurs côtés, les états-majors s’affèrent pour mettre en place des unités dignes de ce nom. Le général français Maurice Sarrail tente un équilibre : ne pas déplaire aux Grecs, qui sont toujours neutres, faire attention aux espions allemands, bulgares ; faire régner l’ordre entre les troupes françaises, serbes, anglaises, australiennes, néo-zélandaises, italiennes, russes, sans oublier les contingents indiens et africains.

 

En 1916, sollicitée des deux côtés, la Roumanie entre en guerre finalement en se rapprochant des Alliés. Dans le même temps, le général Sarrail voit les Grecs dégarnir les postes qui sont sensés protéger les Alliés. Il décide de sorties : les Serbes attaquent les premiers et reprennent aux Bulgares les monts menaçant la plaine de Salonique. De leur côté, les Français entrent en Macédoine et fixent les troupes germano-bulgares. L’aide des Roumains est de courte durée : à la fin de l’année 1916, le pays est entièrement envahi par les puissances centrales. Tout au long de l’année suivante, quelques combats sporadiques opposent les deux camps.

 

L’offensive victorieuse de 1918.

 

Il faut attendre 1918 pour que l’offensive majeure se déroule. Au cours de 1917, le général Adolphe Guillaumat s’est ingénié à remonter le moral des troupes, à les entretenir et surtout à les soigner. Les épidémies sont enfin endiguées. Le général contribue aussi fortement à l’implantation d’un état-major interallié, suffisamment solide et intelligent pour ne froisser aucun des pays contributeurs, tout en permettant des décisions rapides et efficaces. De plus, les Grecs finissent par s’engager dans le conflit aux côtés des Alliés. Le camp de Salonique n’est plus retranché ! Le temps de la reconquête est arrivé.

 

En juin 1918, rappelé à Paris par le nouveau président du Conseil, Georges Clemenceau, le général Guillaumat est remplacé par le général Louis Franchet d’Espérey, qui peut enfin mettre en œuvre la globalité du plan élaboré par son prédécesseur. Le 15 septembre 1918, avec l’accord des gouvernements anglais et italiens, Franchet d’Espérey lance les armées alliées à la reconquête des Balkans. A l’est, les soldats anglais et grecs attaquent en direction de la Bulgarie (vallée du Vardar). Au centre, les Français et les Serbes, progressent rapidement et s’emparent de l’ensemble de leurs objectifs. L’un des épisodes les plus fameux de cette offensive reste la dernière charge de cavalerie de l’Armée française : sous le commandement du général Jouinot-Gambetta, la brigade à cheval des chasseurs d’Afrique réussit un raid de plus de 70 km à travers les montagnes, à plus de 2.000 mètres d’altitude. Le 29 septembre, les cavaliers prennent par surprise Usküb, la capitale de la Macédoine. Le soir même, les Bulgares sont acculés à signer un armistice.

 

Pendant ce temps, Franchet d’Espérey continue sa marche en avant et se dirige maintenant vers Bucarest, capitale de la Roumanie. Mais l’objectif est bien l’entrée en Autriche-Hongrie. L’armistice général du 11 novembre 1918 met un terme à la reconquête des Alliés, qui se retrouvent à ce moment-là bien plus proches des Empires centraux que leurs homologues de l’ouest. Mais pour l’Armée d’Orient, la guerre n’est pas encore terminée.

 

1919.

 

L’Armée Française d’Orient est à nouveau rebâtie pour se transformer en trois unités :

 

  • - L’Armée du Danube : commandée par le général Berthelot, elle est constituée des unités qui sont stationnées en Roumanie, d’abord à Bucarest puis dans le delta du Danube. Il s’agit de faire face aux nouveaux ennemis : les Russes bolchéviques qui eux sont positionnés en Moldavie (sous domination russe à l’époque).
  • - L’Armée de Hongrie, sous le commandement du général Labit, est chargée de mettre fin aux agissements des bolchéviques hongrois.
  • - Le Corps d’Occupation de Constantinople, a pour mission de faire régner l’ordre dans une partie de ce qui est bientôt l’ancien Empire ottoman.

