la coloniale

Publié le 4 Août 2024

Au colonel Gillon de Montrouge, héros de la Guerre franco-prussienne et des conquêtes coloniales.

Le cimetière de Levallois-Perret possède un rare monument à la mémoire de militaires français morts pour la patrie, lors des conquêtes coloniales.

 

Marie-Edouard Constant Gillon nait à Montrouge le 1er août 1839. Il est le fils de Pierre-Marie Gillon, distillateur et de Louise Virginie Gruler. Août 1839 est marquée par la promulgation d’un loi d’importance pour l’armée, en ce sens qu’elle fixe le cadre de l’état-major. Cela influence-t-il Gillon ? Toujours est-il qu’à l’âge de 19 ans il intègre l’Ecole spéciale de Saint-Cyr « Promotion Solférino 1858-1860 » et sort sous-lieutenant avec une affectation au 84e régiment d’infanterie de ligne (casernement au Quesnoy dans le nord de la France). En 1867, il se voit attribuer le grade de lieutenant.

Au déclenchement de la Guerre franco-prussienne, il retourne au 84e RI. Le 16 août 1870, GIllon est blessé lors de la terrible bataille de Gravelotte où les ennemis laissent plus de 5.000 tués et 14.500 blessés sur le terrain et les Français 1.200 tués, 4.000 disparus et 6.700 blessés. On ne sait si c’est la densité du tir des armes à feu et des canons ou le nombre de soldats tombés sur le champ de bataille qui a donné naissance à l’expression « ça tombe comme à Gravelotte » ou « pleuvoir comme à Gravelotte » lorsqu’il pleut ou grêle énormément.

En septembre 1870, le lieutenant Gillon est fait chevalier de la Légion d’honneur (il sera officier quelques années plus tard). En 1873, devenu capitaine, il épouse Marie-Félicienne Laroche-Lucas. Le couple donnera naissance à Charles en 1884 ; le jeune homme mourra pour la France en 1915.

Gillon est officier d’ordonnance du général Ducrot commandant le 8e corps d’armée entre 1872 et 1878. Chef de bataillon le 12 juin 1878 alors qu’il est au 136e RI, le commandant Gillon est affecté au 3e régiment de zouaves et participe à l’expédition du Tonkin. Le but étant de mettre un terme aux attaques chinoises alors que la République a déjà des colonies en Cochinchine et en Annam.

En 1888, Marie-Edouard Gillon devient lieutenant-colonel ; trois années plus tard, il prend le commandement du 49e régiment d’infanterie – le régiment de Bayonne – avec le grade de colonel.

Lors de la mise en place du corps expéditionnaire pour la 2e expédition de Madagascar, l’armée confie le commandement du régiment métropolitain (200e régiment d’infanterie) au colonel Gillon. Le navire appareille à Marseille. Mais peu de temps après son arrivé sur l’île, le colonel succombe de la fièvre à bord du paquebot Shamrock, converti en navire hôpital, en baie de Majunga. Il avait 55 ans (12 juin 1895), et la transcription dans les archives militaires est faite par le bureau de Bayonne.

Alors qu’il avait été proposé pour le grade de général (en vain), Gillon est enterré dans le cimetière européen de Majunga. Ce cimetière comporte un monument dédié à la mémoire des soldats de l’expédition de 1895 morts pour la France. Bâti sous Gallieni à côté du cimetière de la ville (Route Corniche) il devient aussi ensuite celui des soldats morts durant la Grande guerre. Notre site de la délégation des Hauts-de-Seine avait fait paraître un article sur les cimetières militaires français à Madagascar en mai 2016 : https://www.souvenir-francais-92.org/2016/05/les-cimetieres-militaires-francais-a-madagascar.html où il est question du cimetière de Majunga, rénové il y a peu.

Aujourd’hui, une rue de Montrouge porte le nom du colonel Gillon.

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial GenWeb : contributions de Claude Richard.
  • Site Chtimiste sur les unités de la Première Guerre mondiale.
  • Site Herodote sur l’Histoire de France.
  • Archives du Souvenir Français des Hauts-de-Seine.

 

Le cimetière de Majunga.

Le cimetière de Majunga.

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Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

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Publié le 31 Juillet 2018

Les magasins de ravitaillement de la Compagnie des Indes à Pondichéry

Les magasins de ravitaillement de la Compagnie des Indes à Pondichéry

Nous sommes pendant la Guerre de Sept Ans (1756-1763). Sur terre comme sur mer, Anglais et Français se font la guerre. La bataille de Pondichéry est la troisième bataille navale qui les oppose. Elle se déroule le 10 septembre 1759.

 

Situation en Inde.

 

La guerre, qui en est à sa quatrième année en Europe et à sa deuxième en Inde commence à mal tourner pour les Français. Le baron Lally-Tollendal, arrivé en 1758 avec la division du lieutenant général des armées navales d’Aché est en difficulté. Le chef français, après quelques succès dans le Dekkan (prise des cités de Gondelour et du Surate dans le sud de l’Inde) a échoué lourdement en essayant de prendre la grande cité de Madras en novembre 1758. Le port anglais a résisté au siège grâce à la défense énergique du général Laurence, et surtout à cause de l’absence de soutien naval à l’offensive française. La division navale de d’Aché, après les deux combats difficiles où les forces de l’officier de marine britannique Pocock ont été tenues en échec, a dû en effet quitter les eaux indiennes à l’arrivée de la mousson d’hiver. La côte étant impraticable pendant cette période, les vaisseaux français sont allés se mettre à l’abri sur leur base habituelle de l’Isle de France (île Maurice), à deux mois de navigation de Pondichéry. Les Anglais, mieux installés en Inde, disposent sur la côte occidentale du port de Bombay où leurs vaisseaux peuvent hiverner en sécurité en restant proche du théâtre d’opération. Les résultats ne se sont pas fait attendre : dès février 1759, à la fin de la mousson, l’escadre de Pocock est reparue devant Madras pour la ravitailler.

