Le Mont Valérien.

Publié le 3 Mai 2009


 
Hommage national du 23 novembre 2008.

 

Un lieu de pèlerinage.

 

Le Mont Valérien est une colline, d’une hauteur de 162 mètres, qui domine l’ouest de Paris, et qui se situe sur les communes de Suresnes, de Nanterre et de Rueil-Malmaison. En France, le Mont Valérien est considéré comme un des hauts lieux de la Mémoire.

 

Au départ connu comme ermitage médiéval, un calvaire y est installé au cours du 15ème siècle. Puis, le lieu devient pèlerinage et, sous Louis XIII, des chapelles, rappelant les stations du Chemin de Croix sont bâties. Elles constituent autant d’étapes pour les processions des Parisiens, qui s’y rendent en masse. En 1634, une congrégation, les Prêtres du Calvaire, s’établie sur le mont, mais, cinquante ans plus tard, compte tenu de fréquents désordres, le pèlerinage est interdit, et la congrégation est dispersée. Plus tard, les prêtres sont remplacés par des laïcs qui y prononcent des vœux temporaires. Arrive la Révolution. Comme un bon nombre d’édifices religieux, le Mont Valérien est saccagé par les révolutionnaires.

 

Après la signature du Concordat entre Bonaparte, Premier consul, et le pape Pie VII, l’ordre ecclésiastique s’y installe à nouveau (des moines trappistes). Plus tard, le même Bonaparte, devenu l’empereur Napoléon 1er, fait construire des bâtiments – qui existent toujours – et dont le but est d’être maison d’éducation pour la Légion d’honneur.

 

Sous Louis XVIII puis Charles X, le Mont Valérien reprend totalement sa vocation religieuse et la société des Missions de France s’y installe. Symbole d’un christianisme royaliste ultra, le lieu est particulièrement visé pendant les Trois Glorieuses en 1830. Le nouveau roi des Français, Louis-Philippe, décide de dissoudre la communauté chrétienne et intègre la colline dans le réseau de fortifications de la défense de Paris.

 

 

Le fort du Mont Valérien.

 

L’actuel fort du Mont Valérien est construit à partir de 1841, et s’intègre dans le réseau de seize forts qui doivent défendre la capitale ; ceux-ci sont eux-mêmes intégrés comme avant-postes dans l’enceinte fortifiée qui fait le tour de Paris (forts de Nogent, Noisy, Issy, Montrouge, Vanves, …).

 

Peu après sa construction, le fort commence par être utilisé comme prison. Des opposants à Louis-Napoléon Bonaparte, devenu l’empereur Napoléon III, y séjournent. Il s’agit de Gustave de Beaumont, Achille Chaper, Joseph-Edmond Fayolle.

 

Le 19 juillet 1870 éclate la Guerre franco-prussienne. Après quelques semaines de combats, les forces prussiennes arrivent sur la capitale. Le fort du Mont Valérien joue un rôle très important. Les troupes républicaines du Gouvernement de la Défense nationale font feu depuis le fort, grâce à de nombreux et puissants canons, sur le château de Saint-Cloud tenu par les ennemis. Puis, au moment de la Commune de Paris, le fort est pris par les troupes versaillaises du gouvernement Thiers.

 

 

Mémorial de la France combattante.

 

Pendant la Première Guerre mondiale, le fort du Mont Valérien est utilisé pour la défense aérienne : un important projecteur y est placé pour voir de nuit les avions du IIème Reich et tenter de déclencher d’éventuelles ripostes avec l’envoi de chasseurs.