 

Face aux « Rouges » et en appui des Russes « Blancs » (tsaristes), les troupes françaises vont stationner et se battre pendant plus de cinq mois après la fin officielle de la Première Guerre mondiale. Les ports russes sont envahis par des bateaux français et anglais : il s’agit d’étouffer économiquement le nouveau pouvoir de Lénine. Mais le retournement de la situation militaire (les Rouges amassant les victoires), les mutineries de marins français dans le port d’Odessa, et de plusieurs compagnies dans l’Armée du Danube, précipitent le retour des soldats français en métropole au printemps 1919.

 

 

 

Sources :

 

- Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.

- André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.

- Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.

- Pierre Miquel : Les poilus d’Orient, Fayard, 1998 ; La poudrière d’Orient, Fayard 2004 ; Le gâchis des généraux, Plon 2001 ; Les Poilus, Plon, 2000 ; Je fais la guerre, Clemenceau, Taillandier, 2002 ; Les Enfants de la Patrie, Fayard, 2002.

- Pierre Gosa : Franchet d’Espérey, Nouvelles Editions Latines, 1999.

- Jacques Ancel : Les travaux et les jours de l’Armée d’Orient, Paris, 1921.

- Site internet www.chtimiste.com sur l’historique des régiments d’artillerie.

- Journal de Marche du 19ème RAC.

- Journal de Marche de la 30ème division d’infanterie

- Journal de Marche du Corps Expéditionnaire d’Orient

 

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Publié le 12 Mars 2011

 

village-detruit-de-fleury-devant-douaumont

 

Site du village détruit de Fleury-devant-Douaumont.

 

 

Le carré militaire de Malakoff dédié à la Première Guerre mondiale comporte 120 sépultures. Parmi elles, figure celle de Gustave Durassié (1887-1986), adjudant puis lieutenant au 95ème R.I., combattant à Fleury-devant-Douaumont en 1916, maître imprimeur à Malakoff, président national de l’association « Ceux de Verdun » de 1951 à 1974, commandeur de la Légion d’honneur.

 

Etre à Verdun.

 

Bataille des batailles, symbole d’une effroyable boucherie – dont le nom est passé dans le langage commun – mais aussi de courage et d’abnégation de la part des soldats français, Verdun qui devait permettre, selon le mot d’Erich von Falkenhayn, chef suprême de l’armée allemande, de « saigner à blanc l’armée française », s’est déroulée du 21 février au 19 décembre 1916. S’il est illusoire de résumer en quelques pages la bataille de Verdun, il convient de rappeler que des points stratégiques, comme Fleury-devant-Douaumont, furent impitoyablement disputés pendant les dix mois de la bataille la plus longue de la Première Guerre mondiale.

 

Au début de l’année 1916, les Allemands multiplient les préparatifs en vue de leur attaque qu’ils espèrent définitive sur le secteur de Verdun. Ils veulent en finir. Après les terribles épopées de 1914 et de 1915, les tués se comptent – d’un côté comme de l’autre – par centaines de milliers. Les besoins en hommes sont effarants. Verdun représente quatre atouts majeurs pour les troupes du Reich : c’est une ville proche de la ligne de front, en Lorraine. Le sentiment pro-français y est très fort. C’est à Verdun qu’eut lieu le partage de l’empire de Charlemagne, établissant les futures zones franques et germaniques. Une attaque sur Verdun entrainerait des régiments entiers à défendre ce symbole. Donc, aisés à pilonner par l’artillerie allemande car les unités d’attaques et de réserve sont proches, a contrario des Flandres ou de la Picardie. Deuxième point : Verdun représente un nœud ferroviaire et un bassin industriel avec des usines de fabrication d’obus. Troisième élément : Verdun forme une sorte de saillant, entourés de positions allemandes et le terrain, mouvementé et séparé par la Meuse, ne se prête pas à une défense facile. Enfin, le Reich sait que le GQG (Grand Quartier Général) du général Joffre cherche, lui, à faire la différence sur la Picardie. Et qu’il n’hésite pas à retirer çà et là des batteries de canons pour les placer sur le front de la Somme. Le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris, met en garde le généralissime français : « Toute rupture du fait de l’ennemi dans ces conditions engagerait non seulement votre responsabilité, mais celle du gouvernement ». Des commandants d’unités, comme le lieutenant-colonel Driant, s’émeuvent de la situation. La réponse de Joffre est cinglante : on exécute ses ordres ou c’est la cour martiale !

