Parrainage du Souvenir Français par l’Académie des Sciences Morales et Politiques.
Publié le 20 Mars 2016
Le 19 février 2016, Monsieur le contrôleur général des armées, Serge Barcellini, Président-Général du Souvenir Français, a indiqué que Monsieur Xavier Darcos, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, venait de donner le parrainage de son Académie au Souvenir Français pour les années 2016 et 2017.
Ce parrainage fait suite à celui de la Patrouille de France, pour 2014 et 2015.
1 – Présentation.
L'Académie des Sciences morales et politiques tient à la dénomination que lui ont léguée ses grands fondateurs, même si elle a perdu aujourd'hui, pour la plupart des gens, la clarté qui était la sienne au 18e siècle. Les sciences morales et politiques recouvrent le champ de ce qu'on appelle aujourd'hui les sciences humaines. L'Académie est, à ce titre, la plus ancienne institution consacrée entièrement à ces sciences de l'homme. De même que les sciences physiques avaient commencé à expliquer la nature par des lois rationnelles, il s'agissait d'étudier l'homme d'un point de vue rationnel. Comme l'exprimait Montesquieu dans la préface de l'Esprit des lois : « J'ai d'abord examiné les hommes et j'ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et de mœurs, ils n'étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies. J'ai posé les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier comme d'eux-mêmes; les histoires de toutes les nations n'en être que les suites; et chaque loi particulière liée avec une autre loi, ou dépendre d'une autre plus générale. Je n'ai point tiré mes principes de mes préjugés mais de la nature des choses. »
En cela, le projet intellectuel des "sciences morales et politiques" est l'héritier direct de celui des Lumières, reformulé par les Idéologues du début du XIXe siècle. Par la connaissance des "múurs" humaines, de leur contingence et de leur nécessité, il devenait possible de trouver les formes d'organisation politique les plus favorables au bien public et à l'épanouissement de l'individu. L'Académie a, tout au long du 19e et du 20e siècles, favorisé et accompagné le développement des sciences humaines, en intégrant peu à peu en son sein les disciplines nouvelles qui apparaissaient: géographie, sociologie, psychologie.
2 – Histoire.
Les Académies royales furent créées dans la seconde moitié du XVIIe siècle : Académie française (1635), Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1663), Académie des Sciences (1666) ainsi que les différentes Académies qui sont à l'origine de l'Académie des Beaux-arts.
Les " sciences morales et politiques " qui ne sont apparues qu'au cours du siècle suivant, dans la mouvance des Lumières, ne furent pas regroupées dans une institution spécifique reconnue par l'état royal. Seuls d'éphémères " clubs " se réunirent autour de ces études scientifiques de l'homme. Parmi eux, on peut citer le Club de l'Entresol que fréquenta Montesquieu. Ces thèmes d'études étaient cependant abordés dans le cadre des Académies de province, qui se développent à cette époque. Ainsi, l'Académie de Dijon mit à son concours, en 1750, la question suivante : " Le progrès des sciences et des lettres n'a-t-il pas contribué à corrompre ou à épurer les moeurs ? ". Jean-Jacques Rousseau en fut le lauréat.
2.1 – 1795 : Création de l’Institut de France et de la Classe des Sciences morales et politiques.
Les Académies royales, dont l'abbé Grégoire déclara qu'elles étaient " gangrenées d'une incurable aristocratie ", furent supprimées par le décret de la Convention du 8 août 1793. Différents projets de substitution furent élaborés, par Talleyrand (1791) puis Condorcet (1792), pour aboutir à l'adoption du projet Daunou (décret de la Convention du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) qui institua l'Institut de France, divisé en trois Classes (Sciences physiques et mathématiques, Sciences morales et politiques, Littérature et Beaux-arts). Le projet était de créer un corps unique et pluridisciplinaire, voué au progrès des sciences et de la Raison. La deuxième Classe est divisée en six sections : analyse des sensations et des idées, morale, science sociale et législation, économie politique, histoire et, enfin, géographie. Elle étudiait donc l'homme moral et sa vie en société.
2.2 – 1803 : réorganisation de l’Institut de France et suppression de la Classe des Sciences morales et politiques.
