Le voyage à Verdun - 1/2.
Publié le 28 Mars 2016
Les 15 et 16 février derniers, emmenées par les associations patriotiques et d’anciens combattants de Clamart, deux classes de CM2 (Léopold Sedar Senghor de Clamart et Sainte-Clothilde d’Issy-les-Moulineaux) ont visité les champs de bataille de Verdun et l’ossuaire de Douaumont.
Voici le compte-rendu de l’organisation :
Verdun 15 février 16 février 2016
Lundi 15 février 2016
5 heures, lever. Un regard sur la météo : aujourd’hui pluvieux, demain Froid. Bouf !!!! Comme tout est prêt depuis la veille, il nous reste à charger les compléments du panier piquenique et les documents. 6 h ; Calmement départ vers la Place Hunebelle ; au passage nous prenons Claude et Colette et à 6h15 nous arrivons pour le départ du pèlerinage.
L’autocar N°1, Sainte Clothilde est là ; et il y a déjà du monde. Michel et Roger qui eux se sont levés à 4h30 car ils ont en charge le petit déjeuner avec des croissants chauds et l’autre partie du complément panier piquenique. Tout cela rejoint les soutes de l’autocar. Il faut remercier Roger qui bien que ne participant pas au pèlerinage mais qui a tenu étant responsable du complément piquenique a tenu à s’assurer que tout se passait bien : « chapeau » ! Un bonjour à José, le chauffeur qui peut démarrer son trajet à 6h20.Bas Clamart puis Sainte Clothilde à Issy-les-Moulineaux.
Le car de la Mairie n°2 Léopold Sédar Senghor avec son chauffeur, Jeannot, arrive à 6h25.On embarque ; pointage, et direction le haut Clamart ou après un arrêt au carrefour du 18 mai puis cimetière intercommunal pour embarquer les derniers adultes, direction Ile de France où les élèves et les parents de l’école Léopold Sédar Senghor, arrivent bien disciplinés en rang. Embarquement des enfants, après recommandations des parents et à 7 heures pile, départ pour l’A4, direction Verdun. Le temps est bouché mais la route est très coulante.
Après une heure 30 de route ; arrivée à l’aire de Tardenois. Une légère pluie avec des flocons de neige mais les cars créent un petit espace nous protégeant du vent. Le petit déjeuner est prêt. Bravo Michel ; des croissants chauds et bien bons, du café au lait ; c’est Byzance .Tout le monde se régale.
A 9h départ ; tout le monde est prêt, les moteurs chauffent, mais dans les 2 cars –signal d’alerte ! Oui nous avons prévu un exercice d’évacuation de car .En effet les derniers événements nous rendent très prudents .Et durant le trajet, avant l’arrêt petit déjeuner nous avions expliqué les gestes à faire en cas d’incidents. 4 hommes prévenus à l’avance se mettent en position à la sortie et hop, tout le monde dehors. Comme chacun joue très bien le jeu en quelques minutes chacun se retrouve à son point d’accueil.
J’ai chronométré l’exercice : 3 minutes pour le car n°1. 4 minutes pour le car n°2.C’est bien meilleur que la sortie que j’avais chronométré il y a quinze jours lors d’une sortie du 3eme âge qui avait duré 16 minutes, mais le but n’était pas la compétition mais la sécurité et puis personne n’était prévenu.
Chacun retrouve son car direction Verdun ou nous arrivons à 11h15.
Direction la cafétéria Cora où nous sommes attendus à 11h30 pour le déjeuner. Après quelques minutes de patience, la queue s’organise pour passer au stand d’alimentation et à 11h30 Senghor en tête chacun prend son plateau .L’ambiance est très détendue et on sent les enfants de Senghor très habitués au système Cafétéria. Pour Sainte Clothilde c’est plus long car les enfants, très poliment remercient à chaque plat .C’est très sympathique. Tout le monde est enfin installé. Le repas est chaleureux et on en profite pour prendre les premières photos.
A la fin du repas pour calmer les ardeurs les professeurs organisent une petite récréation dans un coin protégé du parking Cora. A 13h15 nous rejoignons les cars .Un petit appel de sécurité. Nous n’oublions personne et direction l’office de tourisme de Verdun qui se révèle très proche.
En attendant les guides chacun peut faire un petit tour dans le centre-ville de Verdun, admiré mais en marchant vite : la porte de la chaussé, l’hôtel de ville, la cathédrale notre Dame, le monument à la victoire et aux soldats de Verdun. Nous sommes garés juste devant le monument aux enfants de Verdun morts pour la France .Ce monument représente les différentes armes. Un fantassin, un sapeur du génie, un artilleur, un cavalier, un territorial. Sur ce monument sont inscrits 510 noms de Verdunois morts pendant la Première Guerre mondiale
Je vois arriver Guillaume qui sera le guide du car n°2 Léopold et Yvan le guide du car n°1 Ste Clothilde. Ils semblent très sympathiques et – bonheur ! – la pluie a cessé. Le temps, bien que gris et froid, semble se maintenir. 14h –Départ pour le car n°2 Senghor c’est le village détruit de Fleury et le fort de Vaux.