 

Le 21 février 1916, à 7h, des projectiles commencent à tomber sur Verdun et sa région. En deux jours, près de deux millions d’obus, soit un toutes les trois secondes, s’abattent sur les lignes françaises. C’est la consternation à la tête de l’armée française. Des régiments comme les 56ème et 59ème bataillons de chasseurs à pied – de Driant – perdent plus de mille hommes. Seuls 120 chasseurs s’en tirent miraculeusement. Toutes les positions françaises tombent une à une. Si Fleury est dépassée, alors la porte est grande ouverte sur Verdun et les arrières des armées françaises.

 

« Debout les morts ».

 

Le 95ème RI a quitté Bourges et le camp d’Avord en août 1914. Unité de la 16ème division d’infanterie et du 8ème corps d’armée, formé de Berrichons, de Bourguignons et de Nivernais, elle est rattachée à la 1ère Armée du général Dubail. Depuis, le 95ème est de tous les fronts : en Lorraine, où il perd 500 soldats, puis dans la Woëvre en 1914 ; sur les secteurs de la forêt d’Apremont et de Bois-Brûlé l’année suivante. A cette occasion, au cœur des tranchées du saillant de Saint-Mihiel, où les hommes se battent au corps à corps pour chaque mètre de terrain, l’adjudant Jacques Péricard hurle à ses hommes épuisés, abrutis par tant de sauvagerie « Debout les morts ! ».

 

Publié anonymement après la guerre, la Campagne 1914-1918 du 95ème régiment d’infanterie (librairie Chapelot à Paris) indique ceci : « Du 19 au 31 janvier 1916, le 95ème est relevé et quitte ce secteur où, depuis quinze mois, il combat avec un courage qui ne s'est jamais démenti, et où, gradés et soldats ont prouvé surabondamment, sous des bombardements effroyables et dans des attaques meurtrières leur grand cœur, leur stoïque ténacité et leur absolu mépris de la mort. »

 

 

Fleury-devant-Douaumont.

 

Après les premiers déluges sur Verdun, le 95ème est dirigé sur Fleury-devant-Douaumont le 24 février 1916. Il doit relever les 51ème et 72ème divisions d’infanterie, laminées par le rouleau compresseur ennemi. Le 25, « les soldats du 95ème ont l’impression d’être seuls, abandonnés du reste de l’Armée, holocaustes choisis pour le salut de Verdun. Vers le milieu de l'après-midi, le bombardement cesse et l'attaque se produit. Des masses, jaillies du bois d'Haudremont, submergent le malheureux 1er bataillon mais se brisent contre nos mitrailleuses et nos feux de salve, à nous. Les Allemands s'aplatissent, se terrent. Et le bombardement reprend. Il est de courte durée, cette fois. La fumée qui couvrait le fort se dissipe et, de sentir cette force si près, cela rassure nos hommes. Ils sont tous à leurs postes, attentifs à l'assaut que ce calme présage. Soudain, un cri : « Les voilà ! » ... J'ai dit que le 3ème bataillon occupait les tranchées autour du village. Ces tranchées formaient un angle droit. Sur la plus grande branche, parallèle à la rue et face à la cote 347, les 9ème, 10ème et 11ème compagnies. Sur la plus petite, face au fort, la 12ème compagnie ou, plus exactement, un peloton de la 12ème compagnie : la 4ème section que je commande en qualité de lieutenant, la 3ème section sous les ordres de l'adjudant Durassié. Avec nous, la section de mitrailleuses du 3ème bataillon, sous les ordres du capitaine Delarue. Delarue et Durassié sont toujours vivants. Et vivants également une quinzaine d'hommes qui étaient avec nous ce jour-là...Perte du village de Douaumont qu'occupait le 3ème bataillon du 95ème RI.  La nuit vient. Il neige. Le combat continu. Le 26, le 2ème bataillon en réserve dans le ravin de Thiaumont reçoit, sans bouger d’une semelle, un bombardement terrible de 9h du matin à 5h du soir. A 16h30, nouvelle attaque allemande sur la route Douaumont – Bras ; elle est repoussée après un corps à corps furieux. Des tirailleurs qui fléchissaient à notre droite, reviennent à la charge sous l’énergique intervention du capitaine Ferrère. Le régiment a subi de grosses pertes. Il a été pendant deux jours le bouclier de la France, et a écrit une des plus belles pages de son histoire.»

