Publié le 9 Octobre 2009

 

Bombardiers Glenn-Martin 167 de l’Armée de l’Air française.

 

 

 

 

 

Le général de brigade aérienne (2S) Jean-Claude ICHAC, président honoraire du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux évoque pour nous une personnalité hors de commun, et très peu connue, même au sein de l’Armée de l’Air.

 

« Dans les années cinquante, flânant sur les quais de la Seine, j’ai trouvé chez un bouquiniste un livre un peu abîmé, édité chez Fasquelle en 1944, dont le titre énigmatique me frappa : « Disparus dans le ciel ».

 

Autre détail surprenant, l’auteur de ce livre de guerre était une femme. Si je viens aujourd’hui vous en parler, c’est d’une part qu’il y a malheureusement peu de chance que vous le trouviez, soixante-cinq ans après sa parution, et d’autre part parce que cette femme, infirmière-pilote à l’aube de la deuxième guerre mondiale, aurait bien mérité la médaille de vermeil avec bélière laurée de notre association, le Souvenir Français, et voici pourquoi :

 

Germaine L’Herbier-Montagnon. Un nom que sans doute peu d’entre vous connaissent. Et pourtant cette infirmière-pilote a représenté, entre 1940 et 1942, le seul espoir puis l’apaisement pour des centaines de familles. Fondatrice de la « Mission de Recherche des morts et disparus de l’Armée de l’Air », elle a parcouru, avec son équipe, en deux ans, plus de 70.000 kilomètres, retrouvant 290 avions français et 240 anglais abattus dans le ciel de France ou de Belgique entre le 10 mai et le 20 juin 1940. Grâce à elle, 431 aviateurs français ont été identifiés et ont reçu une sépulture digne de leur sacrifice, après avoir été arrachés aux débris de leur appareil ou retrouvés dans une tombe anonyme.

 

Dans les conditions éprouvantes et difficiles de la France occupée, faisant la synthèse des ordres d’opérations, des journaux de marche des unités, des indications souvent contradictoire des témoins, équipages en vol, troupes au sol ou habitants, elle a su grâce à des détails parfois infimes retrouver, puis identifier ces disparus. Mais sa connaissance des matériels était particulière, comme en témoigne l’anecdote qu’elle rapporte :

 

« Etant sur la base d’Aulnat, avec un pilote de mes amis, voyant décoller l’appareil de notre ministre de l’Air, je demandais innocemment :

 

-  Qu’est-ce que c’est que ce zinc ?

-  Comment ? Mais c’est un Glenn-martin, voyons. Et c’est vous qui demandez cela ? Vous qui avez identifié plus de cinq cents avions abattus !

-  Oui, mais moi je les connais surtout pulvérisés, brûlés, en pièces détachées… Les axes, les boulons, les cylindres, les entoilages de volets, les armatures brisées n’ont plus de secret pour moi. Mettez ensemble les débris d’un Bréguet, d’un Morane et d’un Glenn- Martin, je saurai trier ce qui appartient à chacun. Mais un Glenn-Martin volant dans le ciel, je n’en avais jamais vu… »

 

En effet, des Glenn-martin et des Curtiss, des Amiot et des Potez, des Dewoitine et des Morane, des Bloch et des Breguet, combien en avait-elle retrouvé et identifié, au fond des bois ou au milieu des champs ? Comme par exemple ce Bréguet 691 :

 

« Le Sous-lieutenant Georges Chemineau et le Sergent Claude Guichon, de la 54ème Escadre, avaient disparu le 16 mai 1940, sur Bréguet 691 n°20 dans la région de Montcornet. Des aviateurs, participant à la même mission, avaient vu l’appareil s’écraser en flammes, à droite d’une route qu’ils supposaient être la nationale 46. Mais, après bien des démarches, je ne trouvai effectivement que les tombes du  Sous-lieutenant Alfred Devalez, chef de bord, et du Sergent-chef radio Maurice Buisson, tués le 16 mai 1940, sur LéO 45 n°54, groupe 1/12, à Raillimont, aux confins de l’Aisne et des Ardennes. Je dus revenir bien souvent dans la région, avant de découvrir les tombes de l’équipage du Bréguet 691 n°20, écrasé contre un petit bois, à droite du I.C.14 (*) de Chaumont-Porcien à Rocquigny. »

 

Si par chance vous trouvez un jour ce livre, n’hésitez pas. Il vous en apprendra beaucoup sur les pages glorieuses de notre Armée de l’Air en 1940, et sur le magnifique travail de Germaine L’Herbier-Montagnon et de son équipe. Car, comme l’écrivait le Général Chambe dans sa préface : « C’est un livre dont on doit lire les pages debout. »

