Georges Briffault des Corrières et les Tirailleurs sénégalais.

Publié le 6 Juin 2009

 

Un monument quelque peu particulier.

 

 

 

 

 A Gennevilliers, le cimetière est situé dans le nord de la commune, proche de l’autoroute A86 et de la N315, axes importants de la Région parisienne.

 Tout au fond de celui-ci, fait rarissime, un monument est dédié à la mémoire des gennevillois morts pour la France pendant les guerres de colonisation. C’est au cours de l’une d’elles que le jeune caporal Georges Albert Briffault des Corrières, certainement épris d’aventures coloniales, a trouvé la mort, le 22 septembre 1878.

 

La conquête du Sénégal.

 Le Traité de Vienne, en 1815, met fin à l’Empire français de Napoléon 1er. Une clause passe totalement inaperçu : l’île de Gorée, au large du Sénégal, est donnée au nouveau royaume de France, avec Louis XVIII à sa tête. Elle vient compléter les possessions françaises établies autour de la ville côtière de Saint-Louis. Depuis un peu plus d’un siècle, les Français s’efforcent de conquérir le pays en prenant appui sur le fleuve Sénégal, en dépit de la résistance d’ethnies telles que les Peuls et les Toucouleurs.

 L’activité des zones côtières et de l’île sont importantes : il s’agit d’un des grands points de départ de la traite des Noirs. L’esclavage est aboli en 1848. Quatre années plus tard, le général Faidherbe débarque au Sénégal pour y établir une présence plus affirmée. Cette action étant à placer dans le contexte global de colonisation accélérée de la seconde moitié du 19ème siècle.

 En près de trente ans, toutes les régions du Sénégal, du delta du fleuve jusqu’à la Casamance, au sud, passent sous commandement français.

 

Les Tirailleurs sénégalais.

 En 1857, le général Faidherbe, devant faire face à des besoins accrus en hommes, propose la création du corps des Tirailleurs sénégalais. Sénégalais de nom, car les soldats proviennent aussi bien de ce pays que de Mauritanie, du Mali ou encore de Guinée. Le décret est signé par l’empereur Napoléon III le 21 juillet 1857, à Plombières-les-Bains.

 Des difficultés de recrutement interviennent de suite. Il n’est pas rare que des révoltes éclatent. C’est notamment le cas chez les Bambaras du Mali. Aussi, les principaux contingents sont constitués d’esclaves rachetés à leurs maîtres, de « volontaires » et de prisonniers de guerre. Le nombre de régiments de Tirailleurs sénégalais va aller en s’accroissant. La majeure partie des sous-officiers et de nombreux officiers sont africains. Il est vrai aussi que les officiers supérieurs sont tous issus de la Métropole.

 Au cours de la Première Guerre mondiale, près de 200.000 Tirailleurs sénégalais vont participer au conflit, et environ 30.000 y laisseront la vie. Leurs régiments étant bien souvent placés en première ligne. Au cours du second conflit mondial, ce sont encore 40.000 hommes qui participent aux batailles. Ils sont présents sur tous les fronts. Près de 17.000 reposent à jamais sur la terre de France. Il est important de noter que les troupes du IIIème Reich ont régulièrement participé à des massacres et des exécutions sommaires de tirailleurs.

 

Le général Gallieni au Sénégal.

 En 1876, le lieutenant Joseph Gallieni, futur sauveur de Paris pendant la Première Guerre mondiale, notamment avec l’envoi de taxis sur la Marne, obtient son affectation en Afrique Occidentale française chez les Tirailleurs sénégalais. Il débarque à Saint-Louis et commence des expéditions et des explorations au cœur du pays. En 1878, sous le commandement du colonel Brière de l’Isle, les troupes françaises entreprennent une campagne contre le royaume toucouleur du Kaarta, sur la rive nord du fleuve Sénégal. En quelques mois, la victoire est totale : le chef Almamy Niamody est tué et toutes ses possessions sont prises. C’est peut-être au cours de cette expédition que le jeune Georges Briffault des Corrières perd la vie.

 Ou bien s’agit-il des suites d’une maladie qui fait des ravages à l’époque : la fièvre jaune ! Joseph Gallieni voit revenir les troupes de l’expédition. Il note dans son journal, le 5 octobre 1878 : « Les embarcations sont pleines de cadavres. On ne peut plus leur faire de cercueils et on les ensevelit dans leurs toiles de hamac ; c’est bien triste tout cela ! Il y a évidemment épidémie, bien qu’on se refuse à y croire encore ». Le 5 octobre 1878. Voilà près de quinze jours que le caporal Briffault des Corrières a rendu son âme à Dieu. Il avait 22 ans.

 

Défilé de Tirailleurs à Dakar au début du 20ème siècle.