 

Le 95ème est relevé. A Verdun, la très grande majorité des régiments ne reste en ligne que quelques jours ou quelques semaines. Ces relèves maximisent la diffusion des informations et des images de « l’enfer de Verdun » au sein de toute l’armée française. Dans les semaines qui suivent, Fleury-devant-Douaumont est pris et repris seize fois. Chaque assaut donne lieu à un bombardement d’une intensité prodigieuse. A Verdun, 80 % des tués le sont du fait des bombes. Le général Pétain organise la défense. Il met en œuvre l’artillerie, réarme les forts. Il gère le ravitaillement grâce à la « Voie Sacrée » – nom donné après la guerre par l’écrivain Maurice Barrès – cette route qui vient de Bar-le-Duc, 56 kilomètres au sud. Un camion y passe toutes les quinze secondes ! Les attaques allemandes se renouvellent. Elles sont à chaque fois repoussées par des soldats français héroïques.

 

Dans sa biographie de Joffre (ed. Olivier Orban), l’écrivain Arthur Conte cite le général : « Soldats de l’armée de Verdun ! Depuis trois semaines, vous subissez le plus formidable assaut que l’ennemi ait tenté contre vous. L’Allemagne escomptait le succès de cet effort qu’elle croyait irrésistible et auquel elle avait consacré ses meilleures troupes et sa plus puissante artillerie. Elle espérait que la prise de Verdun raffermirait le courage de ses alliés et convaincrait les pays neutres de la supériorité allemande. Elle avait compté sans vous ! Nuit et jour, malgré un bombardement sans précédent, vous avez résisté à toutes les attaques et maintenu vos positions. La lutte n’est pas encore terminée, car les Allemands ont besoin d’une victoire. Vous saurez la leur arracher. Nous avons des munitions en abondance et de nombreuses réserves. Mais vous avez surtout un indomptable courage et votre foi dans les destinées de la République. Le pays a les yeux sur vous. Vous serez de ceux dont on dira : « ils ont barré aux Allemands la route de Verdun ». J. Joffre, 11 mars 1916 ».

 

Au cours de l’été 1916, les Français conservent le terrain. A l’automne, leurs attaques pénètrent de quelques kilomètres dans les lignes ennemies. Les Allemands n’iront pas plus loin : ils ne prendront jamais Verdun. En 1918, comme neuf autres villages rasés du secteur, Fleury-devant-Douaumont est déclaré « Mort pour la France ».

 