 

Merci, Madame. »

 

 

GBA (2S) Jean-Claude Ichac

 

 

 

 

 (*) I.C. : Chemin d’Intérêt Communal.                                                                   

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Publié le 4 Octobre 2009

 

Bordée par les forêts de Meudon et de Fausses-Reposes, Chaville est une commune de taille moyenne du sud du département des Hauts-de-Seine. Pendant très longtemps concentrée autour de sa voie principale, qui avait été réalisée pour relier Paris au château de Versailles, Chaville ne connaît son essor qu’avec l’arrivée du chemin de fer, dans le courant de la seconde moitié du 19ème siècle.

 

 

Ville de François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, secrétaire d’Etat à la Guerre puis ministre de Louis XIV, Chaville a cette particularité de ne pas posséder de carré militaire en son cimetière. Par contre, le monument à la mémoire des Chavillois morts pour la France, est peu commun. Il présente un Poilu, mort, couché, surmonté du coq français, lui-même perché sur la pierre tombale, ouverte, du militaire.

 

Ce monument rappelle le souvenir de l’ensemble des morts de la commune ; que ce soit pendant les deux guerres mondiales, avec les victimes civiles, comme pour les guerres de décolonisation.

 

Bien entendu, plusieurs tombes individuelles ou familiales renferment les restes de jeunes chavillois morts pendant ces guerres, comme par exemple, Maurice Barraud, Eugène Roblin ou encore l’aviateur Henri Rebard.

 

Retrouvez les photographies du carré militaire de Chaville dans l’album intitulé : « Carrés militaires ».

 

 

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Publié le 3 Octobre 2009

 

Le Dupleix en flammes.

 

 

Un Résistant.

 

Jean Eugène Joseph Mascré nait à Sceaux le 4 juin 1898. Agent immobilier, il est arrêté en 1942 pour fait de résistance à l’Occupant allemand. Son procès se déroule le 12 novembre de la même année. Soit le lendemain de l’anniversaire de l’Armistice de Rethondes de 1918, mettant fin à la Première Guerre mondiale ; soit, le lendemain de l’invasion de la Zone Libre par les troupes allemandes en représailles à l’Opération Torch, nom donné au débarquement des Alliés en Afrique du Nord.

 

Il est exécuté le 27 novembre 1942, fusillé au Mont Valérien, sur la commune actuelle de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine. Au même moment, en Méditerranée, se déroule un autre drame : une partie de la flotte française se saborde en rade de Toulon, dans le Var.

 

 

Mers-el-Kébir.

 

Pour appréhender Toulon, pour tenter de comprendre, peut-être, le comportement d’un certain nombre d’officiers de la Marine française le 27 novembre 1942, il convient de revenir sur l’affaire de Mers-el-Kébir. Le 3 juillet 1940, la Royal Navy se présente en ces lieux d’Algérie et intime l’ordre à l’amiral français Gensoul de remettre les navires de son pays à la disposition de l’Empire britannique, ou de se rendre en Martinique pour les désarmer. Une troisième solution consistant en un sabordage pur et simple.

 

Un mois plus tôt, la France a signé un armistice séparé avec l’Allemagne. C’est-à-dire que notre pays s’est délié de son Alliance anglaise. Le Premier ministre Winston Churchill n’a qu’une crainte : que les navires français tombent aux mains des Allemands. La Marine française temporise, demande un délai de réflexion. S’apercevant que des navires font des préparatifs, les Anglais n’hésitent que quelques instants et ouvrent le feu sur la flotte française. Ce jour-là, de nombreux navires de guerre sont coulés : tels les cuirassiers Provence et Bretagne, le Mogador ; le croiseur de bataille Dunkerque est sérieusement endommagé. Plus de 1.300 marins français disparaissent au cours de l’engagement. La Marine française n’a pas pu ou peu riposté : ancrée dans la rade de Mers-el-Kébir, elle ne peut faire mouvement.

 

A Londres, le général de Gaulle indique : «  [...] en vertu d’un engagement déshonorant, le gouvernement de Bordeaux avait consenti à livrer les navires à la discrétion de l’ennemi. Il n’y a pas le moindre doute qu’en principe et par nécessité l’ennemi les aurait employés soit contre l'Angleterre, soit contre notre propre Empire. Eh bien, je le dis sans ambages, il vaut mieux qu’ils aient été détruits.  »

 

 

Le sabordage de Toulon.