 

Mais c’est surtout au cours du conflit suivant que le Mont Valérien est tristement célèbre : la forteresse est rapidement utilisée par les soldats nazis pour être une prison. Les interrogatoires qui s’y déroulent sont d’une barbarie sans nom. Bientôt, des otages, des résistants, des Français libres y sont exécutés. Il serait vain de faire une liste exhaustive de toutes celles et ceux qui ont perdu la vie dans la petite clairière jouxtant l’édifice et aujourd’hui appelée « clairière des fusillés ». Néanmoins, il convient de citer quelques noms : Honoré d’Estienne d’Orves, Gabriel Péri, André Bloch, des membres du réseau du Musée de l’Homme, Jacques Decour, Arthur Dallidet, Missak Manouchian et les 21 résistants de son réseau, … Certains jours, les exécutions se suivent à un rythme terrible : le 15 décembre 1941, 70 otages dont 44 viennent du camp de Drancy sont fusillés ; le 11 août 1944, alors que les Alliés sont aux Portes de Paris, 93 détenus du camp de Royallieu sont exécutés.

 

Après la libération totale du territoire national, le général de Gaulle décide, en juin 1945, de consacrer ce lieu au Devoir de Mémoire. Henri Freynay, ministre des prisonniers, déportés et réfugiés du Gouvernement provisoire de la République française, y fait inhumer 15 corps de combattants de la Guerre 1939-1945, originaires de Métropole et des colonies. Il demande à ce que soient également placés les corps de Berty Albrecht et Renée Levy, grandes résistantes, massacrées par les nazis. 

 

En 1958, à nouveau au pouvoir, le général de Gaulle charge Félix Brunau de faire construire un véritable monument au pied de la forteresse : le Mémorial de la France combattante est né. L’esplanade de l’édifice fait 10.000 m2 et un mur long de 150 mètres, en granit rose des Vosges, permet d’organiser des prises d’armes et des commémorations ; au centre, est sculptée une immense croix de Lorraine. Elle marque l’entrée de la crypte où reposent les combattants, avec une particularité : le caveau n°9 est vide car il attend le corps du dernier Compagnon de la Libération.

 

Au-devant de cette croix se trouve une flamme, qui brûle en permanence, comme sous l’Arc de Triomphe de Paris : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance ne s’éteindra pas – 18 juin 1940 – Charles de Gaulle ».

 

Par la suite, des modifications et des compléments sont ajoutés : en 1962, c’est l’inauguration du « parcours des fusillés » ; en 1989, est inauguré le « bosquet de la Liberté » ; en 1997, sur proposition de Robert Badinter, un monument sur lequel figurent les noms des fusillés est approuvé par le Sénat et inauguré en 2003.

 

Quant à la forteresse du Mont Valérien, aujourd’hui, elle est le siège du 8ème Régiment de Transmissions ; du colombier militaire national et du musée colombophile militaire ; du Centre national d’études et de formations pour l’enfance inadaptée. Elle est aussi utilisée dans le cadre de la Politique européenne de sécurité et de défense pour des missions comme l’Opération Artemis (RD Congo en 2003) ou l’EUFOR (Tchad / RCA en 2007-2009).

 

Enfin, quatre lieux funéraires complètent l’ensemble des édifices, bâtiments et lieux de Mémoire du Mont Valérien : le cimetière du Mont Valérien, construit au 19ème siècle ; le cimetière américain de Suresnes, qui contient des tombes de soldats américains tombés pendant les deux guerres mondiales ; le cimetière paysager du Mont Valérien, créé par la ville de Nanterre en 1969 et le crématorium du Mont Valérien, ouvert en 1999.

 

Le Mémorial de la France combattante est ouvert tous les jours de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h00 (19h00 en été) ; pour se renseigner ou organiser une visite de groupe, il convient de prendre des renseignements au 01 49 74 35 87.

 

Les moyens d’accès sont les suivants :

 

  SNCF : Ligne Paris Saint Lazare - Versailles - Arrêt gare de Suresnes

  RATP : RER A La Défense ou ligne n° 1 La Défense puis bus n° 360 (arrêt Mont Valérien ou Hôpital Foch Cluseret)

  TRAMWAY : Val de Seine T2 La Défense - Issy les Moulineaux - Station de Suresnes : Longchamp

  ROUTE : Porte Maillot - Pont de Suresnes

 

 

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