Entre temps, le 95ème est passé par les secteurs des Eparges, dans la Somme, en Argonne, au début de 1918, puis en Champagne. Après l’armistice de 1918, le 95ème reçoit la fourragère. Le lieutenant-colonel Andréa, commandant du régiment, prononce alors devant ses hommes les paroles suivantes : « Qu’ils portent la Fourragère avec fierté, ils l’ont mérité haut la main, car si Douaumont et Recouvrance sont les deux faits d’armes qui ont motivé les citations collectives, personne n’oublie les glorieux sacrifices du régiment en Lorraine, au début de la guerre, alors que nous n’étions pas les plus forts. Son admirable ténacité en forêt d’Apremont. Sa sublime attitude aux Eparges, dans l’affreuse guerre de mines. Sa fougueuse attaque au bois de la Grille en avril 1917, contre des organisations presque intactes. Sa remarquable résistance à la Main de Massiges pendant plus d’une année et enfin tout récemment, son endurance, sa vaillance au cours de la poursuite de l’ennemi, d’août à novembre 1918. Tout cela, avec Douaumont et Recouvrance, constitue pour le 95ème un passé de guerre des plus glorieux. Partout le régiment s’est montré héroïque, discipliné, animé du plus haut moral et des plus beaux sentiments du devoir. Toujours il a eu confiance, même dans les heures les plus sombres. Honneur à ceux qui ont combattu sous son drapeau. Gradés et poilus ont tous bien mérité de la Patrie. Vive le 95ème ».

 

 

L’Almanach du Combattant.

 

Après la guerre, installé à Malakoff, Gustave Durassié créé avec Jacques Péricard l’Almanach du Combattant, qui devient une publication maîtresse du monde du combattant. Cette revue existera entre 1922 et 1993 et publiera des milliers d’articles sur des batailles de la Première Guerre mondiale, des récits, des carnets de bord, des biographies de combattants, mais aussi des contes, des poésies et des pièces de théâtre.

 

Entre 1951 et 1974, Gustave Durassié sera aussi président national de l’association Ceux de Verdun.

 

 

 

 

Pericard et Durassie 

 

 

 

 

Sources :

 

·         Joffre, Arthur Conte, Ed. Olivier Orban.

·         Les Poilus, Pierre Miquel, Ed. Terre Humaine Plon.

·         Pétain, Marc Ferro, Fayard.

·         1918 : la victoire, Pierre Miquel, Tallandier.

·         1916, l’année de Verdun, Service historique des armées, Ed. Lavauzelle.

·         Site « Wikipedia ».

·         Campagne 1914-1918 du 95ème régiment d’infanterie, librairie Chapelot.

·         Journal de Marche et des Opérations du 95ème régiment d’infanterie.

·         Centre de Recherche Internationale et de Débats sur la Guerre 1914-1918 ; travaux de Stéphan Agosto et Jean-Claude Poncet.

 

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Publié le 4 Mars 2011

 

 

Chalvidan - Memorial-GenWeb

 

 

René Chalvidan – Cliché www.memorial-genweb.org

 

   

 

Quand, au cours de l’été 1939, l’Union soviétique de Staline et l’Allemagne nazie d’Hitler signent un pacte, resté dans l’Histoire sous le nom de « Pacte Germano-soviétique », et qu’en vertu de celui-ci les deux puissances se partagent allégrement la Pologne, la République française décide la dissolution du parti communiste français, juste après être entrée en guerre contre le IIIème Reich.

 

Les Francs-Tireurs Partisans.

 

Formés, habitués à être structurés dans des cellules prêtes à la lutte des classes, les militants communistes vont alors œuvrer en clandestinité. Et avec d’autant plus d’ardeur qu’en juin 1941, Hitler désagrège le pacte en envahissant l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (opération Barbarossa).

 

La direction du parti, sous l’égide de Jacques Duclos, décide de la lutte armée contre le nouvel ennemi fasciste. Des groupuscules, ou unités combattantes, sont conçus, entre autres par Eugène Hénaff, et sont rattachés à un Comité militaire national (CMN). Les combattants, d’abord regroupés en Organisations spéciales prennent, au début de 1942, le nom de Francs-Tireurs Partisans Français (FTPF) puis FTP.

 

Développements.

 

En octobre 1941, la direction du CMN est confiée à Charles Tillon. Les réunions se tiennent au gré de l’évolution des consignes de sécurité et des mises à l’abri des dirigeants. Ensuite, un journal est produit : France d’abord, dont plus d’une soixantaine de numéros paraissent entre 1942 et la Libération.