 

Les deux adversaires attendent des renforts pour reprendre la campagne qui s’annonce peut-être décisive pour la suite de l’année 1759. Côté anglais, on joue avec un coup d’avance, puisque Pocock, sorti de l’hivernage de Bombay en avril, est de facto en position d’assurer le blocus de Pondichéry où s’est replié le gros des forces françaises. Côté français, la situation est beaucoup plus délicate, car la Marine royale est sur la défensive dans l’Atlantique où sont engagés l’essentiel de ses moyens. Elle a maintenant bien du mal à assurer les liaisons avec les Antilles alors que celles avec le Canada sont presque rompues depuis la chute de Louisbourg (située en Nouvelle-Ecosse au Canada) et que tous les postes sur la côte d’Afrique sont tombés (entre autres Saint-Louis et Gorée au Sénégal).

 

À l’Isle de France on s’ingénue pour rassembler des troupes et renforcer la division navale de d’Aché. Cette dernière est maintenant formée de quatre vaisseaux de guerre grâce à l’arrivée de trois vaisseaux de 64 canons commandés par Froger de l’Eguille, qui s’additionnent à sept vaisseaux armés de la Compagnie des Indes. Celle-ci — comme le veut d’ailleurs sa mission — fait des efforts considérables pour armer et financer cette force.

 

Le combat.

 

Pocock, parfaitement au courant de l’arrivée de la force française guette celle-ci entre Pondichéry et Negapatam. Cette dernière appartient aux Néerlandais depuis quelques années. Pocock dispose maintenant d’une véritable escadre. Sa division, composée de 9 vaisseaux en 1758, est maintenant passée à 11 unités, dont neuf de guerre.

 

Pocock, qui n’a pas reçu l’autorisation du gouverneur néerlandais de faire de l’eau à Negapatam cherche à se ravitailler sur l’île de Ceylan, à Trinquemalay. Le 2 septembre au matin, la frégate Revenge repère les voiles françaises au large des côtes de l’île. Pocock lance la poursuite, mais les vents et les courants ne sont pas favorables au chef anglais qui ne peut entrer au contact des Français que le 10 septembre. On est maintenant au large de Porto Novo, pas très loin au sud de Pondichéry. Les deux amiraux forment la traditionnelle ligne de bataille. D’Aché, déterminé à passer coûte que coûte malgré l’infériorité de ses forces, ne s’esquive pas. La bataille s’engage vers 16h00. Les deux lignes se canonnent violemment. Les Français concentrent leur tir sur les mâtures pour tenter de neutraliser les vaisseaux adverses, mais le feu anglais cause des dégâts importants. Au bout de deux heures de combat, la ligne française commence à se disloquer, plusieurs vaisseaux sortant de la ligne pour tenter de réparer leurs avaries, dont le navire amiral, le Zodiaque, à la suite d'une confusion dans le commandement. À son bord, l’officier en second est tué à son poste alors qu’il est à la manœuvre. L’officier qui le remplace donne l’ordre de sortir de la ligne, puis c’est d’Aché qui est grièvement blessé à la cuisse par une décharge de mitraille alors qu’il veut faire annuler l’ordre.

 

Il est 18h00. À la vue du navire amiral qui décroche, les autres vaisseaux suivent l’exemple et toute la division française fait retraite. Côté anglais, on est cependant bien en peine de poursuivre car les mâtures sont en trop mauvais état : « Après l’engagement, aucun navire anglais ne pouvait hisser la moitié de sa voilure. Tous les vaisseaux français, excepté un à qui il manquait la voile supérieure, possédaient la totalité de leur voilure » note un historien anglais. Comme souvent après un combat en ligne de file, on clame victoire des deux côtés. Pocock reste maître du champ de bataille déserté par les Français, mais l’avantage tactique revient cependant à d’Aché qui a réussi à faire passer sa division. Pocock doit se rabattre sur Négapatam pour faire les premières réparations. On ne connait pas les pertes humaines, mais il semble qu’elles soient équivalentes des deux côtés.

 

Victoire tactique.

 

Sur le papier, c’est une victoire tactique française. Le 15 septembre 1759, Pondichéry est en vue. Les renforts y sont débarqués avec une forte somme d’argent. Pourtant elle est sans lendemain, car les troupes mises à terre ne seront pas suffisantes pour redresser la situation alors que l’état-major français est en crise. Lally-Tollendal, bon combattant mais mauvais diplomate, a rejeté les alliances avec les nababs (noms donnés aux souverains indiens), ne comprend pas les Hindous, qu'il considère comme des Sauvages, ne veut faire la guerre qu'à l'européenne et méprise les cipayes (soldats indiens à la solde des puissances européennes, dont le Royaume de France). Le chef français, dont le caractère est très difficile, s’est brouillé aussi avec ses officiers et les administrateurs de la Compagnie. Les efforts faits par d’Aché pour ravitailler Pondichéry se révèlent donc illusoires. Dès le 27 septembre, soit 12 jours après son arrivée, d’Aché lève l’ancre pour se replier sur l’Isle de France, abandonnant la place à son sort. L'arrivée de la mousson d'hiver, en octobre, n'est pas la seule explication à ce départ précipité : tout indique que d'Aché, qui témoignera après la guerre contre Lally-Tollendal, s'est brouillé à son tour avec ce dernier. Accusé de lâcheté et de trahison, Lally-Tollendal se rend en France afin d’y assurer sa défense. Peine perdue, il est décapité sur ordre du Roi le 9 mai 1766.

 

Le conflit, encore indécis en 1759, va basculer en faveur des Anglais qui reçoivent aussi des renforts importants et n’hésitent pas, eux à s’appuyer sur des troupes indiennes nombreuses. Ils font la reconquête du terrain perdu dans le Carnatic (Tamil Nadu plus une partie de l’actuel Andhra Pradesh), puis viennent mettre le siège devant Pondichéry en mars 1760 avec 4 000 hommes débarqués d’Angleterre et plus de 10 000 cipayes soutenus par 16 vaisseaux de ligne. La ville, soumise à un blocus complet, ne sera plus ravitaillée et tombera en janvier 1761 après une résistance désespérée. Elle sera ravagée de font en comble par les vainqueurs peu de temps avant que d’Aché ne rentre en France. Le Royaume de France récupérera Pondichéry et les autres comptoirs avec le traité de paix de 1763 (qui met fin à la Guerre de Sept Ans), mais en se contentant désormais d'y faire du commerce et en renonçant à toute influence politique en Inde.