Le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, membre de l'Institut depuis 1797, entreprit de réformer l'Institut national par l'arrêté du 3 pluviôse an XI (23 janvier 1803). Il redonnait une autonomie aux Classes au sein de l'Institut national. Le nombre des Classes passait à quatre : Sciences physiques et mathématiques, Langue et littérature françaises, Histoire et littérature anciennes, Beaux-arts. De fait, il recréait les quatre Académies royales supprimées par la Révolution. Dans cette nouvelle organisation, les " Sciences morales et politiques " ne trouvaient plus de place. Dominique Joseph Garat interpréta cette suppression de la manière suivante : " Le but des changements de l'Institut était d'en exclure les Sciences morales et politiques pour exclure plus rapidement la République de la France ". La seconde Classe aurait donc cessé d'exister avec la Liberté. Il est vrai que la seconde Classe était composée pour l'essentiel de ces Idéologues dont Bonaparte disait, après les avoir exclus du Tribunat, qu'ils étaient " des rêveurs, des phraseurs, des métaphysiciens, bons à jeter à l'eau ".
Cependant, pour flatteuse qu'elle soit pour l'Académie, cette interprétation est excessive. En effet, aucun membre de la seconde Classe ne fut exclu de l'Institut national ; ils furent répartis entre les quatre nouvelles Classes. Cette réforme tendait à reconstituer les anciennes Académies. Cette restauration fut accomplie par Louis XVIII qui les rétablit, par l'ordonnance du 31 mars 1816, dans leurs noms et leurs prérogatives anciens, tout en les maintenant au sein de l'Institut de France.
2.3 – 1832 : restauration de l’Académie des Sciences morales et politiques.
"Les Sciences morales et politiques influent directement parmi nous sur le sort de la société, elles modifient rapidement et les lois et les moeurs. On peut dire que, depuis un demi-siècle, elles ont joué un rôle dans notre histoire. C'est qu'elles ont acquis pour la première fois ce qui leur avait toujours manqué, un caractère vraiment scientifique ". C'est ainsi que François Guizot, ministre de l'Instruction publique du roi des Français Louis-Philippe Ier et grand historien, argumentait auprès du roi la nécessité de rétablir la seconde Classe.
L'Académie des Sciences morales et politiques fut restaurée par l'ordonnance du 26 octobre 1832.
Elle était divisée en cinq sections : Philosophie, Morale, Législation, Droit public et jurisprudence, économie politique et statistique, Histoire générale et philosophique. Douze académiciens subsistaient de la seconde Classe. Ils élirent leurs nouveaux confrères. De 1832 à 1870, l'Académie a joué un rôle politique important. On lui doit de nombreux rapports dont celui de Villermé sur " le travail des enfants dans les manufactures " (1842) qui aboutit au vote d'une loi destinée à le réglementer. Sous le Second Empire, l'Académie regroupa des voix importantes de l'opposition libérale. Pour tenter de la contrôler, le régime créa, en 1856, une nouvelle section appelée " Politique, administration, finances ". Ses membres ne furent pas élus mais nommés par l'état. La section fut finalement supprimée dix ans plus tard, après l'avènement de l'Empire libéral. Ses membres furent répartis entre les autres sections. Depuis cette date, l'Académie a poursuivi régulièrement ses travaux.
3 – Membres.
Philosophie : Chantal Delsol, Alain Besançon, Bernard Bourgeois, Lucien Israël, Jean Mesnard, rémi Brague, Bertrand Saint-Sernin.
Morale et Sociologie : Mireille Delmas-Marty, Jean Boechler, Jean Cluzel, Pierre Brunel, Marianne Bastid-Bruguière, Jean-François Mattei, Xavier Darcos, Haïm Korsia.
Législation, droit public et jurisprudence : Yves Gaudemet, Bruno Cotte, Jacques Boré, Prosper Weil, André Damien, Gilbert Guillaume, François Terré, Pierre Delvolvé.
Economie politique, statistique et finances : Denis Kessler, Michel Pébereau, Bertrand Collomb, Jean-Claude Casanova, Marcel Boiteux, Yvon Gattaz, Jean Tirole.
Histoire et géographie : Georges-Henri Soutou, Jean-Robert Pitte, François d’Orcival, Emmanuel Le Roy Ladurie, Philippe Levillain, Claude Dulong-Sainteny, Alain Duhamel, Jean Tulard.
Section générale : Renaud Denoix de Saint-Marc, André Vacheron, Jean-David Levitte, Christian Pocnelet, Pierre Mazeaud, Gabriel de Broglie, Jean-Claude Trichet, Thierry de Montbrial, Jacques de Larosière, cardinal Roger Etchegaray.
Sources : encyclopédies Larousse, Wikipédia ; site Internet de l’Institut de France ; site Internet de l’Académie française ; site Internet de l’Académie des sciences morale et politiques.