temoignages-portraits - 1939-1945

Publié le 8 Novembre 2024

A Levallois-Perret, Damien Magnaval des Brigades internationales.

Damien Magnaval est né le 17 novembre 1904 à Murat (devenue Gourdon-Murat) en Corrèze. Il est le fils d’Adrien Léonard Magnaval et de Marguerite Peyrat.

Il exerce la profession de chauffeur de taxi sur Paris et sa région (il est même secrétaire de la chambre syndicale). L’autre particularité de Damien Magnaval est d’être membre du bataillon « Commune de Paris » de la 11e Brigade internationale en Espagne. Cette brigade étant appelée la « Marseillaise ».

Les Brigades internationales se sont battues aux côtés des républicains contre les rebelles nationalistes, lors de la guerre civile espagnole entre 1936 et 1938. Ces brigades étaient composées de volontaires antifascistes venus de 53 pays différents. Selon les estimations, entre 32.000 et 35.000 volontaires ont servi dans les Brigades internationales. Environ 15.000 sont morts au combat.

Les brigades avaient leur quartier général sur la base aérienne de Los Llanos à Albacete. Les volontaires ont participé à de nombreuses batailles, dont celle de Madrid en 1936, de Guadalajara et de Brunete (1937) et du front d’Aragon et de l’Ebre en 1938. Celles-ci furent dissoutes en 1938 par le gouvernement espagnol de Juan Negrin, qui estimait préférable d’avoir de meilleurs rapports avec la France et le Royaume-Uni afin d’obtenir des crédits supplémentaires, la levée de l’embargo sur les armes et le renvoi des volontaires étrangers qui soutenaient les nationalistes du général Franco.

En 1939, Francisco Franco, dont les troupes sont largement aidées par l’Allemagne hitlérienne et l’Italie mussolinienne, gagne la guerre civile.

Environ 9.000 Français ont été membres des Brigades internationales, dont André Malraux (futur ministre de la Culture sous le général de Gaulle) et Henri Rol-Tanguy (FFI – héros de la Libération de Paris), alors représentants du Parti communiste français. Environ 2.500 Français « brigadistes » sont morts pendant ce conflit, dont Damien Magnaval, tué le 25 juillet 1938, pendant la bataille de l’Ebre. Les brigadistes se sont battus pour leurs idées, pour la défense d’un gouvernement républicain espagnol, orienté à gauche et à l’extrême gauche. Ils ne sont pas morts pour la France.

Le nom de Damien Magnaval est inscrit sur la plaque du monument aux morts des chauffeurs de taxi qui se trouve dans le cimetière de Levallois-Perret : « La Chambre syndicale des cochers-chauffeurs du département de la Seine. En hommage à ses camarades chauffeurs de taxi parisiens tombés dans les luttes pour l’émancipation des travailleurs pour la liberté, pour la démocratie, pour la France et pour la République ».

 

 

Sources :

  • Site Mémoire des hommes du ministère des Armées.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial GenWeb – Contributions de Jean-François Monteil et de Dany Clemenceau-Magnaval (monuments de Gourdon-Murat en Corrèze) et d’élèves de la classe de 3e du collège Jean Jaurès de Levallois-Perret.
  • Site Commune 1871 (www.commune1871.org)

 

Lire la suite

Publié le 19 Mai 2024

Les Compagnons de la Libération des Hauts-de-Seine : à Clamart, Robert Quilichini.

Biographie.

Robert Quilichini est né le 27 décembre 1912 à Neuillé-le-Lierre en Indre-et-Loire.

Admis à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1930 (promotion Joffre), il en sort deux ans plus tard avec le grade de sous-lieutenant et est affecté au 4e régiment de tirailleurs sénégalais (4e RTS). Désigné pour l'Indochine en juin 1933, Robert Quilichini est muté au 9e régiment d'infanterie coloniale (9e RIC), puis, promu lieutenant en 1934, il quitte l'Indochine en 1936.

Désigné ensuite pour servir en AOF, il débarque à Dakar en juillet 1938 et rejoint le 8e bataillon de tirailleurs sénégalais (8e BTS).

Dès juin 1940, refusant l'armistice, le lieutenant Quilichini quitte le Dahomey et passe au Nigeria britannique. Il y rencontre notamment Henri Laurentie, secrétaire général du Tchad, envoyé par le gouverneur Eboué prendre contact avec les autorités anglaises. Robert Quilichini débarque au Cameroun, à Douala, dans la nuit du 26 au 27 août 1940, pour rallier le territoire avec le colonel Leclerc et une vingtaine d'hommes. Il est alors affecté au 1er régiment de tirailleurs du Cameroun (1er RTC) avec lequel il prend part à la campagne du Gabon. Promu capitaine, il passe, fin novembre 1940, au régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST). Bientôt affecté à l'Etat-major de la Colonne Leclerc il prend part aux campagnes du Fezzan, de Tripolitaine et de Tunisie où il est blessé par éclats de mine, le 24 février 1943, au cours des combats de Ksar Rhilane. Le lendemain, il est évacué sur l'Egypte avant de suivre une longue convalescence d'un an en Afrique du Nord.