Pour le car n°1 Ste Clothilde c’est le contraire.
Nous arrivons sur le champ de bataille. Tout le bas-côté de la route sur une profondeur de 100 mètres est dégagé, nous voyons les bucherons s’activer. En effet pour le 21 février début des 100 ans de la bataille de Verdun il faut que tous les sites soient parfaitement visitables et on se rend compte que le terrain est complètement retourné, des trous importants pleins d’eau qui se succèdent. C’est le résultat des terribles bombardements de l’artillerie d’il y a 100 ans. La nature a dû un peu arranger les choses mais on comprend vite que cela devait être terrible. Le guide nous apprend que plus de 30 millions d’obus de tout calibre ont été tirés et qu’il en reste de nombreux non éclatés. Chaque jour la terre en rejette et des procédures très strictes doivent être respectées car tout le terrain reste dangereux. Pas question de gambader dans les sous-bois.
Nous passons devant le mémorial fermé, pas encore inauguré et après quelques kilomètres nous arrivons au village détruit de Fleury devant Douaumont. L’un des 9 villages totalement détruit pendant la bataille de Verdun. Le guide rappelle la sécurité à respecter, pas de gambade en sous-bois. Marcher sur le chemin. Le terrain est en pente descendante et tourmenté, il témoigne de l’énorme quantité d’obus reçue. Autour du chemin se succèdent les trous d’obus plein d’eau.
En descendant vers la chapelle commémorative, Notre Dame de l’Europe, construite à l’emplacement de l’ancienne église ; cette chapelle a été dédiée à l’Europe avec une statue de la vierge Marie dont le manteau est un drapeau européen, nous découvrons de petites bornes où figurent les noms : ferme, boulanger, école, épicerie, etc. Ces bornes marquent les emplacements des anciennes habitations. Le guide nous apprend que nous sommes sur la ligne de front, que le village a été pris et repris 16 fois durant ces 9 mois de bataille. Guillaume est un très bon guide, il se met au diapason des enfants et répond à toutes les questions. La chapelle reconstruite comporte sur sa façade une statue de la vierge et un grand médaillon de la croix de guerre.
Nous prenons un petit sentier vers la droite, toujours semé de bornes pour arriver sur une statue d’environ 1m50 en bois représentant un poilu. Le guide nous apprend qu’à cet endroit il y a 2 ans ont été retrouvés 26 corps dont 16 ont pu être identifiés. En effet il reste sur cet immense champ de bataille 130.000 disparus et la nature chaque année en rend quelques-uns. Le bilan de cette bataille de Verdun est de 163.000 morts français ; 143.000 morts allemands. 216.000 blessés français, 190.000 blessés allemands. Cela a vraiment dû être une époque terrible.
Puis, nous retournons au centre du village pour prendre sur la gauche où se trouve un premier monument commémoratif. C’est l’emplacement ou se trouvait la mairie. Le socle a été construit avec toutes les pierres restant du village. Et Guillaume nous apprend que Fleury a été déclaré « Mort pour la France en 1918 » : il ne restait plus d’habitants car ils avaient été évacués en en 1916 et n’ont pu rejoindre après la bataille leur village complètement détruit, la terre trop polluée par les gaz, les explosions, les déchets d’obus. Mais Fleury reste un village de France avec un Maire nommé par le préfet de la Meuse, un code postal.
Sur le côté un autre monument en l’honneur de deux lieutenants fusillés pour l’exemple. Ils ont été réhabilités en 1919. Ces deux malheureux après avoir résisté à Douaumont très proche pendant plus de 24 heures. Des 300 hommes qu’ils commandaient il n’en restait qu’une dizaine et ils avaient décidé de se replier pour d’abord manger car depuis 24 heures rien ; se rééquiper et repartir au combat. Mais le colonel de leur régiment « très obtus » respectant au pied de la lettre la consigne du maréchal Joffre relayé par le général Castelnau « ils ne passeront pas » avait considéré que leur recul étaient une désertion et sans jugement avait fait fusiller pour l’exemple ces deux lieutenants. Cela semble s’être produit plusieurs fois et pour quelques fusillés on attend encore la réhabilitation. Cela semble impensable de nos jours mais c’était l’époque où les hommes étaient beaucoup plus rudes qu’aujourd’hui.
Après 1h30 de visite nous reprenons l’autocar ; Guillaume doit répondre à de nombreuses questions ce qu’il fait avec beaucoup de détail. Tout le monde se sent très marqué par cette visite.
Puis nous arrivons au fort de Vaux.
Première impression, tout est labouré, vallonné, rempli de trou d’obus faits par les bombes et les obus. Le paysage semble gris avec juste un petit sapin à l’entrée d’une galerie et un drapeau tricolore au sommet du fort. Pour commencer la visite nous montons au sommet du fort pour constater un nombre incroyable de trous d’obus. Nous avons une vue impressionnante sur la région, comprenons la raison stratégique de ce fort et l’acharnement mis par les allemands à le conquérir. Car de ce fort on pouvait voir tous leurs mouvements. Puis direction l’entrée du fort. Nous croisons l’autre groupe qui va visiter Fleury. Sur la façade nous pouvons voir 2 plaques commémoratives, l’une concerne les colombophiles l’autre aux défenseurs du fort de Vaux.