 

A partir de la fin de 1942, les FTP s’ouvrent aux non-communistes. Le mouvement s’accélère au fur et à mesure de la montée de l’engagement dans la Résistance. De même, sont intégrés les militants de la MOI (Main d’œuvre Immigrée). La MOI, structurée depuis le début des années 1920, permet aux jeunes travailleurs étrangers vivant en France de participer à la Troisième Internationale communiste sans dépendre directement du PCF. Les FTP-MOI sont surtout connus pour leurs actions en Région parisienne et le charisme de leurs chefs : le Roumain Boris Holban et l’Arménien Missak Manouchian.

 

En Zone sud, les FTP se développent également. A partir de novembre 1942 – date de l’invasion de la zone par les troupes allemandes – les FTP montent un Comité Militaire de la Zone Sud (CMZ). Parmi les responsables, il convient de citer : Boris Guimpel, Mathieu Puyo, Francisque Jommard. Le CMZ est maintes fois désorganisé par les rafles du responsable de la Gestapo de Lyon : Klaus Barbie.

 

Ainsi, partout en France, les maquis – généralement composés d’une trentaine d’hommes – se multiplient, comme les actions militaires : sabotages, exécutions de responsables SS et de la Wehrmacht ou simplement de soldats ; élimination de personnels du Régime de Vichy… Mais les exécutions peuvent aussi concerner des membres des FTP qui refusent obstinément de suivre la ligne du parti.

 

Les Forces Françaises de l’Intérieur.

 

Les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) est le nom donné en 1944 – la date de la fusion généralement retenue est le 23 décembre 1943 – à l’ensemble des groupements militaires clandestins qui s’étaient constitués pendant l’Occupation. Parmi ces groupements, on peut citer : l’Armée secrète, l’Organisation de résistance de l’armée, d’autres groupes moins importants et bien entendu les FTP.

 

L’Armée Secrète, créée en 1942, est un regroupement de résistants français. Cette organisation est issue du rassemblement des mouvements Combat, Libération-Sud et Franc Tireur. L’ORA (Organisation de résistance de l’armée), créée à la suite de l’invasion de la Zone Libre par la Wehrmacht en novembre 1942, est une organisation apolitique, formée principalement d’anciens militaires, souvent en provenance de l’Armée d’armistice (elle-même créée après la défaite de la France, comme unité militaire pour la Zone Libre). A ces mouvements, il convient d’ajouter le Conseil national de la Résistance (CNR) qui, à partir de 1943, sous l’impulsion de Jean Moulin, est l’organe qui dirige et coordonne les mouvements suivants : Front national ; Ceux de la Libération ; Libération-Sud ; Libération-Nord ; Ceux de la Résistance ; Organisation civile et militaire ; Franc Tireur.

 

En 1944, le COMAC (Comité d’action militaire) est constitué : il regroupe des représentants de la résistance intérieure (le CNR) et de la France Combattante – force extérieure, dont le bras armé est appelé, jusqu’en 1943, Forces Françaises Libres, avant de devenir l’Armée française de libération. Au sein de cette dernière organisation, le Gouvernement Provisoire de la République française, dirigé depuis Alger par le général de Gaulle, a nommé des représentants : un Délégué militaire national (en août 1944, il s’agit de Jacques Chaban-Delmas), secondé pour la Zone Nord par André Rondenay et Maurice Bourgès-Maunoury pour la Zone Sud.

 

Tous les mouvements armés implantés en France vont donc se regrouper pour engendrer les FFI. Reconstituer l’organigramme des FFI n’est pas chose aisée, tant les dissensions entre les différentes mouvances pouvaient être parfois importantes (dans de nombreuses régions la fusion ne se fera pas).

 

Il n’empêche qu’en avril 1944, un Etat-major est créé et à sa tête est nommé le général Marie-Pierre Koenig. Comme sur l’ensemble du territoire, un représentant militaire est nommé pour l’Ile-de-France. Il s’agit du colonel Henri Rol-Tanguy, ancien ouvrier métallurgiste, militant communiste et FTP. Son rôle est déterminant au moment de la libération de Paris.

