FTP et FFI : la prise de la mairie de Neuilly-sur-Seine.
Publié le 13 Juin 2010
Les Forces Françaises de l’Intérieur.
Les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) ont activement participé à la libération de la France en 1944, et de nombreuses communes comportent des plaques commémorant le sacrifice d’une ou plusieurs personnes ayant combattu au sein de ses rangs. Il n’est pas vain, soixante six années après, de rappeler ce que furent les FFI.
Il s’agit du nom donné en 1944 – la date de la fusion généralement retenue est le 23 décembre 1943 – à l’ensemble des groupements militaires clandestins qui s’étaient constitués pendant l’Occupation. Parmi ces groupements, on peut citer : l’Armée secrète, les Francs tireurs partisans (FTP), l’Organisation de résistance de l’armée…
L’Armée Secrète, créée en 1942, est un regroupement de résistants français. Cette organisation est issue du rassemblement des mouvements Combat, Libération-Sud et Franc Tireur. L’ORA (Organisation de résistance de l’armée), créée à la suite de l’invasion de la Zone Libre par la Wehrmacht en novembre 1942, est une organisation apolitique, formée principalement d’anciens militaires, souvent en provenance de l’Armée d’armistice (elle-même créée après la défaite de la France, comme unité militaire pour la Zone Libre). Les FTP représentent un mouvement de résistance armée, conçu par le Parti communiste français, à la fin de 1941, quand Hitler décide d’attaquer l’URSS (depuis 1939 et le Pacte germano-soviétique, le PCF est interdit). A ces mouvements, il convient d’ajouter le Conseil national de la Résistance (CNR) qui, à partir de 1943, sous l’impulsion de Jean Moulin, est l’organe qui dirige et coordonne les mouvements suivants : Front national ; Ceux de la Libération ; Libération-Sud ; Libération-Nord ; Ceux de la Résistance ; Organisation civile et militaire ; Franc Tireur.
En 1944, le COMAC (Comité d’action militaire) est constitué : il regroupe des représentants de la résistance intérieure (le CNR) et de la France Combattante – force extérieure, dont le bras armé est appelé, jusqu’en 1943, Forces Françaises Libres, avant de devenir l’Armée française de libération. Au sein de cette dernière organisation, le Gouvernement Provisoire de la République française, dirigé depuis Alger par le général de Gaulle, a nommé des représentants : un Délégué militaire national (en août 1944, il s’agit de Jacques Chaban-Delmas), secondé pour la Zone Nord par André Rondenay et Maurice Bourgès-Maunoury pour la Zone Sud.
Tous les mouvements armés implantés en France vont donc se regrouper pour engendrer les FFI. Reconstituer l’organigramme des FFI n’est pas chose aisée, tant les dissensions entre les différentes mouvances pouvaient être parfois importantes (dans de nombreuses régions la fusion ne se fera pas).
Il n’empêche qu’en avril 1944, un Etat-major est créé et à sa tête est nommé le général Marie-Pierre Koenig. Comme sur l’ensemble du territoire, un représentant militaire est nommé pour l’Ile-de-France. Il s’agit du colonel Henri Rol-Tanguy, ancien ouvrier métallurgiste, militant communiste et FTP. Son rôle est déterminant au moment de la libération de Paris.
Dans ses mémoires, le général américain Eisenhower indique : « l’aide apportée par les FFI fut estimée à l’équivalent de quinze divisions régulières ».
La prise de la mairie de Neuilly-sur-Seine par les FFI.
A Neuilly-sur-Seine, avant l’arrivée des troupes alliées – qui se trouvent à quelques dizaines de kilomètres – de jeunes FFI vont prendre d’assaut le commissariat et la mairie. Il s’agit pour eux de libérer ces symboles de la République, souillés pendant quatre années par l’envahisseur allemand et les collaborateurs du régime de Vichy. Cette attaque, comme beaucoup d’autres, est plus ou moins préparée. Les FFI cherchent avant tout à montrer leur présence, leur envie d’achever au plus vite l’occupation et ils veulent également exposer à la fois aux forces alliées et au peuple français que le pays peut aussi se libérer par lui-même. L’affaire a été, entre autres, remarquablement contée par Gilles Primout sur son site dédié à la Libération de Paris.
Donc, au matin du 19 août 1944, deux soldats allemands sont arrêtés par un groupe de FFI. Ils sont emmenés au commissariat pour être interrogés et emprisonnés. L’enthousiasme s’empare des insurgés : un drapeau est hissé ; on chante la Marseillaise, la mairie est prise d’assaut. Mais Neuilly n’est pas une ville comme les autres : c’est certainement l’une de celles où se trouvent le plus de garnisons allemandes. Moins de deux heures après l’arrestation, un officier allemand envoie un groupe de sept soldats et un sous-officier pour récupérer les prisonniers. Il n’a pas mesuré la volonté des Français. A l’injonction de rendre les deux militaires, les FFI répondent par un tir nourri de fusils et de mitraillettes. Les sept fantassins et le sous-officier sont tués sur le coup. L’officier allemand se retire, allant chercher du renfort. Le commandant FFI Caillette sent l’imminence du danger. Il exhorte les FFI à fuir avant le retour des Allemands et le déclenchement des vraies hostilités.
Appuyés par des chars d’assaut et des groupes de mitrailleuses, les soldats de la Wehrmacht, aidés de près de trois cents SS, préparent leur retour. Le colonel allemand Hans Jay coordonne le combat. Par avance, en militaire aguerri, il connaît l’issue fatale pour les jeunes Français. Un gardien de la paix, nommé Régnier, habitant Neuilly, téléphone à la Préfecture de police : « Les FFI occupent l’intérieur de la mairie et le commissariat. Ils sont cernés par les Allemands avec des chars d’assaut. Plusieurs patriotes ont réussi à s’enfuir par les égouts mais une grande partie se trouve encore à l’intérieur. Le tir continue… ».
Effectivement, de nombreux FFI parviennent à se sauver. Mais il en est qui restent. Par miracle, ils ne seront pas fusillés mais envoyés au Mont Valérien puis, par la chance ou le destin, seront échangés deux jours plus tard contre des prisonniers allemands.
Au moment de leur entrée dans les salles de la mairie, les Allemands relèvent douze tués et près d’une soixantaine de blessés. Avant d’être fauché par une balle, un jeune FFI a eut juste le temps d’écrire sur une colonne (l’inscription a été conservée) : « Souvenir du Groupe Liberté. Honneur à nos morts et blessés. Vive la France ».
Sources :
- Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
- André Castelot et Alain Decaux : Histoire de la France et des Français, Larousse.
- Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.
- Site de « la Libération de Paris » par Gilles Primout.
- Site « Plaques commémorative » de François Tanniou.
- Le général Leclerc et sa deuxième DB, par Dominique Forget, Ed. Hemdal.
- Les enjeux de la Libération, par Christine Levisse-Touzé, Ed. Albin Michel.
- Dictionnaire historique de la Résistance, dirigé par François Marcot, Ed. Robert Laffont.
- Les FTP, par Charles Tillon, Ed. Julliard.