 

 

 

Sources.

 

  • Encyclopédie Wikipédia, utilisée comme source principale pour la rédaction de cet article.
  • Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle, Sedes, novembre 1996.
  • Michel Vergé-Franceschi, Dictionnaire d'Histoire maritime, Ed. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2002.
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ed. Ouest-France, 1994.
  • Patrick Villiers et Jean-Pierre Duteil, L'Europe, la mer et les colonies XVIIe-XVIIIe siècle, Hachette supérieur, coll. « Carré Histoire », 1997.
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Éditions, mai 2011

 

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Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

Publié dans #La Coloniale

Publié le 17 Février 2017

Palais du gouverneur à Brazzaville.

Palais du gouverneur à Brazzaville.

L’Afrique Equatoriale Française, ou AEF, était un gouvernement général regroupant au sein d’une même fédération quatre colonies françaises d’Afrique centrale, entre 1910 et 1958. Constituée en plusieurs étapes et s’étendant du désert du Sahara, au fleuve Congo et de l’océan Atlantique aux monts du Darfour, elle réunit à terme le Gabon, le Moyen-Congo (dont une partie correspondait au Gabon, une autre à l’actuelle République du Congo), le Tchad et l’Oubangui-Chari (devenu la République centrafricaine). Sa superficie atteignait 2.500.000 km², soit environ quatre fois celle de la France. Son chef-lieu était Brazzaville (République du Congo), résidence du gouverneur général.

Une organisation comparable, l’Afrique Occidentale Française (AOF) était déjà instaurée en Afrique de l’Ouest en 1895.

 

Histoire.

La fondation de la colonie française du Gabon – embryon du vaste domaine appelé à former la future Afrique Equatoriale Française – intervint dès 1842. Son développement avait dû beaucoup à l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza, qui après plusieurs missions de reconnaissance du bassin du Congo, négocié avec le roi Tékés Illoy 1er la création d’un établissement commercial à Nkuma, la future Brazzavile.

Jusqu’en 1883, les quelques possessions françaises d’Afrique équatoriale avaient été placées sous l’autorité d’un commandant militaire (chargé des établissements français du golfe de Guinée), avant que leur développement ne détermina le gouvernement à réorganiser la région. En 1886, un décret du ministre des Colonies institua deux territoires, le Congo français et l’Oubangui, administrés chacun par un lieutenant-gouverneur subordonné à un commissaire général.

Bien vite, les ambitions coloniales de la France se heurtèrent à celles du sultan Rabah, un aventurier soudanais devenue le dernier « souverain » du Bornou. Une campagne militaire s’engagea contre celui-ci. Trois colonnes françaises (Mission Afrique centrale, Mission Gentil, Mission saharienne) placées sous l’autorité du commandant Lamy écrasèrent l’armée de Rabah à Kousséri (22 avril 1900). Le Tchad devint un territoire militaire avant d’être réuni à la colonie d’Oubangui-Chari (rebaptisée Oubangui-Chari-Tchad) en 1910 et de devenir une colonie à part entière dix ans plus tard. Le Tchad ne sera pourtant définitivement « pacifié » qu’en 1939.

Le régime des concessions fut introduit de façon massive à partir de 1899. De vastes étendues de terre (majoritairement dans les régions fertiles du Moyen-Congo et de l’Oubangui) furent cédées à une quarantaine de sociétés privées. 665.000 km² de terres arables et de plantations d’hévéa (populations comprises) devinrent des zones de non-droit où allaient être institués impôts et travail forcé, toute résistance étant sanctionnée. Une enquête conduite par Brazza en personne confirma ces pratiques, sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise.

Le 15 janvier 1910 marqua la naissance de l’Afrique Equatoriale Française. Cette même année, un décret garantit théoriquement une part du produit des récoltes de caoutchouc aux travailleurs autochtones, mais il demeura largement inappliqué dans les faits. D’hypothétiques droits furent conférés aux travailleurs, mais se heurtèrent aux mesures arbitraires des grandes sociétés privées. De fait, lors d’un voyage au Congo français, en 1925-1926, André Gide témoigna du régime de terreur appliqué aux « indigènes », qu’il consignera dans son ouvrage Voyage au Congo.

En 1919, l’ancienne colonie allemande du Cameroun fut placée sous protectorat français par la Société des Nations. Parfois assimilée à l’Afrique Equatoriale Française, elle jouissait en fait d’un statut spécial (commissariat autonome) qui la distinguait de la fédération proprement dite.

En 1926, André Matswa fonda à Paris l’Amicale des originaires de l’Afrique Equatoriale Française, qui de simple association d’entraide ne tarda pas à se muer en syndicat parfaitement organisé. De retour à Brazzaville, Matswa supervisa les actions de son mouvement, réclamant la fin de la discrimination raciale et du régime de l’indigénat, ainsi que le droit à la citoyenneté française pleine et entière pour les autochtones. Accusé de fomenter de l’agitation, André Matswa fut condamné à trois ans de prison. Parvenant à s’évader, il tenta d’entrer en clandestinité mais fut finalement repris et condamné à la prison à vie. Il mourut en 1942 au Tchad, et devint une figure charismatique après l’indépendance des nations africaines.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le lieutenant-gouverneur du Tchad, Félix Eboué, fut l’un des premiers à se rallier aux Forces Françaises Libres (FFL – août 1940). Relevé de ses fonctions et condamné à mort par le régime de Vichy, il fut cependant nommé gouverneur général par le général de Gaulle au mois de novembre 1940.

Dans les premiers mois de l’après-guerre, ce fut en Afrique Equatoriale Française que furent jetées les bases de l’Union française, discutée lors de la conférence de Brazzaville. Sous la 4e République (1946-1958), la fédération fur représentée au parlement français. Le référendum de septembre 1958 transforma les cinq entités constituant la fédération en républiques autonomes (République congolaise ou Congo-Brazzaville, République centrafricaine, République gabonaise, République du Tchad, République du Cameroun) au sein d’une éphémère Communauté française. En 1959, les nouvelles républiques se groupèrent en une association intérimaire baptisée Union des républiques de l’Afrique centrale, avant d’accéder à la pleine indépendance en 1960.

