De l’efficacité des pigeons.
Au moment du conflit franco-prussien de 1870-1871, des pigeons permettent des communications entre le gouvernement en exil à Tours (puis Bordeaux) et la capitale. A la suite de cette expérience, l’armée française décide de créer deux centres d’instruction de colombophilie militaire à Coëtquidan et à Montoire.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, les troupes se déplacent sur des grandes distances, notamment grâce au train. Mais il n’est pas rare que des unités soient isolées. Comment envoyer des messages ? Le téléphone existe bien, mais il nécessite une installation de milliers de piquets et coûte de nombreuses vies humaines : les téléphonistes sont des cibles privilégiées pour des tireurs isolés !
Alors, et c’est vrai pour l’ensemble des belligérants, les pigeons voyageurs sont largement utilisés. Ils sont transportés dans des unités mobiles de campagne, des camions spéciaux, comme cela est montré sur la photographie, qui se déplacent au gré des besoins sur les différents fronts. Mais les pigeons peuvent également être lancés depuis des avions ou des navires. Au total, plus de 60.000 pigeons seront mobilisés pendant la Première Guerre mondiale.
Les pigeons ont leur reconnaissance officielle. Ils sauvent des milliers de soldats en prévenant d’une attaque imminente ou en transmettant l’ordre à une unité de changer de direction afin de ne pas tomber dans une embuscade. Certains pigeons deviennent des héros comme Vaillant, dernier pigeon du fort de Vaux en juin 1916, qui transmet un ultime message du commandant Raynal : « Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville, qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon ». Selon les versions, le pauvre animal, intoxiqué par les gaz, mourra juste après avoir délivré son message, ou plus paisiblement en 1929, année de la disparition du commandant Raynal !
La réaction ennemie.
Dans les zones occupées, les Allemands interdisent aux civils de lâcher des pigeons. Cela est régulièrement rappelé dans les journaux, et les peines peuvent aller jusqu’à la mort : « les personnes qui trouveraient des pigeons voyageurs sont tenues de les remettre à l’autorité militaire, faute de quoi elles seront suspectées d’espionnage et s’exposeront à des poursuites ; les infractions commises par négligence seront punies d’un emprisonnement pouvant atteindre 3 ans ou d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 10.000 marks ».
Des monuments.
Il existe au moins deux monuments à la gloire des pigeons voyageurs et de leur rôle pendant le premier conflit mondial : l’un est situé dans le parc Astrid à Charleroi en Belgique ; le second près du zoo de Lille.
Aujourd’hui, l’armée de terre a conservé une tradition de colombophilie, et possède un musée dédié à l’animal et à ses apports, situé au Mont Valérien, dans l’enceinte de la caserne du 8e régiment de transmissions. On peut y voir différents panneaux retraçant l’histoire de l’armée et de ses pigeons, de même que certains spécimens dont le fameux Vaillant, ainsi que sa distinction.
MUSÉE COLOMBOPHILE MILITAIRE : Mont Valérien - 92150 Suresnes.
Sources :
- Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
- Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
- Fonds ECPAD.
- Jean-Michel Derex, Le pigeon Vaillant, héros de Verdun, Paris, Éditions Pierre de Taillac, 2016, 32
- Jacques Ancel : Les travaux et les jours de l’Armée d’Orient, Paris, 1921.