L'Afrique Occidentale Française ou AOF.
Publié le 13 Février 2017
L’Afrique Occidentale Française (AOF) était un gouvernement général regroupant au sein d’une même fédération huit colonies d’Afrique de l’Ouest entre 1895 et 1958. Constituée en plusieurs étapes, elle réunit à terme la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan français (devenu le Mali), la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue le Burkina Faso), le Togo et le Dahomey (devenu le Bénin). Sa superficie atteignait 4.689.000 km², soit environ sept fois celle de la France. Son chef-lieu était Saint-Louis du Sénégal, jusqu’en 1902 puis Dakar (Sénégal).
Histoire.
Le 16 juin 1895, l’Afrique Occidentale Française fut créée par l’union du Sénégal, du Soudan français, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Le gouverneur général de l’AOF résidait à Saint-Louis. Le premier nommé fut Jean-Baptiste Chaudié. Le dernier, qui gouverna de 1958 à 1959, fut Pierre Messmer.
En 1902, la capitale était transférée à Dakar, jusqu’à la dissolution de la fédération. Une banque commune fut créée, de même qu’un système scolaire et un corps d’inspecteurs de l’enseignement. En 1904 le Niger et la Mauritanie rejoignaient l’AOF. Les troupes noires furent mises à contribution pendant la Première Guerre mondiale. Blaise Diagne, élu député en 1914, était chargé du recrutement des tirailleurs sénégalais (qui pouvaient tout aussi bien être maliens, guinéens ou burkinabais). En 1919, la colonie de la Haute-Volta nouvellement créée et le territoire sous mandat du Togo furent rattachés à l’AOF. Symbole de l’avancée coloniale, la ligne du chemin de fer de Dakar au Niger atteignait Bamako en 1923. En 1921, un recensement attribuait 12.283.000 habitants à l’AOF.
L’Exposition coloniale internationale de 1931 au bois de Vincennes fut une manifestation de prestige destinée à montrer la puissance de l’empire colonial. Avec la reconstitution du temple d’Angkor, la forteresse du pavillon de l’Afrique Occidentale Française en constituait l’un des clous.
En 1940, alors que l’Afrique Equatoriale Français s’était presque intégralement ralliée à l’unité française de l’armée d’Afrique, le gouverneur général de l’AOF, Pierre Boisson, resta fidèle au régime de Vichy et fit échouer la tentative de débarquement des troupes alliées, un affrontement naval connu sous le nom de « bataille de Dakar ». Puis, à la fin de 1942, Boisson annonça son ralliement à l’amiral Darlan, qui avait pris les rênes du pouvoir à Alger après le débarquement allié en Afrique du Nord. Après la mort de Darlan, Boisson demeura dans le camp du général Giraud. Après la fusion des forces giraudistes et gaullistes au sein du Comité français de la libération nationale, l’AOF se rallia au général de Gaulle.
Un projet de loi tendant à la suppression du travail forcé en AOF fut adopté par l’Assemblée nationale le 11 avril 1946, sous le nom de loi Houphouët-Boigny. La même année, la loi Lamine Gueye accorda la citoyenneté à tous les ressortissants de l’Union française qui venait d’être instituée et abolit le Code de l’indigénat.
La fédération cessa d’exister après le référendum de septembre 1958 sur la future Communauté française, et les territoires membres votèrent leur transformation en républiques autonomes, à l’exception de la Guinée, qui vota pour son indépendance immédiate.
L’indépendance des autres républiques en 1960 marqua la fin de l’AOF. A sa dissolution, celle-ci avait une superficie de 4.689.000 km² et comptait plus de 25 millions d’habitants.
Fonctionnement.
L’Afrique Occidentale Française était placée sous l’autorité d’un gouverneur général, dont dépendaient plusieurs lieutenants gouverneurs. Les frontières de chacune des colonies composant l’AOF étaient négociées avec les puissances coloniales voisines par des conventions. En cas de voisinage franco-français, elles étaient définies par décision administrative. Au fur et à mesure de l’implantation française, le découpage du territoire était géré par des unités administratives, des cercles et des subdivisions.
Le décret du 1er août 1893 fut chargé de régler l’organisation politique et administrative « des rivières du Sud, des établissements français de la Côte d’Or et des établissements français du golfe du Bénin » :
- Les Rivières du Sud, dotées d’un budget spécial distinct du budget du Sénégal, mais administrées par le lieutenant-gouverneur du Sénégal, assisté d’un secrétaire général ;
- Deux établissements, ou résidences, dotés de budgets spéciaux distincts de celui des Rivières du Sud, mais administrés par un résident placé sous l’autorité du lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud :
- Les Etablissements français de la Côte d’Or ;
- Les Etablissements français du golfe du Bénin.
Le décret du 17 octobre 1899, portant réorganisation de l’Afrique occidentale française, supprima la colonie du Soudan français et répartit son territoire entre trois colonies existantes et deux nouveaux territoires militaires.