Le général de Gaulle salue le gouverneur général Félix Eboué.

Le général de Gaulle salue le gouverneur général Félix Eboué.

Géographie.

La plus grande partie de l’Afrique Equatoriale Française s’étendait sur un plateau granitique, en cadré par les massifs du Tibesti, de Ouadaï et du Fertit au nord-est, du Darfour à l’est et par les monts de Cristal et du Mayombe au sud-ouest. Deux cuvettes occupaient les parties centrales et méridionales du territoire : la cuvette du Tchad, ancienne mer asséchée dont subsiste encore le lac Tchad, et la cuvette du Congo, parcourue par le fleuve du même nom et ses principaux affluents (Oubangui, Sangha, Alima). Une plaine littorale s’étendait depuis la partie continentale de la Guinée-Espagnole (aujourd’hui Guinée Equatoriale) jusqu’au fleuve Congo. Le point culminant de l’Afrique Equatoriale Française était le mont Eni Koussi (3415 mètres) dans le Tibesti.

Du fait même de l’étendue du territoire, le climat était très varié d’un point à l’autre, passant d’un climat saharien particulièrement aride au nord à un climat tropical humide dans la partie méridionale. La végétation se ressentait de ses disparités : au nord, la quasi absence de pluie rendait presque impossible le développement d’une végétation, en dehors de quelques arbustes épineux ; au centre s’étendait le domaine ses savanes, où étaient cultivés millet, arachide et manioc ; au sud enfin se trouvaient les forêts tropicales humides, d’où étaient prélevés diverses essences telles que l’ébène et l’okoumé. Dans les régions littorales étaient cultivés vanilliers, cacaoyers et caféiers.

L’Afrique Equatoriale Française était limitée par le Nigéria britannique, l’Afrique Occidentale Française, la Libye italienne, le Soudan anglo-égyptien et le Congo belge. A l’ouest, il était bordé par l’océan Atlantique.

 

Administration.

L’Afrique Equatoriale Française était divisée en quatre régions (colonies), elles-mêmes subdivisées en districts. En 1910, le Congo français est transformé en fédération de l’Afrique Equatoriale Française et comprend trois colonies et un territoire militaire :

  • Le Gabon (chef-lieu Libreville).
  • Le Moyen-Congo (chef-lieu Brazzaville), devenu la république du Congo.
  • L’Oubangui-Chari (chef-lieu Bangui), devenu la République centrafricaine.
  • Le Tchad (chef-lieu Fort Lamy), territoire militaire devenu colonie en 1920.

Les quatre colonies confiées à des gouverneurs furent regroupées sous l’autorité du gouverneur général résidant à Brazzaville. Aujourd’hui, l’ancien siège du gouvernement général de l’Afrique Equatoriale Française existe toujours, presque intact : c’est le palais du Peuple, siège de la présidence de la République du Congo.

En 1934, une réforme administrative motivée par des raisons financières abolit la structure fédérale, les colonies devenues régions furent confiées à des administrateurs en chef. L’Afrique Equatoriale Française était alors gérée par un budget unique. Fin 1937, la structure fédérale fut rétablie et les régions redevinrent des territoires partiellement autonomes.

A partir de 1946, transformée en territoires d’outre-mer regroupés en fédérations, l’AEF fut regroupée, avec la métropole, dans une Union française gouvernée depuis Paris, assistée d’un haut-conseil et d’une assemblée de l’union où chaque territoire était représenté.

En 1957, la structure fédérale fut allégée et les territoires devinrent autonomes avant leur indépendance, acquise quelques années plus tard.

 

Sources :

  • Encyclopédies Larousse, Universalis et Wikipédia.
  • Paule Brasseur et Jean-François Maurel, Les sources bibliographiques de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique équatoriale d'expression française, Bibliothèque de l'Université de Dakar, Dakar, 1970.
  • Georges Bruel, L'Afrique-Équatoriale française : le pays, les habitants, la colonisation, les pouvoirs publics, Larose, Paris, 1918, VII-558 p.
  • Maurice-Eugène Denis, Histoire militaire de l'Afrique-Équatoriale française, publiée selon les instructions de la direction des troupes coloniales au Ministère de la guerre, rédigée sous la direction du Général Desclaux par M. le Commandant M. Denis en collaboration avec M. le Lieutenant-Colonel Viraud, Impr. nationale, Paris, 1931.
  • Armand Megglé, L'Afrique-Équatoriale française, Société Française d'Éditions, coll. des "Terres françaises", 1931.
  • Félix Éboué, La nouvelle politique indigène pour l'Afrique Equatoriale Française, Office français d'édition, Paris.
L'Afrique Equatoriale Française ou AEF.

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Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

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Publié le 13 Février 2017

Dakar - Le palais du gouverneur général.

Dakar - Le palais du gouverneur général.

L’Afrique Occidentale Française (AOF) était un gouvernement général regroupant au sein d’une même fédération huit colonies d’Afrique de l’Ouest entre 1895 et 1958. Constituée en plusieurs étapes, elle réunit à terme la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan français (devenu le Mali), la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue le Burkina Faso), le Togo et le Dahomey (devenu le Bénin). Sa superficie atteignait 4.689.000 km², soit environ sept fois celle de la France. Son chef-lieu était Saint-Louis du Sénégal, jusqu’en 1902 puis Dakar (Sénégal).

 

Histoire.

Le 16 juin 1895, l’Afrique Occidentale Française fut créée par l’union du Sénégal, du Soudan français, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Le gouverneur général de l’AOF résidait à Saint-Louis. Le premier nommé fut Jean-Baptiste Chaudié. Le dernier, qui gouverna de 1958 à 1959, fut Pierre Messmer.

En 1902, la capitale était transférée à Dakar, jusqu’à la dissolution de la fédération. Une banque commune fut créée, de même qu’un système scolaire et un corps d’inspecteurs de l’enseignement. En 1904 le Niger et la Mauritanie rejoignaient l’AOF. Les troupes noires furent mises à contribution pendant la Première Guerre mondiale. Blaise Diagne, élu député en 1914, était chargé du recrutement des tirailleurs sénégalais (qui pouvaient tout aussi bien être maliens, guinéens ou burkinabais). En 1919, la colonie de la Haute-Volta nouvellement créée et le territoire sous mandat du Togo furent rattachés à l’AOF. Symbole de l’avancée coloniale, la ligne du chemin de fer de Dakar au Niger atteignait Bamako en 1923. En 1921, un recensement attribuait 12.283.000 habitants à l’AOF.