Nommé chef de bataillon, Robert Quilichini est affecté à la tête du 1er Bureau de l'Etat-major de la 2e Division blindée et fait mouvement avec son unité vers l'Angleterre en mai 1944. Le 1er août, il débarque à Arromanches avant de d'obtenir, un mois plus tard et après de multiples demandes, le commandement du 1er Bataillon du régiment de marche du Tchad (RMT). Faisant preuve d'un grand sens tactique, il se distingue notamment pendant les campagnes des Vosges et d'Alsace, nettoyant le terrain boisé entre Meurthe et Vezouze, traversant Sarrebourg sous un feu meurtrier et passant le premier la Sarre à Sarraltroff, enlevant d'un seul élan les puissantes défenses de Mittelbronn, bastion avancée de la défense du col de Saverne.

Il termine la guerre au grade de lieutenant-colonel.

En 1946, il est désigné pour prendre le commandement des Troupes françaises de Chine au Yunnan. En 1947, il est affecté en Allemagne et, l'année suivante, en Afrique où il prend le commandement du Détachement motorisé autonome de l'AEF. En 1952, Robert Quilichini passe quelques mois au cabinet du chef d'Etat-major de l'Armée avant de retrouver, avec le grade de colonel, le commandement en Indochine du secteur de Son Tay.

Adjoint au général commandant les territoires du Sud Algérien en 1955, il reçoit ses étoiles de général de brigade en 1960 et devient commandant supérieur des Forces armées de la Côte française des Somalis. Commandant supérieur interarmées du groupe Antilles-Guyane en 1965, Robert Quilichini est en 1969, avec le grade de général de division, commandant des Troupes françaises de l'Afrique centrale. Promu général de corps d'armée, il est nommé, en 1970, inspecteur des Troupes de Marine avant d'être admis, en 1972, en 2e Section (réserve).

Robert Quilichini est décédé le 20 septembre 1979 à Bayonne. Il est inhumé à Clamart dans les Hauts-de-Seine.

 

Distinctions.

  • Grand Officier de la Légion d'Honneur
  • Compagnon de la Libération - décret du 12 juin 1945
  • Grand-Croix de l'Ordre National du Mérite
  • Croix de Guerre 39/45 (6 citations)
  • Croix de Guerre des TOE (3 citations)
  • Croix de la Valeur Militaire
  • Médaille Coloniale avec agrafes "Fezzan", "Tripolitaine", "AFL", "Tunisie", "E-O"
  • Croix du Combattant 39/45
  • Croix du Combattant Volontaire 39/45
  • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
  • Médaille des Blessés
  • Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
  • Médaille Commémorative 39/45
  • Médaille Commémorative d'Indochine
  • Médaille Commémorative des Opérations de Sécurité et du Maintien de l'Ordre en AFN
  • Commandeur du Nicham Iftikar (Tunisie)
  • Grand Officier du Million d'Eléphants (Laos)
  • Grand Officier du Parasol Blanc (Laos)
  • Commandeur du Dragon d'Annam
  • Commandeur de l'Etoile Noire (Bénin)
  • Commandeur du Ouissam Alaouite (Maroc)
  • Commandeur de l'Etoile d'Anjouan

 

© Ordre de la Libération.

 

Lire la suite

Publié le 15 Décembre 2023

Le dernier SOE s’en est allé.

Le 18 janvier 2023, sur ce site, nous évoquions la disparition de Marcel Jaurant-Singer, dernier SOE français. Pour vous remémorer ce héros de la Seconde Guerre mondiale, il faut vous rendre sur ce lien : https://www.souvenir-francais-92.org/2023/01/marcel-jaurant-singer-de-sevres-dernier-soe-francais.html

Le 11 décembre dernier, Willy Beauclerk, vice-président de l’association Libre Résistance, dédiée, entre autres, à la mémoire des SOE et de la Section F, nous informait de la disparition de Pippa Latour, dernière SOE de la Seconde Guerre mondiale.

Willy Beauclerk : « C’est avec tristesse que nous avons appris le décès du dernier membre du SOE, Pippa Latour, qui vivait à Auckland en Nouvelle-Zélande, à l’âge de 102 ans. D’origine sud-africaine, elle avait reçu une formation d’opérateur radio et avait été parachutée au début de l’année 1944 dans la zone située juste derrière les aires d’atterrissage. Son arrivée sur le terrain avait été annoncée par un message diffusé par la BBC – « Le vin rouge est meilleur » – aux premières heures du 2 mai 1944, lorsqu’elle a été parachutée d’un bombardier de l’USAAF en Normandie occupée par les Allemands. Elle travaillait sous divers pseudonymes, dont Geneviève, Lampooner, Paulette ou le moins subtil Routal, et sa tâche consistait à être la radiotélégraphiste du réseau Scientist II, dirigé par les frères et sœurs Lise et Claude de Baissac. Elle effectue de nombreuses missions et envoie plus de 135 messages à Londres.

Pippa Latour a été nommée MBE (division militaire) et a reçu la Croix du guerre (avec palme de bronze) ».

 

Sources :

Encyclopédie Wikipédia.

Association Libre Résistance.

Les Amis de la Fondation de la Résistance.

Archives du Souvenir Français (siège).

Archives du Souvenir Français (Délégation générale des Hauts-de-Seine).

 

Association Libre Résistance

302, avenue Georges Clemenceau

78670 Villennes-sur-Seine

Le dernier SOE s’en est allé.

