Hauts-de-Seine : ils entretiennent la mémoire des soldats tués loin de chez eux.
Publié le 9 Novembre 2019
Voici in extenso un article paru ces derniers jours dans le journal Le Parisien sur l’hommage aux Morts pour la France en OPEX, rendu par notre association dans notre département. Journal que nous remercions vivement pour sa collaboration active.
Reportage d’Amanda Breuer Rivera :
« Malgré les petites averses d'automne, un petit groupe de huit personnes s'est retrouvé, ce lundi après-midi 4 novembre 2019, au cimetière du centre de Nanterre autour de la tombe d'un soldat « mort pour la France » qu'ils n'ont pas connu. Une évidence, pourtant, pour ces membres du Souvenir français – une association chargée de l'entretien des tombes et de la mémoire des soldats morts pour la France.
« Mon grand-père était un grand mutilé de la guerre de 14-18, confie Daniel, casquette sur la tête et membre du comité de Rueil-Malmaison. Le devoir de mémoire c'est quelque chose que je pratique depuis longtemps, pour lui et pour tous les autres. »
« Rémi Scrive, parachutiste, est né en 1951, déclame Claude Guy, délégué général départemental de l'association. Il est mort le 11 octobre 1970 à Bedo, au Tchad lors d'une embuscade avec 11 autres parachutistes marines… ».
«On est considéré comme des ringards».
Têtes baissées, habillés de noirs, tous écoutent les circonstances de sa mort. Il n'avait que 19 ans. À travers cet hommage, le délégué glisse quelques mots sur ces 549 soldats « morts pour défendre la liberté et la démocratie » en opérations extérieures depuis 1962. Avec une évocation du dernier d’entre eux, Ronan Pointeau, tombé il y a quelques jours au Mali. Ce sont ces militaires morts en « Opex » (NB Opération Extérieure) que le Souvenir français entend saluer à travers cette série d'hommages rendus, ces derniers jours, sur près de 400 tombes dans toute la France. Des combattants dont l'association estime que la mémoire n'est pas assez entretenue.
« Les gens s'en foutent, lâche, amer, Jean, un ancien mobilisé. Autant on respecte tous les morts de 39-45 mais pas ceux des guerres suivantes, c'est dur… Et on est considéré comme des ringards quand on fait la quête (NDLR : pour entretenir les tombes) ».
Interventions dans les établissements scolaires et géolocalisation des sépultures.
Malgré la musique d'un enterrement à quelques mètres de là ainsi que le brouhaha incessant d'un chantier, une minute de silence est respectée et la Marseillaise est finalement chantée à mi-voix. Une façon de maintenir la tradition malgré le changement de l'époque. « Ces générations qui ont connu la guerre vont disparaître, alors il faudra une grande association nationale pour entretenir leur mémoire, explique Claude Guy. Depuis 3-4 ans, le Souvenir français essaie de se renouveler et de se moderniser. »
En plus d'interventions dans les lycées et collèges, l'association développe la géolocalisation des soldats morts pour la France afin d’intéresser un plus grand nombre de concitoyens. En parallèle, elle entretient les tombes des combattants et tente de retrouver et préserver ceux enterrés dans les tombeaux familiaux qui, parfois, faute d'entretien, peuvent tomber en déshérence.
Une stèle nationale à la mémoire des Opex inaugurée le 11 novembre à Paris.
Ce travail de longue haleine nécessite la présence de bénévoles. « Mais c'est difficile d'en trouver car moins de familles sont touchées et, c'est mon sentiment, les gens sont moins intéressés par le monde associatif », reprend Claude Guy. Sur les 36 communes des Hauts-de-Seine, l'association possède 28 antennes locales.
Le 11 novembre prochain, une stèle en la mémoire des soldats morts durant les opérations extérieures doit toutefois être inaugurée par Emmanuel Macron, à Paris, dans le parc André-Citroën. Y figureront notamment les noms des trois soldats des Hauts-de-Seine que l'antenne départementale du Souvenir français a recensés.
Sources :
Amanda Breuer Rivera pour le journal Le Parisien (texte et crédit photographique).