Les chars d'assaut de 14-18 : 2/4 - Le char Schneider.
Publié le 11 Novembre 2015
Le char Schneider.
Le 21 février 1916, la société Schneider présente à Vincennes son modèle de char, le char Estienne-Brillié, qui n’est autre qu’un tracteur américain Holt 45CV, non modifié, simplement équipé d’un patin à l’avant pour faciliter la pénétration des réseaux de barbelés. Devant le sous-secrétaire d’Etat aux inventions, Jules Louis Breton, et une délégation militaire, une démonstration est réalisée : les barbelés sont bel et bien écrasés.
Puis les essais d’un tracteur Baby Holt court commencent en avril 1916. Le bois de Meudon et Chaville est propice, offrant de nombreuses pentes qui peuvent simuler des trous d’obus. Il s’agit toujours d’un tracteur et le chauffeur, assis à l’arrière sur un siège peu confortable, doit montrer de véritables capacités d’acrobate pour se maintenir en position.
Le développement d’un premier prototype, le tracteur A, va se faire avec la société Saint-Chamond. Mais, après l’apparition de divergences, chaque société va développer son propre engin : le CA 1 pour Schneider et le char Saint-Chamond pour Saint-Chamond.
Les premiers chars Schneider sont livrés en septembre 1916. Construit pour un équipage d’un conducteur et de cinq servants, le tank est équipé d’un canon de 75 mm BS (Blockhaus Schneider) court monté à l’avant-droit et de deux mitrailleuses Hotchkiss latérales, protégées par des boucliers hémisphériques. La forme d’étrave munie d’un rail d’acier à l’avant du char Schneider permet de cisailler puis d’écraser les réseaux de barbelés et facilite aussi dans une certaine mesure les franchissements de tranchées.
82 Schneider combattent pour la première fois le 16 avril 1917 à Berry-au-Bac sur le Chemin des Dames. Ce premier engagement se solde par plus de la moitié des chars engagés détruits par l’artillerie adverse. Le char Schneider montre un volume interne habitable très étroit pour un équipage de 6 hommes et ses capacités de ventilation ainsi que le mauvais champ de vision qu’il offre à l’équipe le rendent pénible à utiliser. De plus, son blindage latéral initial trop faible (vulnérable aux balles à noyau d’acier allemandes) et son réservoir d’essence initialement placé à l’avant du char le rendent très vulnérable. Dans les versions suivantes, le réservoir d’essence est déplacé à l’arrière et sa caisse dotée d’un sur-blindage supplémentaire de 5,5 mm.
Au niveau mécanique, le moteur Schneider, les boîtes de transmission et les chenilles sont relativement fiables, expliquant la présence de chars Schneider après la Première Guerre mondiale. Ils sont notamment utilisés par l’armée espagnole pendant la Guerre du Rif.
Malgré les améliorations de blindage, l’armée française maintient sa commande de 400 unités à SOMUA, mais n’en commandera pas davantage. L’armée française choisit de privilégier les nouveaux chars légers Renault FT, dont le nombre dépassera plus de 1.500 à la fin de la guerre. Les chars Schneider restent en service jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918, escortant l’infanterie et les chars FT.
Sources :
- Ce texte a été écrit dans sa version originale par Monsieur Jean-Pierre Fouché. Il a été repris pour partie.
- Ce texte a été l’un des supports d’une exposition présentée dans plusieurs villes en partenariat avec le Souvenir Français.
- Henri Ortholan, La guerre des chars : 1916-1918, Bernard Giovanangelis Editeur 2007.
- Arlette Estienne-Mondet, Le général J.B. Estienne – père des chars : des chenilles et des ailes, L’Harmattan, 2010.
- Alain Gougaud, L’aube de la gloire, les automitrailleuses et les chars français pendant la Grande guerre, Ocebur, 1987.
- LCL Malmassari, Les Chars de la Grande guerre, 14-18 Editions, 2009.
- Sites Internet : Chars français sur le net, hébergé chez OVH ; sites Internet du ministère de la Défense et du Service Historique de la Défense.
- Encyclopédies Wikipédia, Larousse.