Lire la suite

Publié le 16 Août 2023

Guy Hémery de Clamart et les fusillés de la cascade de Boulogne.

Le 16 août 1944, 35 jeunes gens, âgés de 18 à 22 ans, sont fusillés derrière l’étang du Réservoir, après être tombés dans un traquenard qui aboutit à leur arrestation. Ils appartiennent à cinq organisations différentes : membres des Forces françaises de l'intérieur, francs-tireurs et partisans de la ville de Chelles, membres de l'Organisation civile et militaire de la jeunesse, Jeunes Chrétiens Combattants et membres du réseau Turma Vengeance. Tous veulent participer à la libération de Paris (25-26 août). Ils acceptent une mission de transport d'armes proposée par un soi-disant agent de l'Intelligence Service. C'est sans armes qu'ils se rassemblent à un rendez-vous place des Ternes. A peine arrivés sur place, ils sont encerclés par la Gestapo puis conduits au siège de celle-ci où ils sont gardés et interrogés jusque vers 22 heures, avant d'être emmenés à la Cascade et fusillés.

 

Les 35 fusillés.

  1. Fernand Bellenger (JCC)
  2. Jacques Bernard (OCM)
  3. Roger Bernard (OCM)
  4. Pierre Bezet (Turma-Vengeance)
  5. Charles Birette (Turma-Vengeance)
  6. Henri Blanchet (Turma-Vengeance)
  7. Claude Bouvelle (FFI)
  8. Paul Buchaillot (FFI)
  9. Robert Chalard (FFI)
  10. Raymond Counil (FFI/FTP)
  11. Jacques Delporte (Turma-Vengeance)
  12. Jean Desfarges (JCC)
  13. Arthur de Smet (Turma-Vengeance)
  14. Marcel Douret (FFI/FTP)
  15. Jean-Pierre Dudraisil-Élie (JCC)
  16. René Faugeras (FFI/FTP)
  17. Bernard Gante (FFI/FTP)
  18. John Gay (JCC)
  19. Maurice Guilbert (FFI/FTP)
  20. Guy Hémery (OCM)
  21. Franck Hemon (FFI/FTP)
  22. Michel-Henri Huchard (JCC)
  23. Georges Lorioz (FFI)
  24. Robert Magisson (FFI/FTP)
  25. Jacques Restignat (JCC)
  26. Pierre Rouillon (JCC)
  27. Pierre Sarrabayrouse (JCC)
  28. Jacques Schlosser (Turma-Vengeance)
  29. Maurice Thibairenq (JCC)
  30. Georges Trapletti (FFI/FTP)
  31. Luigi Vannini (FFI/FTP)
  32. Roland Verdeaux (Turma-Vengeance)
  33. Gabriel Verdier (FFI/FTP)
  34. Jean Veron (FFI)
  35. Pierre Weczerka (Turma-Vengeance)

 

Hommages.

Dès 1945, une souscription publique est lancée : elle donne lieu à la construction d’un monument commémoratif (voir photographie), autorisé par une délibération du conseil municipal de Paris. Tous les noms des victimes sont gravés ; non loin se trouve un chêne. Il porte des traces de balles et l’inscription : « Passants, respectez ce chêne : il porte les traces de balles qui ont tué nos martyrs ».

Le 16 mai 2007, jour de son investiture, le président Nicolas Sarkozy vient s’y recueillir. Chaque année de nombreuses associations, dont évidemment Le Souvenir Français, et des patriotes viennent rappeler cet acte barbare et honorer la mémoire des fusillés.

 

Au cinéma.

Cet épisode tragique de la Seconde Guerre mondiale est une scène du film de René Clément : « Paris brûle-t-il ? » : Jean-Louis Trintignant joue le rôle de l’agent double qui piège les résistants (Michel Sardou et Patrick Dewaere font de la figuration comme résistants).

 

Guy Hémery.

Guy Hémery nait à Clamart le 12 mai 1923. Etudiant, il est alors le responsable régional de l’OCM (Organisation civile et militaire – mouvement résistant créé dès décembre 1940 et qui sera l’une des sept organisations constitutives du Conseil National de la Résistance en 1943).

Guy Hémery n’en est pas à son coup d’essai : il a été l’un des étudiants qui ont défié l’occupant nazi, place de l’Etoile, le 11 novembre 1940. Arrêté à Toulouse en 1942 pour faits de résistance, il s’est évadé en octobre 1943. Au printemps 1944, Hémery fait partie de ceux qui rencontrent le capitaine Jack, qui se fait passer pour un officier anglais, alors qu’il s’agit de Guy Glèbe d’Eu, membre français de la Gestapo. Les supérieurs d’Hémery le mettent en garde : une livraison de plusieurs tonnes d’armes est suspecte. Il ne faut pas aller au rendez-vous de Jack. Mais Hémery n’écoute que la fougue de sa jeunesse et tombe dans le piège…

Réfugié au Danemark, Eu sera arrêté en décembre 1945, remis à la police française qui le condamnera en avril 1949. Il sera fusillé le 20 avril suivant au fort de Montrouge. Il avait dénoncé plus d’une centaine de résistants…

 

Sources :

Lire la suite

Publié le 7 Juillet 2023

A Léon Gautier, dernier survivant du commando Kieffer.

