Des Barracudas en Centrafrique.
Publié le 14 Août 2018
Bokassa 1er.
Jean-Bedel Bokassa nait en 1921 dans un village au sud-ouest de Bangui, capitale de la République de Centrafrique. Elève chez les missionnaires présents dans le pays, il ne sera jamais prêtre et s’engage dans les Forces Françaises Libres en 1939. Il intègre par la suite l’armée française, devient sous-officier, guerroie en Indochine puis en Algérie. Titulaire de la croix de guerre et de la Légion d’honneur, il quitte l’armée avec le grade de capitaine.
En 1960, la République de Centrafrique devient indépendante, dans le cadre des grandes lois de décolonisation. Le président du nouvel Etat est alors David Dacko, cousin de Bokassa. A la fin de l’année 1965, le chef de la gendarmerie tente un coup d’Etat contre Dacko et envoie également des gendarmes pour tenter d’arrêter Bokassa, conseiller auprès de son cousin pour organiser l’armée. Mais ce dernier arrive à renverser la situation et prend le pouvoir le soir du 31 décembre 1965 (« coup d’Etat de la Saint-Sylvestre »). Dès le lendemain, Bokassa s’autoproclame nouveau président de la République. Les premières années se passent plutôt bien vis-à-vis de la population et du développement du pays, en dépit de réactions violentes et récurrentes contre les opposants (le général de Gaulle appelle Bokassa le « soudard »). Ses réformes vont plutôt dans le sens du travail et de la dénonciation de la corruption et de la bourgeoisie. Il ne refuse rien à la France, en particulier les mines d’uranium qui sont prospectées par le Commissariat à l’Energie Atomique.
Les choses s’enveniment quand Jean-Bedel Bokassa décide de se proclamer président à vie en 1972 puis maréchal deux années plus tard. Et ce n’est pas fini : le 4 décembre 1977, il se fait proclamer Empereur au cours d’une cérémonie délirante (plusieurs milliers de figurants, d’invités ; des pierres précieuses parsèment ses vêtements ; il se promène en carrosse ; fait venir les plats et pâtisseries de France par avion spécial…).
Le pouvoir était déjà très répressif, il devient dictatorial. Des milliers de personnes disparaissent dans les geôles du pays. Plus rien n’arrête Bokassa 1er et il annonce vouloir obtenir son indépendance militaire grâce à la bombe atomique. La France, Valéry Giscard d’Estaing est alors président de la République, décide de lâcher le régime et de renverser le maréchal devenu au mieux dictateur mégalomane et au pire complètement fou.
L’Opération Barracuda.
Dans la nuit du 20 septembre 1979, alors que Bokassa 1er se trouve en Libye dans l’optique d’un rapprochement avec le colonel Kadhafi, les Services Secrets français lancent l’Opération Caban. Un commando infiltré du Service Action accueille le Transall du 1er RPIMa commandé par le colonel Briançon-Rouge à l’aéroport de Bangui. Après avoir neutralisé l’aéroport, des renforts atterrissent et le chef des Forces spéciales contacte le colonel Bernard Degenne, basé à N’Djaména, capitale du Tchad, pour qu’il envoie ses « Barracudas », nom de code pour huit hélicoptères Puma et transports aériens Transall. La prise de Bangui peut débuter ; elle durera deux jours ! David Dacko, conseiller de Bokassa 1er, annonce la chute de son empereur et proclame la République !
Les éléments employés sont alors des compagnies du 8e RPIMa du 3e RPIMa, venus de Libreville au Gabon.
Jusqu'en novembre 1979, l’opération Barracuda vise à protéger les ressortissants français et le nouveau gouvernement et soutenir les forces armées centrafricaines (FACA) dans leurs missions de maintien de l’ordre. Elle vise ensuite à reconstruire et instruire les FACA afin qu'elles soient en mesure d'assurer la stabilité du pays. L'opération Barracuda se termine en juin 1981, remplacée par les éléments français d’assistance opérationnelle (EFAO) qui seront présents en Centrafrique jusqu’en 1998.
La fin de l’empereur.
Empereur déchu, Bokassa se réfugie à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pendant quatre ans, puis en France, dans son château d’Hardricourt dans les Yvelines. Finalement, il retourne à Bangui en 1986, est arrêté et jugé pour trahison, meurtre, cannibalisme ( !) et détournement de fonds. Sa peine – la mort – en commuée en prison à vie. Il est amnistié par André Kollingba (le nouveau président) en 1993 et meurt trois ans plus tard d’un arrêt cardiaque. Il est inhumé dans son ancien palais de Berengo et est « réhabilité dans tous ses droits » par le président François Bozizé le 1er décembre 2010, à l’occasion de la fête nationale et du cinquantenaire de la proclamation de l’indépendance de la République centrafricaine.
Jean-Bedel Bokassa avait 17 femmes et 36 enfants reconnus à charge.
Source :
- Encyclopédie Wikipédia.
- Encyclopédie Larousse.
- Archives INA.
- Archives chaîne de télévision Antenne 2.
- Site www.amicale8rpima.com – Site d’une amicale du 8e régiment parachutiste d’infanterie de marine.
- Stephen Smith et Géraldine Faes, Bokassa 1er : un empereur français, Calmann–Lévy, 2000.
- Monsieur X & Patrick Pesnot, Les dossiers secrets de Monsieur X : Les dessous de la Françafrique, Ed Nouveau Monde et France Inter, 2008.
- René-Jacques Lique, Bokassa Ier, la grande mystification, Chaka, 1993.
- Général Bigeard, Ma vie pour la France, Monaco, éditions du Rocher, 2010.