 

Un peu plus de deux années plus tard, une partie de la flotte française se trouve dans la rade de Toulon. Des navires qui ont réussi à échapper au massacre de Mers-el-Kébir y sont aussi, comme le croiseur de bataille Strasbourg. Les troupes allemandes ont pénétré en Zone Libre : la totalité du territoire national est donc occupé.

 

La convention de l’armistice de 1940 entre la France et l’Allemagne stipule que l’envahisseur s’interdit d’utiliser la marine du vaincu. Pour autant, des documents retrouvés depuis indiquent qu’Adolf Hitler avait bien l’intention de servir de la flotte française. Quoi qu’il en soit, légitimement, l’Angleterre demande à son alliée la France d’acheminer au plus vite dans des ports alliés les navires français, alors que les Allemands progressent vers la Provence.

 

L’amiral Darlan, qui a été ministre des Marines marchande et militaire dans le gouvernement du maréchal Pétain, et qui a tenté, en 1941, de relancer la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, se trouve en Afrique du Nord au moment de l’Opération Torch. Il change de camp, se déclare « Haut commissaire en Afrique du Nord » et donne l’ordre à la Marine française de Toulon de rallier les Alliés.

 

Dans le même temps, l’amiral Auphan, chef d’Etat-major des Forces maritimes puis secrétaire d’Etat à la Marine, donne les instructions suivantes aux amiraux Marquis et Laborde, commandants les bâtiments de la flotte présente à Toulon :

 

  • « 1 – S’opposer, sans effusion de sang, à l’entrée des troupes étrangères dans les établissements, bases aériennes, ouvrages de la Marine ».
  • 2 – S’opposer de même à l’entrée des troupes étrangères à bord des bâtiments de la flotte ; par des négociations locales, s’efforcer d’arriver à un accord.
  • 3 – En cas d’impossibilité, saborder les bâtiments ».

 

Dans la nuit du 26 au 27 novembre 1942, cette dernière disposition est mise en œuvre par les deux amiraux, l’arrivée des Allemands étant imminente. Il est indéniable que de nombreux bâtiments sont privés de carburant et d’autres ne sont plus en état de naviguer (certains, comme le Dunkerque, sont toujours détériorés à la suite de l’affaire de Mers-el-Kébir). Mais pour d’autres, la fuite est possible. Ce sera le cas des navires suivants :

 

  • – le Leonor Fresnel, le Casabianca et le Marsouin atteignent Alger ;
  • – le Glorieux atteint Oran ;
  • – l’ Iris à court de gas-oil stoppe sa fuite dans le port de Barcelone. Il y stationnera jusqu’à la fin de la guerre.

 

Mais près de la moitié de la Marine française s’est sabordée :

 

  • – 3 cuirassés, 
  • – 7 croiseurs, 
  • – 1 transport d’aviation,
  • – 15 contre-torpilleurs, 
  • – 13 torpilleurs, 
  • – 6 avisos, 
  • – 12 sous-marins, 
  • – 9 patrouilleurs, et dragueurs, 
  • – 19 bâtiments de servitude,
  • – 1 bâtiment-école,
  • – 28 remorqueurs, 
  • – 4 docks de levage.

 

Finalement, l’Etat français de Vichy ne permet pas aux Allemands d’obtenir la Marine française, mais les Alliés n’en profitent pas pour autant ; les Allemands peuvent considérer que ces navires n’ont pas été livrés à l’ennemi donc cela peut être aussi considéré comme une victoire ; les Alliés sont également satisfaits, au moins, de ne pas voir la Marine française œuvrer pour l’Allemagne. Les perdants de l’affaire sont plutôt les Français libres sont le commandement d’un certain général de Gaulle.

 

Après la guerre, la Haute Cour de justice condamne l’amiral Jean de Laborde à la peine capitale, pour collaboration active avec l’Allemagne nazie. La condamnation est commuée en emprisonnement à perpétuité. En juin 1947, l’amiral est gracié.

 

 

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Publié le 2 Octobre 2009

 

 

 

Alors que Guillaume Ier de Hohenzollern, régent de Prusse depuis 1861 en raison de la maladie mentale de Frédéric-Guillaume IV, remporte une victoire décisive sur les Autrichiens à Sadowa le 3 juillet 1866, en France, après la chute de la monarchie orléaniste de Louis-Philippe, la Deuxième République est proclamée et son premier président est Louis-Napoléon Bonaparte.

 

Le neveu de Napoléon 1er est élu en décembre 1848. Cette république n’accorde que peu de pouvoirs à son représentant. Dans le but de diviser ses opposants, de mener librement la politique qu’il pense correcte pour le pays et d’accroître son prestige personnel, Louis-Napoléon Bonaparte provoque un coup d’Etat le 2 décembre 1851. Un an plus tard, jour pour jour, il est proclamé Empereur des Français.