Léon Gautier nait à Rennes le 27 octobre 1922. Apprenti carrossier au début de la guerre, il s’engage à 17 ans dans la Marine, seule arme à l’accepter alors qu’il est mineur.

Il est affecté à des missions de défense du port de Cherbourg. Puis, embarqué sur le Courbet, il débarque à Portsmouth. Peu après son arrivée sur le sol anglais, il apprend l’existence de la France libre, qu’il décide de rejoindre à Londres. Le 14 juillet 1940, Léon Gautier est du défilé des soldats français devant le général de Gaulle et le roi George VI. Par la suite, il effectue des missions dans l’océan Atlantique puis en Afrique et au Moyen-Orient.

En 1943, volontaire pour intégrer un des commandos du lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer, il part s’entraîner à Achnacarry en Ecosse. Le 6 juin 1944, il débarque avec son unité sur la plage Sword, commune de Colleville (devenue Colleville-Montgomery). Les objectifs consistant à prendre le central téléphonique et le bunker de Ouistreham, pour ensuite atteindre le Pegasus Bridge. Léon Gautier est alors l’un des 177 membres des commandos Kieffer. Durant 78 jours, il va participer à la libération de la Normandie. Blessé à la cheville, il ne poursuit pas l’aventure aux Pays-Bas (terrible bataille de la Chaussée de Walcheren).

Démobilisé après la guerre, il épouse Dorothy Banks, une Britannique du corps des transmissions qu’il avait rencontrée à son arrivée en Angleterre. Ils auront deux enfants. Le couple rejoint la Grande-Bretagne et Léon Gautier reprend son travail de carrossier. Métier qu’il va exercer un temps en Afrique pour le compte de la Compagnie française de l’Afrique occidentale.

A la retraite, Léon Gautier s’installe à Ouistreham, non loin de là où il débarqua en 1944, et passe une grande partie de son temps entre le Devoir de Mémoire, notamment auprès des écoles, et la gestion du musée du N°4 Commando, en tant que président de l’Amicale des anciens du Commando Kieffer.

A compter du 17 avril 2021, date de la mort d’Hubert Faure, il est le dernier membre du Commando Kieffer encore en vie. En 2019, le président Macron le place à l’honneur à l’occasion du 75e anniversaire du Débarquement.

Le 3 juillet 2023, Léon Charles Alexandre Gautier meurt à l’âge de 100 ans. Ses obsèques sont célébrées ce jour, vendredi 7 juillet, avec un hommage national et en présence de nombreuses personnalités dont le Président de la République.

 

Le commando Kieffer.

L’expression « commandos Kieffer » désigne a posteriori les soldats du 1er bataillon de Fusiliers Marins Commandos (1er BFMC), créé au printemps 1942 en Angleterre par la France libre du général de Gaulle. Le commandant de l’unité est Philippe Kieffer. Intégré à la Special Service Brigade, dans le commando interallié n°10, l’unité est détachée dans le commando britannique n°4 au Jour J. Les 177 soldats français de l’unité sont nos seuls compatriotes à fouler le sol de la mère-patrie en ce 6 juin 1944.

Ce jour-là, l’unité perd 10 tués ; 10 autres le sont quelques jours plus tard dans le cadre de la bataille de Normandie. Seuls 24 hommes sur 177 sortiront de cette bataille sans blessures.

A l’issue de celle-ci, le commando est envoyé aux Pays-Bas. Considérée comme unité alliée, placée sous commandement britannique, les survivants ne recevront la Légion d’honneur que soixante ans plus tard. Les commandos marine de la Marine nationale et le commando Kieffer, nouvelle unité créée en 2008, sous les héritiers du 1er bataillon de fusiliers marins commandos.

 

A Léon Gautier, dernier survivant du commando Kieffer.

Lire la suite

Publié le 6 Mai 2023

La capitulation allemande et l’ordre du jour n°9.

La capitulation du Troisième Reich s’est déroulée en deux temps : une première version a été signée à Reims le 7 mai 1945 à 2h41 ; à la demande de l’Union Soviétique, elle est signée une seconde fois, à Berlin le 8 mai 1945 à 23h00. A cette heure-là, il était 1h00 du matin à Moscou, qui a donc pris la date du 9 mai comme jour de commémoration.

 

Texte de la capitulation allemande du 8 mai 1945.

acte de capitulation militaire

1. Nous, soussignés, agissant au nom du Haut Commandement allemand, déclarons par la présente que nous présentons la reddition sans condition, au commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et simultanément au Haut Commandement suprême de l'Armée rouge, de toutes les forces terrestres, navales et aériennes qui sont à ce jour sous contrôle allemand.

2. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement l'ordre, à toutes les autorités militaires terrestres, navales et aériennes allemandes et à toutes les forces sous contrôle allemand, de cesser leurs actions de combat à 23 h 1 de l’Europe centrale le 8 mai, de rester sur les positions qu'elles occupaient à ce moment et de se désarmer complètement, remettant leurs armes et équipements aux commandants alliés ou aux officiers locaux désignés par les représentants des commandements suprêmes alliés. Aucun bateau, navire ou avion ne doit être sabordé, ou aucun dommage ne doit être fait à leur coque, machines ou équipement, ainsi qu'aux machines de toutes sortes, aux armements, appareils et à tous les moyens techniques permettant la poursuite de la guerre en général.

3. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement aux commandants concernés tous nouveaux ordres publiés par le commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et par le Commandement suprême de l'Armée rouge, et il s'assurera de leur bonne exécution.

4. Cet acte de reddition militaire ne tient pas compte de tout éventuel nouvel acte de reddition général imposé par les Nations unies ou en leur nom et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées allemandes dans leur ensemble, lequel nouvel acte remplacera le précédent.

5. Si le Haut Commandement allemand ou toute force sous son contrôle n’agissaient pas selon les termes de cet acte de reddition, le commandant en chef de la Force Expéditionnaire Alliée et le Haut Commandement suprême de l'Armée rouge exerceraient toutes actions punitives ou autres comme ils le jugeraient opportun.

6. Le présent acte est établi en anglais, russe et allemand. Seuls les textes anglais et russe font foi.

Signé à Berlin, le 8 mai 1945.

 

Keitel

Von Friedeburg

Stumpff

Pour le Haut Commandement allemand

En présence de :

Air chief marshal A. W. Tedder, au nom du Haut Commandement suprême de la Force expéditionnaire alliée

G. Joukov, au nom du Haut Commandement suprême de l’Armée rouge

A la signature étaient également présents comme témoins :

J. de Lattre de Tassigny, général commandant en chef la 1ère armée française

Carl Spaatz, général, commandant des Forces stratégiques aériennes des Etats-Unis

 

Puis le général de Lattre de Tassigny fait publier l’Ordre du Jour N°9, au nom de la Première armée française, surnommée Rhin et Danube. Depuis quelques années déjà, le Souvenir Français a repris l’association issue de cette armée, et a donc pour devoir de rappeler cet ordre du jour, que voici :

« Officier, Sous-officiers, Caporaux et Soldats de la Première Armée Française,

Le jour de la Victoire est arrivé.

A Berlin, j’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l’acte solennel de la capitulation de l’Allemagne.

Dignes de la confiance de notre Chef Suprême, le Général de Gaulle, libérateur de notre Pays, vous avez, par vos efforts, votre ferveur, votre héroïsme, rendu à la Patrie son rang et sa grandeur.

Fraternellement unis aux soldats de la Résistance, côte à côte avec nos camarades alliés, vous avez taillé en pièces l’ennemi, partout où vous l’avez rencontré.

Vos drapeaux flottent au cœur de l’Allemagne.

Vos victoires marquent les étapes de la Résurrection Française.

De toute mon âme, je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-même comme à celle de vos exploits.

Gardons pieusement la mémoire de nos morts. Généreux compagnons tombés au champ d’honneur, ils ont rejoint dans le sacrifice et la gloire pour la Rédemption de la France, nos fusillés et nos martyrs.

Célébrons votre victoire : victoire de Mai, victoire radieuse de printemps, qui redonne à la France la Jeunesse, la Force et l’Espoir.

Soldats vainqueurs, vos enfants apprendront la nouvelle épopée que vous doit la Patrie.

Berlin, le 9 mai 1945.

Le Général d’Armée DE LATTRE DE TASSIGNY,

Commandant en Chef de la Première Armée Française. »

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Traduction française du texte original en anglais.
  • Crédit photographique : journal Regards, 15 mai 1945.

Lire la suite

Publié le 18 Janvier 2023

Marcel Jaurant-Singer, de Sèvres, dernier SOE français.

Le SOE.

Juillet 1940. Le Premier ministre britannique, Winston Churchill, est à la recherche d’une manière de matérialiser l’une de ses saillies les plus célèbres : « Foutons le feu à l’Europe ! ». Il décide alors de créer le Special Operation Executive (SOE – Direction des Opérations Spéciales). Ce service a pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance dans tous les pays en guerre contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Si en Europe, le nom de SOE est retenu, il prend celui de « Force 136 » en Asie où ses membres combattent les Japonais*.

Les modes opératoires sont les suivants : sabotages d’installations militaires allemandes dans les pays occupés ; assassinats de soldats ; déraillement de convois de troupes ; désinformation de l’ennemi. Les agents du SOE sont envoyés par tous les moyens et, sur place, prennent contacts avec les groupes de résistance ou parfois en suscitent même la création.

Mais les agents sont aussi là pour accompagner, ou ramener, des soldats, des résistants ou des personnalités comme Jean Moulin, Pierre Brossolette, Jean de Lattre de Tassigny ou encore André Dewravin.

Les agents du SOE sont recrutés parce qu’ils sont originaires du pays où ils vont œuvrer, et qu’ils parlent parfaitement anglais, et qu’ils sont prêts à tout pour remplir leur mission. Parmi les SOE français les plus célèbres, il convient de citer, entre autres, l’officier parachutiste Georges Bégué, Gerry Morel, Violette Szabo (se reporter sur l’article la concernant : https://www.souvenir-francais-92.org/2021/10/a-levallois-perret-hommage-a-une-grande-dame.html ), Georges Hiller, Pierre de Vomécourt, Jean Pierre-Bloch, bien entendu Robert Maloubier et Marcel Jaurant-Singer.

 

Marcel Jaurant-Singer.

