Publié le 4 Août 2024
Le cimetière de Levallois-Perret possède un rare monument à la mémoire de militaires français morts pour la patrie, lors des conquêtes coloniales.
Marie-Edouard Constant Gillon nait à Montrouge le 1er août 1839. Il est le fils de Pierre-Marie Gillon, distillateur et de Louise Virginie Gruler. Août 1839 est marquée par la promulgation d’un loi d’importance pour l’armée, en ce sens qu’elle fixe le cadre de l’état-major. Cela influence-t-il Gillon ? Toujours est-il qu’à l’âge de 19 ans il intègre l’Ecole spéciale de Saint-Cyr « Promotion Solférino 1858-1860 » et sort sous-lieutenant avec une affectation au 84e régiment d’infanterie de ligne (casernement au Quesnoy dans le nord de la France). En 1867, il se voit attribuer le grade de lieutenant.
Au déclenchement de la Guerre franco-prussienne, il retourne au 84e RI. Le 16 août 1870, GIllon est blessé lors de la terrible bataille de Gravelotte où les ennemis laissent plus de 5.000 tués et 14.500 blessés sur le terrain et les Français 1.200 tués, 4.000 disparus et 6.700 blessés. On ne sait si c’est la densité du tir des armes à feu et des canons ou le nombre de soldats tombés sur le champ de bataille qui a donné naissance à l’expression « ça tombe comme à Gravelotte » ou « pleuvoir comme à Gravelotte » lorsqu’il pleut ou grêle énormément.
En septembre 1870, le lieutenant Gillon est fait chevalier de la Légion d’honneur (il sera officier quelques années plus tard). En 1873, devenu capitaine, il épouse Marie-Félicienne Laroche-Lucas. Le couple donnera naissance à Charles en 1884 ; le jeune homme mourra pour la France en 1915.
Gillon est officier d’ordonnance du général Ducrot commandant le 8e corps d’armée entre 1872 et 1878. Chef de bataillon le 12 juin 1878 alors qu’il est au 136e RI, le commandant Gillon est affecté au 3e régiment de zouaves et participe à l’expédition du Tonkin. Le but étant de mettre un terme aux attaques chinoises alors que la République a déjà des colonies en Cochinchine et en Annam.
En 1888, Marie-Edouard Gillon devient lieutenant-colonel ; trois années plus tard, il prend le commandement du 49e régiment d’infanterie – le régiment de Bayonne – avec le grade de colonel.
Lors de la mise en place du corps expéditionnaire pour la 2e expédition de Madagascar, l’armée confie le commandement du régiment métropolitain (200e régiment d’infanterie) au colonel Gillon. Le navire appareille à Marseille. Mais peu de temps après son arrivé sur l’île, le colonel succombe de la fièvre à bord du paquebot Shamrock, converti en navire hôpital, en baie de Majunga. Il avait 55 ans (12 juin 1895), et la transcription dans les archives militaires est faite par le bureau de Bayonne.
Alors qu’il avait été proposé pour le grade de général (en vain), Gillon est enterré dans le cimetière européen de Majunga. Ce cimetière comporte un monument dédié à la mémoire des soldats de l’expédition de 1895 morts pour la France. Bâti sous Gallieni à côté du cimetière de la ville (Route Corniche) il devient aussi ensuite celui des soldats morts durant la Grande guerre. Notre site de la délégation des Hauts-de-Seine avait fait paraître un article sur les cimetières militaires français à Madagascar en mai 2016 : https://www.souvenir-francais-92.org/2016/05/les-cimetieres-militaires-francais-a-madagascar.html où il est question du cimetière de Majunga, rénové il y a peu.
Aujourd’hui, une rue de Montrouge porte le nom du colonel Gillon.
Sources :
- Encyclopédie Wikipédia.
- Site Memorial GenWeb : contributions de Claude Richard.
- Site Chtimiste sur les unités de la Première Guerre mondiale.
- Site Herodote sur l’Histoire de France.
- Archives du Souvenir Français des Hauts-de-Seine.