Puis nous entrons dans le fort .Au début une grande salle avec le plan de bataille, des vitrines comprenant des casques rouillés, des balles, des douilles, des obus, des outils, des baïonnettes rouillées, bref tout ce que la terre a rejeté. Guillaume nous fait un topo succinct de la bataille et de l’histoire de ce fort. Construit de 1881 à 1884, renforcé en 1888 le fort est désarmé en 1915. C’est un ouvrage sans armement lourd.
Du 2 au 7 juin 1916 grâce à l’héroïsme du commandant Raynal qui a pris son poste le 24 mai 1916 bien que grièvement blessé en 1915 et de sa garnison (6e compagnie du 142e RI, une compagnie de mitrailleuse, un détachement du génie et d’artillerie soit un peu plus de 250 hommes auxquels se joindront pendant l’assaut un certain nombre de soldats du 101e RI et du 142e RI qui s’y réfugient ainsi que la 53e compagnie de mitrailleuse soit au total 500 hommes ; à noter 4 pigeons voyageurs et un cocker répondant au nom de « quiqui ». Il n’y a pas beaucoup de vivres mais l’approvisionnement en eau est assuré par une citerne de 5000 litres) le fort résiste à la 50e division allemande mais après de très durs combats les défenseurs doivent finalement se rendre.
Les Allemands abandonneront le fort de Vaux qui est repris sans combat par les troupes françaises dans la nuit du 2 au 3 novembre 1916.
Ensuite nous commençons la visite par un grand couloir très humide, nous marchons dans l’eau avec des stalactites au plafond. Nous nous arrêtons sur les dortoirs avec ces lits en Challis puis l’infirmerie avec ses blessés (mannequins) le bureau du commandant, le poste de radio, l’électricité semble vacillante mais il faut se rappeler qu’à l’époque c’était les bougies et la lampe à pétrole. Nous prenons un couloir qui se rétrécit de plus en plus avec des murs en redan qui rendent le cheminement difficile. C’est par ce chemin que sont arrivés les Allemands qui ont mis plusieurs jours pour arriver à terme utilisant même par endroit des lances flammes. On imagine des combats terribles.
Puis retour vers les tourelles comprenant des canons, tourelles détruites par des obus de très gros calibres « du 400 mm dit-on ». A la reddition du fort le 7 juin 1916 à 6h30 du matin après 6 jours de combats acharnés les Allemands pour honorer les Français survivants avant de les envoyer en captivité leurs ont présenté les armes. Le commandant Raynal est conduit au quartier général du Kronprinz ou on le complimente pour sa vaillante résistance .Il lui est remis un poignard de pionner allemand en signe de respect. Il faut aussi parler du pigeon « le vaillant » matricule 787-15 qui fut lâché du fort de Vaux le 4 juin 1916 à 11h30 pour apporter à Verdun le denier message du Commandant Raynal.
Celui-ci écrivait : « Nous tenons toujours mais subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses .Il y a urgence à nous dégager ; c’est mon dernier pigeon. Signé Raynal ». Ce pigeon a obtenu une citation à l’ordre de la nation. Fortement intoxiqué il est arrivé mourant au colombier.
Puis retour à l’office de tourisme pour déposer nos guides et direction Benoite Vaux. Nous reprenons la Voie sacrée pour arriver vers 17h30. L’attribution des chambres ayant été préparée à l’avance avec la direction de ce lieu d’hébergement tout va très vite et dans le quart d’heure chacun peut se relaxer. Les chambres « monastère » pour les anciens combattants. Les chambres « pèlerins » pour les filles de sainte Clothilde et les deniers inscrits anciens combattants. Les chambres « sainte Thérèse »pour les enfants de Léopold Sédar Senghor et les garçons de sainte Clothilde. Ces chambres sont plus spartiates et rappellent avec leur châlit des souvenirs de services militaires aux anciens.
Après une douche(ou pas) nous nous retrouvons à 19 heures au réfectoire de Benoite Vaux. Style cafétéria chacun prend place à table. La nourriture bonne est la bienvenue et chacun peut se raconter les aventures de la journée. A 20h Guillaume qui a préparé sur l’arrière du réfectoire une petite salle conférence nous présente la bataille de Verdun. Il est passionné et nous fait partager sa passion par de nombreuses anecdotes. Les questions fusent sans fin. Vers 21h30 à la fin de la conférence le père responsable de Benoite Vaux nous apprend que ce lieu était un hôpital de campagne ou sont passés de nombreux blessés français et allemands. Il nous parle aussi d’une fontaine miraculeuse sur le site et demain matin j’en verrai certains prendre avec leur bouteille un peu d’eau.
A 22 heures couvre-feu ; tout le monde au lit !