L’Exposition coloniale internationale de 1931 au bois de Vincennes fut une manifestation de prestige destinée à montrer la puissance de l’empire colonial. Avec la reconstitution du temple d’Angkor, la forteresse du pavillon de l’Afrique Occidentale Française en constituait l’un des clous.

En 1940, alors que l’Afrique Equatoriale Français s’était presque intégralement ralliée à l’unité française de l’armée d’Afrique, le gouverneur général de l’AOF, Pierre Boisson, resta fidèle au régime de Vichy et fit échouer la tentative de débarquement des troupes alliées, un affrontement naval connu sous le nom de « bataille de Dakar ». Puis, à la fin de 1942, Boisson annonça son ralliement à l’amiral Darlan, qui avait pris les rênes du pouvoir à Alger après le débarquement allié en Afrique du Nord. Après la mort de Darlan, Boisson demeura dans le camp du général Giraud. Après la fusion des forces giraudistes et gaullistes au sein du Comité français de la libération nationale, l’AOF se rallia au général de Gaulle.

Un projet de loi tendant à la suppression du travail forcé en AOF fut adopté par l’Assemblée nationale le 11 avril 1946, sous le nom de loi Houphouët-Boigny. La même année, la loi Lamine Gueye accorda la citoyenneté à tous les ressortissants de l’Union française qui venait d’être instituée et abolit le Code de l’indigénat.

La fédération cessa d’exister après le référendum de septembre 1958 sur la future Communauté française, et les territoires membres votèrent leur transformation en républiques autonomes, à l’exception de la Guinée, qui vota pour son indépendance immédiate.

 

L’indépendance des autres républiques en 1960 marqua la fin de l’AOF. A sa dissolution, celle-ci avait une superficie de 4.689.000 km² et comptait plus de 25 millions d’habitants.

Dakar - La banque de l'AOF.

Dakar - La banque de l'AOF.

Fonctionnement.

L’Afrique Occidentale Française était placée sous l’autorité d’un gouverneur général, dont dépendaient plusieurs lieutenants gouverneurs. Les frontières de chacune des colonies composant l’AOF étaient négociées avec les puissances coloniales voisines par des conventions. En cas de voisinage franco-français, elles étaient définies par décision administrative. Au fur et à mesure de l’implantation française, le découpage du territoire était géré par des unités administratives, des cercles et des subdivisions.

Le décret du 1er août 1893 fut chargé de régler l’organisation politique et administrative « des rivières du Sud, des établissements français de la Côte d’Or et des établissements français du golfe du Bénin » :

  • Les Rivières du Sud, dotées d’un budget spécial distinct du budget du Sénégal, mais administrées par le lieutenant-gouverneur du Sénégal, assisté d’un secrétaire général ;
  • Deux établissements, ou résidences, dotés de budgets spéciaux distincts de celui des Rivières du Sud, mais administrés par un résident placé sous l’autorité du lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud :
    • Les Etablissements français de la Côte d’Or ;
    • Les Etablissements français du golfe du Bénin.

Le décret du 17 octobre 1899, portant réorganisation de l’Afrique occidentale française, supprima la colonie du Soudan français et répartit son territoire entre trois colonies existantes et deux nouveaux territoires militaires.

La colonie du Sénégal reçut les onzes cercles de Kayes, Bafoulabé, Kita, Satadougou, Bamako, Ségou, Djenné, Nioro, Goumbou, Sokolo et Bougoumi ; celle de la Guinée française, les six cercles de Dinguiray, Siguiri, Kouroussa, Kandan, Kissidougou et Beylas ; celle de la Côte d’Ivoire, les trois cercles ou résidences de Odjenné, Kong et Bouna ; celle du Dahomey, le canton de Kouala ou Nebba, au sud de Liptako, ainsi que le territoire de Say, comprenant les quatre cantons de Djennaré, Diongnré, Folmongani et de Botou.

Le premier territoire militaire recouvrit la circonscription dite « région nord et nord-est du Soudan français », comprenant les six cercles ou résidence de Tombouctou, Iumpi, Goudam, Bandiagara, Dori et Ouahigouya ; le second territoire militaire, la circonscription dite « région Volta », comprenant les cercles ou résidences de San, Ouadagoudou, Léo, Koury, Sikasso, Bobo Dioulassou et Djebougou.

Aux termes du décret du 1er octobre 1902, portant réorganisation du gouvernement général de l’Afrique occidentale française, celui-ci comprenait :

  • Quatre colonies, administrées par un gouverneur, portant le titre de lieutenant-gouverneur, et assisté par un secrétaire général :
    • La colonie du Sénégal, dont le territoire était réduit aux « territoires d'administration directe » ;
    • Les trois colonies suivantes, maintenues dans leurs limites existantes : la Guinée française, la Côte d'Ivoire et le Dahomey ;
    • Un territoire, administré directement par le gouverneur général ou, par délégation spéciale, par le secrétaire général du gouvernement général, assisté par un conseil d'administration :
      • Les Territoires de la Sénégambie et du Niger, créés à partir des territoires du Haut-Sénégal et du Moyen-Niger et des « pays de protectorat » relevant jusqu'alors du Sénégal.

Aux termes du décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du gouvernement général de l'Afrique occidentale française, celui-ci comprenait :

  • Cinq colonies, jouissant de l'autonomie administrative et financière, et administrées par un gouverneur — portant le titre de lieutenant-gouverneur — assisté par un secrétaire général :
    • La colonie du Sénégal, dont le territoire, jusqu'alors réduit aux « territoires d'administration directe », était étendu aux « territoires de protectorats » de la rive gauche du Sénégal, relevant jusqu'alors de la Sénégambie-Niger ;
    • La colonie du Haut-Sénégal et du Niger, créée à partir des anciens territoires du Haut-Sénégal et du Moyen-Niger et de ceux formant le troisième territoire militaire, dont le chef-lieu était établi à Bamako, subdivisée en :
      • Cercles d'administration civile, comprenant ceux formant, jusqu'alors le deuxième territoire militaire ;
      • Territoire militaire du Niger, administré par un officier supérieur — portant le titre de commandant ;
    • Les trois colonies suivantes, maintenues dans leurs limites existantes : la Guinée française, la Côte d'Ivoire et le Dahomey ;
    • Un territoire civil, ne jouissant pas de l'autonomie administrative et financière, et administré par un commissaire du gouverneur général :
      • Le territoire civil de la Mauritanie.