 

Les craintes françaises d’une hégémonie allemande se trouvent rapidement validées par le désir de Bismarck, ministre-président de Prusse, de renforcer l’unité des Etats d’Allemagne du Sud (Bavière, Bade, Wurtemberg et Hesse) dans une grande épreuve nationale. En 1870, la candidature au trône d’Espagne du prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen provoque une crise. Il n’est pas question que la France se trouve au nord, à l’est et au sud, entourée d’Etats pro-allemands. A l’occasion d’une rencontre entre la France (représentée par son ambassadeur Benedetti) et la Prusse, dans la ville d’eau d’Ems, Guillaume Ier accepte que le prince retire sa candidature. Mais  Napoléon III veut plus et exige des garanties à cette renonciation. Ce qu’il finit par obtenir. Malheureusement, Bismarck publie un compte-rendu de cette réunion, mais avec une traduction pro-prussienne : l’attitude « arrogante » de l’Empire français est brocardée.

 

Piqué au vif, l’Empereur, plutôt d’abord hostile à un conflit, est vite débordé par un entourage et un parlement favorables à l’ouverture des hostilités. Napoléon III déclare la guerre à Guillaume Ier le 19 juillet 1870. A sa grande surprise, l’empereur français découvre que les Etats de l’Allemagne du sud se rangent du côté de la Prusse, dans une sorte d’enthousiasme guerrier, contre l’ennemi héréditaire.

 

Les armées françaises sont portées rapidement aux frontières grâce au chemin de fer, issu de l’extraordinaire développement industriel voulu par l’empereur. Ces armées, qui n’ont connu que des guerres de conquêtes coloniales, sont impréparées à un conflit européen, face à un adversaire riche d’un enseignement sur les guerres modernes, recueilli par des observateurs militaires envoyés étudier les nouvelles techniques et notamment celles employées au cours de la Guerre de Sécession en Amérique : évolutions de l’armement, les obus, les canons, le chargement par la culasse, les premières armes à répétition. Un enseignement qui manque aux troupes françaises dont le commandement est l’héritier des stratégies du 1er Empire.

 

L’offensive victorieuse prussienne est menée par Von Moltke (que l’on retrouvera en 1914 à la tête de l’Armée allemande) et l’on voit l’Armée française s’effondrer en quelques jours en dépit de violents combats, comme à Gravelotte, et une résistance acharnée de plusieurs unités. Il est vrai que dans le même temps des armées entières se laissent enfermer dans des places fortes, sans munitions et sans ravitaillements. Ces armées finissent par capituler, comme celle du général Bazaine à Metz, et l’empereur lui-même qui s’est retranché avec Mac Mahon dans Sedan.

 

Le 4 septembre 1870, la IIIème République est proclamée sur l’initiative de Léon Gambetta et commence le siège de Paris, qui dure tout l’hiver. Retranchés derrière leurs « fortifs » les Parisiens connaissent misère et famine, mangeant les chevaux, les chiens jusqu’aux animaux du Jardin des Plantes. Sur les étals des bouchers sont vendus chats et rats.

 

Le 8 février 1871, les élections donnent la majorité aux conservateurs favorables à la cessation de la guerre. Adolphe Thiers ouvre les préliminaires de paix à Versailles. La France perd l’Alsace et la Lorraine, et doit payer 5 milliards de francs or d’indemnités. En gage, l’est de la France est entièrement occupé. Il le sera jusqu’en 1873.

 

Le 1er mars 1871, les Prussiens entrent dans Paris.

 

***

 

« C’était un soir à la bataille de Reichshoffen

Il fallait voir les cuirassiers charger ».

 

Dans le nord de l’Alsace, il ne subsiste que très peu de souvenirs du Second empire. Le long de tous les petits chemins de campagne, l’un des rares témoignages de l’époque a survécu. Il s’agit des « bancs de l’impératrice Eugénie ». Ces curieux bancs de grès rouge, surmontés d’un linteau, avaient été créés pour que les paysannes alsaciennes, qui allaient vendre leurs produits aux marchés, puissent s’asseoir un instant avant de reprendre leur route. C’est en suivant ces bancs que j’arrivai dans une petite bourgade du nom de Woerth, se situant entre Haguenau et Wissembourg. Intrigué par le nom du restaurant – « Le Restaurant du Musée » - alors qu’aucun musée n’existait à trente kilomètres à la ronde, je pénétrai les lieux. Plus qu’une traditionnelle auberge alsacienne, je me trouvai dans une grande salle décorée de panoplies et d’équipements militaires français et allemands de la Guerre franco-prussienne. Il y avait aussi des mannequins aux visages de cire, datant certainement de la fin du 19ème siècle. Etaient représentés des zouaves, un turco, un fantassin allemand. Des chasseurs d’Afrique côtoyaient des Uhlans. Et là, juste devant moi, était placé un uniforme de cuirassiers. Les rayons du soleil se reflétaient dans la cuirasse, donnant une flamboyance, une grandeur, à ce dernier mannequin. Je ne savais pas encore que j’avais face à moi l’uniforme de l’un de ces héroïques cavaliers qui chargèrent à Reichshoffen.