Marcel Jauran-Singer nait le 27 mai 1921 à Neuilly-sur-Seine, au sien d’une famille profondément patriote. Dès 1940, les parents du jeune Marcel s’investissent dans la résistance.

Sa mère, Marie Jaurant, devient une permanente du réseau d’évasion VIC, sous le nom de « Germaine », alors que son père, Marcel Singer, est affecté à la censure des journaux financiers et des périodiques, ce qui lui permet d’avoir l’information « à la source ». Mais ne pouvant cacher son antipathie vis-à-vis du nazisme, il est interné d’abord à Châteauroux puis en Ardèche et enfin à Lyon. Là, il est logé dans une chambre par mesure de clémence car il sort d’une grève de la faim. Cette chambre est située au milieu de celles de policiers, souvent compréhensifs. Aussi le résistant peut-il recevoir et échanger des informations et des documents.

Le fils, Marcel Jaurant-Singer, poursuit quant à lui ses études et profite de fréquents déplacements entre Paris et Lyon pour acheminer des messages. Après plusieurs missions, le jeune homme rejoint Londres et entre au SOE afin d’y recevoir une formation de parachutiste, de saboteur et de radio-opérateur.

Dans la nuit du 2 au 3 mars 1944, Marcel est parachuté avec une vingtaine de conteneurs de matériels dans la région de Roanne en compagnie du chef du réseau Porthos-Mason implanté dans le Chalonnais. Il est hébergé chez différentes personnes et le 20 mars installe son premier poste radio à Bissey-sous-Cruchaud (Saône-et-Loire) chez un vigneron. Ainsi, il créé un réseau de stations radios et organise ses tournées à bicyclette.

Toujours aidé par des habitants particulièrement courageux, Marcel Jaurant-Singer forme des locaux au maniement des appareils ; sept opérateurs sont alors recrutés dans un centre technique de Vichy, qui rejoindront d’autres réseaux. La liaison avec Londres est constante. De plus, Marcel est chargé de petites missions militaires. En septembre 1944, Marcel repart pour Londres et passe du SOE britannique au BRAL (Bureau de Renseignements et d’Action de Londres) français, antenne du BCRA restée en Grande-Bretagne. Enfin il intègre la DST et la DGER.

Démobilisé en décembre 1945, il entame une carrière de haut fonctionnaire international, à l’Agence Interalliée des Réparations et Autorité de la Ruhr puis à la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) avant de devenir diplomate au sein des ambassades de France à Berne puis à Ottawa. Il termine sa carrière en 1981.

Marcel Jaurant Singer meurt le 28 décembre 2022 dans la 102ème année. Il a été inhumé au cimetière de Sèvres le 5 janvier 2023 dans la stricte intimité familiale.

Il était le dernier survivant français du SOE.

 

Pour mémoire, le Souvenir Français avait réalisé un long entretien, par Marion Munch, de Marcel Jaurant-Singer, le 14 juin 2018, au siège de l’association. Vous pouvez retrouver l’intégralité des échanges sur ce document.pdf : https://le-souvenir-francais.fr/wp-content/uploads/2019/07/Entretien-avec-Marcel-Jaurant-Singer.pdf

 

Enfin, une association est très active pour la mémoire du SOE en France ; il s’agit Libre Résistance, installée à Villennes-sur-Seine : https://www.libreresistance.com/fr/accueil/

 

*- Sur ce site, plusieurs articles ont été écrits sur la Force 136. Parmi les Français les plus connus de ce service figuraient notre ami Bob Maloubier (SOE puis Force 136), le colonel Jean Sassi et l’écrivain Pierre Boulle.

 

Sources :

Encyclopédie Wikipédia.

Encyclopédie Larousse.

Les Amis de la Fondation de la Résistance.

Archives du Souvenir Français (siège).

Archives du Souvenir Français (Délégation générale des Hauts-de-Seine).

 

Crédits photographiques :

Site national du Souvenir Français : www.le-souvenir-francais.fr

Site Le Paratonnerre – www.leparatonnerre.fr

Site Youtube – www.youtube.com

Journal Suisse La Liberté – www.laliberte.ch

Site Wikipedia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Special_Operations_Executive

Marcel Jaurant-Singer, l'insigne des SOE et Churchill s'essayant à la mitraillette..
Marcel Jaurant-Singer, l'insigne des SOE et Churchill s'essayant à la mitraillette..
Marcel Jaurant-Singer, l'insigne des SOE et Churchill s'essayant à la mitraillette..
Marcel Jaurant-Singer, l'insigne des SOE et Churchill s'essayant à la mitraillette..

Marcel Jaurant-Singer, l'insigne des SOE et Churchill s'essayant à la mitraillette..

Lire la suite

Publié le 18 Juillet 2022

A André Balcou, de Marnes-la-Coquette.

André Balcou nait à Paris le 11 mars 1920. A l’âge de 18 ans, il s’engage dans l’aviation à Versailles et signe un contrat de trois ans. D’abord affecté à Istres, au Bataillon de l’Air, il est transféré à Châteauroux le 28 août 1939.

Le 18 septembre 1939, il est affecté à l’École Auxiliaire de Pilotage de Nîmes. Une année plus tard, il est envoyé à la Base Aérienne de Salon-de-Provence. Le 15 avril 1941, il est affecté à l’Escadrille de Chasse 565 ; celle-ci a pour caractéristique d’avoir été créée quelques mois plus tôt (7 janvier 1941) sur l’île de Madagascar et a pour base la ville de Diego-Suarez (nord de l’île).