Le décret du 7 septembre 1911, rattachant le territoire militaire du Niger au gouvernement général de l’Afrique Occidentale Française, détacha le territoire militaire du Niger de la colonie du Haut-Sénégal et du Niger, et l’érigea en subdivision administrative placée sous les ordres d’un officier supérieur, commandant du territoire, et dépendant directement du gouverneur général.

Le décret du 1er mars 1919, portant division de la colonie du Haut-Sénégal et du Niger et création de la colonie de Haute-Volta, divisa la colonie du Haut-Sénégal et du Niger en deux colonies distinctes :

  • La colonie de la Haute-Volta, dont le chef-lieu était établi à Ouagadougou, et dont le territoire recouvrait les cercles de Gaoua, Bobo-Dioulasso, Dédougou, Ouagadougou, Dori, Say et Fada N'Gourna ;
  • La colonie du Haut-Sénégal et du Niger, dont le territoire était réduit aux cercles restants.

Un décret du 5 septembre 1932 supprima la colonie de Haute-Volta et répartit son territoire entre les colonies du Niger, du Soudan français et de la Côte d’Ivoire. Enfin, la loi n°47-1707 du 4 septembre 1947, tendant au rétablissement du territoire de la Haute-Volta, abrogea le décret du 5 septembre 1932 et rétablit la Haute-Volta comme territoire d’outre-mer, membre de l’Afrique Occidentale Française.

 

Carte de l'AOF - 1936.

Carte de l'AOF - 1936.

Sources :

 

  • Encyclopédies Larousse, Universalis, Wikipédia.
  • Joseph Roger de Benoist, L'Afrique occidentale française de la Conférence de Brazzaville (1944) à l'indépendance (1960), Dakar, Nouvelles éditions africaines, 1982.
  • Georges Deherme, L'Afrique occidentale française : action politique, action économique, action sociale, Paris, 1908.
  • Georges Alphonse Florent Octave François, L'Afrique occidentale française, E. Larose, Paris, 1907.
  • Camille Guy, L'Afrique occidentale française (préface d'Ernest Roume), Larose, Paris, 1929.
  • Jacques Richard-Molard, Afrique occidentale française, Berger-Levrault, Paris, 1949.
  • Louis Sonolet, L'Afrique occidentale française, Hachette, Paris, 1912.

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Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

Publié dans #La Coloniale

Publié le 12 Mars 2016

Les campagnes d'un marsouin.

Au 3e zouaves.

Fils de menuisier, Jean Baptiste Curet, nait à la Seyne (Var) le 10 août 1863. Ajusteur de profession, il préfère s’engager pour cinq ans, à la mairie de Toulon, en octobre 1881.

Agé de 18 ans, il est incorporé au 3e régiment de zouaves de Constantine en Algérie. Cette unité d’élite, dotée d’un uniforme à l’oriental, est alors uniquement composée de Français de métropole. A l’époque, ces soldats jouissent d’une immense réputation en France et dans le monde. Ils se sont illustrés sur de nombreuses batailles comme celle de l’Alma en Crimée en 1854. Possédant une bonne instruction, Curet est promu caporal en 1882 puis sergent en 1884. La même année, il est affecté au 3e bataillon d’infanterie légère d’Afrique en garnison à Philippeville en Algérie. Les « Bat’d’Af » sont des unités particulières, composées de militaires condamnés dans le civil. La discipline y est plus rigoureuse qu’ailleurs. Ces soldats, surnommés « Joyeux » ou « Zéphir », sont redoutés dans l’armée et craints par leurs adversaires.

« Bat’d’Af ».

En septembre 1884, alors que la Chine s’oppose à l’expansion française en Extrême-Orient – guerre franco-chinoise de 1884-1885 – le bataillon de Curet participe à l’expédition de Formose (île de Taiwan aujourd’hui). Curet appartient à un renfort qui s’illustre en particulier à Keelung dans le nord-est de l’île (NDLR : un cimetière militaire français a été constitué sur place – il est toujours entretenu). Ce port est le théâtre de violents combats entre l’armée française et les troupes chinoises. Lors d’un assaut contre les retranchements chinois, Curet est atteint par un coup de feu au poignet droit le 7 mars 1885. Il semble rester à Keelung jusqu’au départ des Français en juillet 1885 après la signature d’un traité de paix en juin.

La Chine reconnait la souveraineté française sur l’Annam et le Tonkin. La France contrôle alors l’est de la péninsule indochinoise. Ces actions valent au bataillon plusieurs citations. Depuis, en souvenir de ces combats, les inscriptions « EXTREME-ORIENT 1884-1885 » figurent sur le drapeau des chasseurs, du 1er régiment de tirailleurs ou encore du 1er régiment étranger et du 2e régiment étranger d’infanterie.

Détaché brièvement au corps expéditionnaire du Tonkin, Curet quitte l’Extrême-Orient en août 1885 pour l’Afrique du Nord. En 1886, il s’engage de nouveau et passe au 4e régiment d’infanterie de marine. Puis, d’avril 1888 à juin 1890, il participe à plusieurs expéditions au Sénégal. Ses brillants états de services sont récompensés par l’attribution de la Médaille militaire en 1890. Rengagé l’année suivante, il retourne au Tonkin en guerre et sert au 3e régiment de tirailleurs tonkinois de 1892 à 1894. Il regagne la Métropole après deux mois de voyage à bord de La Nive. Il est promu adjudant au 8e régiment d’infanterie de marine en 1895 avant d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite en 1897, après 16 ans de service.

Réserve.

