La Garde nationale voit le jour au début de la Révolution française. Elle est constituée de miliciens (citoyens) dans chaque ville, à Paris comme en province. Son existence va durer jusqu’en 1871, aux lendemains de la Commune de Paris.
Création.
Avant la Révolution française, des Gardes bourgeoises sont chargées de défendre les biens et les personnes. Le 14 juillet 1789 voit la création d’une première Garde nationale. Les raisons en sont simples : la Municipalité et les Gardes Françaises (issues des Gardes bourgeoises) sont débordées par les troubles qui suivent l’annonce du renvoi de Necker, alors Ministre d’Etat de Louis XVI, après avoir été son directeur général des Finances. Les pillages se multiplient et les exactions sont nombreuses. De plus, des régiments royaux mais formés de mercenaires suisses et allemands, massés autour de Paris, font craindre un carnage. Aussi, la Municipalité de Paris décide d’établir cette Garde nationale. Elle compte d’abord 12.000 hommes et bientôt ce chiffre est porté à 48.000. Les volontaires sont issus de toutes les couches de la société. A défaut d’uniforme, les gardes portent la cocarde verte, couleur associée à la livrée de Necker. Puis, la couleur changera. Ce seront le bleu et le rouge de la ville de Paris. Le premier chef de cette Garde nationale est le marquis de La Fayette. Quelques jours plus tard, des Gardes nationales sont créées dans toutes les grandes communes du pays.
Sous le Premier empire.
Pendant tout le règne de Napoléon 1er la Garde nationale sert de réserve à l’armée. Elle peut être mobilisée en fonction des besoins des campagnes napoléoniennes. Ainsi, lors de la reprise de la guerre contre la Prusse, le 17 septembre 1806, l’Empereur ordonne la levée de 3.000 grenadiers et chasseurs de la Garde nationale de Bordeaux pour renforcer la défense des côtes.
Un décret, signé le 12 novembre 1806, signé à Berlin, réaffirme l’obligation de tous les Français, âgés de 20 à 60 ans, d’effectuer le service de la Garde nationale. Dans le même temps, son réaffirmées les exceptions suivantes : les hommes qui travaillent dans la fonction publique ; ceux qui travaillent pour l’administration centrale et les ecclésiastiques. Les autres peuvent se faire remplacer. Les compagnies de grenadiers et de chasseurs, composées si possible d’hommes de 20 à 40 ans, peuvent être appelées à effectuer un service intérieur dans les villes de plus de 5.000 habitants, ou un service militaire. Dans ce cas, elles sont assimilées aux troupes de ligne.
D’un empire à l’autre.
Sous la Restauration, le 15 mai 1814, le comte d’Artois est nommé colonel général des gardes nationales de France. Le général Jean-Joseph Desolles devient son major général tout en gardant le commandement de la garde parisienne.
Le 25 juillet 1830, Charles publie des ordonnances (liberté de la presse ; dissolution de l’assemblée nationale ; modification de la Charte ; modification du collège électoral ; nomination de conseillers d’Etat) qui provoquent la Révolution de Juillet. Le 29 du même mois, le marquis de La Fayette, alors âgé de 73 ans, est nommé de nouveau à la tête de la Garde nationale. Il rétablit celle de Paris. Deux jours plus tard, le 31, il accueille Louis-Philippe 1er à l’Hôtel de Ville de Paris. Devant les acclamations des contribuables en armes, ce dernier s’écrie, en embrassant La Fayette : « Cela vaut mieux pour moi que le sacre de Reims ! ». Cela souligne l’importance attachée à la milice bourgeoise du régime, garante de l’ordre public et de l’alliance de la Monarchie de Juillet et des propriétaires. Peu de temps après, la Garde nationale est réactivée dans toute le France pour mettre fin aux échauffourées.
Dix-huit ans plus tard, en février 1848, la Garde nationale reste passive face à la destitution du roi Louis-Philippe 1er. Elle obéit aux Républicains et se cantonne à maintenir l’ordre, principalement dans la capitale. En janvier 1849, un décret de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III et pour le moment tout nouveau premier président de la Seconde république, supprime la moitié des bataillons de gardes nationaux et réorganise les autres. En fait, il se méfie de la Garde. Les gardes nationaux mobiles sont définitivement licenciés le 31 janvier 1850. Il leur est reproché leur indiscipline et d’engendrer plus de discorde que d’en résoudre. Tout au long du Second empire (1852-1871), Napoléon III cantonne la Garde dans des tâches subalternes afin de réduire son influence libérale et républicaine.
La Guerre franco-prussienne.
