Gabriel Péri.
Publié le 28 Février 2016
Jeunesse.
Gabriel Péri nait le 9 février 1902 à Toulon dans le Var. D’origine corse, son père est comptable à la chambre de commerce de Marseille. Elève brillant, Gabriel entre au lycée Thiers et y obtient de nombreux prix, mais rate son baccalauréat du fait d’une tuberculeuse qui l’éloigne de la scolarité pendant plusieurs mois. D’ailleurs, sa mère est morte de cette maladie alors qu’il n’a que 5 ans.
Très tôt, Gabriel Péri est politiquement engagé. En 1917, âgé seulement de 15 ans, il adhère aux Jeunesses socialistes puis, en 1920, devient le secrétaire régional des Jeunesses communistes. Il est rapidement remarqué par la direction du parti qui lui confie le poste de responsable de la Fédération nationale des Jeunesses communistes (FNJC). En 1922, fort de ce nouveau titre, il effectue son premier voyage à Moscou.
Après avoir reçu pour mission de gérer le journal de la FNJC, Avant-garde, il devient chef de la rubrique internationale au journal L’humanité. Fonction qu’il exerce jusqu’en 1939, ne manquant jamais un instant pour dénoncer les régimes fascistes en Italie et nazi en Allemagne. En 1927, il épouse Mathilde Taurinva, qui deviendra député après la guerre.
Du Comité central du PCF à la députation.
Associé dès 1922 à la direction du Parti communiste français (PCF), Gabriel Péri est élu en 1924 au Comité directeur puis au Comité central en 1929. Il est clair qu’il fait partie du cercle restreint de celles et ceux qui dirigent le parti : Marcel Cachin, Louis Sellier, Henri Raynaud, Pierre Semard, Maurice Thorez, Paul Vaillant-Couturier.
En 1928, il se présente aux élections législatives et affronte dans la 2e circonscription du Var (Toulon) le socialiste Pierre Renaudel, qui emporte largement la victoire ; de même, deux années plus tard, il est devancé à Marseille lors d’une législative partielle. En 1932, il est candidat du PCF aux législatives dans l’arrondissement de Versailles. En dépit d’un premier tour où il est en ballotage défavorable, il réussit à s’imposer au second et devient député Seine-et-Oise. Il est l’un des douze élus communistes de la nouvelle législature.
En 1936, Gabriel Péri est facilement réélu. Victor Dupouy, maire d’Argenteuil, est son suppléant. Les deux hommes ont bénéficié largement de la victoire de la gauche aux municipales de 1935 au cours desquelles le PCF a entouré Paris, à l’est comme à l’ouest d’une « ceinture rouge ».
Alors qu’il avait été membre de la Commission de l’Enseignement à la Chambre des Députés en 1932, il est élu vice-président de la Commission des Affaires étrangères en 1936. Il y déploie une grande activité et, du fait de ses talents d’orateur, il devient l’un des députés les plus écoutés. Après les accords de Munich en 1938, il déclare : « Vous avez accompli quelque chose de plus grave, vous avez tué cet élément de la force des démocraties, la confiance des peuples. Vous venez de démontrer au monde qu’il était imprudent et dangereux de l’être l’ami de la France… ».
La Seconde Guerre mondiale.
Gabriel Péri fait partie des parlementaires communistes surpris et retournés par la signature du pacte germano-soviétique de 1939. Pour autant, tout à son antifascisme il se refuse à quitter le PCF et continue à militer.
Alors qu’il est en attente de sa mobilisation, comme d’autres représentants du parti il est recherché par la police. En effet, depuis septembre 1939 et l’approbation du pacte fameux par la direction du PCF, sur ordre du président du Conseil, Edouard Daladier, le parti est interdit. Sa direction se réfugie en Belgique et Maurice Thorez fait le voyage de Moscou. Quant à Gabriel Péri, il entre en clandestinité. Il est alors jugé par contumace et condamné à cinq ans de prison.
Replié dans un appartement du 19e arrondissement de Paris, il poursuit la publication d’articles dans L’humanité, maintenant clandestine. Mais cette vie de planque et d’actions ne dure pas : le 18 mai 1941, il est arrêté. Son adresse a peut-être été donnée par des camarades communistes qui ne sont pas sur la même ligne politique que celle suivie par Péri, ou qui ont échangé des informations contre leurs propres libérations. Ainsi, le rapport des Renseignements généraux indique : « Gabriel Péri est arrêté à la porte Champerret, probablement dénoncé par un camarade. Bien qu’ayant pris ses distances avec le PC depuis le pacte germano-soviétique ». Stéphane Courtois, historien du communisme, ajoute : « Il est vrai que l’arrestation conjointe de Péri et de Jean Catelas, privait la tendance nationaliste de son porte-parole en la personne de Péri et faisait disparaître un témoin très au courant des tractations de juin 1940 entre le Parti et les Allemands en la personne de Catelas. Elle privait le Parti de deux cadres de très grande valeur. Mais ce n’aurait pas été la première fois qu’un Parti communiste aurait sacrifié pour les besoins de la dite « cause » des responsables trop brillants, trop indépendants ou trop compromis ».
Le Gouvernement de Vichy lui fait savoir qu’il est prêt à discuter avec lui. Mais au même moment, le leader historique du Parti est lui aussi arrêté par la gestapo. Il s’agit de Marcel Cachin. Il signe alors une longue déclaration où il rappelle son combat pour l’amitié franco-allemande et condamne les attentats communistes contre les occupants. Transféré à la prison du Cherche-Midi à Paris, Gabriel Péri est considéré par les Allemands comme otage, et donc de ce fait susceptible d’être fusillé en réponse à un attentat individuel qui mène le Parti communiste.
Et comme le 21 août 1941, dans le métro parisien, le militant communiste Pierre Georges (futur Colonel Fabien) assassine un militaire allemand, alors la Gestapo fait fusiller 27 détenus de la prison de Châteaubriant le 22 octobre 1941 (dont Guy Moquet) et 75 de la prison du Cherche-Midi le 15 décembre 1941. L’exécution se déroule au Mont-Valérien otages sur la commune du Suresnes. Ce jour-là, parmi les fusillés se trouve également Lucien Sampaix, directeur de L’Humanité.
Gabriel Péri : « Que mes amis sachent que je suis resté fidèle à l’idéal de ma vie ; que mes compatriotes sachent que je vais mourir pour que vive la France. Je fais une dernière fois mon examen de conscience. J’irais dans la même voie si j’avais à recommencer ma vie. Je crois toujours en cette nuit que mon cher Paul Vaillant-Couturier avait raison de dire que le communisme est la jeunesse du monde et qu’il prépare des « lendemains qui chantent ». Je vais préparer tout à l’heure des lendemains qui chantent ».
Sources :
- Stéphane Courtois, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980.
- Annie Kriegel, Les communistes français, Le Seuil, 1968.
- Alexandre Courban, Gabriel Péri ; un homme politique, un député, un journaliste, Paris, La Dispute, 2011.
- Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, Paris.
- Pauline Talens-Péri, Moi, Pauline, fille de Gabriel Péri, la bâtarde du PC, Editions de l’Ixcéa, 2005.
- Encyclopédie Wikipédia.
- Encyclopédie Larrouse.