Jean Baptiste Curet poursuit une carrière dans la réserve en qualité de lieutenant dans la réserve de l’infanterie de marine. En 1907, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, une reconnaissance couronnant la carrière de ce vieux soldat de la coloniale. A 52 ans, il est mobilisé malgré son âge le 1er août 1914.

Il part en campagne avec le 8e régiment d’infanterie coloniale et participe aux sanglants combats dans le sud de la Belgique. Dans le même temps, son fils, sergent au 112e régiment d’infanterie, est tué à Moncourt en Lorraine le 14 août 1914. Epuisé et gravement malade, Curet est évacué à la fin août. Au terme d’une longue convalescence, il commande une compagnie au camp d’instruction de Chibron à Signes dans le Var.

En octobre 1916, il est placé à la tête du dépôt serbe à Toulon et occupe ces fonctions pendant 18 mois. Ayant la limite d’âge, il est chargé de commander des travailleurs coloniaux – Kabyles et Marocains – et des prisonniers bulgares jusqu’à la fin de la guerre. Finalement, Curet est rayé des cadres le 19 octobre 1920, après avoir consacré sa vie au service de la France.

Texte du commandant Michaël Bourlet.

Crédit Photo : photographie prise sur le site Web : www.lewebpedagogique.com

Terre Info Magazine n°265 de Juin 2015.

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Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

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Publié le 1 Avril 2011

La guerre du Rif.

Au cœur du carré militaire de 1914-1918 de Colombes, se trouvent les sépultures des frères Beaujon : Gilbert mort le 28 décembre 1926 dans l’oued Marouba, et Raymond, tué le 19 août 1929 à Tlemcen en Algérie. Des photographies présentes sur les pierres tombales montrent les jeunes soldats coiffés de la chéchia, chapeau traditionnel au Maghreb et des troupes (zouaves, spahis et tirailleurs) de l’Armée d’Afrique.

 

Au milieu du 19ème siècle, le sultan du Maroc Moulay Hassan cherche à neutraliser les influences colonialistes des puissances européennes en pratiquant un jeu diplomatique assez subtil. Mais il finit par se heurter à la volonté expansionniste de l’Espagne au nord et à celle de la France qui étudie les moyens d’une consolidation de son pouvoir sur les provinces algériennes frontalières du sultanat. Les conférences de Madrid en 1880 puis d’Algésiras en 1906 rappellent et structurent ce cadre d’influence européenne sur le Maroc, avec le soutien de l’Angleterre et en dépit des tentatives de coups de force de l’Allemagne : l’Espagne se voit attribuer les territoires du sud (Sahara espagnol) et du nord (toute la bande côtière baignant la Méditerranée et les montagnes du Rif), quand la France est dotée du centre du pays. La ville de Tanger, au nord, est déclarée « zone internationale ». Le protectorat de notre pays sur le sultanat peut commencer. Il est confié à un général bâtisseur et organisateur : Hubert Lyautey.

 

Peu à peu, réalisant un mélange ingénieux de soumission militaire de tribus récalcitrantes et de modernisation du pays, la France s’impose au Maroc. Le Résident général au Maroc œuvre en étroite collaboration – mais généralement en imposant son point de vue – avec le sultan et son makhzen (son adjoint ou suppléant). Des villes sont transformées, des routes construites, des quartiers édifiés, une administration mise en place. La capitale du sultanat est déplacée de Fès à Rabat, et sous la direction de l’architecte Henri Prost, Casablanca devient une cité de premier plan.

 

Mais en 1921, au nord du pays, des tribus berbères se soulèvent face aux troupes espagnoles. Le général Manuel Fernandez Silvestre se place à la tête d’une armée forte de soixante-mille hommes avec un seul objectif : mater en quelques semaines ces tribus qui défient la puissante Espagne. C’est le contraire qui se produit : à la bataille d’Anoual, le 20 juillet 1921, le chef militaire rifain Abd el-Krim est vainqueur. Les Espagnols laissent quatorze-mille hommes sur le champ de bataille, dont le général Silvestre.

 

Le 1er février 1922, Abd el-Krim proclame la République confédérée des tribus du Rif, mais il reste très prudent et se soumet au sultan du Maroc Moulay Youssef. La France n’intervient pas, considérant qu’il s’agit d’affaires intérieures au protectorat espagnol. Peu à peu, les troupes berbères repoussent les Espagnols, ne leur laissant qu’une mince bande côtière et quatre villes : Asilah, Ceuta, Mellila et Larache. Mais deux ans plus tard, les tribus du Rif, en dépit des lettres et promesses d’allégeance au pouvoir central, marchent sur Fès. Craignant un embrasement de toute la région, l’Armée française intervient et écrase les troupes rebelles.

 

Le général Lyautey indique au gouvernement de la République française : « En présence des éventualités créées par la soudaineté et la violence de l’irruption des rifains, il est impossible de rester dans cette situation, sous peine, je le dis nettement, de risquer de perdre le Maroc ». Le chef militaire français obtient l’accord de Paris et renouvelle les victoires. Pour autant, jugé comme trop prudent, Lyautey est remplacé par le prestigieux maréchal Pétain. A la tête de deux-cent-cinquante mille hommes, fort de divisions aériennes et de capacités de bombardement, le « vainqueur de Verdun » vient à bout des troupes d’Abd el-Krim en quelques mois. Le leader des Rifains est envoyé en exil sur l’île de la Réunion, d’où il s’évade en 1946 pour se réfugier en Egypte, alors principal foyer du nationalisme arabe.

 

Au total, la guerre du Rif a coûté la vie à plus de dix-neuf-mille soldats espagnols, presqu’autant de Berbères et environ douze-mille Français.

 

Thierry Gandolfo.

 

 

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Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

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Publié le 22 Février 2011

Les Théâtres d'Opérations Extérieurs.

A Antony, figure sur le monument aux morts principal la liste des morts sur les « Théâtres d’Opérations Extérieurs ».

 

La première Guerre mondiale prend fin le 11 novembre 1918. En France, en Allemagne, dans la majorité des pays européens, le gigantesque conflit s’arrête. Il n’en est pas de même dans certains pays, où, après la guerre entre belligérants s’ouvrent des affrontements ici pour des questions d’indépendance, là pour des questions coloniales.