 

Le patron du restaurant, devant ma curiosité, se fit un devoir de me citer chaque unité à laquelle appartenaient les uniformes exposés. Cette collection avait été réalisée par son grand-père, réquisitionné pour enlever les morts. Au lendemain de la charge fameuse, le 6 août 1870, le brave homme avait fait ce que le vainqueur lui commandait et il en profita pour récupérer ce qui pouvait l’être. D’ailleurs, la bataille s’était plutôt déroulée sur la commune de Froeschwiller, Reichshoffen étant le bureau de poste d’où partirent les messages communiquant le résultat de l’attaque.

 

En tant que passionné par l’Histoire et ancien militaire, je fis tout de même remarquer au patron que son grand-père avait dépouillé des morts de leurs uniformes pour se constituer cette collection. Gêné, l’homme me répondit que l’aïeul avait en fait récupéré les vêtements et les armes dans des bagages laissés à l’abandon. J’acceptai cette explication. Finalement, le Devoir de Mémoire passait peut-être aussi par de tels chemins, même si j’imaginai mal les zouaves ou les prussiens s’encombrer de malles de vêtements ou de cartons à chapeaux sur un champ de bataille.

 

Tous ces guerriers étaient maintenant figés dans leurs uniformes raidis. Une restauration archaïque avait été réalisée : les tissus avaient été repeints pour leur redonner l’éclat de leurs couleurs. L’empâtement des peintures et les poussières agglutinées leur conféraient une allure de statues aux visages de cire déformés par le temps.

 

Aujourd’hui, ce restaurant est fermé. Le propriétaire a fait don de sa collection à la ville de Woerth, qui l’expose dans les salles du château. La plupart des pièces ont été restaurées – correctement – et quelques-unes, laissées en l’état témoignent de ce que je vis.

 

Autour de ce village alsacien, il n’est pas rare de trouver, enfouie sous des ronces, une stèle rappelant qu’en ce chemin, ou ce champ, est tombé un cuirassier ou un Major du 3ème Zouave. Pendant longtemps, les vestiges de la Guerre franco-prussienne ont été soit cachés, soit bousculés puis ensevelis par l’agriculture ou les événements qui ont suivi. Celles qui restent témoignent à jamais qu’en 1870, en ces lieux, s’écrivit un fait d’armes qui n’était plus connu que par une comptine : « C’était un soir à la bataille de Reichshoffen ».

 

 

***

 

 

*Thierry Gandolfo, ancien sous-officier au 32ème régiment d’Artillerie, est conservateur du cimetière d’Issy-les-Moulineaux.

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Publié le 1 Octobre 2009


 

SAMEDI 19 Décembre 2009 à 17 H

 

Théâtre de la Piscine 254 Avenue de la Division Leclerc 92290 Chatenay-Malabry

(R.E.R   ROBINSON  et  Bus  195)

524 Places assises et 12 emplacements pour fauteuils handicapés  

  Prix des places : 20€  - gratuit pour les enfants de moins de 12 ans.

       Programme :
       - 1ère partie – Historique : hommage par les responsables et anciens aviateurs et mécaniciens de
l’Escadrille et le conservateur du Mémorial.
       - 2ème partie – Artistique : LES CHŒURS DE PARIS (70 choristes) : Noëls Anciens Français puis
       LE  CHŒUR DES COSAQUES DE L’OURAL : Chants sacrés et populaires Russes ;
Chants communs et hymnes populaires. 

   

       

       Des tracts et affiches sont prévus pour distribution lors de l’assemblée générale départementale
du 17 Octobre 2009 à Sèvres.   

             

                                    Renseignements et billetterie : Souvenir Français de Chatenay-Malabry

                  Françoise-Marie BELIN 01 46 60 67 89, au 9 rue Alexandre Fleming
- 92260 FONTENAY-AUX-ROSES

 

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Publié le 27 Septembre 2009


La Délégation générale des Hauts-de-Seine.

