Normandie - Niémen - 2/4 : histoire et pilotes.

Publié le 5 Avril 2010

  Maurice Challe

 

  

Le sous-lieutenant Maurice Challe.

 

"Ne pas subir" (devise de Jean de Lattre de Tassigny).

 

1940 : en quelques semaines, la défaite de l’Armée française est consommée. Les troupes allemandes entrent à Paris, déclarée ville libre, le 14 juin. Le 17 juin, le maréchal Pétain, à qui le parlement vient de donner les pleins pouvoirs, prononce les mots suivants : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ». Des Français ne renoncent pas. Suivant l’appel du général de Gaulle, ils le rejoignent à Londres ou entrent en résistance soit sur le territoire national soit au cœur des colonies de l’Empire français.

 

Au mois de juillet 1940, le général créé les Forces Aériennes Libres. Un peu moins d’une année plus tard, en juin 1941, l’Allemagne envahit l’URSS. C’est l’Opération Barbarossa. De Gaulle y voit un espoir pour la France : aider les Soviétiques à combattre les Allemands, c’est aussi une manière de contrer quelque peu l’influence anglaise dans le cadre du rapprochement des Alliés.

 

Au même moment, en Syrie, les troupes fidèles à la France Libre battent les troupes françaises restées à la botte du régime du maréchal Pétain. De Gaulle se rend à Damas et commence un rapprochement avec des représentants russes, dont l’ambassadeur à Londres. Ensuite, il confie une mission au général Petit. Les deux hommes se connaissent bien : ils étaient à Saint-Cyr ensemble. Petit se rend donc à Moscou et règle avec les Russes les modalités d’interventions d’une force armée. Le moyen le plus simple est l’organisation d’une escadrille. Mais pour se rendre en URSS, il faut passer par l’Iran, et rien n’est moins simple.

 

Du fait de l’opération Barbarossa, les relations diplomatiques sont rompues entre l’Etat français de Vichy et l’URSS. Le personnel de l’ambassade de France en ce pays est rappelé ; le lieutenant-colonel Luguet, attaché d’ambassade pour l’Armée de l’Air française, confirme la bonne volonté des soviétiques de recevoir un appui de pilotes français. Après les escadrilles « Alsace » et « Ile-de-France », une troisième unité est créée sous le nom de « Normandie ». Les négociations avec le haut commandement stalinien s’avèrent délicates : que faire de quelques dizaines de pilotes français dans l’Armée Rouge ? Ou les placer ? Finalement, à la fin de l’année 1942, l’escadrille est formée à Rayack au Liban, grâce à 60 militaires français (dont 14 pilotes de chasse) et rejoint la base d’Ivanovo, à 250 km au nord de Moscou. L’instruction peut commencer.

 

Le 19 mars 1943, le général Petit, chef de la Mission militaire française à Moscou, à la suite d’une inspection de l’escadrille en compagnie du colonel Levandovitch, du commandement supérieur des Forces aériennes de l’Armée Rouge, proclame : « Par ses qualités militaires et morales, cette unité est prête pour partir sur le front ».

 

L’escadrille Normandie, qui ajouté à son nom, « Niémen » peut commencer sa guerre. Le froid, les avions « Yak », la bureaucratie, les suspicions et interrogations : tout a été surmonté…

 

 

Des pilotes.

 

Voici ci-dessous quelques notices biographiques de pilotes de Normandie-Niémen (dont vous retrouverez la plupart des photographies dans l’album « Normandie-Niémen ») :

 

