« Le 3e BCCP, qui avait été créé en janvier 1948 à Saint-Brieuc, sous les ordres du commandant Ayrolles, avait suivi son entraînement au camp de Vannes-Meucon, puis à l'école des troupes aéroportées de Pau, enfin au camp de jungle de Caïs-Fréjus. Embarqué sur le Pasteur en même temps que le 1er BEP, nouvellement créé, il arrive à Saigon en novembre 1948.
Alors que le gros du bataillon reste en Cochinchine et au Cambodge pendant quelques mois, où il participe à de nombreuses opérations de part et d'autre de la Plaine des Joncs, le GC2, aux ordres du capitaine Bigeard et renforcé bientôt d'une compagnie indochinoise parachutiste commandée par le capitaine N'Guyen Van Vy, est envoyé au Tonkin, au cœur du pays thaï, et se bat à Yen Chau, Hat Lot, Muong San, Chieng Dong, Na San, Son-La, inflige de lourdes pertes aux Viêts, mais perd plusieurs officiers, sous-officiers et paras.
Le GC1, en février 1949, puis le GC3 en mars 1949, rejoignent à leur tour le Tonkin, sont présents sur tous les théâtres d'opérations (Khan-Yen, Lao Kay, Lang Phat...). En août 1949 le 3e BCCP est enfin regroupé à Hanoï. Le commandant Ayrolles passe le commandement au capitaine Cazaux. Le bataillon participe en octobre à l'opération « Junon » (un débarquement amphibie sur les côtes du Nord-Annam). La compagnie du capitaine N'Guyen Van Vy est ensuite parachutée sur Phat-Diem (opération « Anthracite »).
En décembre 1949, c'est l'opération « Diabolo » dans le delta du Fleuve Rouge, puis en janvier 1950 les opérations « Michel » près du Canal des Bambous et « Anna » dans l'île de Tien Lang. En février 1950, le GC1 et une partie du GC3 sont largués près du poste de Pho Lu, pour tenter de sauver celui-ci. Puis ce sont les opérations de Ban Lao, Ban Phiet, Nghia Do, Bao Ngay, Coc Ly. Le 27 mai 1950 le 3e BCCP saute sur la DZ du poste de Dong Khe qui vient d'être pris par les Viêts et reprend le poste après un très brillant combat. Le 7 juin, c'est l'ouverture difficile de la RC4 de Dong Khe à That Khe, et en août et septembre, Sam Theu et Sam Neua, au Nord-Laos. Toutes ces opérations, souvent meurtrières, ont évidemment entraîné des pertes importantes, aggravées d'ailleurs par les conditions climatiques difficiles.
Mais le pire reste à venir : le 8 octobre 1950, en plein cœur de la bataille de la RC4, le 3e BCCP, auquel est intégrée provisoirement la compagnie de marche de la Légion Étrangère, fraîchement arrivée de Philippeville et commandée par le lieutenant Loth, est largué sur That Khe. Il est immédiatement dirigé sur les lieux des combats, au nord de That Khe, le long de la RC4 et vers la cote 703 où légionnaires, goumiers et marocains se battent au corps à corps. Le 3e BCCP a pour mission de recueillir les éléments qui essaient de rejoindre That Khe. Le 10 octobre, le commandement décide l'évacuation vers Lang Son des effectifs occupant ou ayant rejoint That Khe, parmi lesquels le 3e BCCP, déjà sérieusement « étrillé ».
Lorsque le 3e BCCP parvient au fleuve Son Ky Kong, derrière un Tabor marocain, le pont est détruit et il lui faut traverser le fleuve dans des embarcations du génie sous le feu ennemi. Plus au sud, sur la RC4, les mitrailleuses lourdes des Viêts, qui se sont emparé des positions françaises qui protégeaient le défilé de Deo Cat, obligent le 3e BCCP à déborder par la jungle. Mais le rapport des forces est tel que le bataillon est presque entièrement anéanti en quelques heures. Sur les 268 hommes qui avaient été parachutés à That Khe, seulement 9 Européens du 3e BCCP et 5 Autochtones de la compagnie indochinoise parachutiste parviendront à sortir de la nasse mise en place par le Viêt-minh et à rejoindre, au prix d'efforts surhumains, les lignes françaises.
Le capitaine Cazaux et le lieutenant Loth, celui-ci blessé, sont faits prisonniers (le capitaine Cazaux décédera en captivité).
Le bataillon est dissous en novembre 1950 et les quelques rescapés sont rapatriés en France : seulement 7 officiers, 26 sous-officiers et 177 hommes de troupe, alors qu'en novembre 1948 avaient débarqué au Cap Saint-Jacques 39 officiers, 63 sous-officiers et 548 hommes de troupe ! Mais dès la fin de 1950, la relève est assurée. Un nouveau « 3 », qui s'appelle désormais le 3e BPC (Bataillon de Parachutistes Coloniaux) est recréé à Saint-Brieuc aux ordres du commandant Bonnigal. Un certain nombre d'officiers, de sous-officiers et d'hommes de troupe, survivants du 3e BCCP, demandent à servir dans le nouveau bataillon. Le 3e BCP débarquera en Indochine en février 1952, participera en 1952 et 1953 à de nombreuses opérations au Tonkin et en Centre-Annam (où il opérera dans la fameuse « Rue Sans Joie », tuant 643 Viêts et faisant 1 100 prisonniers au cours de l'opération « Caïman ») et prendra part aux durs combats du camp retranché de Na San.
Durant son séjour en Indochine, le 3e BPC aura perdu 71 hommes au combat. Le 31 août 1953, le 3e BPC est dissous pour former le 5e BPVN (Bataillon de Parachutistes vietnamiens) le fameux « Bawouan », qui connaîtra, comme son aîné un destin tragique, puisqu'il sera anéanti à son tour dans la cuvette de Diên Biên Phù en 1954. Il faudra attendre 1955 pour voir renaître un nouveau « 3 » : le 3e RPC (Régiment de Parachutistes Coloniaux) sera créé à Mont-de-Marsan, participera à l'expédition de Suez en 1956, à la Bataille d'Alger en 1957 et s'illustrera dans le sud-algérien à Colomb-Bechar et à Timimoun, sous les ordres du colonel Bigeard, puis du colonel Trinquier. Devenu le 3e RPIMa (Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine) il est installé à Carcassonne depuis 1962, interviendra encore au Liban, en Centre-Afrique, au Tchad, en Nouvelle Calédonie, au Zaïre, au Rwanda, et depuis dans pratiquement toutes les opérations extérieures ».
Jacques Fleury de Ville d’Avray.
Jacques Fleury nait à Ville d’Avray le 21 octobre 1927. Engagé dans l’armée, il rejoint le 3e BCCP et débarque en Indochine avec son unité. Il fait partie des tués de la RC4 d’octobre 1950. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de sa commune.
Sources :
- Ce texte a été écrit par le colonel Jean Cuignache (Être et Durer-35 – juin 2000).
- Les ajouts sur le Jacques Fleury sont le fait du SF des Hauts-de-Seine.
- Crédits photographiques : ECPAD.