 


Le samedi 19 septembre s'est déroulée dans la salle d'honneur Jean Moulin, à Issy-les-Moulineaux, la réunion des présidents des comités locaux de la Délégation générale du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine.

Les sujets suivants ont été abordés :

- Présentation du site internet de la délégation ; remise de la liste des présidents et des adresses des comités.
- Directives du siège sur les bougies (au prix de 1 euro à commander à la DG avant le 30 septembre) ; sur les tee-shirts ; le timbre ; le modèle de poncho pour la quête ; les cravates d'honneur.
- Rappel sur les mises à jour des listes des adhérents ; les listes de médaillés à faire parvenir à la DG ; les listes de quêteurs à faire parvenir au plus vite à la DG.
- Un rappel a également été fait sur les morts pour la France placés dans des sépultures privées.
- Les carrés militaires, comme une brochure de communication à sortir et le concert du 19 décembre ont également été évoqués.

A propos du concert, un article spécifique sera prochainement publié. Les débats se sont poursuivis autour du verre de l'amitié.

 




 

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Publié le 22 Septembre 2009




La Délégation Générale des Hauts-de-Seine vous rappelle que notre congrès départemental se déroulera le samedi 17 octobre 2009 à Sèvres : 


 - A partir de 8h : accueil des participants au SEL (Sèvres Espace Loisirs) : 47, Grande rue - 92310 - Sèvres - Téléphone : 01 41 14 32 32.

 - 9h : séance de travail dans la salle de spectacle du SEL.

 - 11h : remise de médailles.

 - 11h15 : formation du cortège vers l'avenue de la Division Leclerc puis dépôts de gerbes ; départ en car vers le cimetière ; cérémonie ; lâché de colombes.

 - 12h45 : vin d'honneur puis déjeuner au SEL.



Pour vous rendre au SEL : métro ligne 9 avec arrêt Pont de Sèvres puis le bus 171 arrêt mairie de Sèvres ; train : gare Montparnasse arrêt Sèvres Rive gauche ; Tramway : T2 arrêt Musée de Sèvres.

La Délégation Générale se tient à votre disposition pour toute question.

Nous comptons sur votre présence.

André LABOUR, Délégué général.

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Publié le 19 Septembre 2009


 

Le carré militaire.

   

La ville de Saint-Cloud tient son nom de Clodoald, petit-fils de Clovis, qui vient se réfugier en cette ville (à l’époque village) pour échapper à la perfidie et la cruauté de ses oncles. Plutôt que de s’enfermer dans les querelles de pouvoir, le jeune homme préfère revêtir l’habit monacal. Il devient évêque et fait bâtir un monastère.

 

La ville de Saint-Cloud est aussi connue pour son château et son parc, construits sous Louis XIV, par le frère de celui-ci, appelé « Monsieur ». Château qui sera la résidence du Premier consul, Napoléon Bonaparte, et qui terminera incendié lors de la Guerre franco-prussienne, par un obus français tiré depuis le Mont Valérien.

 

Le cimetière de Saint-Cloud, dont l’adresse est place du Souvenir Français, comporte un carré militaire principal, au sein duquel sont regroupées des tombes françaises, britanniques et belges. En tout, quelques 210 hommes morts pour la France (dont 76 à l’intérieur du carré militaire).

 

Parmi les monuments du cimetière, il convient de citer :

 

  • – Le monument aux morts de 1870-1871 (« Oublier ! … Jamais !! »).
  • – Le monument aux morts de 1914-1918.
  • – le monument aux morts des Rapatriés, portant l’inscription suivante : « A nos morts civils et militaires, restés malgré nous dans les cimetières d’Outre-mer ».
  • – Un monument dédié à la mémoire de ceux tombés en Indochine et en Algérie.
  • – Une stèle : « Aux héros, aux martyrs morts pour la France, sans sépulture connue ».
  • – Une stèle à la mémoire des déportés juifs de Saint-Cloud.

 

Enfin, deux Compagnons de la Libération sont enterrés à Saint-Cloud :

 

  • - Jean des Moutis : officier de marine, il rallie l’Angleterre le 17 juin 1940, emmenant avec lui tout le commissariat de la marine de Cherbourg. De tous les combats pendant la Seconde Guerre mondiale puis en Indochine, effectuant une carrière exemplaire au sein de son arme, il décède à Fontainebleau en 1965.