  • - Commandant Jean Tulasne, né à Nancy en 1912 et disparu officiellement en vol le 17 juillet 1943 pendant un accrochage avec l’ennemi au nord-ouest d’Orel. A commandé l’escadrille du 22 février 1943 au 17 juillet 1943.
  • - Colonel Pierre Pouyade, né à Cerisiers dans l’Yonne et mort le 5 septembre 1979 à Bandol. Ses cendres furent immergées au large de Toulon. Il fut commandant de l’escadrille du 12 octobre 1943 au 12 décembre 1944.
  • - Jules JOIRE, né à Roubaix le 29 Août 1914 et décédé le 18 Mars 1944 lors d'une collision pendant un vol d'entrainement. Présent à l'escadrille du 12 Octobre 1943 au 18 Mars 1944.
  • - Capitaine Maurice de Seynes, né à Paris le 7 Août 1914 et tué le 15 Juillet 1944 dans un accident d'avion en refusant d'abandonner son mécanicien qui se trouvait avec lui, dans la région de Mikountani. Présent à l'escadrille du 1er Janvier 1944 au 15 Juillet 1944.
  • - Commandant. Roland de La Poype, né à Pradeaux (Puy-de-Dôme), le 28 Juillet 1920, ayant quitté l'armée peu de temps après être rentré de Russie. Le commandant a pris sa retraite en 1985. Présent à l'escadrille du 28 Novembre 1942 au 20 Juin 1945.
  • - Lieutenant Didier Beguin, né le 14 Décembre 1918 à Paris, tué en Hollande au cours d'une mission, par la DCA le 26 Novembre 1944. Présent à l'escadrille du 28 Novembre 1942 au 16 Février 1944.
  • - Lieutenant Marcel Lefèvre, né aux Andelys (Eure) le 17 Mars 1918, grièvement brûlé lors d'une mission le 28 Mai 1944, il décède de ses blessures à Moscou le 5 Juin 1944. Son corps sera rapatrié en 1953, il repose au cimetière des Andelys. Présent à l'escadrille du 28 Novembre 1942 au 5 Juin 1944.
  • - Commandant Joseph Risso, né le 23 Janvier 1920 à Cadolive (Bouches-du-Rhône), décédé le 24 Novembre 2005 ; n'a jamais quitté l'armée où il a fait une brillante carrière et a terminé avec le grade de général de brigade. Présent à l'escadrille du 28 Novembre 1942 au 1er Septembre 1945.
  • - Sous-lieutenant Albert Durand, né le16 Septembre 1918 à Grasse (Alpes-Maritimes) ; porté officiellement disparu le 1er septembre 1943 lors d'une mission en pleine attaque. Son palmarès était de 10 victoires homologuées dont 4 individuelles. Présent à l'escadrille du 28 Novembre 1942 au 1er Septembre 1943.
  • - Sous-lieutenant Maurice Challe, né le 18 Juin 1911 à Reims ; est tué au combat dans la région de Pillau (Prusse-Orientale) le 27 Mars 1945. Il est le dernier tué de l'escadrille. Présent du 18 Mars 1944 au 27 Mars 1945.
  • - Capitaine Charles de La Salle (de son vrai nom, Charles d'Anfreville de Jurquet de La Salle) né le 21 Août 1914 à Soulac (Gironde) décédé accidentellement le 8 Août 1969. Présent à l'escadrille du 8 Mai 1944 au 20 Juin 1945.
  • - Capitaine Marc Charras, né le 24 Mai 1916 à Saigon (Indochine) ; est tué le 30 Juillet 1949 en Indochine en combat aérien. Présent à l'escadrille du 24 Février 1944 au 20 Juin 1945.
  • - Capitaine René Challe, né le 6 Juin 1913 à Besançon (Doubs) ; grièvement blessé lors d'un combat aérien le 17 Janvier 1945, il finira la guerre à l'hôpital. Il décède le 4 Avril 2006 en Normandie, il était Colonel. Présent à l'escadrille du 18 Mars 1944 au 17 Janvier 1945.

 

 

Après la Seconde Guerre mondiale.

 

Un temps stationnée au Bourget, l’escadrille est envoyée sur Toussus-le-Noble et prend le nom de régiment de Chasse Normandie - Niémen. Pendant la guerre d’Indochine, il est basé à Saïgon. En 1953, l’unité est scindée en deux et l’une des parties prend le nom d’Escadron de chasse 2/6 Normandie – Niémen. Par la suite, la 6ème escadre est dissoute et l’escadrille passe à la 30ème escadre de chasse, d’où son nouveau nom : Escadron de chasse 2/30 Normandie – Niémen. Nouvelle dénomination en 1993 puis en 1995 : « Escadron de chasse 1/30 Normandie – Niémen ». Le 3 juillet 2009, la dissolution est définitive. Une partie des avions et des pilotes, ainsi que le drapeau, rejoignent la base de Reims.

 

Parmi les décorations de l’escadrille, il convient de nommer :

 

  • - Pour la France : légion d’Honneur, ordre de la Libération, médaille militaire, croix de Guerre avec six palmes.
  • - Pour l’Union soviétique : Héros de l’Union soviétique Etoile d’Or, ordre de Lénine, ordre du Drapeau rouge, ordre d’Alexandre Nevski, ordre de la Guerre pour la Patrie, ordre de l’Etoile rouge, médaille de la Victoire, médaille de la prise de la forteresse de Königsberg.