L’unité est équipée de Morane Saulnier 406. Mais elle n’existera que peu de temps, car début mai 1942, les Anglais débarquent à Madagascar et s’en emparent, le gouverneur français étant resté fidèle au régime de Vichy. Les combats vont durer quelques mois et bientôt un nouveau gouverneur général – Paul Legentilhomme – sera placé au nom de la France Libre.

André Balcou profite de ce débarquement pour signer un contrat avec les Forces Aériennes de la France Libre (FAFL) le 15 novembre 1941. Il rejoint l’Angleterre et reçoit le grade d’adjudant. Le 1er mai 1943, il se porte volontaire pour le Groupe de Combat 3 Normandie opérant sur le front soviétique. Comme tous les pilotes sous-officiers, il est nommé aspirant avant de rejoindre sa nouvelle unité. Il fait partie du contingent de renfort destiné à combler les sévères pertes de l'unité. Le 20 juillet 1943, sous les ordres du commandant Pierre Pouyade, il rejoint enfin le GC3 Normandie, sur la base de Kathionki.

Le 19 septembre 1943, il abat un Ju87 Stuka. Le lendemain, il est tué lors d'un engagement contre un FW190. Il s'abat près du village de Kniaje-Sélo, près d'Ilena. Les Russes l'enterrent alors près du village. En 1953, avec dix autres dépouilles de pilotes français tombés en Russie, sa dépouille sera ramenée en France et inhumée à Béziers.

Son nom est inscrit sur les monuments suivants :

  • Le Mémorial de l’escadrille Normandie-Niemen des Andelys (Eure).
  • Les plaques commémoratives de la mairie de Béziers (Hérault).
  • Le monument aux Morts et la plaque de la mairie de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine).
  • La stèle commémorative du régiment de chasse Normandie-Niemen du Bourget (Seine-Saint-Denis) et celle de Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne).
  • La plaque commémorative Normandie-Niémen de Moscou et celle de Polotniany Zavod (Russie).

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Site « Memorial GenWeb », fiche individuelle d’André Balcou, relevés de Jean-Claude Vachet, François Passarella, Philippe Frilley, Liliane Haffreingue, Jean-Claude Jorand, Claude Richard, Patrick Malevergne et Thierry Prunier.
  • Site « Mémoire des Hommes », du Ministère des Armées.

Lire la suite

Publié le 15 Mars 2022

A la mémoire de Marie-Emile (Mary) Besseyre, de Vanves.

Marie-Emile (on écrit aussi Mary) Besseyre nait le 7 octobre 1907 à Auxon dans l’Aube. Fils d’un vigneron et d’une manouvrière, il devient peintre en bâtiment puis s’engage en 1936 aux côtés des Républicains espagnols, au sein de la 13e brigade internationale. Il revient en France en août 1937. Secrétaire de section communiste à Vanves (alors dans le département de la Seine, devenu depuis Hauts-de-Seine), Marie-Emile rejoint le parti dans la clandestinité en 1941 et devient l’un des chefs des Francs-Tireurs et Partisans Français parisiens, avec Raymond Losserand et Gaston Carré. Il est également l’un des dirigeants du parti communiste de la Région parisienne. Blessé lors de la manifestation du 14 juillet 1941, il est hospitalisé, interné à la prison de la Santé puis finalement relâché.

Le 13 mai 1942, il est de nouveau arrêté pour ses activités de résistance. Quelques jours plus tard, le réseau auquel il appartient est anéanti par la Brigade spéciale de la préfecture de police de Paris (brigade dédiée à la traque des « ennemis de l’intérieur »). La plupart des membres sont envoyés à la prison de Fresnes puis à la Santé.

Le 21 octobre 1942, le commandant Mary Besseyre, Raymond Losserand, Gaston Carré et sept autres de leurs camarades sont fusillés au Stand de Tir d’Issy-les-Moulineaux (ancien stand de tir de la police parisienne).

Marie-Emile Besseyre avait épousé en secondes noces Antoinette Tressart. Le 13 mai 1942, elle est arrêtée en même temps que son époux. Internée à Romainville puis déportée à Auschwitz, Ravensbrück et Mauthausen, elle est libérée en avril 1945 et deviendra plus tard première adjointe à la municipalité de Vanves. Municipalité qui renommera la rue de la Croix à Vanves en rue Mary Besseyre.

Aujourd’hui encore, la mairie de Vanves a pour adresse le 23 rue Mary Besseyre.

 

Sources :

A la mémoire de Marie-Emile (Mary) Besseyre, de Vanves.

Lire la suite

Publié le 7 Janvier 2022

A La Garenne-Colombes : disparition de Claude Collas.

A La Garenne-Colombes, Pierre Lucas, président du Comité d’Entente des Associations patriotiques et président de la section ACPG-CATM, nous a informé de la disparition d’un grand ancien de la Seconde Guerre mondiale : Claude Collas, qui vient de s’éteindre à l’âge de 96 ans.