 

  • - Gilbert Grandval : Alsacien (son nom de naissance est Hirsch-Ollendorff), haut responsable chez les FFI (Région C – Alsace / Lorraine), il prend une part importante dans la libération de cette zone en 1944. Il fait par la suite une carrière de haut fonctionnaire et est nommé Ambassadeur de France de 1952 à 1955. Après cette date, il quitte la fonction publique pour entamer une reconversion dans la Marine marchande, et devient président de la Compagnie des Messageries maritimes. Il meurt à Paris en 1981.
  • 

 

 

La bataille de Buzenval.

 

L’une des particularités de ce cimetière est de contenir trois tombes individuelles d’officiers prussiens, entretenues par le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (équivalent du Souvenir Français en Allemagne) :

 

  • – Gottfried Ernst Borsche, lieutenant au 47ème régiment d’Infanterie.
  • – Theodor Langen, lieutenant au 58ème.
  • – Robert Reitzenstein, sous-lieutenant dans l’artillerie (« Batterie de Saint-Cloud »).

 

Ils sont morts le 19 janvier 1871.

 

Ce jour-là, les troupes françaises – 90.000 hommes – sous le commandement du général Trochu, tentent une sortie du siège de Paris en direction de Versailles. La composition est la suivante : l’armée de gauche, dirigée par le général Vinoy, doit prendre la colline de Montretout, à Saint-Cloud ; le centre doit attaquer le plateau de Bergerie à Buzenval (actuelle commune de Rueil-Malmaison) ; la droite, doit également s’attaquer à Buzenval et ensuite prendre la direction de Vaucresson.

 

Les forces prussiennes ne sont en rien surprises et, solidement ancrées, attendent les charges des soldats français. Quelques heures après le début des combats, au prix de plusieurs centaines de morts, les hommes de Trochu doivent rebrousser chemin et à nouveau s’enfermer dans Paris.

 

A cette occasion plusieurs personnalités tombent sous les balles prussiennes : le marquis de Coriolis (engagé volontaire à l’âge de 67 ans) et le jeune et talentueux peintre Henri Regnault.

 

Retrouvez les photographies du carré militaire de Saint-Cloud, dans l’album éponyme.

 

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Publié le 10 Septembre 2009

 

Le carré militaire.

 

 

Commune du nord du département, de tradition agricole et maraîchère, Gennevilliers devient une cité industrielle au cours du 19ème siècle. De nombreuses entreprises s’y installent, liées notamment au secteur automobile. Le cimetière est bâtit à cette époque. La population croissant rapidement, la municipalité doit, en 1986, trouver un nouvel emplacement, au nord du village ancien, et de nombreuses sépultures sont transférées.

 

Le cimetière de Gennevilliers possède un monument principal, sur lequel sont gravés tous les noms des morts pour la France de la Première Guerre mondiale pour la commune, un carré militaire lié à la Seconde Guerre mondiale, ainsi que des stèles rappelant le sacrifice suprême de plusieurs de ses habitants à l’occasion des guerres d’Indochine (« A la mémoire de ceux qui sont morts en Indochine. Jurons d’agir pour que cesse cette guerre et pour la paix du Monde ») et d’Algérie.

 

Plusieurs Gennevillois morts pour la France reposent également dans des caveaux familiaux. Pour d’autres ont été créés des tombeaux impressionnants. C’est notamment le cas de Prosper Beurier, chasseur au 4ème Bataillon, cité à l’Ordre du Corps d’Armée, mort pour la France le 16 janvier 1915.

 

Plus rare, un monument a été érigé en mémoire de plusieurs soldats morts en mission en Métropole ou au cours des guerres coloniales. Il comporte les stèles suivantes :

 

  • – Eugène Thomas, 1er Régiment d’infanterie de marine, mort au Tonkin le 9 septembre 1885 à l’âge de 19 ans.
  • – Maxime Renaud, capitaine au 141ème de Ligne, mort à Ajaccio le 1er janvier 1883, à l’âge de 45 ans.
  • – Michel Meyer, canonnier mort à Saint-Louis le 9 octobre 1886 à l’âge de 22 ans.
  • – Georges Girard, 3ème Régiment du Génie, tué à l’explosion d’Arras le 28 août 1883 (24 ans).
  • – Georges Albert Briffault des Corrières, caporal aux Tirailleurs sénégalais, mort à Saint-Louis du Sénégal, le 22 septembre 1878, à l’âge de 22 ans.
  • – Charles Rapp, 36 ans, gendarme colonial, décédé à Saint-Pierre (Ile de la Réunion) en 1897.

 

 

Les fusillés de Châteaubriant.

