Publié le 28 Mars 2020
La guerre de 1870 ne fut pas que terrestre ! Prussiens et Français imaginèrent bien des scenarii : attaques sur la France par la mer du Nord d’un côté et débarquement en Allemagne de l’autre… Mais ses projets furent bien vite oubliés.
Cependant, des capitaines allemands décidèrent de défier les marins français : ainsi, en mer Baltique, le yacht Grille échangea des coups de canons avec un aviso français le 17 août 1870. Cela n’alla pas beaucoup plus loin. Au large de Brest, la corvette Augusta réussit à capturer trois navires marchands. Mais l’intervention de la frégate l’Héroïne obligea le navire allemand à se replier sur Vigo, en Espagne.
En fait, la canonnière Meteor livra le seul véritable combat naval du conflit.
Alors qu'il relâchait à Cuba, qui était colonie espagnole, la canonnière prussienne le Meteor fut découverte le 8 novembre par le navire français le Bouvet. Le capitaine de frégate Alexandre Franquet, commandant du Bouvet, lança un défi pour le lendemain à son homologue allemand, le Kapitänleutnant von Knorr, qui le releva. Le Bouvet quitta La Havane pour rejoindre les eaux internationales et attendre le Meteor qui arriva quelques heures plus tard, accompagné des bâtiments espagnols Hernán Cortés et Centinela, dont la mission était de s'assurer que le combat ne se déroulerait pas dans les eaux espagnoles, neutres.
Le Bouvet était plus rapide que son adversaire mais le Meteor compensait son manque de vitesse par une excellente manœuvrabilité. Le Bouvet avait été construit avec un surchauffeur à vapeur de chaudière placé sur le pont, sans aucune protection. Le capitaine Franquet, très conscient de la vulnérabilité de cette installation, avait fait édifier autour des protections de fortune avec des sacs de charbon et de sable et des chaînes.
Le combat commença à 14 h 30, lorsque le Bouvet ouvrit le feu à 4 000 mètres de son adversaire. Pendant les deux heures qui suivirent, les deux navires coururent sur deux lignes parallèles échangeant des bordées aux résultats insignifiants. Puis le Bouvet vira brusquement et se lança à pleine vitesse vers le Meteor afin de tenter une manœuvre d'éperonnage. Celle-ci réussit partiellement l'angle d'attaque étant mauvais, et le choc n’entraîna que la chute de la mâture du Meteor, dont le pont se couvrit de débris et de voilures mais qui eut surtout son hélice empêtrée dans les cordages. Les marins allemands essayèrent d'aborder le Bouvet mais ils ne purent mener à bien leur projet, car les deux navires ne restèrent en contact que quelques instants tandis que les Français, qui ne pouvaient faire usage de leur canon de proue trop ardu à manier, tiraient avec des fusils sur le pont adverse. Quasiment immobilisé, le Meteor était à la merci de son adversaire qui reculait pour prendre du champ et foncer à nouveau vers lui pour l'achever, lorsqu'un obus pulvérisa le surchauffeur du Bouvet. La vapeur s'échappant par le tuyau crevé, l'aviso s'immobilisa à son tour.
Hissant les voiles et bénéficiant d'un vent favorable, le Bouvet s'éloigna au plus vite du lieu du combat tandis que les marins prussiens s'affairaient frénétiquement pour libérer l'hélice du Meteor et se lancer à la poursuite du bâtiment adverse. Le Bouvet parvenant à rejoindre les eaux cubaines, les Espagnols intervinrent alors pour séparer les belligérants qui rentrèrent à La Havane.
Combat d'un autre âge où l'on se lançait des cartels, l'affrontement du Bouvet et du Meteor s'acheva sans vainqueur. Franquet fut promu capitaine de vaisseau en décembre 1870 et von Knorr reçut la Croix de Fer en 1871. Et il n’y eut plus de combats navals…
Sources :
- Encyclopédie Wikipédia.
- Colonel Rousset, Histoire générale de la Guerre franco-allemande, Editions Taillandier, 1911.
- René Chartrand, « La Havane, le 9 novembre 1870 : le Bouvet français contre le Météor prussien », Tradition magazine, no 236,
- Etienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Editions Taillandier.