Publié le 26 Mars 2025
Dans le cadre de son action de veille en direction des sites de vente sur Internet, Le Souvenir-Français récupère des objets dérobés sur des tombes de « Morts pour la France ».
Ce scandale mémoriel s’est amplifié ces dernières années et pose évidemment l’angoissante question du comportement citoyen, du respect dû aux morts et à leur mémoire ainsi que du lucre organisé sous pseudonymes.
Mais au-delà de ces considérations, Le Souvenir Français a décidé de redonner vie à certains de ces objets comme les drapeaux en les confiant à des établissements scolaires ou les plaques funéraires en les remettant au maire de la commune où est enterré le soldat déclaré « Mort pour la France ».
C’est ce qui fut fait ce samedi 22 mars, à Garches, dans le département des Hauts-de-Seine.
Madame la maire de la ville, Jeanne Bécart, accompagnée de plusieurs conseillers municipaux, a dévoilé avec le président général de notre association, Serge Barcellini, la plaque restaurée et encadrée du jeune garchois, Gaston Blaise, mort au champ d’honneur le 23 mars 1915.
Visible à la médiathèque de la ville, dans cette rue ou fut employé à la librairie de l’époque le jeune Gaston, la plaque est désormais ancrée dans une alcôve au-dessus des livres de Maurice Genevoix dont « Ceux de 14 » qui couvre – le savait-il à l’époque ? – l’histoire tragique du caporal Blaise.
Quelques jeunes vinrent partager ce moment d’émotion, de découverte et d’histoire avec l’évocation par le délégué général pour les Hauts-de-Seine de ce que furent les derniers mois du garchois de vingt ans dont le nom est inscrit dans le marbre du monument aux morts de la ville.
Évocation de la mort du caporal Gaston Blaise.
Nous sommes en mars 1915, cela fait déjà plus de 7 mois que par le jeu mortifère des Alliances, la Première Guerre mondiale qui deviendra la Grande Guerre a étendu son manteau de deuil sur une grande partie de l’Europe.
Toutes les familles de France vont connaître les ravages de ce conflit. Celles de Garches n’y échappent pas et parmi ses enfants dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts de la ville figure celui de Gaston Blaise, employé dans une librairie de cette Grande rue où nous sommes réunis.
Né en 1894, il a donc 20 ans lorsqu’il est mobilisé et rejoint le 168e régiment d’infanterie puis le 89e régiment d’infanterie qui doit déloger les Allemands installés depuis septembre sur la butte de Vauquois à l’ouest de Verdun. Haute de 290 mètres, elle domine parfaitement les plaines environnantes et sert d’observatoire pour le réglage de l'artillerie, permettant aux Allemands de couper la voie ferrée reliant Paris à Verdun. L’objectif étant de rendre difficile le ravitaillement par les Français de la place fortifiée de Verdun.
Les deux adversaires veulent à tout prix en devenir maître ou s'y maintenir. Cette butte justifie dès lors d’immenses sacrifices que l’on a du mal souvent à imaginer...
Les Allemands en ont fait une véritable forteresse, flanquée des pièces d'artillerie.
D'octobre 1914 à février 1915, les premières contre-attaques, menées à la baïonnette, sans préparation d'artillerie, vont permettre aux lignes françaises d’approcher aux abords Sud de la butte, mais au prix d'assauts intenses et de sacrifices humains inouïs. À partir du 17 février et jusqu'au 4 mars, les vagues d'attaques françaises successives finissent par épuiser la résistance allemande.
Les pertes sont lourdes : 3 000 tués ou disparus pour l'attaque du 28 février au 4 mars...
À la mi-mars, le front est enfin stabilisé dans la moitié sud du village, les positions françaises mieux protégées pour résister à une contre-attaque menée par les Allemands avec une arme nouvelle et terrifiante : le lance-flammes. La guerre de position s'impose et oblige les soldats à s'enterrer et creuser des kilomètres de galeries, de chambres, d'abris d'où partiront des vagues de combats pour infiltrer le réseau ennemi et lui infliger le plus de pertes possibles.
Cependant dans la nuit du 22 au 23 mars, des patrouilles ennemies aspergent de liquide incendiaire les lignes de la 19e brigade d’infanterie. Les régiments français reculent alors jusqu’à une position moins exposée aux flammes.
À 13h, le 89e régiment, aux côtés du 46e, reçoit l‘ordre de contre attaquer. Les Allemands sont délogés, notamment grâce à l’utilisation des crapouillots, c’est-à-dire des mortiers de tranchée (tel que le mortier de 58 mm T N°2) et leurs torpilles d'artillerie.
Gaston est gravement blessé au cours de cette journée du 23 mars. Il est évacué vers le Château de Salvange, dans la commune de Raréourt, transformé en ambulance et décède de ses blessures le 24 mars 1915 à deux heures du matin.
Voilà résumée l’histoire tragique de ce garchois auquel le Souvenir Français a souhaité rendre un hommage personnalisé en restituant à vous Madame la maire, cette plaque funéraire découverte sur un site de vente en ligne.
Claude Guy,
Délégué général du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine.
Clichés de la cérémonie et pour illustration du propos : mortier de 58 mm T2 avec sa torpille.