Sèvres sous les bombes.
Publié le 8 Juin 2014
Sèvres 1942 : des collections de céramiques de la Manufacture après un bombardement (copyright Sèvres, cité de la céramique).
Olivier Maurion, président du comité du Souvenir Français de Sèvres a recueilli le témoignage de Madame Madeleine Berthault.
« Nous sommes le 3 mars 1942, aux alentours de 21h. La nuit est claire, pas de nuages, ciel limpide. Brusquement, une vague d’avions anglais envahit le ciel. L’alerte n’est pas donnée et une pluie de bombes s’abat sur la ville.
Les sirènes alors, se mettent à retentir. Nous n’avons pas le temps de se rendre aux abris. Au travers des vitres, on aperçoit des fusées éclairantes, plein de ballonets. La DCA tire, les bombes tombent, surtout ne pas sortir ! Tous les voisins se sont regroupés dans l’escalier et regardent pétrifiés. Le bombardement durera deux heures. Les avions anglais arrivent par vague.
Au matin, les dégâts sont terribles. Les usines étaient la cible du bombardement. L’usine Renalt, l’usine Farman sont très touchées, mais aussi les maisons environnantes et le bas de Sèvres, place du Parc et surtout la rue Troyon.
Une famille entière est anéantie : la grand-mère, les enfants et les petits-enfants : les Decominck (huit morts). Plus loin, la famille Chevrier a subi le même sort : la maman tuée, le fils emmené très blessé, seul le père s’en sort.
Bombes un peu partout dans Sèvres : rue des Fontaines, maison à gauche après le pont de chemin de fer, rue Annne Amieux, pavillon détruit. A la manufacture, tout le côté gauche du pavillon du personnel est tombé, heureusement, les habitants se sont réfugiés dans la cave. La famille Gordet qui demeurait dans le petit pavillon des gardiens à gauche du musée est également touchée, alors qu’elle se rendait se réfugier dans la cave du personnel logé. Le chien est tué. Monsieur Gordet, grièvement blessé, décèdera quelques mois après. Quant à Madame Gordet, très blessée également, elle s’en remettra, mais chaque année devra subir des opérations pour retirer des éclats de bombes qu’elle gardera dans son corps.
Un autre couple se rendant dans les tranchées creusées dans les jardins du personnel sera touché. Les parents seront sauvés, mais leur jeune fille mourra écrasée, étouffée par la tranchée qui s’est éboulée.
Les habitants du bas de Sèvres fuiront pour demeurer dans les hauts de Sèvres : famille Derny, rue Vicor Pauchet ; famille Brelivit, villa Kildin rue Brancas ; famille Germont, rue Brancas ; famille Guillon, rue Léon Cloudel.
Le parc de Saint Cloud est truffé d’énormes cratères faits par les bombes. La nuit du 3 mars 1942 fut une nuit de cauchemar ! »
Site du Souvenir Français de Sèvres : www.souvenirfrancais.fr