Lors de l’éclatement de la guerre entre la France et la Prusse, en juillet 1870, la Garde nationale est d’abord faiblement mobilisée. Le décret du 16 juillet ne concerne que les gardes nationaux habitants les régions militaires du Nord, de l’Est et de la Région parisienne. Globalement, il y a une absence de préparation. Le 10 août, est votée une loi visant à compléter les forces des gardes sédentaires et mobiles (unités qui sont appelées à se déplacer au gré des demandes / batailles). Le 18 août 1870, une autre loi permet d’incorporer 40.000 jeunes supplémentaires. Le 23, les unités sont formées en régiments provisoires et le 29, l’ensemble est placé dans l’armée active. Ainsi, la Garde nationale est utilisée comme un ultime moyen de défense.
Le 4 septembre 1870, après la défaite de Sedan et la capture de l’empereur, le Gouvernement de la défense nationale est mis en place. Le 6, tous les électeurs de la ville de Paris sont convoqués. Les gardes nationaux, au nombre de 590.000, sont mobilisés pour le reste de la guerre et envoyés au front. Si des unités partent pour la Normandie, la Loire ou le Nord, d’autres restent dans Paris qui va être assiégée d’un moment à l’autre.
Dès lors, la Garde nationale parisienne est composée de 234 bataillons. Chaque compagnie compte environ 125 hommes. Les bataillons sont formés de quatre compagnies de marche (ou de guerre) et de quatre compagnies sédentaires. Les compagnies de guerre sont composées de volontaires et des gardes les plus jeunes ayant peu ou pas d’enfants. Les gardes des compagnies sédentaires restent à leur domicile. Un point de ralliement est fixé dans chaque quartier pour les besoins de leur service. Les gardes nationaux des compagnies de marche et sédentaires sont donc très proches des populations qu’ils représentent. Des bataillons spéciaux sont recrutés dans les administrations et services publics : Poste et télégraphes, Finances, Octroi, Banque de France, Chemins de Fer, etc.
Mais les choses s’enveniment. Dès octobre 1870, des gardes nationaux anarchistes créent des actions antigouvernementales. Durant toute la durée du siège, la garde sédentaire n’apporte aucune aide sérieuse. Des bataillons de gardes nationaux sont soumis à la propagande révolutionnaire. Entre le 1er février et le 3 mars 1871, 2.000 délégués élaborent puis adoptent les statuts d’une Fédération Républicaine de la Garde Nationale. Le 18 mars, le Gouvernement tente de faire reprendre par l’armée les canons appartenant à la garde nationale parisienne. C’est la révolte. Les gardes nationaux participent à la Commune, qui dure du 18 mars au 25 mai 1871. Mais cela se termine dans le sang, avec une répression massive des forces gouvernementales (les Versaillais), au prix d’exécutions sommaires, d’un grand nombre de fusillés et d’un nombre plus important encore de déportés (pour partie vers la Nouvelle-Calédonie).
Dissolution.
Le 25 août 1871, à la suite des événements de la Commune, la dissolution des gardes nationales dans toutes les communes de France est votée. Et la loi du 27 juillet 1872 prévoit que « tout corps organisé en armes et soumis aux lois militaires, fait partie de l’armée et relève du ministère de la guerre ». La Garde nationale n’existe plus.
Dans les Hauts-de-Seine.
Du fait de nombreuses batailles qui se sont déroulées sur l’actuel territoire des Hauts-de-Seine, à commencer par celle de Buzenval, les monuments qui rappellent la mémoire des Gardes nationaux sont nombreux. Il en existe (liste non exhaustive) à Boulogne, à Asnières, à Nanterre, à Clichy, à Rueil, à Garches, à Saint-Cloud, à Issy, à Châtillon, à Clamart, à Fontenay-aux-Roses.
A Colombes, plusieurs monuments rappellent le sacrifice d’enfants de la commune. L’un d’eux commémore le souvenir d’Eugène Cahanin, soldat au 36e bataillon de la Garde nationale, chevalier de la Légion d’honneur, décédé le 10 février 1871, des suites de blessures reçues à la bataille de Buzenval, un mois plus tôt.
Aujourd’hui.
En 2016, une nouvelle Garde nationale est créée (principalement du fait des attentats islamistes de 2015). Elle est la somme des réserves opérationnelles de premier niveau des armées et formations rattachées, de la gendarmerie nationale française et de la réserve civile de la police nationale.
Sources :
- Archives du Souvenir Français des Hauts-de-Seine.
- Encyclopédie Wikipédia.
- Dictionnaire Larousse en Six Volumes.
- Alain Decaux et André Castelot, Histoire de la France et des Français, Larousse.
- Charles Poisson, L'Armée et la Garde nationale. IV Tomes, Paris, 1858-1862.
- Roger Dupuy, La Garde nationale, 1789-1872, Gallimard, 2010.
- Serge Bianchi et Roger Dupuy (dir.), La Garde nationale entre nation et peuple en armes. Mythes et réalités. 1789-1871, Presses Universitaires de Rennes, 2006
- Georges Carrot, La Garde nationale (1789-1871) : Une force publique ambiguë, Éditions de l'Harmattan, coll. « Sécurité et société », 2001.
- Site internet : www.commune1871.org