1969 – 2022 : plus d’un demi-siècle d’interventions au Tchad.
Publié le 5 Juillet 2022
Depuis la fin du 19e siècle, la France affirme progressivement sa souveraineté sur l’ensemble du territoire du Tchad actuel, qu'elle incorpore à l’Afrique Equatoriale Française en 1920. Vingt ans plus tard, grâce au gouverneur général Félix Eboué, le Tchad est le premier territoire français à se rallier à la France libre. Le pays obtient son autonomie en 1958, puis son indépendance en 1960, avec pour premier chef d'État François Tombalbaye, assassiné en 1975.
Les Opérations Limousin et Bison.
Les opérations Limousin et Bison sont deux opérations militaires françaises menées au Tchad de à dans le but de contrer le front de libération nationale du Tchad qui mène une guérilla et menace la capitale N’Djaména. Cette opération est la plus vaste opération anti-insurrectionnelle depuis la guerre d’Algérie, mais aussi la première opération extérieure (OPEX) de l'armée française en Afrique.
L’Opération Tacaud.
L’opération Tacaud est une opération militaire française qui se déroule entre février 1978 et mai 1980, durant la guerre civile tchadienne de 1965 à 1980.
Le 17 février 1978, Faya-Largeau, au nord du pays, est prise par les bandes rebelles du FROLINAT qui progressent sur plusieurs axes en direction de la capitale tchadienne. La France décide l’envoi de forces militaires pour soutenir l'armée régulière tchadienne. L'opération fait suite à l’opération Bison qui se déroula de 1969 à 1972. Dix-huit militaires français perdent la vie durant Tacaud et deux avions Jaguar sont abattus.
L’Opération Manta.
Août 1983 marque le début de l’opération militaire française Manta au Tchad : 4 000 soldats français viennent en appui au régime du président tchadien Hissène Habré, qui fait face aux forces d’opposition du Gouvernement d’union nationale du Tchad (GUNT) de Goukouni Oueddei, soutenu par la Libye de Mouammar Kadhafi.
L’année suivante, Charles Hernu, ministre de la Défense, déclare sur Radio France Internationale que "les Français ne quitteront pas le Tchad tant qu’il y aura un soldat libyen au sud de la bande d’Aozou" (zone frontalière du territoire tchadien occupée par la Libye depuis douze ans). Peu après, un accord franco-libyen est trouvé pour l’évacuation du Tchad par les deux armées à partir du 25 septembre 1984. Le même jour, Claude Cheysson, ministre des Relations extérieures, indique que l’accord de coopération militaire franco-tchadien reste en vigueur si la Libye ne tient pas ses engagements.
L’Opération Epervier.
En février 1986, le Tchad connait de nouveau la guerre avec la reprise des combats au nord du pays entre les forces du président tchadien, Hissène Habré, et celles du GUNT de Goukouni Oueddei, appuyées par la Libye. La France met en place à N’Djamena un système aérien dissuasif dans le cadre de l’opération Épervier. Puis les avions français bombardent la piste d’atterrissage d'Ouadi Doum dans le nord du Tchad. Hissène Habré déclare à la presse que cette action entre "dans le cadre d’une demande d’aide militaire adressée par le Tchad à la France" et précise que l’aéroport d'Ouadi Doum était une "place forte libyenne".
En février 1987, la France décide d’un renforcement et d’un redéploiement du dispositif Épervier pour parer aux pressions croissantes des forces libyennes opérant au nord du pays. Les effectifs passent de 1 400 à 2 200 hommes.
Après la fuite au Cameroun d’Hissène Habré (décembre 1990), président du Tchad depuis 1982 et l’entrée dans la capitale du Mouvement patriotique du salut (MPS), Jean-Pierre Chevènement, ministre français de la défense, annonce un renforcement du dispositif militaire Épervier et Jacques Pelletier, ministre de la coopération et du développement, indique que la France soutiendra les efforts de démocratisation d’Idriss Déby, nouvellement nommé chef de l’État par le MPS. Le 2 janvier 1992, à la suite de combats entre l’armée tchadienne et des partisans de l’ancien président Hissène Habré, la France consolide le dispositif militaire Épervier en envoyant un renfort de 450 hommes. Le 7, retour en France d’une partie du contingent, mais aussitôt suivi de l’annonce par la France de l’envoi d’une compagnie de parachutistes à N’Djamena.
Et les combats continuent… En 2006, en soutien à l’armée tchadienne face aux rebelles, l’aviation française effectue un tir de semonce devant une colonne rebelle à 250 kilomètres de N’Djamena. Deux années plus tard, la France doit protéger l’aéroport de cette même capitale et ordonner l’évacuation des ressortissants français. Des échanges de tirs entre l’armée française et les rebelles se tiennent près de l’aéroport. Idriss Déby conserve le pouvoir (il sera assassiné en 2021 et remplacé par son fils).
L’opération Barkhane.
Le 1er août 2014 est lancée l’opération Barkhane, conduite par les armées françaises. Elle se caractérise par une logique de fusion et de partage des moyens qui, jusqu’alors étaient dévolus à des opérations distinctes (l’opération Serval au Mali, déclenchée en 2013 et l’opération Épervier au Tchad, déclenchée en 1986) avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso. La fin de cette opération est annoncée par le président de la République en février 2022.
Le Souvenir français honore la mémoire de tous les Français morts pour la France ; qu’ils soient tombés aux cours de conflits majeurs, comme aux cours des opérations Extérieures. Et pour rappel, le 11 novembre 2019, Emmanuel Macron, président de la République, a inauguré un monument à la mémoire des militaires français tombés pendant l’ensemble des opérations extérieures. Ce monument se trouve dans le parc André Citroën à Paris. Quant aux militaires tués en OPEX, ils sont au nombre de 645 à ce jour.