Le SOE.
Juillet 1940. Le Premier ministre britannique, Winston Churchill, est à la recherche d’une manière de matérialiser l’une de ses saillies les plus célèbres : « Foutons le feu à l’Europe ! ». Il décide alors de créer le Special Operation Executive (SOE – Direction des Opérations Spéciales). Ce service a pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance dans tous les pays en guerre contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Si en Europe, le nom de SOE est retenu, il prend celui de « Force 136 » en Asie où ses membres combattent les Japonais*.
Les modes opératoires sont les suivants : sabotages d’installations militaires allemandes dans les pays occupés ; assassinats de soldats ; déraillement de convois de troupes ; désinformation de l’ennemi. Les agents du SOE sont envoyés par tous les moyens et, sur place, prennent contacts avec les groupes de résistance ou parfois en suscitent même la création.
Mais les agents sont aussi là pour accompagner, ou ramener, des soldats, des résistants ou des personnalités comme Jean Moulin, Pierre Brossolette, Jean de Lattre de Tassigny ou encore André Dewravin.
Les agents du SOE sont recrutés parce qu’ils sont originaires du pays où ils vont œuvrer, et qu’ils parlent parfaitement anglais, et qu’ils sont prêts à tout pour remplir leur mission. Parmi les SOE français les plus célèbres, il convient de citer, entre autres, l’officier parachutiste Georges Bégué, Gerry Morel, Violette Szabo (se reporter sur l’article la concernant : https://www.souvenir-francais-92.org/2021/10/a-levallois-perret-hommage-a-une-grande-dame.html ), Georges Hiller, Pierre de Vomécourt, Jean Pierre-Bloch, bien entendu Robert Maloubier et Marcel Jaurant-Singer.
Marcel Jaurant-Singer.
Marcel Jauran-Singer nait le 27 mai 1921 à Neuilly-sur-Seine, au sien d’une famille profondément patriote. Dès 1940, les parents du jeune Marcel s’investissent dans la résistance.
Sa mère, Marie Jaurant, devient une permanente du réseau d’évasion VIC, sous le nom de « Germaine », alors que son père, Marcel Singer, est affecté à la censure des journaux financiers et des périodiques, ce qui lui permet d’avoir l’information « à la source ». Mais ne pouvant cacher son antipathie vis-à-vis du nazisme, il est interné d’abord à Châteauroux puis en Ardèche et enfin à Lyon. Là, il est logé dans une chambre par mesure de clémence car il sort d’une grève de la faim. Cette chambre est située au milieu de celles de policiers, souvent compréhensifs. Aussi le résistant peut-il recevoir et échanger des informations et des documents.
Le fils, Marcel Jaurant-Singer, poursuit quant à lui ses études et profite de fréquents déplacements entre Paris et Lyon pour acheminer des messages. Après plusieurs missions, le jeune homme rejoint Londres et entre au SOE afin d’y recevoir une formation de parachutiste, de saboteur et de radio-opérateur.
Dans la nuit du 2 au 3 mars 1944, Marcel est parachuté avec une vingtaine de conteneurs de matériels dans la région de Roanne en compagnie du chef du réseau Porthos-Mason implanté dans le Chalonnais. Il est hébergé chez différentes personnes et le 20 mars installe son premier poste radio à Bissey-sous-Cruchaud (Saône-et-Loire) chez un vigneron. Ainsi, il créé un réseau de stations radios et organise ses tournées à bicyclette.
Toujours aidé par des habitants particulièrement courageux, Marcel Jaurant-Singer forme des locaux au maniement des appareils ; sept opérateurs sont alors recrutés dans un centre technique de Vichy, qui rejoindront d’autres réseaux. La liaison avec Londres est constante. De plus, Marcel est chargé de petites missions militaires. En septembre 1944, Marcel repart pour Londres et passe du SOE britannique au BRAL (Bureau de Renseignements et d’Action de Londres) français, antenne du BCRA restée en Grande-Bretagne. Enfin il intègre la DST et la DGER.
Démobilisé en décembre 1945, il entame une carrière de haut fonctionnaire international, à l’Agence Interalliée des Réparations et Autorité de la Ruhr puis à la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) avant de devenir diplomate au sein des ambassades de France à Berne puis à Ottawa. Il termine sa carrière en 1981.
Marcel Jaurant Singer meurt le 28 décembre 2022 dans la 102ème année. Il a été inhumé au cimetière de Sèvres le 5 janvier 2023 dans la stricte intimité familiale.
Il était le dernier survivant français du SOE.
Pour mémoire, le Souvenir Français avait réalisé un long entretien, par Marion Munch, de Marcel Jaurant-Singer, le 14 juin 2018, au siège de l’association. Vous pouvez retrouver l’intégralité des échanges sur ce document.pdf : https://le-souvenir-francais.fr/wp-content/uploads/2019/07/Entretien-avec-Marcel-Jaurant-Singer.pdf
Enfin, une association est très active pour la mémoire du SOE en France ; il s’agit Libre Résistance, installée à Villennes-sur-Seine : https://www.libreresistance.com/fr/accueil/
*- Sur ce site, plusieurs articles ont été écrits sur la Force 136. Parmi les Français les plus connus de ce service figuraient notre ami Bob Maloubier (SOE puis Force 136), le colonel Jean Sassi et l’écrivain Pierre Boulle.
Sources :
Encyclopédie Wikipédia.
Encyclopédie Larousse.
Les Amis de la Fondation de la Résistance.
Archives du Souvenir Français (siège).
Archives du Souvenir Français (Délégation générale des Hauts-de-Seine).
Crédits photographiques :
Site national du Souvenir Français : www.le-souvenir-francais.fr
Site Le Paratonnerre – www.leparatonnerre.fr
Site Youtube – www.youtube.com
Journal Suisse La Liberté – www.laliberte.ch
Site Wikipedia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Special_Operations_Executive