 

Ainsi, les Accords Sykes-Picot sur le partage des influences françaises et anglaises au Levant se heurtent, en 1920, aux nationalismes libanais, syrien et palestinien. Au Maroc, les forces françaises doivent se battre contre des ressortissants de la région du Rif, elles-mêmes s’étant révoltées contre l’occupation espagnole. Des accrochages et des escarmouches ont lieu également en Afrique Occidentale Française et en Afrique Equatoriale Française.

 

Une décoration est créée : il s’agit de la Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs. Elle est remise également pour les soldats qui participent à la guerre d’Indochine, à l’expédition de Suez, aux rebellions de Madagascar ou encore qui sont intégrés dans le corps français pendant la guerre de Corée. Elle est aussi accordée aux militaires qui partent en missions périlleuses dans les pays de l’Europe de l’Est.

 

Récemment, elle a été délivrée à des soldats et officiers ayant particulièrement œuvré dans la cadre de la guerre du Golfe, en 1991, ou pour la protection des habitants du Kosovo, en 1999.

 

Les Antoniens morts pour la France dans le cadre des T.O.E. sont :

 

  • – P. Bergerol.
  • – M. Bottiau.
  • – C. Ducreux.
  • – G. Fremion.
  • – L. Gauthier.
  • – S. Gendron.
  • – G. Greninguey.
  • – H.P. Guichard.
  • – R. Guidon.
  • – P. Metz.
  • – P. Michoux.

 

 

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Rédigé par Souvenir Français des Hauts-de-Seine

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Publié le 6 Juin 2009

 

Un monument quelque peu particulier.

 

 

 

 

 A Gennevilliers, le cimetière est situé dans le nord de la commune, proche de l’autoroute A86 et de la N315, axes importants de la Région parisienne.

 Tout au fond de celui-ci, fait rarissime, un monument est dédié à la mémoire des gennevillois morts pour la France pendant les guerres de colonisation. C’est au cours de l’une d’elles que le jeune caporal Georges Albert Briffault des Corrières, certainement épris d’aventures coloniales, a trouvé la mort, le 22 septembre 1878.

 

La conquête du Sénégal.

 Le Traité de Vienne, en 1815, met fin à l’Empire français de Napoléon 1er. Une clause passe totalement inaperçu : l’île de Gorée, au large du Sénégal, est donnée au nouveau royaume de France, avec Louis XVIII à sa tête. Elle vient compléter les possessions françaises établies autour de la ville côtière de Saint-Louis. Depuis un peu plus d’un siècle, les Français s’efforcent de conquérir le pays en prenant appui sur le fleuve Sénégal, en dépit de la résistance d’ethnies telles que les Peuls et les Toucouleurs.

 L’activité des zones côtières et de l’île sont importantes : il s’agit d’un des grands points de départ de la traite des Noirs. L’esclavage est aboli en 1848. Quatre années plus tard, le général Faidherbe débarque au Sénégal pour y établir une présence plus affirmée. Cette action étant à placer dans le contexte global de colonisation accélérée de la seconde moitié du 19ème siècle.

 En près de trente ans, toutes les régions du Sénégal, du delta du fleuve jusqu’à la Casamance, au sud, passent sous commandement français.

 

Les Tirailleurs sénégalais.

 En 1857, le général Faidherbe, devant faire face à des besoins accrus en hommes, propose la création du corps des Tirailleurs sénégalais. Sénégalais de nom, car les soldats proviennent aussi bien de ce pays que de Mauritanie, du Mali ou encore de Guinée. Le décret est signé par l’empereur Napoléon III le 21 juillet 1857, à Plombières-les-Bains.

 Des difficultés de recrutement interviennent de suite. Il n’est pas rare que des révoltes éclatent. C’est notamment le cas chez les Bambaras du Mali. Aussi, les principaux contingents sont constitués d’esclaves rachetés à leurs maîtres, de « volontaires » et de prisonniers de guerre. Le nombre de régiments de Tirailleurs sénégalais va aller en s’accroissant. La majeure partie des sous-officiers et de nombreux officiers sont africains. Il est vrai aussi que les officiers supérieurs sont tous issus de la Métropole.

 Au cours de la Première Guerre mondiale, près de 200.000 Tirailleurs sénégalais vont participer au conflit, et environ 30.000 y laisseront la vie. Leurs régiments étant bien souvent placés en première ligne. Au cours du second conflit mondial, ce sont encore 40.000 hommes qui participent aux batailles. Ils sont présents sur tous les fronts. Près de 17.000 reposent à jamais sur la terre de France. Il est important de noter que les troupes du IIIème Reich ont régulièrement participé à des massacres et des exécutions sommaires de tirailleurs.

 

Le général Gallieni au Sénégal.

 En 1876, le lieutenant Joseph Gallieni, futur sauveur de Paris pendant la Première Guerre mondiale, notamment avec l’envoi de taxis sur la Marne, obtient son affectation en Afrique Occidentale française chez les Tirailleurs sénégalais. Il débarque à Saint-Louis et commence des expéditions et des explorations au cœur du pays. En 1878, sous le commandement du colonel Brière de l’Isle, les troupes françaises entreprennent une campagne contre le royaume toucouleur du Kaarta, sur la rive nord du fleuve Sénégal. En quelques mois, la victoire est totale : le chef Almamy Niamody est tué et toutes ses possessions sont prises. C’est peut-être au cours de cette expédition que le jeune Georges Briffault des Corrières perd la vie.

 Ou bien s’agit-il des suites d’une maladie qui fait des ravages à l’époque : la fièvre jaune ! Joseph Gallieni voit revenir les troupes de l’expédition. Il note dans son journal, le 5 octobre 1878 : « Les embarcations sont pleines de cadavres. On ne peut plus leur faire de cercueils et on les ensevelit dans leurs toiles de hamac ; c’est bien triste tout cela ! Il y a évidemment épidémie, bien qu’on se refuse à y croire encore ». Le 5 octobre 1878. Voilà près de quinze jours que le caporal Briffault des Corrières a rendu son âme à Dieu. Il avait 22 ans.

 

Défilé de Tirailleurs à Dakar au début du 20ème siècle.

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