La colonie du Sénégal reçut les onzes cercles de Kayes, Bafoulabé, Kita, Satadougou, Bamako, Ségou, Djenné, Nioro, Goumbou, Sokolo et Bougoumi ; celle de la Guinée française, les six cercles de Dinguiray, Siguiri, Kouroussa, Kandan, Kissidougou et Beylas ; celle de la Côte d’Ivoire, les trois cercles ou résidences de Odjenné, Kong et Bouna ; celle du Dahomey, le canton de Kouala ou Nebba, au sud de Liptako, ainsi que le territoire de Say, comprenant les quatre cantons de Djennaré, Diongnré, Folmongani et de Botou.
Le premier territoire militaire recouvrit la circonscription dite « région nord et nord-est du Soudan français », comprenant les six cercles ou résidence de Tombouctou, Iumpi, Goudam, Bandiagara, Dori et Ouahigouya ; le second territoire militaire, la circonscription dite « région Volta », comprenant les cercles ou résidences de San, Ouadagoudou, Léo, Koury, Sikasso, Bobo Dioulassou et Djebougou.
Aux termes du décret du 1er octobre 1902, portant réorganisation du gouvernement général de l’Afrique occidentale française, celui-ci comprenait :
- Quatre colonies, administrées par un gouverneur, portant le titre de lieutenant-gouverneur, et assisté par un secrétaire général :
- La colonie du Sénégal, dont le territoire était réduit aux « territoires d'administration directe » ;
- Les trois colonies suivantes, maintenues dans leurs limites existantes : la Guinée française, la Côte d'Ivoire et le Dahomey ;
- Un territoire, administré directement par le gouverneur général ou, par délégation spéciale, par le secrétaire général du gouvernement général, assisté par un conseil d'administration :
- Les Territoires de la Sénégambie et du Niger, créés à partir des territoires du Haut-Sénégal et du Moyen-Niger et des « pays de protectorat » relevant jusqu'alors du Sénégal.
Aux termes du décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du gouvernement général de l'Afrique occidentale française, celui-ci comprenait :
- Cinq colonies, jouissant de l'autonomie administrative et financière, et administrées par un gouverneur — portant le titre de lieutenant-gouverneur — assisté par un secrétaire général :
- La colonie du Sénégal, dont le territoire, jusqu'alors réduit aux « territoires d'administration directe », était étendu aux « territoires de protectorats » de la rive gauche du Sénégal, relevant jusqu'alors de la Sénégambie-Niger ;
- La colonie du Haut-Sénégal et du Niger, créée à partir des anciens territoires du Haut-Sénégal et du Moyen-Niger et de ceux formant le troisième territoire militaire, dont le chef-lieu était établi à Bamako, subdivisée en :
- Cercles d'administration civile, comprenant ceux formant, jusqu'alors le deuxième territoire militaire ;
- Territoire militaire du Niger, administré par un officier supérieur — portant le titre de commandant ;
- Les trois colonies suivantes, maintenues dans leurs limites existantes : la Guinée française, la Côte d'Ivoire et le Dahomey ;
- Un territoire civil, ne jouissant pas de l'autonomie administrative et financière, et administré par un commissaire du gouverneur général :
- Le territoire civil de la Mauritanie.
Le décret du 7 septembre 1911, rattachant le territoire militaire du Niger au gouvernement général de l’Afrique Occidentale Française, détacha le territoire militaire du Niger de la colonie du Haut-Sénégal et du Niger, et l’érigea en subdivision administrative placée sous les ordres d’un officier supérieur, commandant du territoire, et dépendant directement du gouverneur général.
Le décret du 1er mars 1919, portant division de la colonie du Haut-Sénégal et du Niger et création de la colonie de Haute-Volta, divisa la colonie du Haut-Sénégal et du Niger en deux colonies distinctes :
- La colonie de la Haute-Volta, dont le chef-lieu était établi à Ouagadougou, et dont le territoire recouvrait les cercles de Gaoua, Bobo-Dioulasso, Dédougou, Ouagadougou, Dori, Say et Fada N'Gourna ;
- La colonie du Haut-Sénégal et du Niger, dont le territoire était réduit aux cercles restants.
Un décret du 5 septembre 1932 supprima la colonie de Haute-Volta et répartit son territoire entre les colonies du Niger, du Soudan français et de la Côte d’Ivoire. Enfin, la loi n°47-1707 du 4 septembre 1947, tendant au rétablissement du territoire de la Haute-Volta, abrogea le décret du 5 septembre 1932 et rétablit la Haute-Volta comme territoire d’outre-mer, membre de l’Afrique Occidentale Française.
Sources :
- Encyclopédies Larousse, Universalis, Wikipédia.
- Joseph Roger de Benoist, L'Afrique occidentale française de la Conférence de Brazzaville (1944) à l'indépendance (1960), Dakar, Nouvelles éditions africaines, 1982.
- Georges Deherme, L'Afrique occidentale française : action politique, action économique, action sociale, Paris, 1908.
- Georges Alphonse Florent Octave François, L'Afrique occidentale française, E. Larose, Paris, 1907.
- Camille Guy, L'Afrique occidentale française (préface d'Ernest Roume), Larose, Paris, 1929.
- Jacques Richard-Molard, Afrique occidentale française, Berger-Levrault, Paris, 1949.
- Louis Sonolet, L'Afrique occidentale française, Hachette, Paris, 1912.