 

Dans ses mémoires, le général américain Eisenhower indique : « l’aide apportée par les FFI fut estimée à l’équivalent de quinze divisions régulières ».

 

René Chalvidan.

 

René Chavildan nait le 26 août 1912 à Nîmes dans le Gard. A dix-neuf ans, il intègre l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr avec la promotion du Tafilalet (1931-1933, du nom de cette région du sud-est du Maroc, à la frontière algérienne, où des soldats français combattirent à plusieurs reprises). A la sortie de son école, il entre à la gendarmerie et y commence sa carrière d’officier. En 1944, alors capitaine commandant la caserne de gendarmerie Exelmans à Paris, il s’engage pour la libération de la capitale, dans les FFI.

 

Après le débarquement de Normandie en juin 1944 et la bataille de Normandie, les Alliés avancent assez rapidement en direction du sud et de l’est de la France. Apprenant ces nouvelles, les Parisiens se soulèvent à la mi-août 1944. La grève générale est déclenchée le 18 et bientôt les insurgés couvrent les rues de la capitale de barricades et s’en prennent aux garnisons allemandes aidées de membres de la Milice. Pauvrement armés, les FFI et autres résistants ne peuvent tenir longtemps. Avec l’accord du général de Gaulle, forçant la décision américaine, les blindés de la 2ème DB du général Leclerc quittent la Normandie précipitamment, contournent par l’ouest la Région parisienne et entrent dans la proche banlieue par le sud. L’enthousiasme de la population est tel qu’il ralenti la progression des militaires. Appuyés par la 4ème division d’infanterie américaine, les Français défont tout à tour les différents points d’appui allemands. Dans un délire total, ils pénètrent dans Paris par la porte d’Orléans le 24 août 1944.

 

Le lendemain, dans l’hôtel de ville de Paris, Charles de Gaulle prononce ces paroles historiques : « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! ». Malheureusement, René Chavildan n’est plus. Il est tombé sous les balles ennemies trois jours plus tôt. Marié, père de trois enfants, titulaire de la Croix de Guerre, il est l’un des mille-cinq-cent morts FFI de la libération de la capitale. Son nom est inscrit sur le monument aux morts du square des Martyrs de la Résistance du Plessis-Robinson.

  

 

Sources :

 

- Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.

- André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.

- Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.

- Site de « la Libération de Paris » par Gilles Primout.

- Site « Plaques commémorative » de François Tanniou.

- Le général Leclerc et sa deuxième DB, par Dominique Forget, Ed. Hemdal.

- Les enjeux de la Libération, par Christine Levisse-Touzé, Ed. Albin Michel.

- Les FTP, par Charles Tillon, Ed. Julliard.

- Les Fils de la nuit, par Albert Ouzoulias, Ed. Grasset.

- Dictionnaire historique de la Résistance, dirigé par François Marcot, Ed. Robert Laffont.

 

 

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Publié le 4 Mars 2011

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De gauche à droite : Michel Pagès, maire-adjoint en charge des anciens combattants ; André Labour, délégué général du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine ; François Leblanc-Barbedienne, président du comité ; Gisèle Thomas, présidente du comité d'entente des associations d'anciens combattants ; Jean-CHristophe Catez, trésorier du comité ; Eric Berdoati, député-maire de Saint-Cloud;

 

 

C'est dans le cadre prestigieux du Carré de Saint-Cloud, rue d'Orléans, que s'est déroulée le samedi 5 février 2011, l'assemblée générale du comité du Souvenir Français. Devant plus de cinquante personnes, les rapports moraux et financiers ont été présentés puis le président, François Leblanc-Barbedienne a rappelé l'importance du Devoir de Mémoire. Monsieur Eric Berdoati, député-maire, a ensuite dit quelques mots de soutien à l'action du Souvenir Français, indiquant qu'en ces temps troublés où la mémoire peut parfois faire défaut combien il est indispensable en France de se rappeler des sacrifices des uns et des autres pour que notre pays demeure un Etat libre,  indépendant et démocratique.

 

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