Au cours de l’été 2017, le journal communal de La Garenne-Colombes relatait un portrait saisissant de Claude Collas. Nous remercions son rédacteur, Christophe Taamourte de nous avoir permis la reproduction dudit article ci-après :

« Avis aux historiens : s’ils recherchent un récit singulier, précis et documenté de la Seconde Guerre mondiale, c’est à La Garenne-Colombes, avenue Gabriel-Péri, qu’ils doivent se rendre. Claude Collas a tout conservé : les lettres des copains, les photos d’armée, les journaux d’époque, les médailles et distinctions, et surtout, son incroyable mémoire qui lui permet de citer chaque nom, chaque régiment, chaque numéro de cellule avec une précision d’horloger.

La guerre, encore la guerre.

Grand gaillard, Claude Collas est né le 7 mars 1925 au « dernier numéro de la rue Voltaire », au 61 très exactement. Il y grandit aux côtés de ses parents et de son frère Alexandre, de 3 ans son aîné. Claude pratique la boxe et son physique lui profite : « A 15 ans, je boxais dans les mi-lourds. C’était la belle vie ».

Jusqu’à la guerre. Son papa la connait bien, lui le combattant de la guerre de 14-18, qui a perdu un de ses trois frères au front. Lorsqu’éclate le second conflit mondial, chez les Collas, la perspective de nouvelles mobilisations s’avère plutôt décourageante. Claude Collas est envoyé par son père dans le Loiret, chez des cousins : « J’ai pris position, je ne voulais pas être à leur charge. J’ai trouvé un travail auprès de mon cousin Alphonse comme homme à toutes mains et laitier ». Son frère, lui, est employé à la cristallerie de Courbevoie avant d’être appelé en Allemagne. Après un an loin de La Garenne-Colombes, Claude est de retour. Il trouve un emploi : « au 77 de la rue de Colombes » et, là encore, les souvenirs sont clairs : « Je me rappellerai toute ma vie du pointeau, mutilé au visage pendant les combats de 14-18, qui m’a dit « si la guerre dure 4 ans, t’es bon pour y aller ! ».

La grande vadrouille.

Prémonitoire. La guerre continue. « Dès que j’ai frôlé mes 18 ans, en 1943, je me suis sauvé. J’ai trouvé un travail auprès des Maîtres Maçons, à Dieppe ». Claude est ravi, ça le rapproche de l’Angleterre. Car, son objectif, c’est de partir là-bas se battre pour libérer la France. Il échoue malgré plusieurs tentatives, dont une qui l’envoie à la Kommandantur. « Je n’ai pas perdu les pédales, dès que j’ai pu, j’ai fait le mur direction Paris ». Il repasse alors par La Garenne-Colombes pour embrasser ses parents : « J’ai envoyé un ami pour qu’il s’assure qu’il n’y ait pas de danger et j’y suis allé ». Le jeune Claude part pour Bordeaux, puis Dax, puis Peyrehorade. L’Angleterre est un échec ? Ce sera donc l’Espagne. Il se planque, notamment à proximité de l’état-major allemand, à « l’hôtel La Roseraie » pendant 3 jours. Avec d’autres camarades, il tente à plusieurs reprises de franchir la frontière, enchaînant prison et évasions. Il utilise une astuce donnée par son père et enduit ses chaussures de graisse de marmotte pour tromper l’odorat des chiens. Ça finit par passer !

Le gars de la marine.

En Espagne, Claude est encore fait prisonnier. Il est transféré au camp de concentration de Miranda de Ebro où près de 3.000 personnes sont regroupées. « On leur a chanté la Marseillaise et ça ne leur a pas plu » se rappelle-t-il fièrement. C’est là qu’il tombe nez-à-nez avec Léon Ségard, son copain garennois de 9 ans son aîné, avec qui il allait au patronage : « Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas » commente-t-il, amusé. Puis vient le rapatriement par la Croix-Rouge vers Malaga. Là-bas, il s’engage dans la Marine et fait comprendre au commandant qu’il n’est « pas venu éplucher des patates et balayer le dépôt ». A bord du torpilleur Simoun, Claude Collas suit donc une formation, puis participe à des escortes de convois, en Corse, en Italie, et au débarquement en Provence le 15 août 1944. Puis ce sera Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle, Royan et, finalement, l’Angleterre.

La fille du Garenne Palace.

La parenthèse guerrière terminée, Claude Collas retrouve sa ville natale : « Je n’ai jamais revu ma mère qui est décédée le jour de la Libération de Paris ». Il apprend le métier de tourneur dans une usine d’emboutissage « rue Gabriel Péri, à Colombes » puis devient rectifieur pour moteurs, mécanicien sur des moteurs de camions et, recommandé par Mme Ségard (la maman de son ami Léon), il intègre l’hôpital de Neuilly comme chauffagiste. Il suit une formation qui lui permet de devenir contremaître principal et finit sa carrière à ce poste. Entre temps, il a rencontré Renée, qui travaillait comme placeuse au cinéma Le Garenne Palace. Ensemble, ils ont vécu de nombreuses années de bonheur au « 11 bis, avenue Joffre puis rue Gabriel-Péri » dans la maison que Claude occupe toujours. Ils ont beaucoup voyagé, en Belgique (« en moto side-car »), en Allemagne, en Autriche, en Italie, où Claude pratiquait l’escalade. La belle vie.

Lire la suite