 

Une stèle rappelle les noms des fusillés de la commune :

 

  • – Jean Grandel, maire et conseiller général du département de la Seine.
  • – Jean-Pierre Timbaud.
  • – Henri Aguado.
  • – Louis Calmel.
  • – Julien Masselier.
  • – Joseph Le Clainche.
  • – Henri Le Gall.
  • – Jules Larose.
  • – Georges Thoretton.
  • – François Kovac.
  • – Paul Simo.
  • – Nevach Zuckerman.

 

Plusieurs d’entre eux, à commencer par Jean Grandel (22 octobre 1941), mais aussi Jean-Pierre Timbaud (22 octobre 1941) et Georges Thoretton (15 décembre 1941), sont fusillés à Châteaubriant. Ouvert en 1941, ce camp du département de la Loire-Atlantique est réservé aux prisonniers de droit commun et aux détenus politiques, dont la plupart sont communistes (le Parti communiste français ayant été interdit à la suite du Pacte germano-soviétique).

 

 

Les fusillés du 22 octobre 1941.

 

Au cours de l’été 1941, le colonel Fabien, résistant communiste, donne le coup d’envoi d’une série d’attentats contre des officiers allemands en tuant l’aspirant Moser, à Paris, au métro Barbès-Rochechouart.

 

Le 20 octobre suivant, Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation de la région nantaise est abattu par Gilbert Brustein, membre de la branche armée de la résistance communiste. Le commandant militaire de la Wehrmacht en France, Otto von Stülpnagel commence par demander au Gouvernement de Vichy de réagir et d’organiser la répression. Mais Adolf Hitler lui-même trouve que son représentant est beaucoup trop clément et exige que les Allemands exécutent immédiatement une liste de 200 otages remise par les autorités françaises. Stülpnagel ramène la liste à cent personnes : 50 tout de suite et 50 si les coupables n’ont pas été arrêtés en date du 23 octobre. C’est ainsi que 48 hommes sont fusillés à Paris, Nantes, et Châteaubriant (il y aura une amnistie pour les autres).

 

Otto von Stülpnagel fait parvenir aux autorités françaises les éléments constitutifs de la liste selon un code précis, avec par ordre d’importance :

 

  • – anciens élus d’organisations communistes.
  • – personnes qui se sont adonnées à l’idéologie communiste.
  • – personnes qui ont montré de l’agressivité et de la dangerosité vis-à-vis de troupes de la Wehrmacht.
  • – distributeurs de tracts.
  • – auteurs d’actes de terreur ou de sabotages.

 

L’administration de Vichy remet une liste aux Allemands, au sein de laquelle les militants, élus ou sympathisants communistes sont bien entendu les plus nombreux. C’est ainsi que vont mourir sous les balles ennemies :

 

  • – Jean Grandel, maire et conseiller général.
  • – Charles Michels, député communiste du 15ème arrondissement.
  • – Jean-Pierre Timbaud, secrétaire de la fédération des métaux CGT de la Région parisienne.
  • – Pierre Guéguin, maire de Concarneau.
  • – Les militants communistes : René Carrel, Joseph Gil, Robert Grassineau…
  • – Les Résistants : Paul Birien, Auguste Blouin, Alexandre Fourny, Léon Jost…
  • – Guy Môquet, militant communiste de 17 ans, sur lequel sera retrouvée la lettre suivante :

 

« Ma petite maman chérie, Mon tout petit frère adoré, Mon petit papa aimé, Je vais mourir ! [...]

Certes j'aurais voulu vivre, mais ce que je souhaite de tout mon cœur c'est que ma mort serve à quelque chose. [...] ma vie a été courte, je n'ai aucun regret si ce n'est de vous quitter tous. [...) en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage ! [...]

 

Guy »

 

Retrouvez les clichés du cimetière de Gennevilliers dans l’album de photographies intitulé « Carrés militaires ».

 

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Publié le 3 Septembre 2009

Le 3 septembre 1939, à 15h, la France se déclare en guerre contre l’Allemagne. Trois heures plus tôt, la Grande-Bretagne, dans le cadre de son alliance avec notre pays, a fait de même. Deux jours auparavant, sans déclaration de guerre, et après tant et tant de provocations et de coups de force, les chars de l’Allemagne nazie sont entrés en Pologne. Ainsi commence le Second conflit mondial qui s’achèvera cinq ans plus tard, par l’armistice du 8 mai 1945 et la capitulation japonaise quatre mois plus tard. Entre temps, 50 millions de personnes auront perdu la vie et l’inimaginable se sera produit : la shoah.

 

Retrouvez les personnages et les lieux de la Seconde Guerre mondiale dans l’album éponyme.

 

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